2.3 Régime de focale longue 2.3.2 Modélisation numérique 4 2 4 (a) Propagation distance(cm) Relative phase (π units) 5 0 -5 0 0.5 1 1.5 0 1 (b) Pressure (bar) FIGURE 3.7: Production et contrôle d’un canal plasma modulé selon son axe, en régime de fo-cale longue. (a) fluorescence du plasma le long de l’axe de propagation, en fonction de la phase relative∆ϕ3, pour une pression de 1 bar. (b) modulation du canal plasma en fonction de la pres-sion. (c) fréquence de modulationFm du canal plasma en fonction de la pression : données expérimentales (carrés noirs), et courbe théorique calculée comme (nTH−n0)/λTH(en rouge). Nous allons maintenant nous attacher à retranscrire au moyen de simulations numériques les observations expérimentales décrites ci-avant. 2.3.2 Modélisation numérique Simuler la propagation d’impulsions laser sur des distances macroscopiques dans un mi-lieu, entraînant l’ionisation de celui-ci, est compliqué par la nécessité d’inclure l’interaction lumière-matière, traitée par la mécanique quantique. Par l’établissement de formules de gain au Chapitre précédent, dans le cas de l’ionisation à deux couleurs, nous contournons cette dif-ficulté. Ainsi, nous comparerons ici les résultats obtenus avec les équations (3.1) et (3.2). Nous considérerons un champ électrique initialE(r,t,z=0) composé d’une impulsion de durée 100 fs, d’énergie 1 mJ et centrée à la longueur d’onde fondamentaleλ0=800 nm et d’une autre impulsion, de troisième harmonique, d’énergie 30µJ et de durée 70 fs. Les deux impul-sions sont focalisées grâce à une lentille de focale f =50 cm, et possèdent un waist initialσ0= 2 mm. La distribution longitudinale de la densité linéique de plasma obtenue grâce à notre code de propagation, incluant le taux d’ionisation à deux couleurs, dépendant du temps, est représenté sur la figure3.8. On peut constater que l’accord avec l’expérience [figure3.7(a)] est relativement correct, puisque reproduisant notamment la modulation du canal plasma. On peut également noter que si l’on utilise l’équation (3.1), c’est-à-dire si l’on prend pas en compte de gain sur l’io-nisation dû à la TH [figure3.8(b)], les résultats numériques sont alors clairement en désaccord avec les observations expérimentales. Ceci souligne la nécessité d’améliorer la manière d’éva-luer l’ionisation dans les codes de propagation. (a) −4 −2 0 2 4 0 2 4 2 6 4 ρ lin (m -1) x 1014 Distance de propagation(cm) Phase relative (unités π) (b) −4 −2 0 2 4 Distance de propagation(cm) 0 2 4 Phase relative (unités π) x 1014 1 3 2 ρ lin (m -1) FIGURE 3.8: Densité linéique de plasmaρlinle long de l’axe de propagation en fonction de∆ϕ3 pour une pression de 1 bar, en utilisant : (a) l’équation (3.2), (b) l’équation (3.1). 3 Conclusion du Chapitre Pour conclure, ce Chapitre se divisait en deux parties, chacune correspondant à une manière différente d’étudier l’influence de la troisième harmonique sur la dynamique de la propagation. Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés au cas où la TH était auto-induite lors du processus de filamentation. En d’autres termes, cela correspond au cas très simple où l’on s’intéresse à la propagation d’un champ fondamental seul. Nous démontrons alors que, dans des conditions appropriées, la TH peut être à l’origine d’une forte modification de la dynamique de filamentation. Mené dans le cas de la TH, ce travail constitue une première étape d’investigation et appelle à aller plus loin : on peut notamment envisager d’étudier des cas où plus d’harmoniques se-raient impliquées, et vérifier (ou non) que ces dernières ause-raient elles-aussi un impact sur le processus de filamentation. Dans un second temps, nous avons démontré, théoriquement et expérimentalement, que les propriétés optiques non-linéaires d’un gaz soumis à une impulsion laser ultra-courte et ultra-intense pouvaient être manipulées par la mise en forme au niveau du cycle optique de cette dernière. Le contrôle a été réalisé en ajoutant un champ intense de TH, dans des propor-tions réalistes, se propageant avec le champ fondamental. Du fait d’interférences quantiques se produisant durant le processus d’ionisation, la valeur de l’ionisation peut être soit entravée soit augmentée, selon la valeur de la phase relative entre les deux champs électriques. (gé-nération de supercontinuum, longueur du canal plasma, son amplitude et sa position) en ajus-tant la phase relative. De plus, en tirant avantage de la différence de vitesse de phase entre les deux champs électriques, nous avons crée et contrôlé un canal plasma, qui ressemblait alors à un sinus. Ce mécanisme étant basé sur un processus quantique non-résonant, il peut potentiel-lement prendre place dans tous les gaz, et même dans des matériaux massifs. 4 Bibliographie [1] N. Aközbek, A. Iwasaki, A. Becker, M. Scalora, S.L. Chin, and C.M. Bowden, Phys. Rev. Lett.89, 143901 (2002),Third-Harmonic Generation and Self-Channeling in Air Using High-Power Femtosecond Laser Pulses. Cité p.122et p.123. [2] L. Bergé, S. Skupin, G. Méjean, J. Kasparian, J. Yu, S. Frey, E. Salmon, and J.