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Mobilité et transports

impactées par les effets du changement climatique

6.2.4.1 Mobilité et transports

La mobilité et les transports (personnes et marchandises) sont affectés par les conditions météo-climatiques et leurs évolutions. Les événements climatiques extrêmes (inondations, fortes chaleurs, tempêtes) sont responsables de façon directe ou indirecte des dommages aux infrastructures de transport voire des ruptures totales de services perturbant ainsi la mobilité des personnes et des marchandises. En Métropole, c’est le cas notamment des incendies estivaux qui occasionnent la fermeture des grands axes ferroviaires et routiers.

La continuité des services et des déplacements, sur et vers son territoire, est un élément vital dans la vie quotidienne et économique d’une métropole, dont une grande partie des habitants doivent quotidiennement se déplacer entre plusieurs points du territoire (les axes Aix- Marseille et Aubagne-Marseille sont les exemples les plus représentatifs), et dont les modes de transport sont amenés à évoluer. 60% des habitants ne se déplacent qu’en voiture (Agenda Mobilité, 2016).

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

Figure 170 : Flux domicile-travail de la métropole Aix-Marseille-Provence en 2012.

Source : AGAM (Atlas).

« Grâce au portail du Drias, les futurs du climat, une augmentation des évènements extrêmes en termes de fréquence et d’intensité ayant un impact possible sur le réseau de transport terrestre a été identifié, excepté pour les évènements de grand froid. »

CEREMA Méditerranée

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

Dans une métropole préservée des dégâts liés aux extrêmes de froid, les principales vulnérabilités des infrastructures de transport sont liées aux fortes chaleurs. Ces dernières occasionnent des dégâts directs sur les infrastructures en raison des hautes températures mais peuvent aussi accentuer les risques incendie. Elles sont enfin la cause de l’inconfort thermique pour l’ensemble des modes de transport.

Les infrastructures et les usagers du transport ferroviaire affectés par les hausses de température

La dilatation et la déformation des rails entrainent des mouvements de voies qui sont des facteurs de risque accidentel pour le transport ferroviaire, voyageurs ou fret. En 2003, la SNCF a notamment connu une réduction de la régularité des trains (-10%)26 et des pertes estimées entre 1 et 3 milliards d’euros. Bien que l’amélioration du processus de fabrication des rails tende à limiter l’étendue du problème, cette perturbation reste d’actualité pour un réseau ferré dont la durée de vie est de 50 ans.

Le matériel roulant est également sensible à ces hautes chaleurs, tout comme le matériel de signalisation. Ces impacts se répercutent également sur le confort thermique des usagers, notamment en période de pointe. L’ensemble des lignes métropolitaines est concerné par ces impacts.

« Une fragilisation des enrobés peut conduire à une nette diminution de leurs capacités. Même observation pour les voies ferrées avec une dilatation importante des rails et des caténaire. Les trains sont déjà aujourd’hui parfois contraints de réduire leur vitesse lors de pointes de chaleur. Les conséquences peuvent être lourdes, tant sur les aspects physiques que fonctionnels. »

CEREMA Méditerranée Les infrastructures de transport face au risque incendie

Les incendies sont des facteurs de perturbation majeure des axes de circulation en Métropole, pour le transport routier et le transport ferroviaire. Les épisodes des incendies forestiers estivaux donnent lieu à des coupures d’axes de circulation. Les

autoroutes A51 et A55 ont par exemple été coupées plusieurs heures pendant les étés 2016 et 2017, nécessitant des redirections de trafic et des rallongements de temps de trajet. Le trafic ferroviaire connaît les mêmes difficultés, et ajoute aux épisodes de grands incendies les incendies de proximité de voie.

Le transport aérien est également sensible à ce risque incendie, les fumées dégagées par les incendies pouvant gêner la visibilité des pilotes. Ainsi, les incendies de Vitrolles en 2016 ont occasionné de nombreux reports et déroutements des vols vers les aéroports de Lyon et Montpellier.

« Un incendie commence à être considéré comme grand à partir de 100-120 hectares.

Ces grands feux ne représentent que 2-3% du total des feux mais génèrent 70% des surfaces brûlées et des dommages. Il faut s’imaginer que les grands feux comme observés récemment (2003, 2016, 2017) n’auront plus lieu tous les 10-15 ans mais toutes les quelques années. Leurs impacts sont considérables. »

IRSTEA

« En août 2016, les incendies au Nord de Marseille ont conduit à la fermeture des autoroutes menant au centre-ville et à l’aéroport pendant plusieurs heures. Suite aux incendies apparaissent également des risques liés aux chutes d’arbres calcinés et des risques d’éboulement qu’il est nécessaire d’évaluer avant remise en service du réseau. »

CEREMA Méditerranée

Le confort thermique des usagers généralement affecté

Les surchauffes estivales causeront des désagréments aux voyageurs de tout ordre.

