Chapitre 2 : Modélisation de l’architecture de pilotage des chaînes logistiques
2.3 Modélisation de l’architecture de pilotage des réseaux d’entreprises
Dans cette partie, nous considérons l’architecture de pilotage d’un système de production
physique. Ce concept permettra de référencer les centres de décision du système de
production et de mettre en exergue les interactions possibles entre ces derniers.
2.3.1 Concept et notations
La structure d’un système de pilotage étant nécessairement associée à un système physique
piloté, il faut tout d’abord définir ce dernier. Dans un premier temps, nous considérons une
chaîne logistique constituée d’un ensemble d’activités mises en série (chaîne logistique sans
branche). L’approche sera ensuite généralisée à un réseau de topologie quelconque.
Chaque activité
1du système physique est référencée par un numéro r ne correspondant pas
nécessairement avec son positionnement dans la chaîne. Les relations « client-fournisseur »
impliquant l’activité r sont déterminées par les « ensembles des précédents et des suivants »
ci-dessous :
r
E
s
Ensemble des activités amont de l’activité r
r
E
r
Ensemble des activités aval de l’activité r
Pour caractériser l’architecture de pilotage, nous commençons par référencer chaque centre de
décision dans un référentiel à deux dimensions (cf. figure 2.6) :
- par le numéro du rang, dans la cascade des activités de la chaîne logistique, de l’activité
pilotée,
- et par le numéro du niveau décisionnel où se situe, dans une décomposition
hiérarchique, le centre de décision.
Fournis-seur Client
Niveau décisionnel
Rang des acteurs
Activité physique Flux Physique
Figure 2.6 : Référencement des centres de décision
1 Nous ferons l’amalgame entre activité et ressource, car dans nous considérons dans le cadre de ce travail, que l’allocation des activités aux ressources est implicite.
Chaque intersection dans ce référentiel représente un centre de décision potentiel. Quels que
soient le rang et le niveau décisionnel, tout centre de décision est amené à prendre des
décisions relatives aux activités de ses ressources internes. Entre les centres de décision
circulent des informations diverses, car :
- les informations sont relatives à des activités différentes suivant le rang,
- la granularité de l’information évolue suivant le niveau hiérarchique (agrégation des
données).
L’identification d’un centre de décision au sein de l’architecture du système de pilotage
détermine le niveau de pilotage, noté n, auquel il appartient et son rang dans le système,
noté s. Le centre de décision ainsi défini est noté CD
n,s.
Le niveau n = 1 est attribué au niveau décisionnel le plus bas, c’est-à-dire le plus proche des
activités physiques.
A un niveau décisionnel donné, le rang s est attribué arbitrairement : il ne correspond pas
nécessairement à l’ordre des activités du flux physique.
De la même façon que pour les activités, la relation « client-fournisseur » entre centres de
décision est établie par les « ensembles des précédents et des suivants » définis ci-dessous :
s
,
n
E Ensemble des fournisseurs en relation avec le centre de décision CD
n,ss
,
n
E Ensemble des clients en relation avec le centre de décision CD
n,s2.3.2 Architecture de pilotage multi-niveaux
Un système hiérarchisé de pilotage répond à un principe d’encapsulation des centres de
décision : plus l’on monte dans les niveaux hiérarchiques et moins il y a de décideurs. A un
niveau décisionnel donné, certains centres de décision peuvent être regroupés et intégrés pour
former un macro centre de décision. C’est tout l’intérêt d’un système multi-niveaux : un
macro centre de décision dispose d’une vue intégrée du système à piloter (un réseau
d’entreprises par exemple), dont il supervise l’activité en coordonnant ses composantes.
Ainsi, sur la figure 2.7, chaque activité est-elle pilotée localement au niveau atelier (n = 1) par
un centre de décision CD
1,s(s = 1,…,S). A un niveau supérieur (n = 2), ces activités sont
regroupées en deux entreprises, dont les centres de décision sont respectivement CD
2,1et
CD
2,2. Enfin, on a considéré, au niveau n = 3, un centre décisionnel qui regroupe les
entreprises de la chaîne logistique entière (CD
3,1).
Centre décisionnel Activité physique Flux Physique
Fournis-seur CD1,4 Client CD1,5 CD1,3 CD1,2 CD1,1 CD2,2 CD2,1 CD3,1 N iv e a u d u p ilo ta g e Atelier Entreprise Chaîne logistique
Chapitre 2 : Modélisation de l’architecture de pilotage des chaînes logistiques 67
Ces regroupements étant opérés, il est alors aisé de construire le graphe reliant
hiérarchiquement les centres de décision entre eux (cf. figure 2.8).
