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2.8 PROPOSITION D’UN CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE : UNE

2.8.1 Modèle conceptuel de la recherche

Le but que nous nous sommes assigné dans le cadre de cette section est de bâtir un modèle conceptuel. En effet, ce modèle doit mettre en évidence les articulations entre les variables de notre recherche. Ces liens ont été identifiés et confirmés lors de l’étude exploratoire que nous avons effectuée pendant la phase de résidence en entreprise. Pour construire notre modèle, il nous semble important tout d’abord de présenter les questions spécifiques de recherche qui découlent de la question principale et par la suite, notre démarche sera complétée par la présentation des

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prémisses qui vont orienter le modèle et enfin la proposition du modèle conceptuel va clôturer cette partie qui porte sur le contexte théorique de la recherche.

2.8.1.1 Questions spécifiques de recherche

En effet, il ressort du cadre théorique exposé plus haut l’absence d’une étude ou bien d’un modèle consensuel qui définit le processus de GSTI qui permet une amélioration de la performance TI. En plus, il n’y a presque pas d’étude qui mobilise et teste l’impact de l’ethnicité et des pratiques de la gestion des connaissances sur le processus de GSTI dans le but d’améliorer la performance TI. Ce manque est plus important dans le contexte de notre étude. Fort de ce constat, nous avons pour souci majeur de répondre à la question principale que nous nous posons celle de savoir comment s’effectue le processus de GSTI pour atteindre la performance des TI dans un contexte particulier des pays en développement avec la prise en compte de l’influence de l’ethnicité et des pratiques de gestion des connaissances sur le processus de GSTI ?

Il serait difficile de répondre directement et efficacement à une telle question de recherche, vu sa complexité. C’est ainsi que, dans le souci de faciliter sa compréhension et de bien orienter les investigations qui nous permettront de collecter les informations susceptibles de fournir les éléments de réponse, nous avons choisi de disséquer cette question principale de recherche en questions spécifiques. Par ailleurs, ces interrogations et propositions s’appuieront d’une part sur les résultats de notre étude exploratoire et d’autre part sur l’éclairage du cadre conceptuel.

Il ressort des résultats de notre étude exploratoire que les entrepreneurs camerounais reconnaissent le rôle indispensable des TI dans la vie de leur organisation. Ils affirment porter une attention particulière au poids des investissements nécessaires pour se doter de ce facteur incontournable de production. Ils reconnaissent la nécessité d’adopter les TI par les utilisateurs bien que leur utilisation présente encore quelques défaillances. Ils estiment ensuite que le mode d’utilisation des TI est tributaire du niveau de formation et soutiennent que l’engouement présenté par les utilisateurs se

justifie par l’enthousiasme de la phase d’incubation technologique. Ils précisent enfin l’importance de la gestion stratégique des TI au sein de leurs entreprises.

Néanmoins, ils affirment aussi que malgré cette place de choix qu’occupent les TI au sein des entreprises, ils éprouvent la difficulté à mieux les gérer, ils se questionnent sans cesse sur le processus de GSTI susceptible d’améliorer la performance TI, ils rencontrent les difficultés à évaluer la performance TI. Dans un deuxième temps, les gestionnaires font mention de l’importance de la culture sociale et plus précisément l’influence de l’ethnicité dans le partage de l’information et des connaissances au sein d’une organisation. Ce qui rend complexe l’asymétrie informationnelle, la capitalisation de la connaissance et rend difficile l’exploitation des TI.

Fort de tout cela et en analysant notre question principale, plusieurs autres interrogations spécifiques se posent à nous : Quel est le processus de GSTI que peuvent effectuer les entreprises de pays en développement pour atteindre la performance TI ? Quelle est l’influence de l’ethnicité sur le processus de GSTI des entreprises de pays en développement ? Quelle est l’influence des pratiques de la gestion des connaissances sur le processus de GSTI des entreprises de pays en développement ?

2.8.1.2 Prémisses du modèle conceptuel

Pour apporter les éléments de réponses à ces questions, il nous semble important de bâtir un modèle qui va établir les liens entre nos variables. Un modèle de recherche qui proposera des liens entre les différentes variables de notre recherche tire son fondement d’une part sur une perspective théorique d’intégration et de contingence (Hanna et Walsh, 2002). Plus particulièrement, grâce à la perspective théorique d’intégration, nous intégrons les variables d’ethnicité et des pratiques des connaissances dans le processus de GSTI d’une part et apprécions l’impact du processus de GSTI sur la performance des TI d’autre part. Ce modèle de recherche vise à expliquer la performance TI des entreprises des pays en développement d’une nouvelle manière en mettant un accent sur le processus de GSTI, en intégrant

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l’influence de l’ethnicité et les pratiques de gestion des connaissances dans le processus de GSTI. Tester ce modèle devrait nous aider à répondre à nos questions de recherche.