Dans les transports en commun ou les véhicules individuels, on s’attend à un recours massif à la climatisation, avec les impacts sur les effets de surchauffe et de tension sur le réseau électrique accentués pour le réseau ferré. Les émissions issues des gaz fluorés

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à haut pouvoir d’effet de serre pourront également de s’ajouter du fait d’une plus grande utilisation de la climatisation des voitures individuelles. Les déplacements actifs (vélo et marche) seront également impactés, impliquant un recours aux espaces de fraicheur (itinéraires ombragés).

Les impacts sur les infrastructures en cas de crues extrêmes

Les épisodes de fortes précipitations présentent des risques physiques pour les réseaux de transports routiers et ferroviaires. Les impacts potentiels concernent l’inondation même des voies et des dégâts sur les infrastructures, occasionnant de coûteuses réparations. Ce risque inondation est accru par la fonte du manteau neigeux hors saison (Cf. partie eau). Selon l’Observatoire Régional des Risques Majeurs, les inondations sont les aléas donnant le plus souvent lieu à des arrêtés Catnat (61%) en région SUD, avec une forte concentration sur les zones inondables de Marseille. Sur le territoire de la Métropole, les axes de circulation de la vallée de l’Huveaune et les axes urbains situés en zones inondables sont plus particulièrement exposés.

Une perturbation générale de la circulation lors des épisodes de forte pluie

Bien qu’on ne constate pas de tendance sur la chronicité des épisodes de pluie extrême, les épisodes de forte pluie occasionnent également une perturbation et un ralentissement de la circulation ferroviaire et routière, qui concernent l’ensemble du territoire métropolitain.

« Un des secteurs les plus préoccupants est celui de l’Huveaune, le long de l’A50. Cette dernière pourrait très bien être totalement recouverte et cela s’est déjà produit dans le passé. En 1978, la crue de l’Huveaune amène d’un mètre d’eau sur l’A50. Le Provençal titre : « Ce fleuve, l’autoroute Marseille-Aubagne »

CEREMA Méditerranée

Figure 171 : Nombre d'arrêtés inondations CatNat depuis 1982 par commune en SUD (Source : ORRM, avril 2018)

Les transports maritimes moins vulnérables hormis le transport de matières lié à l’industrie portuaire de Fos

Les risques de submersion marine et d’érosion côtière étant moins présents sur la majeure partie du trait de côte du territoire métropolitain en comparaison avec les territoires voisins, les infrastructures portuaires liées au transport de personne devraient être impactées de façon moins critique par les effets du changement climatique.

Le port de Fos-sur-Mer qui concentre l’essentiel du transport de matières se situe dans une zone plus exposée à ces risques : la zone deltaïque. Le transport y est donc plus vulnérable. Ce risque de submersion marine reste encore peu considéré dans les documents de gestion urbaine. Certains secteurs spécifiques du territoire restent eux

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aussi exposés, comme le Vieux Port de Marseille en raison de son nœud de transport souterrain.

« On considère également les risques liés aux vagues de submersion marine. Pour cet aléa, le secteur Vieux Port est assez vulnérable en raison du métro et des tunnels routiers sous- jacents. »

CEREMA Méditerranée

6.2.4.2 Tourisme

La Métropole Aix-Marseille-Provence jouit de multiples formes de tourisme, grâce à la diversité de son territoire. Les images qu’on lui associe sont celles du patrimoine (centres villes provençaux et anciennes villes romaines, etc.), de la culture (Mucem, Musée Granet, paysages de Cézanne, etc.) du tourisme balnéaire (plages de la Côte Bleue et des Calanques), du tourisme sportif (escalade, kayak, randonnée), de la gastronomie (viticulture et oléiculture), et les croisiéristes (objectif de 2 millions à l’horizon 2020). Ainsi, ce sont 7 millions de touristes qui sont venus en 201627, et l’objectif est à la hausse de la fréquentation sur toute saison pour une clientèle étrangère, ce qui implique de maintenir l’image de marque liée au territoire.

Un tourisme à la saisonnalité et à l’activité modifiées

Si l’objectif est à l’élargissement de la saison touristique, les impacts du changement climatique sont susceptibles de modifier la saisonnalité. En période estivale, le confort thermique des touristes en séjour peut être dégradé. Les visites par temps de canicule pourraient devenir insupportables. Des « coups de chaud » ou des malaises deviendraient sans doute plus fréquents au sein de la population. Des analyses du confort thermique des touristes, basés sur des indices tels que la température ou l’intensité du vent, indiquent une remontée générale du tourisme vers le Nord. illustre cette évolution climatique par un déplacement de la zone de confort touristique vers le Nord et les pays européens. Les facteurs mis en évidence précédemment, baisse

des précipitations et hausse des températures, devraient ainsi faire passer le statut du bassin méditerranéen d’excellent à très bon. Ces résultats restent cependant entachés d’incertitude, car basés sur des modèles. Mais la hausse de la fréquence des épisodes de canicule, liée à l’amélioration des conditions climatiques dans d’autres régions aura un impact sur la saisonnalité du tourisme.

Cette saisonnalité du tourisme peut aussi s’observer à l’échelle d’une journée, avec le report d’activités habituellement diurnes vers des périodes plus fraiches comme le soir.

