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3. LE MODÈLE D’ACTION DE L’ENSEIGNANT

3.1. Le modèle d’action du praticien

Selon Bourassa et al. (2007, p. 60) le modèle d’action du praticien sert « d’interface entre les théories du praticien et la réalité à laquelle cette théorie renvoie ». Pour ces auteurs, le modèle d’action est un instrument fonctionnel et utile pour aborder la réalité dans laquelle s’inscrit le praticien. Le modèle d’action du praticien dégagé par Bourassa et al. (2007) à partir de leurs travaux est présenté ci- dessous.

Figure 3. Structure et dynamique du modèle d’action du praticien (Source: Bourassa et al., 2007, p. 61)

Ce modèle est constitué, d’un cône dont le rétrécissement « indique le passage du général au particulier dans le processus de décision qui se traduit en intention et en action concrète par l’application d’une stratégie » (Bourassa et al., 2007, p. 61). Ce cône révèle l’ampleur de l’arrière-scène qui préside au comportement observable. Cette arrière-scène comprend des représentations, des intentions et des stratégies. Les représentations guident l’action du praticien dans une direction désirée. Elles constituent un ensemble organisé d’opinions, d’attitudes, de croyances et de valeurs se référant à un objet ou à une situation. Les intentions influencent l’action du praticien. Elles constituent ce qu’il veut faire et les finalités qu’il poursuit. Les stratégies représentent une décision, un choix du praticien sur l’action à entreprendre permettant d’atteindre le mieux possible ses objectifs personnels. Elles sont l’aboutissement d’un traitement de l’information par le praticien qui se traduit en un ensemble de comportements observables.

Ensuite, le cercle représente la situation actuelle qui est une situation d’intervention du praticien dans laquelle s’observe l’ensemble de ses comportements.

Les flèches rétroactives, entre les constituants du modèle d’action du praticien et la situation, indiquent l’échange d’information continuel qui s’opère entre ce que les auteurs qualifient de dimension intime de la pratique et sa dimension publique. La dimension intime fait référence à l’arrière-scène qui préside le comportement observable et la dimension publique, c’est-à-dire les comportements observables, fait référence à l’interaction concrète entre le praticien et la situation (Bourassa et al., 2007). À l’instar de Bourassa et al. (2007), Altet (2002) mentionne que la pratique d’enseignement ne se restreint pas à l’activité observable. D’autres variables entrent en jeu. Altet (2002, p. 86) souligne en effet que « la pratique, ce n’est pas seulement l’ensemble des actes observables, actions, réactions mais cela comporte les procédés de mise en œuvre de l’activité dans une situation donnée par une personne, les choix, les prises de décision: “c’est la double dimension de la notion de pratique qui la rend précieuse” comme le dit Jacky Beillerot (1998) en précisant “d’un côté, les gestes, les conduites, les langages; de l’autre, à travers les règles, ce sont les objectifs, les stratégies et les idéologies qui sont invoqués” ».

Dans le cadre de ce modèle d’action du praticien, Bourassa et al. (2007, p. 60) définissent les modèles d’action comme « des habitudes conditionnées par des représentations de la réalité, des intentions et des stratégies récurrentes, élaborées à travers les années pour assurer le mieux possible l’adaptation et l’apprentissage ». Autrement dit, dans le contexte d’étude de cette recherche, le modèle d’action du praticien représente la manière dont l’enseignant met en œuvre ses intentions dans une pratique d’intervention adaptée à son contexte dans le but de favoriser l’apprentissage des élèves. Les travaux menés par Bourassa et al. (2007) ont utilisé le modèle d’action du praticien dans le but d’aider celui-ci à dépasser une situation d’inefficacité. Ils utilisent ainsi ce modèle, en tant que formateurs d’adultes, pour aider le praticien à expliciter sa théorie de l’action c’est-à-dire, dans le but de l’aider à prendre conscience des théories qui guident son intervention et plus particulièrement vis-à-vis de ceux qui éprouvent des situations d’inefficacité dans leur pratique. Ce modèle découle des travaux d’Argyris et Schön sur les théories de l’action qui

guident consciemment ou non une personne dans ses interventions. Bourassa et al. (2007) constatent que les praticiens n’arrivent que partiellement et difficilement à expliciter leur théorie de l’action. L’intérêt d’un tel modèle est donc de faire émerger les savoirs cachés ou tacites d’un praticien.

Si le modèle d’action du praticien répond à notre volonté de saisir la dynamique qui se joue entre les OV privilégiées par les enseignants et leur pratique d’enseignement, il nous semble nécessaire de le compléter pour l’adapter à notre problématique et à notre contexte d’étude. Premièrement, la situation actuelle telle qu’elle est envisagée par Bourassa et al. (2007) demeure large dans la mesure où le modèle d’action du praticien a été conçu dans le but de s’adapter à différentes situations professionnelles. Ces situations professionnelles font référence à des situations d’interaction. Dans le cadre des trois phases de la pratique d’enseignement que nous avons présenté, cette situation correspond à la phase interactive. Il apparaît nécessaire, au regard de notre problématique, de caractériser cette situation dans le modèle d’action du praticien en précisant notamment ses différentes dimensions.

Deuxièmement, nous concevons la pratique d’enseignement comme une pratique comprenant trois phases: la phase pré-active, la phase interactive et la phase post-active. Il manque dans le modèle d’action du praticien cette phase post-active. Bourassa et al. (2007) ne mettent pas assez en avant dans leur modèle le travail réflexif du praticien sur sa pratique d’intervention. Dans le cadre des trois phases de la pratique d’enseignement que nous avons présenté, ce travail réflexif est conduit principalement dans la phase post-active. Il apparaît donc nécessaire de compléter ce modèle au regard de notre problématique dans le cadre de l’enseignement de l’ÉPS.

Troisièmement, le modèle de Bourassa et al. (2007) n’inscrit pas directement le modèle d’action du praticien dans un contexte. Il présente une articulation entre intention et action. Cependant, cette articulation se construit dans un contexte particulier. En matière d’enseignement, la pratique des enseignants est susceptible d’être influencée par un ensemble de variables comme par exemples les programmes,

la formation de l’enseignant, le matériel disponible ou encore les élèves. Ainsi, le modèle de d’action du praticien nécessite d’être complété dans ce domaine.

Enfin, notre problématique est centrée sur l’analyse de la pratique d’enseignement en situation de classe. Le but est d’identifier les éléments caractérisant cette pratique qui sont influencés par les OV privilégiées par les enseignants. Pour cela, il apparaît nécessaire d’adapter les constituants de l’arrière- scène du modèle d’action. Nous montrons ci-dessous de quelle manière nous répondons à ces limites en complétant le modèle d’action du praticien de Bourassa et al. (2007) pour l’adapter à notre problématique et à notre contexte d’étude.