-P. Wolf, Phys. Rev. E71, 016602 (2005),Supercontinuum emission and enhanced self-guiding of infrared fem-tosecond filaments sustained by third-harmonic generation in air. Cité p.122et p.123. [3] M. Kolesik, E.M. Wright, and J.V. Moloney, Opt. Lett.32, 2816 (2007),Supercontinuum and third-harmonic generation accompanying optical fi-lamentation as first-order scattering processes. Cité p.122et p.123. [4] A. Wirth, M.T. Hassan, I. Grguras, J. Gagnon, A. Moulet, T.T. Luu, S. Pabst, R. Santra, Z.A. Alahmed, A.M. Azzeer, V.S. Yakovlev, V. Pervak, F. Krausz, and E. Goulielmakis, Science334, 195 (2011),Synthesized Light Transients. Cité p.122. [5] S. Haessler, T. Balciunas, G. Fan, G. Andriukaitis, A. Pugzlys, A. Baltuska, T. Witting, R. Squibb, A. Zaïr, J.W.G. Tisch, J.P. Marangos, and L.E. Chipperfield, Phys. Rev. X 4, 021028 (2014),Optimization of Quantum Trajectories Driven by Strong-Field Wave-forms. Cité p.122. [6] M.B. Gaarde, and A. Couairon, Phys. Rev. Lett.103, 043901 (2009),Intensity Spikes in Laser Filamentation : Diagnostics and Applica-tion. Cité p.123. [7] Y. Liu, M. Durand, A. Houard, B. Forestier, A. Couairon, and A. Mysyrowicz, Opt. 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En dehors des impulsions à 800 nm, le processus de filamentation en milieu ga-zeux a principalement été étudié en utilisant des sources fonctionnant à des longueurs d’onde harmoniques des lasers Ti :sapphire, c’est-à-dire à 400 nm [4], ou à 266 nm [5]. Quelques expé-riences à propos de filamentation ont été menées dans le cas de systèmes laser paramétrique optique CPA à 3.9µm[6,7,8], un laser KrF à 248 nm [9], et plus récemment un laser picoseconde à 1.03µm[10]. En fait, la dépendance en longueur d’onde du processus de filamentation a été relativement peu étudiée. L’influence du voisinage d’une résonance sur le processus de filamentation est analysée plus facilement si l’on utilise une source laser opérant dans le régime ultraviolet. C’est dans ce contexte que les études reportées dans ce dernier Chapitre ont été envisagées. Nous commencerons ainsi par faire la démonstration expérimentale que la filamentation peut être avantageusement renforcée si la longueur d’onde centrale du laser est ajustée à proxi-mité d’une résonance avec une transition multiphotonique, impliquant l’état fondamental et un état lié. Ceci se manifeste par une augmentation de la longueur du filament, tout en di-minuant fortement les pertes non-linéaires au sein de celui-ci, ainsi que de l’ionisation. En particulier, cela se produit dans le krypton lorsque la longueur d’onde centrale du laser est fixée àλ0=300 nm. De plus, des calculsab initio, reproduisant la réponse optique de l’atome, confirment la nature résonante du processus : dans ce cas, la susceptibilité non-linéaire du cin-quième ordre, renforcée par le voisinage d’une résonance, est identifiée comme étant respon-sable du clamping de l’éclairement, à la place de l’ionisation. Par ailleurs, la nature résonante du processus mis en jeu donne également accès à une condition propice pour un effet laser infrarouge vers l’avant et vers l’arrière de la direction de propagation, c’est-à-dire une inversion de population significative. Nous présenterons les premiers résultats expérimentaux qui attestent de ce phénomène, et qui proviennent d’études portant sur la dépendance des différentes raies infrarouges d’émission du krypton vis-à-vis de plusieurs paramètres (longueur d’onde de pompe, polarisation, pression, ..). Enfin, nous en viendrons à l’étude de l’interaction d’un champ fondamental centré àλ0= 400 nm, accompagné de sa troisième harmonique, avec du krypton. Nous utiliserons à nouveau des calculsab initiopour évaluer la réponse optique de ce dernier, et nous en retirerons les va-leurs des indices de réfraction non-linéaires sous-jacents. En particulier, nous montrerons que la proximité d’une résonance avec une transition impliquant un photon de chaque champ ren-force considérablement le coefficient de modulation de phase croisée, qui est en l’occurrence négatif (et a donc un effet défocalisant). Une fois réinjecté dans notre code de propagation, en compagnie des coefficients associés aux autres processus non-linéaires (tels l’auto-modulation de phase, la génération de troisième harmonique, etc), celui-ci participera fortement à la stabi-lisation du filament, ainsi que nous en rendrons compte. 1 Renforcement résonant de la filamentation La première étude présentée dans ce Chapitre concerne la production de filaments lorsque la longueur d’onde centrale du laser permet d’entrer en résonance avec une transition du sys-tème atomique. Nous allons montrer que la proximité de cette résonance donne lieu à de fortes modifications du profil du filament alors créé. Obtenus dans le krypton pour une valeur de λ0=300 nm, les résultats ont fait l’objet d’une publication [11], et ont également été généra-lisés au cas de l’argon. Dans le document Sur l'étude du processus de filamentation laser dans les gaz rares en modèle de champ fort : des influences de la génération de troisième harmonique et de la proximité de résonances dans l'ultraviolet (Page 135-142)