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Chapitre 3 : Le rôle et les tâches des agents d’intervention au CJM-IU

3.3 Modèle de gestion intégrée des agents d’intervention

En 2010, le CJM-IU a créé un projet concernant la sécurité dynamique, le Projet d’implantation du modèle de gestion intégrée des agents d’intervention au CJM-IU. La sécurité dynamique s’oppose à la sécurité statique. Ces deux types de sécurité doivent être présents d’une manière équilibrée dans un milieu pour maximiser la sécurité de ce dernier. La sécurité statique est tout ce qui est physiquement en place dans un milieu pour assurer que ce dernier soit sécuritaire. La sécurité dynamique découle directement des connaissances du personnel, du degré d’alerte des employés du milieu et du lien entre les professionnels et la clientèle dans un milieu de vie donné. Ce que cela signifie, c’est que plus il y a d’intervenants formés et à l’aise dans leur rôle et au courant des procédures, plus ces derniers seront alertes face aux éléments de dangerosités qu’il est possible de rencontrer dans le milieu et plus ils agiront afin de prévenir le danger. De même, plus le lien entre le personnel et les jeunes sera développé, plus le professionnel, qu’il soit agent, éducateur ou même chef de permanence, pourra tenter de prévoir les crises et jauger avec les risques. Ces concepts sont plus faciles à comprendre à l’aide d’exemple. Le tableau 3.2 illustre donc plusieurs exemples qui viennent compléter ces brèves définitions. Ces exemples ont été donnés par les professionnels rencontrés : c’est-à-dire les chefs de permanence et les agents qui ont été interviewés dans le cadre de ce travail de recherche.

Le modèle de gestion intégrée des agents d’intervention propose plusieurs éléments afin d’accroître la sécurité dynamique. Tout d’abord, le projet recommande d’intégrer les agents d’intervention dans les activités quotidiennes des divers centres de réadaptation. Il suppose que de cette manière, il y aura une augmentation de la prise de conscience des difficultés de chaque jeune, une croissance de la sécurité dynamique et une diminution du nombre de crises se soldant par des contentions. De ce modèle découle un document rédigé par le CJM-IU afin d’en assurer l’implantation. Ce document est présenté à l’annexe 3.

Tableau 3.2 Illustration de la sécurité statique et de la sécurité dynamique à l’aide d’exemples provenant des milieux de vie

Sécurité statique Sécurité dynamique

 Poser des caméras dans les unités de vie des jeunes contrevenants afin de pouvoir avoir, de l’extérieur, un accès rapide aux événements se déroulant dans une unité.

 Retirer les tables et les chaises des unités de vie et les remplacer par des tables avec sièges attachés afin de diminuer le risque qu’un jeune puisse lancer la table ou les chaises lors d’une crise.

 S’assurer de verrouiller le matériel dangereux afin que les jeunes n’y aient pas accès sans supervision : couteaux de cuisine, ciseaux, matériel sportif, etc.

 Restreindre le matériel permis dans les chambres des jeunes afin de diminuer le risque qu’ils cachent des objets dangereux.  Avoir une guérite à l’entrée du site de CDP

afin d’avoir un meilleur contrôle des allées et venues.

 Utiliser des cartes magnétiques pour l’ouverture des portes plutôt que des clés puisque les cartes sont plus faciles à annuler en cas de perte.

 Demander aux agents d’intervention de manger avec les jeunes lors des repas à la cafétéria afin de créer un lien avec ces derniers.

 Inclure les agents d’intervention dans l’animation des activités spéciales afin que ces derniers puissent vivre des moments positifs avec les jeunes

 Ajouter un poste d’agent (sur le site du MSA) afin d’accroître la présence de ces derniers dans le milieu.

 Avoir des agents d’intervention qui vont régulièrement faire le tour du site pour s’assurer que tout est en règle.

 Demander aux éducateurs et aux agents d’intervention de prendre le temps de dialoguer avec les jeunes et de noter leurs observations, doutes ou questionnements.  Assurer une circulation d’information dans

l’équipe éducative et entre les différentes équipes.

 Opter pour une uniformisation des services offerts dans les différentes unités de vie.

 Demander aux agents d’intervention de faire des tournées dans les unités de façon régulière.

 Inclure les agents d’intervention dans les différents comités afin qu’ils soient au courant des développements des situations particulières.

3.3.1 Le modèle de gestion intégrée selon les acteurs au CJM-IU

Aux prémices de ce travail de recherche, des rencontres ont été tenues avec M. Jean- Pierre Messier, ancien coordinateur des chefs de la permanence et responsable des agents d’intervention. Il s’est exprimé sur le rôle des agents d’intervention selon le point de vue des différents centres de réadaptation lors des rencontres et il a beaucoup insisté sur l’importance de l’agent d’intervention au sein de l’organisation du centre jeunesse. Il a mis de l’avant des exemples expliquant pourquoi il était nécessaire de se pencher sur le rôle de l’agent d’intervention et tout particulièrement sur l’impact de la mise en place du modèle de gestion intégrée des agents d’intervention.