Fournis-seur CD1,4 Client CD1,5 CD1,3 CD1,2 CD1,1 CD2,2 CD2,1 CD3,1
Centre décisionnel Activité physique Flux Physique
Pilotage et remontées d’information
Figure 2.8 : Graphe des relations hiérarchiques entre centres de décision
Ce graphe peut être recomposé à partir des ensembles suivants :
s
,
n
E
)
Ensemble des centres de décision de niveau supérieur (n+1) gérant le centre de
décision CD
n,ss
,
n
E
(
Ensemble des centres de décision de niveau inférieur (n-1) gérés par le centre de
décision CD
n,s2.3.3 Généralisation à un réseau d’entreprises
Les chaînes logistiques ont rarement une structure physique en série, mais plus généralement
une structure en réseau. Cela sous-entend donc des activités en parallèle, de type hétérogène
(par exemple, des fournisseurs de composants différents) ou homogène (activités transformant
le produit de manière similaire). Avec ce dernier type d’activités, un problème d’allocation
apparaît, qui consiste à déterminer lesquelles de ces activités homogènes seront chargées
d’effectuer certains travaux. Concrètement, ces activités homogènes peuvent correspondre à :
- des fournisseurs fabriquant un même type de composant,
- des ateliers de production en parallèle pour augmenter la capacité de cette activité, au
sein d’une même entreprise ou non (appel à des sous-traitants),
- des clients qui demandent les mêmes types de produit.
Le parallélisme d’activités conduit à ajouter une troisième dimension au système de
référencement introduit précédemment (figure 2.7), pour arriver au référentiel tridimensionnel
présenté figure 2.9.
Niveau
décisionnel
Rang des acteurs
Activité physique Flux Physique
Client
Largeur des
activités en
parallèle
Figure 2.9 : Référencement tridimensionnel des centres de décision
Toutefois, il n’est pas nécessaire d’ajouter une troisième coordonnée pour traduire le rapport
de parallélisme des centres de décision. En effet, l’indice s suffit à identifier tout centre de
décision dans le plan d’un même niveau. Les ensembles des précédents et des suivants
permettent ensuite de retrouver le graphe décrivant les relations entres les centres de décision
d’un même niveau.
Sur l’ensemble d’un réseau d’entreprises, tout centre de décision sera donc simplement repéré
par :
CD
n, savec n indiquant le niveau, et s son identifiant dans le niveau n.
Afin de repérer les relations hiérarchiques entre les centres de décision, il suffit de définir le
graphe de ces relations. Ceci peut se faire en déterminant, pour chaque centre de décision,
l’ensemble de ses ressources internes et de ses centres de décision de niveau supérieur. On
retrouve donc la définition des ensembles En,s
)
et En,s
(
, présentés dans le cas d’un réseau
en série.
En général, un centre de décision est en relation avec au plus un centre de niveau supérieur.
Cependant, ce n’est pas toujours le cas, par exemple lorsqu’une entreprise est un maillon
commun à plusieurs chaînes logistiques.
La figure 2.10 résume les notations permettant de caractériser l’environnement de tout centre
décision CD
n, s.
Chapitre 2 : Modélisation de l’architecture de pilotage des chaînes logistiques 69
…
n
n+1
n-1
s
,
n
E En,s
s
,
n
E)
s
,
n
E
(
r
jr
ij
r
E
i
r
E
s , nCD
j , 1 nCD
−Figure 2.10 : Environnement du centre de décision CD
n,s(Notations générales)
Notons que, vu du centre de décision CD
n,s, un fournisseur est perçu comme un tout : CD
n,sne
distingue pas le centre de décision du fournisseur de sa ressource opérationnelle. Il en est de
même pour les clients et ses ressources internes.
Ainsi, r E
n,s(
∈ est un raccourci qui représente par exemple une des ressources r
jliée au centre
de décision CD
n-1,j.
Par conséquent, l’ensemble des ressources r en rapport avec le centre de décision CD
n,sest
constitué de ses fournisseurs, ses ressources internes et ses clients (
s , n s , n s , n
E
E
E
r∈ ∪( ∪ ).
Dans le document
Planification des chaînes logistiques : modélisation du système décisionnel et performance
(Page 68-72)