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4 Chapitre 2 : Activité cambiale saisonnière chez quatre espèces d’arbres de

4.3 Résultats

4.3.5 Moronobea coccinea

4.3.5.1 Suivi phénologique global

Le comportement phénologique de cette espèce est plus complexe que chez les espèces précédentes. En effet, cette espèce est capable de défeuiller entièrement (comme

Parkia nitida et Parkia velutina) mais entre deux défeuillaison successives elle peut

également mettre en place de nouvelles feuilles sans perdre les précédentes (comme

Schefflera morototoni). Le fait de croitre plusieurs fois entre deux défeuillaisons successives

peut être assimilé à du polycyclisme. Toutefois, cette notion doit être maniée avec précaution pour les plantes tropicales. En effet, cette notion ayant été développée pour rendre compte du comportement de plantes tempérées et de leur aptitude à pousser plusieurs fois par an (eg. mise en place de la pousse de la « saint-jean »), elle est associée à une connotation de rythmicité annuelle basée sur la pause hivernale synchronisant la très grande majorité des espèces. La diversité des patrons phénologiques des plantes tropicales face au fonctionnement des plantes tempérées ne permet pas toujours de transposer cette notion (Mangenet, 2013).

Contrairement aux autres espèces, le suivi phénologique de 30 individus n’a pas fait ressortir de patron commun pour cette espèce (Figure 43). En effet, les individus de l’échantillonnage ont présenté des comportements très divers aussi bien entre eux que d’une année à l’autre au sein d’un même individu. On a même observé qu’un des individus n’exprimait ni nouvelles pousses feuillées ni défeuillaison durant le suivi. L’occurrence de ces évènements au sein d’un individu était également variable. Enfin, sur les deux années de suivi, 35 % des défeuillaisons ont eu lieu entre juin et septembre. La mise en place de nouvelles pousses feuillées sans défeuillaison au préalable a eu lieu aléatoirement dans l’année.

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Figure 43 : Pourcentage d'individus défeuillés (au milieu) et mettant en place de nouvelles pousses

feuillées sans défeuillaison au préalable (en bas) par mois chez Moronobea coccinea (n=30) et précipitations mensuelles entre janvier 2009 et août 2012. Les précipitations sont issues de la station météorologique de

Guyaflux. Les périodes grisées sur le suivi cambial correspondent à des périodes non suivi.

4.3.5.2 Suivi phénologique des individus de l'étude de l'activité

cambiale (Figure 44)

Des phénologies similaires ont été observées pour MC2, MC3 et MC4 qui ont défeuillé en août 2010 et ont mis en place une nouvelle pousse feuillée sans avoir défeuillé préalablement en août 2011. Dans ce second cas, l’arbre portait donc deux générations de feuilles. Pour ces trois individus, on avait alternance entre défeuillaison et nouvelles pousses feuillées sans défeuillaison d’une année à l’autre. L'individu MC5 s’est distingué par une phénologie particulière avec l'occurrence de nouvelles pousses feuillées sans défeuillaison en mars 2011 mais pas de défeuillaison en 2010.

Chaque individu a fleuri une fois durant le suivi : en août 2011, pour MC2, MC3 et MC4 et en mars 2011 pour MC5. Ces floraisons ont été massives. Toutefois, quelques fleurs et fruits épars ont été observés dans les couronnes de MC2, MC3 et MC4 aux alentours d’octobre et novembre 2010 et dans la couronne de MC5 vers octobre-novembre 2011. Les fruits présents en début de suivi (i.e. février 2010) ne nous ont pas permis de définir s’ils étaient issus d’une floraison massive ou non.

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Figure 44 : Phénologie des cinq individus de Moronobea coccinea (MC) et précipitations mensuelles

entre avril 2009 et février 2012. Les précipitations sont issues de la station météorologique de Guyaflux. Période de défeuillaison, Floraison, Fructification, Flush sans défeuillaison, Mort.