Le développement de notre modèle se fonde sur certaines considérations ou prémisses qui seront définies dans le cadre conceptuel de cette recherche. La première prémisse définit l’organisation comme un ensemble de sous-systèmes de relations et de communications enchevêtrées. Par ailleurs, on considère que les analyses des phénomènes organisationnels sont élargies aux différentes situations et aux conditions des diverses relations existantes. En plus, l’examen ou l’analyse des organisations peuvent être effectués par l’entremise de grilles ou de modèles (Bériot, 2006). L’usage de ces outils permettrait une prévision des comportements des acteurs ainsi que la définition des actions à entreprendre. De ce fait, l’organisation est vue comme une résultante des influences réciproques liées aux enjeux des différentes composantes internes et externes (Muchielli, 1996) qui la constituent.

La seconde prémisse est la prise en compte de l’influence du contexte dans la conception de notre modèle. En effet, l’environnement exerce un rôle dynamique sur les actions et influence le changement organisationnel (Pettigrew, 1990). Il est considéré comme un facteur pouvant influencer le processus de GSTI, l’ethnicité et les pratiques de gestion des connaissances. L’environnement, pris ici dans toute sa globalité (environnement interne et externe), est vecteur des changements au sein des organisations. Ces changements organisationnels suivent un processus (Cornet, 1998) qui peut être défini ou maîtrisé. Ils exercent un pouvoir sur les différentes mutations des relations entre les membres, les partenaires ou d’autres acteurs de l’environnement externe. En plus, l’intégration des incidences contextuelles permet de mettre en évidence le rôle incontournable et exceptionnel des individus dans la mise en application des actions stratégiques et opérationnelles de l’entreprise. Ainsi donc, les effets du contexte peuvent être appréciés sur plusieurs aspects et actions des organisations par exemple sur : sa politique générale de GSTI, son processus dynamique de GSTI, ses pratiques de gestion des connaissances et ses actions ou leviers d’amélioration de la performance TI.

Enfin, la troisième prémisse est le sens donné aux pratiques de gestion des connaissances et à l’ethnicité. Elles sont considérées ici comme des construits ou des processus détenus par les individus ou par une organisation. De ce fait, les acteurs de l’organisation sont investis de diverses connaissances. Face à la considération de la connaissance comme un construit, ils possèdent donc des schèmes qui diffèrent d’une personne à l’autre, d’un groupe à un autre ou d’une ethnie à une autre et enfin d’une organisation à une autre. Ces schèmes sont à la base des valeurs organisationnelles et personnelles; des intérêts et des interprétations des actions individuelles (Ranson, Hinings et Greenwood, 1980). La résultante de tous ces schèmes détenus par les acteurs de l’entreprise oriente sa stratégie, ses actions, sa politique. En outre, l’importance de ce construit dans la réussite des actions organisationnelles transforme l’entreprise en un système dynamique, politique et psychosociologique. Par ailleurs, il a été démontré que la connaissance est une variable non négligeable on dirait même importante dans le processus de GSTI ainsi que dans le développement des compétences (Oldham et Da Silva, 2015). Toutefois, dans notre contexte, la culture et principalement l’ethnicité est une variable déterminante dans le partage de cette connaissance au sein de l’entreprise. Ainsi, nous avons observé que la culture de groupe (des ethnies) a un effet considérable sur l’utilisation des TI. Elle influence de ce fait l’amélioration de la performance TI des entreprises camerounaises. Comme nous l’avons observé lors de la résidence, les membres d’une ethnie conservent jalousement certaines pratiques des connaissances et les transmettent uniquement à l’intérieur de leur cercle. Ce transfert se fait oralement dans une langue propre à eux, dans le but de développer des puissants réseaux et de dresser les barrières à l’entrée dans certains secteurs activités sauf dans les entreprises appartenant au clan. Parmi les facteurs qui constituent des barrières, on peut citer le réseau de distribution, les sources d’approvisionnement, le financement, les partenaires d’affaires… ceci malgré l’utilisation des TI.

La prise en compte des trois prémisses présentées ci-dessus nous conduit à adopter une démarche de modélisation inspirée du modèle intégrateur. Il est présenté comme le plus récent par rapport au modèle de causalité et au modèle processuel avec

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pour objectifs d’apporter des solutions aux insuffisances des outils qui l’ont précédé. Ce modèle prend en compte les composantes humaines, sociales, organisationnelles et technologiques. Les auteurs comme Dudezert et Boughzala (2008) ont utilisé le modèle intégrateur pour démontrer la contribution de la gestion des connaissances sur l’influence de la créativité organisationnelle comme variable intermédiaire de la performance.

Eu égard à tout cela, le modèle intégrateur est le mieux indiqué dans le cadre de cette recherche pour plusieurs raisons : premièrement, il offre la possibilité d’intégrer les pratiques de gestion des connaissances dans le processus de GSTI; deuxièmement, il permet de bien intégrer l’ensemble des fondements théoriques qui s’invite autour de la conception d’un modèle qui prend en compte le processus de GSTI, l’ethnicité, les pratiques de gestion des connaissances et la performance TI. En outre, il est un cadre idéal qui facilite une meilleure précision sur le rôle de chacune des variables (processus de GSTI et pratiques des connaissances) pour l’atteinte de la performance TI. Enfin, ce modèle, par sa capacité à intégrer les dimensions sociale et contextuelle, est susceptible de mieux s’adapter à plusieurs secteurs d’activités.