Et en conséquence, la demande pour les types d’activités évolue, au profit d’activités plus rafraichissantes (points d’eau ou espaces climatisés).

« On observe un report des activités vers le soir et moins de consommation en cas de grosse chaleur. Cela profite aux activités rafraichissantes (montagne et points d’eau).

Cela a notamment été observé à l’été 2018. »

Comité Régional Tourisme Région Sud

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

Figure 172 : carte de référence de l’indice de Mieczkowski sur la zone Maghreb-Europe (période 1971-2000) (gauche) et évolution de l’indice de Mieczkowski sur la période 2021-2050 (droite)

Des conditions d’accès aux sites touristiques restreintes

Le risque incendie à l’origine des restrictions d’accès aux espaces naturels

Les espaces naturels, notamment le site de la Sainte Victoire, celui des Calanques, celui de la Nerthe, ou des Alpilles font l’objet d’une surveillance et d’un accès conditionné par les conditions climatiques, dans un territoire notamment sujet aux incendies. Le niveau de risque incendie de la grande majorité du territoire est ainsi au plus haut (Figure 172). Les métropolitains sont habitués à ces risques et à consulter, afin chaque sortie, les systèmes de mise en garde sur les conditions d’accès aux espaces naturels. Cependant, la fermeture de ces espaces naturels a un impact important sur le tourisme, quand une sortie aux Calanques fait généralement partie des activités

28Source : www.tripadvisor.fr, novembre 2018

incontournables (le Parc National des Calanques étant par exemple classé troisième meilleure activité à faire sur Marseille sur le site Tripadvisor28). Les conditions de restrictions de l’accés aux massifs concernent la température et le vent notamment.

L’augmentation attendue de la fréquence des périodes de canicule devrait ainsi restreindre l’accès aux espaces naturels, entrainant ainsi un report vers d’autres activités (et plus de tension sur ces dernières), mais aussi une certaine frustration chez les touristes.

Figure 173 : Niveau de risque selon aléa subi incendie de forêt, source : AGAM

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

Une attractivité touristique perturbée par la modification possible des paysages L’image de la Métropole se repose grandement sur ses paysages, ceux liés à la Provence (pins et champs de lavande par exemple), à Marseille (bleu de la mer et Calanques). Ces paysages sont essentiels pour l’attrait touristique. Ainsi, des enjeux de suffisante hydratation de la végétation pourraient se montrer plus importants à l’avenir. Les aléas climatiques sont susceptibles de porter atteinte à ces paysages. Si les conséquences d’un incendie sont connues (renouvellement du paysage nécessitant plusieurs années), l’intensité croissante des évènements extrêmes est susceptible d’entrainer une modification des paysages plus rapide. La médiatisation de ces évènements extrêmes est un facteur reconnu d’impact négatif sur la fréquentation de touristes, notamment pour les touristes hors Europe.

Figure 174 : randonnée dans les Calanques après un incendie, photo prise en septembre 2018

« Le problème, c’est la médiatisation des mauvaises images. L’impact est réel en notoriété. »

Comité Régional Tourisme Région Sud

« Le rôle structurel du climat méditerranéen dans les paysages régionaux est une évidence, et le changement climatique a déjà et aura de multiples incidences sur les paysages (substitution d’espèces ou d’écosystèmes, changements dans le trait de côte, renforcement du risque incendie ou inondation, etc.). »

Université d’Avignon et des pays du Vaucluse Une restriction d’accès aux eaux de baignade

L’été 2018 a été exceptionnel par le nombre de jours de fermeture des plages à la baignade29sur le territoire de la métropole. La qualité des eaux de baignade est liée à différents critères. La température de l’eau et le rejet des eaux usées, après des épisodes orageux notamment, ont des effets majeurs. Le changement de fréquence des précipitations et les évènements extrêmes liés sont susceptibles de jouer un rôle en dégradant la qualité des eaux de baignade, entraînant une fermeture de plusieurs jours. En parallèle, la hausse de la température de l’eau de surface est un facteur aggravant. Ces aléas peuvent ainsi provoquer une restriction d’accès à la baignade qui, comme les restrictions d’accès aux espaces naturels, est un élément négatif pour l’image touristique.

A cela s’ajoute le phénomène d’érosion marine. Si l’essentiel du trait de côte métropolitain est moins exposé à l’érosion marine que d’autres territoires (notamment le Languedoc ou le Var) par sa typologie, les zones de baignade sont concentrées sur des zones plus sensibles (plage Napoléon de Port Saint Louis du Rhône ou plages artificielles du littoral marseillais) à ce phénomène. La surface des plages tend ainsi à se réduire, augmentant d’autant plus la tension sur les zones moins touchées. Un contrat de baie à l’échelle métropolitaine a été mis en place, afin de mieux anticiper ces risques en y consacrant un budget nécessaire pour sa prévision.

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

« Les travaux de l’Observatoire National sur les effets du réchauffement climatique ONERC indiquent clairement une menace. En région Sud, le sujet des risques littoraux est politiquement très sensible et encore tabou. »

Laboratoire LIEU