4.3.5.3 Activité cambiale (Figure 45)

Chez l’individu MC2, le corrélogramme montre une diminution progressive des courbes correspondant au nombre de cellules en épaississement (wz) et au nombre de cellules total (Σ_cz_ez_wz) jusqu’à un minima significatif à 6,5 mois suivi d’une augmentation progressive sans atteindre de valeur significativement positive. Les corrélogrammes correspondant au nombre de cellules dans la zone cambiale et en élargissement ne montrent pas de signal clair. L’histogramme montre un maximum en 2011 aux alentours de mars-avril avec un maximum de 33 cellules.

Les corrélogrammes de l’individu MC3 montrent une forme sinusoïdale pour les variables wz et Σ_cz_ez_wz avec des valeurs significativement négatives au décalage de rang de 7,5 mois. Aucune tendance n’est observée en ce qui concerne le nombre de cellules de la zone cambiale (cz) et en élargissement (ez). L’histogramme montre une activité cambiale importante durant tout le suivi avec deux maxima, le premier en juin-juillet 2010 et le second en mars-avril 2011 avec respectivement au maximum 35 et 45 cellules.

Les corrélogrammes de l’individu MC4 montrent une forme sinusoïdale pour les variables cz, wz et Σ_cz_ez_wz avec des valeurs significativement négatives aux décalages de rang de 6 à 13 mois (avec un maximum à 10 mois). L’histogramme montre une augmentation de l’activité à partir de juin 2010 pour atteindre un maximum en janvier 2011 avec un maximum de 70 cellules puis diminue pour atteindre un minimum en octobre 2011 (Σ_cz_ez_wz = 10 cellules).

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MC5 montre un comportement similaire à MC4 mais en exprimant des valeurs significatives (négativement de 7,5 à 14 mois) pour les variables wz et Σ_cz_ez_wz. L’histogramme montre une diminution de l’activité à partir de juin 2010 (Σ_cz_ez_wz = 50 cellules) pour atteindre un minima en mai 2011 (Σ_cz_ez_wz = 8 cellules). La tendance est inversée par rapport à celle observée chez l’individu MC4.

Ainsi, sur les quatre individus suivis, seuls MC4 et MC5 semblent faire ressortir une périodicité annuelle du fonctionnement du cambium. MC2 possédait les maxima d’intensité les plus faibles (Σ_cz_ez_wz = 33,3) alors que MC4 avait les maxima d’intensité les plus élevés (Σ_cz_ez_wz = 71,7).

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Figure 45 : Fonction d’auto-corrélation de Pearson (colonne de gauche) et activité cambiale

bimensuelle (nombre de cellules dans la zone cambiale (cz, en noir) + nombre de cellules en élargissement (ez, en bleu) + nombre de cellules en épaississement (wz, en vert) = somme du nombre de cellules (Σ_cz_ez_wz, en vert foncé)) chez Moronobea coccinea (MC). Les pointillés rouges marquent l'intervalle de confiance à 95 %. Les zones grisées en arrière-plan représentent les périodes de défeuillaison (gris foncé) et l’état « feuille jeune »

(gris clair). Les zones noires en arrière-plan représentent les périodes de flush sans défeuillaison. Les blancs correspondent aux données manquantes.

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4.3.5.4 Relation entre l’activité cambiale et la phénologie

Aucune relation particulière n’est à noter (Figure 46). En effet, une défeuillaison (ou un flush sans défeuillaison) pouvait être associée dans certains cas à une forte activité cambiale et dans d’autres à une faible activité cambiale.

Figure 46 : Activité cambiale moyenne (Σ_cz_ez_wz : somme du nombre de cellules des trois zones de

différentiation (i.e. zone cambiale (cz), zone en élargissement (ez) et zone en épaississement (wz)) tout individu et toute année confondus en fonction du stade de feuillaison chez Moronobea coccinea.

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