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Chapitre 1 : Contexte, problématique et positionnement du travail de recherche

1.4 Gestion de la chaîne logistique (Supply Chain Management - SCM)

1.4.4 Les performances

1.4.4.1 Comment améliorer la performance?

C’est en améliorant la performance globale de la chaîne que chaque entreprise pourra

améliorer sa propre performance (et non l’inverse), mais cela suppose que l’entreprise se

coordonne efficacement avec ses partenaires (Llerena, 2003). A ses propos, en plus de l’idée

de coordination, vient se greffer la justification stratégique des chaînes logistiques, qui est

d’établir entre elles un rapport gagnant-gagnant aux entreprises partenaires, quitte à accorder

des compensations aux maillons défavorisés. Mais ce système de compensation nécessite une

très bonne confiance entre les acteurs de la chaîne.

Pour améliorer le système de production (ici la chaîne logistique), il faut connaître sa

performance effective et déterminer une cible ou un objectif à atteindre. La première étape

consiste donc à « mesurer la performance ». Plusieurs critères de performance sont

envisageables, principalement ceux détaillés ci-après. Ensuite, il faut prendre des décisions de

réingénierie et agir sur le système à travers des variables de décision afin de tendre vers la

cible choisie.

En définitive, la mise en place d’un système de performances traduit implicitement un désir

de contrôle et d’amélioration des performances, ce qui s’applique tout aussi bien au contexte

de la réingénierie du système considéré qu’à son exploitation (cf. figure 1.7).

Décision Système physique

de production

Aléas

Objectifs

Indicateurs de

performance

Pilotage

Mesures de Performance

Figure 1.7 : Système d’indicateurs de performance

1.4.4.1.1 Mesurer la performance

L’évaluation de la performance par un système d’indicateurs de performance est une

problématique largement étudiée dans la littérature récente sur la chaîne logistique. L’objectif

étant ici d’améliorer la performance de l’ensemble de la chaîne, il faut mettre en place des

« mesures de performance » pour évaluer l’efficience d’une politique de gestion de chaîne

logistique.

Beamon (1998) classe celles-ci en deux catégories : les mesures de performance qualitatives

(satisfaction du client, flexibilité, intégration du flux physique et d’information, gestion du

risque financier,…) et quantitatives (retards de livraison, temps de réponse client,…).

Le modèle SCOR (Supply Chain Operations Reference model) est un modèle qualitatif, basé

sur un benchmarking des modélisations de la chaîne logistique, né en 1996 lors du

groupement de 69 industriels qui ont formé le Supply Chain Council (SCC, 1996). Ce modèle

de référence, composé de quatre niveaux (cf. figures 1.8 et 1.9), décrit les processus clés

présents dans chaque entreprise de la chaîne logistique, propose un certain nombre

d’indicateurs de performance relatifs à chacun des processus, décrit les meilleures pratiques

associées à chacun des éléments des processus et identifie les progiciels commerciaux pour

les appliquer.

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Figure 1.8 : Modèle SCOR avec ses processus, d’après SCC (1996)

Figure 1.9 : Modèle SCOR avec les différents niveaux décisionnels, d’après SCC (1996)

Le modèle SCOR propose des indicateurs de performance (cf. tableau 1.4), mais ne précise

pas s’ils sont indépendants et cohérents entre eux. De plus, il ne donne pas de méthode pour

les déployer à un niveau plus détaillé (désagrégation des indicateurs).

Les principaux indicateurs de performance préconisés par SCOR sont donnés dans le tableau

suivant :

Activité / processus Niveau Stratégique Niveau Tactique Niveau Opérationnel Planification Niveau de perception de la valeur

du produit par le client, variances par rapport au budget, temps de commande, coût de traitement de l’information, profit net Vs ratio de la productivité, temps de cycle total, temps total de cash flow, temps de cycle de développement du produit

Temps de requête du client, temps de cycle de développement, fiabilité des techniques de prévisions, temps de cycle du processus de planification, méthodes de réception des commandes, productivité des ressources humaines

Méthodes de réception des commandes, productivité des ressources humaines

Approvisionnement Performance de livraison des fournisseurs, temps de réponse des fournisseurs par rapport aux normes industrielles, prix des fournisseurs par rapport aux prix du marché, efficience du temps de cycle des ordres d’achat, efficience de la méthode de cash flow

Efficience du temps de cycle des ordres d’achat,

prix des fournisseurs par rapport aux prix du marché

Production Portefeuille de produits/services Pourcentage de rebut, coût par heure de travail, utilisation de la capacité, utilisation des quantités économiques

Pourcentage de rebut, coût par heure de travail, indice de productivité des ressources humaines

Livraison Flexibilité du système de service pour répondre aux besoins du client, efficience du plan de distribution de l’entreprise

Flexibilité du système de service pour répondre aux besoins du client, Efficience du plan de distribution de l’entreprise, efficacité des méthodes de facturation, pourcentage des produits finis dans le réseau, fiabilité des performances de livraison

Qualité des produits livrés, pourcentages des produits livrés à temps, efficacité des méthodes de facturation, nombre de factures de livraison sans fautes, pourcentages des livraisons urgentes, richesse des informations nécessaires pour effectuer les livraisons, fiabilité des performances de livraison

Tableau 1.4 : Exemples d’indicateurs de performance de la chaîne logistique

Morana et Paché (2000) proposent de regrouper ces indicateurs sous forme d’un tableau de

bord dit « prospectif » afin d’aider les décideurs à prendre les meilleures décisions, surtout au

niveau stratégique, grâce à une meilleure vision sur le système à piloter.

1.4.4.1.2 Agir par les variables de décision

Les variables de décision sont les leviers par lesquels les décideurs de la chaîne peuvent agir

afin d’optimiser les performances de la chaîne. Voici une liste non exhaustive de variables de

décision généralement utilisées en SCM (Beamon, 1998) :

- le nombre de partenaires que comprend la chaîne,

- les relations clients-fournisseurs définissant les paramètres d’un « contrat »,

- le nombre de produits finis différents,

- la spécification de l’étape du processus de fabrication à partir de laquelle les produits

sont différentiables,

- l’allocation d’une production à une usine (ou centre de production),

- l’allocation d’un client à un centre de distribution,

- la planification de la production et de la distribution (quantité à produire ou à livrer),

- les niveaux de stocks des composants, des produits intermédiaires et des produits finis…

Ces variables de décision sont valuées par les décideurs qui ont la charge de gérer ou manager

la chaîne logistique ou plus localement une entreprise, un site de production, un atelier, …

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