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Chapitre 1 : Recension des écrits

1.1 Recension des écrits

1.1.3 L’autorité et l’agent d’intervention

Comment ce contexte d’autorité est-il appliqué par l’acteur qui est au cœur du présent travail de recherche? Selon des observations du milieu, l’agent d’intervention est souvent perçu par les jeunes comme étant « la police » du centre jeunesse. C’est la raison pour laquelle dans les prochains paragraphes, le rôle du policier sera choisi, parmi tous les rôles d’autorité existants, et mis de l’avant pour être comparé à celui de l’agent d’intervention en centre jeunesse. D’abord, le rôle d’un policier est d’une importance cruciale car, la majorité du temps, il se doit d’intervenir dans des situations d’urgence et dans un contexte de crise (Jacob, 1974). Si l’on compare cette définition avec celle du rôle de l’agent d’intervention, il est facile de voir le lien que les jeunes peuvent faire, de prime abord, entre ces deux acteurs. Jusqu'à maintenant, il n’est pas question de relation. En effet, historiquement, le rôle du policier est très répressif envers le délinquant. L’objectif est de protéger l’honnête citoyen en arrêtant le criminel (Center for Research on Criminal Justice, 1977). Il semble difficile pour ces derniers de jouer deux rôles distincts, passant de la répression à la prévention. Pourtant, le deuxième volet est aussi important que le premier.

C’est un peu à partir du concept du policier faisant de la prévention que l’agent de police communautaire a vu le jour, dans les années 60 (Brodeur, 2003). C’est à cet acteur que revient le rôle préventif. Le policier communautaire ne doit pas seulement se contenter de répondre à des appels d’urgence, il doit également établir des liens avec la communauté et se montrer proactif. Pour réussir à accomplir ces deux rôles, un policier communautaire doit être capable de passer par-dessus plusieurs barrières. La plus importante est souvent celle de l’uniforme. En effet, l’uniforme d’un policier représente l’autorité, la limite, la personne à ne pas défier. Selon cette observation, présenter des agents d’intervention en uniforme vient donc automatiquement mettre un frein à la création d’une relation d’aide entre un jeune et un agent. Cela est confirmé par une étude réalisée dans les pénitenciers canadiens stipulant que le rôle autoritaire du gardien envers le détenu est accentué par le port de l’uniforme et le rapport de force qu’il sous- entend (Vacheret, 2002). C’est probablement pour éviter de devoir surpasser cette barrière que les agents d’intervention, dans la majorité des CJ, ne portent plus l’uniforme : et ce, même s’ils sont embauchés par une compagnie de sécurité.

Dans les textes et les recherches portant sur la police, le policier communautaire est, la plupart du temps, clairement distingué du policier d’intervention (Brodeur, 2003). Cela démontre une difficulté à exercer, en même temps, des rôles aussi différents que la prévention et la répression. Cette difficulté ressort dans la littérature, du point de vue du policier. Elle est aussi présente dans la perception qu’ont les jeunes de la police (Ivanova, 2010). En effet, dans le cadre d’un mémoire de maîtrise, une étudiante note les réticences de certains jeunes à entrer en relation avec le policier. Elle fait ressortir la dualité entre le policier « aidant » et le policier répressif (Ivanova, 2010). Donc, ce que la littérature nous dit c’est qu’il n’est pas facile pour un même acteur d’exercer deux rôles distincts. Pourtant, c’est ce que plusieurs CJ demandent aux agents d’intervention. En effet, selon ce qui est constaté dans le milieu, les agents doivent se promener dans les diverses unités afin de rencontrer les jeunes hors des contextes de crise afin de créer des liens. L’agent doit amener le jeune à passer outre le rôle qu’il a pour pouvoir créer des liens, un peu de la même manière que le policier communautaire : en se montrant moins menaçant et plus participatif dans le quotidien des jeunes (Brodeur, 2003). L’objectif est d’aider les jeunes à mieux vivre leurs crises, en étant avec des personnes connues. Une recherche comme celle proposée ici devrait permettre de confirmer ou d’infirmer l’impact du lien entre un adolescent et la personne qui intervient physiquement auprès de lui.

Aux États-Unis, une recherche sur la gestion de situations de crise d’adolescents en hébergement sont également disponibles (dosReis, Barnett, Raymond, Riddle et MYPIC, 2003). Le contexte est différent puisqu’il s’agit d’une recherche réalisée en hébergement en milieu hospitalier et, par le fait même, une partie de l’intervention est basée sur l’administration de médicaments. Toutefois, il ressort de la recherche de dosReis et al. que la contention doit être une intervention de dernier recours. La prévention devrait être favorisée dans tous les cas où la situation le permet. Il est important également, de maintenir une alliance avec le client et de reprendre toutes situations avec ce dernier une fois la crise terminée. À travers cette recherche, on constate que la contention et la restriction de liberté font partie des éléments à considérer dans les endroits où sont hébergés des jeunes. Toutefois, bien que nécessaires, ces éléments se veulent des mesures exceptionnelles. Cette recherche souligne

également l’importance qu’il y ait une bonne communication entre les différents acteurs afin d’offrir le meilleur service possible.