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Biodiversité terrestre et marine

6.2.3 Vulnérabilité environnementale : une métropole aux multiples facettes

6.2.3.2 Biodiversité terrestre et marine

Un territoire écologiquement riche à protéger

Une des spécificités du territoire de la Métropole Aix-Marseille-Provence réside dans son grand nombre d’espaces naturels et dans leur étendue (bien que de nombreuses discontinuités apparaissent dues à l’extension de l’urbanisation), ainsi que dans la présence d’une façade littorale (Figure 165). La métropole comprend ainsi 26 unités paysagères différentes dont certains sites sont de renommée mondiale et constitue un haut lieu de biodiversité, qui se doit d’être protégé (Figure 166). Les actions du Conservatoire du littoral, du Parc National des Calanques ou du parc marin de la Côte Bleue sont des exemples de protection et de valorisation des milieux naturels et de sauvegarde de la biodiversité sur le territoire métropolitain.

23 http://indicateurs-biodiversite.naturefrance.fr/fr/thematiques/biodiversite-foret

Figure 165 : Cœur de nature et continuités écologiques. Source : AGAM (Atlas).

Des impacts majeurs sur la faune et la flore existantes

Le changement climatique a été identifié comme l’une des 6 pressions majeures sur la biodiversité, sur la base du modèle HIPPO(C)23 qui distingue les pressions suivantes :

H – Habitats : destruction ou dégradation des écosystèmes semi-naturels ; I – Invasives : propagation d’espèces nuisibles à la biodiversité ;

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

P – Pollutions : les pollutions ;

P – Population : impact direct de la population ;

O – Surconsommation : surexploitation des ressources naturelles ;

C – Changement Climatique : impacts directs du changement climatique ou des adaptations au changement climatique :

Dépérissements

Dérèglements des écosystèmes Déplacement des aires de répartition

Dopage de la croissance par le carbone atmosphérique Problèmes de levée de dormance

Événements extrêmes, régimes de sécheresses, neiges ou pluies modifiées, etc.

Face à ces impacts du changement climatique, les organismes vivants n’ont que trois choix possibles24 :

- S’accommoder ou s’acclimater individuellement en modifiant leur morphologie ou leur comportement individuel

- S’adapter génétiquement

- Migrer pour trouver des contrées plus propices à leur écologie (modifications des aires de répartition géographique des espèces)

Figure 166 : Le patrimoine naturel de la métropole Aix-Marseille-Provence et sa protection, 2016. Source : AGAM (Atlas).

Dans l’article « Changement climatique et forêt méditerranéenne : Quels impacts actuels et futurs sur la grande faune ? », Michel Vennetier présente quelques-uns des effets du changement climatique sur la forêt méditerranéenne et les impacts directs et indirects de celui-ci sur la faune. Ainsi, parmi les arbres, les plus touchés sont le sapin pectiné, le pin sylvestre et le chêne-liège, qui montrent des taux de mortalité moyenne trois à quatre fois supérieurs à la normale depuis 10 à 15 ans, et un taux de dépérissement élevé. Les espèces du sous-bois et les formations arbustives ne sont pas

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épargnées : en 2016 et 2017, des milliers d’hectares de garrigues se sont desséchées le long de la côte, avec des taux de mortalité allant de 20 à 90 % suivant les sites et les espèces. Même lorsque les arbres ou leurs branches ne meurent pas, le stress se traduit par des modifications architecurales majeures : le nombre annuel de ramifications de ces branches diminue fortement ainsi que le nombre et la taille des feuilles ou d’aiguilles. Le couvert s’éclaircit significativement.

Le réchauffement du climat peut également favoriser l’implantation de parasites alors inconnus, dégradant un certain nombre d’écosystèmes. La sensibilité des arbres à certains parasites peut augmenter en situation de stress hydrique (sécheresses estivales).

Un développement des espèces invasives

Le réchauffement favorise également le développement d’espèces végétales invasives non natives, plus adaptables, augmentant ainsi leur pression sur les écosystèmes. En effet, d’après Charles Davis du Department of Organismic and Evolutionnary Biology de l’Université de Harvard, "Nos recherches suggèrent de manière assez décisive que les espèces non natives et invasives ont été les gagnantes du changement climatique".

L’invasion du moustiques tigre, vecteur de virus dangereux, est également favorisée par la hausse des températures, car elle provoque l’extension de son aire de répartition et accélère les cycles viraux de ses agents pathogènes. Déjà installé dans le sud de la France depuis plusieurs années et en constante propagation, celui-ci risque de continuer à proliférer au XXIème siècle, et la transmission de maladies, bien que très peu observée à l’heure actuelle, est susceptible d’augmenter, comme le Chikungunya, illustré dans la figure ci-aprés.