L’apport de ce modèle, selon M. Messier, est flagrant puisque depuis qu’il est en place, moins d’arrêts physiques sont répertoriés. Le modèle met en place une ligne d’intervention à suivre pour tous les agents et permet à ces derniers de s’approprier leur rôle. Ainsi, le modèle permet une intervention beaucoup plus efficace auprès des jeunes clients du CJM-IU. Toujours selon M. Messier, le modèle est le début d’une amélioration des pratiques et de la reconnaissance des agents d’intervention et de leur importance dans le quotidien des jeunes et des intervenants. Le point prédominant de ce modèle est que, depuis 2010, le CJM-IU a pris une nouvelle direction avec ses agents d’intervention en leur demandant d’être beaucoup plus présents dans la vie des jeunes. En résumé, aux prémices de ce travail, la personne s’occupant des agents d’intervention a été rencontrée afin de donner son point de vue sur le travail de ces derniers. Il considère qu’il y a encore du travail à faire par rapport au rôle de l’agent d’intervention puisque ce dernier varie d’un milieu à l’autre. Il explique également tous les

changements dans les pratiques qu’a apportés le modèle au CJM-IU. Selon lui, l’apport du modèle est un apport positif.

3.3.2 Perception des agents face au modèle de gestion intégrée

Lors des entretiens avec les chefs de permanence et les agents d’intervention, ils ont été questionnés quant au modèle et à ses retombées dans le milieu. Un élément est tout de suite ressorti : la présence accrue des agents d’intervention dans le quotidien des jeunes. Voici quelques exemples de ce qu’ils en disent.

« Aujourd’hui, on a rajouté des agents et on veut qu’ils se promènent dans les unités, qu’ils entrent en contact avec les jeunes. Ils font des activités avec les jeunes. Maintenant, si tu vas te promener dans les unités, si ce n’était pas des ceintures, on ne saurait même pas qui est agent. » — Chef de permanence 1

« Ils (les agents) ont aussi à accompagner les jeunes dans le vécu partagé. Donc, à faire des activités. C’est ce que l’on met de l’avant depuis plusieurs années. Essayer de les inviter à participer plus activement… » — Chef de permanence 2

« Ils nous demandent d’être plus proche des jeunes. D’être plus dans les unités, de donner plus de support aux éducateurs, éducatrices. Tandis que quand je suis rentré ici, c’était plus de se promener dans le corridor puis […] leur mentalité n’était pas de créer des interactions avec les jeunes. » — Agent 1

Les professionnels rencontrés pour cette recherche ont également été questionnés au sujet du modèle de gestion, afin de connaître leur opinion. Lors des huit entretiens, le constat est le même : personne n’était clairement au courant de ce qu’était le modèle de gestion intégrée. Les éléments proposés dans le modèle écrit étaient toutefois bien ancrés dans les pratiques, et bien appliqués. Toutefois, les professionnels ne savaient pas que ces éléments faisaient l’objet d’un modèle de gestion planifié et réfléchi. Pour plusieurs agents, ce n’était pas surprenant qu’ils ne soient pas au courant de ce modèle. Ils estiment qu’il y a un manque de communication entre la direction et eux. Cela contribue d’ailleurs à une baisse du sentiment d’appartenance et n’aide pas à la rétention du personnel. L’agent 1 explique cela de la manière suivante :

« Il y a beaucoup de choses qui sont sur papier et qui restent sur papier sans jamais se rendre à nous directement. » — Agent 1

Toutefois, toutes les personnes salariées rencontrées s’entendent sur une chose : il y a eu un véritable changement dans les pratiques des agents d’intervention depuis 2010. En fait, plusieurs d’entre eux prétendent que le changement a eu lieu bien avant 2010 :

« Je dirais que la différence s’est faite avant cela dans ma tête… » — Agent 5

Toutefois, comme le modèle de gestion des agents d’intervention a vu le jour en 2010, cette date reste toutefois le point de comparaison pour une évaluation avant/après. Les agents et les chefs de la permanence rencontrés s’entendent donc pour dire que le rôle de l’agent d’intervention a été redéfini et la perception que les jeunes et les autres intervenants avaient d’eux a beaucoup changé :

« L’image de l’autorité était plus forte à ce moment-là » — Agent 2 (en parlant d’avant 2010)

Donc, les professionnels rencontrés disent tous ne pas être clairement au courant de ce qu’est le modèle de gestion intégrée des agents d’intervention. Ils sont toutefois tous d’accord pour dire qu’ils observent un certain changement dans les pratiques depuis quelques années.