Figure 167 : évolution du nombre de mois par an de risque de transmission du Chikungunya en 2071-2100 pour une élévation de température mondiale de 2,8°C par rapport à 1980-1999, source : Fischer et al., 2013

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Dans l’article « Changement climatique et forêt méditerranéenne : Quels impacts actuels et futurs sur la grande faune ? », Michel Vennetier note également que l’on constate une prolifération de maladies et insectes : profitant des automnes et printemps très chauds en conjonction avec les périodes pluvieuses, et de l’affaiblissement des végétaux, certains champignons pathogènes deviennent épidémiques (le Sphaeropsis et Crumenulopsis par exemple sur les résineux, ou Oidium sur les régénérations de chêne).

La chenille processionnaire des pins est très représentative de la progression spatiale d’un parasite avec le réchauffement climatique : en quelques dizaines d’années, elle a gagné plusieurs centaines de mètres en altitude, plusieurs centaines de kilomètres vers le nord, et sa dernière prolifération dans le sud-est de la France a battu des records de nombre de nids et d’intensité d’attaques.

Dans un contexte de changement climatique, l’aspect biodiversité est grandement couplé au climat et devient privilégié dans les politiques urbaines. En effet, de nombreuses solutions reposent sur la nature pour les stratégies d’adaptation des villes au changement climatiques (techniques de rafraichissement par végétalisation pour lutter contre les fortes chaleurs). D’autre part, la végétation est souvent un outil pour la mesure de la qualité de l’air, donc essentiel en milieux urbains.

Les écosystèmes forestiers lourdement menacés par le risque incendie

Dans son article, Michel Vennetier explique que le risque d’incendie se développe rapidement dans les régions méditerranéennes, avec la conjonction de nombreux facteurs liés aux changements climatiques et territoriaux : (a) allongement des périodes de sécheresses et augmentation de leur fréquence et de leur intensité ; (b) production régulière de grandes quantité de biomasse morte, très inflammable et combustible, lors de ces sécheresses intenses ; (c) accumulation de biomasse dans les milieux naturels peu entretenus et création de continuités spatiales de ce combustible à grande échelle ; (d) multiplication des interfaces entre les zones urbaines ou d’activités humaines et les milieux naturels, d’où partent la majorité des incendies.

Selon lui, la combinaison d’incendies fréquents et de sécheresses répétées est hautement probable dans le futur. L’étude des effets de cette combinaison

d’une série de sécheresses consécutives, comme celles qui se sont enchaînées de 2003 à 2007 en Provence.

La Métropole Aix-Marseille-Provence est une zone particulièrement touchée par le risque d’incendie sur la période estivale. Le risque incendie est l’un des risques les plus importants sur ce territoire, du fait de la forte proportion d’espaces naturels, de la très forte inflammabilité du couvert végétal, des conditions climatiques très favorables à la propagation des incendies de forêt (chaleur et sécheresse estivales accompagnées d’épisodes venteux) et d’habitations proches des espaces boisés. Ce risque est estimé à la hausse sur l’ensemble du territoire au XXIème siècle, y compris pour les saisons printanières et automnales.

Le risque incendie entraîne une fermeture fréquente des parcs en haute saison. Or l’accès au parc national des Calanques garantit l’accès aux plages. Ainsi, la fermeture du parc prive la population d’une source de rafraîchissement, qui devient une solution naturelle inévitable lors des périodes de canicules estivales.

D’autre part, les écosystèmes forestiers ont une forte probabilité d’être dégradés face au changement climatique. Les incendies de forêt détruisent une partie de la végétation, mais de manière générale l’aridification, l’augmentation des températures, et les sécheresses répétées vont intensifier le stress estival qui pourrait venir bouleverser la vitalité des écosystèmes, et à terme leur biodiversité. Les sécheresses peuvent par exemple provoquer l’arrêt anticipé de la croissance des arbres pour l’année en cours et avoir des répercussions sur les années suivantes.

La biodiversité marine vulnérable aux espèces invasives

La zone côtière métropolitaine d’Aix-Marseille concentre une grande part de la biodiversité marine. La présence d’espèces exotiques communes dans le bassin Est de la Méditerranée, est désormais avérée dans les eaux côtières de la Métropole (avec le poisson- lapin et le poisson-flûte qui sont des compétiteurs pour la ressource).

L’installation d’espèces invasives est favorisée par l’augmentation de la température de l’eau, et certaines autres espèces peuvent le devenir.

En Méditerranée, la hausse des températures de la mer ainsi que la surpêche du thon

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prises de pêche. Avec la persistance du réchauffement climatique, il est très probable que les populations de méduses continuent d’augmenter.

Sensibilisation des populations au respect des ressources littorales et actions politiques sont nécessaires pour la protection et la conservation de ces ressources et des écosystèmes côtiers.

Des problèmes socio-économiques provenant des risques sur la biodiversité

Ces impacts sur la biodiversité terrestre et marine pourront soulever des problèmes économiques et humains :

- Dégradation de l’attractivité du territoire pour le tourisme. A titre d’illustration, les activités de pleine nature (randonnée, escalade, plongée…) et la fréquentation des espaces naturels et des plages sont très appréciées des touristes ;

- Modification et probable diminution des ressources halieutiques pour la pêche ;

- Dégradation possible des services écosystémiques ;

- Résurgences possibles de maladies vectorielles notamment via les moustiques.