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Diagnostic de vulnérabilité du territoire au changement climatique

Un diagnostic de vulnérabilité permetd’appréhender de manière systémique et intégrée les impacts du changement climatique en cours et à venir sur les écosystèmes naturels et les activités socio-économiques. Étudier les vulnérabilités climatiques du territoire métropolitain c’est d’abord comprendre en quoi ce territoire, sa population, ses activités économiques et ses milieux naturels sont tributaires du climat et notamment des conséquences directes des aléas météorologiques et climatiques extrêmes. C’est ensuite analyser comment les évolutions des différentes variables climatiques (températures, pluie, vent, tant dans les tendances que dans les aléas extrêmes) vont impacter cette interrelation entre territoire et climat.

6.2.1 Méthodologie retenue pour la Métropole Aix-Marseille-Provence

6.2.1.1 La conceptualisation du risque

Notre méthodologie repose sur la conceptualisation du risque (Figure 159) proposée par le 5ème rapport d’évaluation du GIEC (AR5, 2014), afin de réaliser une étude en cohérence avec la normalisation internationale. Le risque lié au climat est la résultante de l'interaction entre des aléas climatiques (les tendances et les évènements extrêmes), la vulnérabilité et l'exposition des systèmes anthropiques et naturels. Les changements qui touchent à la fois le système climatique et les processus socio-économiques, y compris l'adaptation et l'atténuation, sont les principales causes des aléas, de l'exposition et de la vulnérabilité.

Figure 159 : Cadre conceptuel de l’évaluation des risques – AR5 (GIEC, 2014)

Une étape importante consiste à conceptualiser et à comprendre les relations entre les composants du risque.

Un risque climatique est la possibilité de conséquences liées au climat (impacts climatiques) pour quelque chose de valeur (= actifs, personnes, écosystème, culture,

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

ou d'autres impacts sur la santé, des dommages et des pertes aux biens, infrastructures, moyens de subsistance, Ressources.

Un aléa n’est pas nécessairement un événement météorologique extrême (par exemple une tempête, une inondation), mais peut aussi être une tendance lente (moins d’eau provenant de la fonte des neiges, augmentation de la température moyenne, élévation du niveau de la mer). Les impacts du changement climatique sur les systèmes géophysiques, y compris les inondations, les sécheresses et l'élévation du niveau de la mer, sont appelés impacts physiques.

Une exposition est caractérisée par la présence de personnes, de moyens de subsistance, d'espèces ou d'écosystèmes, de fonctions environnementales, de services et de ressources, d'infrastructures ou de biens économiques, sociaux ou culturels dans des lieux et des environnements susceptibles d'être affectés.

L'exposition est liée à des éléments exposés spécifiques (ou à des éléments à risque), par ex. les personnes, les infrastructures, les écosystèmes.

Le degré d'exposition peut être exprimé en nombres absolus, en densités ou en proportions, etc., des éléments à risque (par exemple, la densité de population dans une zone touchée par la sécheresse).

La vulnérabilité est la propension ou prédisposition à être affectée. La vulnérabilité englobe une variété de concepts et d’éléments, notamment la sensibilité ou la vulnérabilité aux dommages et le manque de capacité à faire face et à s’adapter.

La sensibilité peut inclure les attributs physiques d’un système (par exemple, matériau de construction des maisons, type de sol dans les champs agricoles), attributs sociaux, économiques et culturels (par exemple, structure par âge, structure des revenus).

La capacité d’adaptation fait référence à la capacité des sociétés et des communautés à se préparer et à répondre aux impacts climatiques actuels et futurs.

Enfin, les impacts sont les effets sur les systèmes naturels et humains : effets sur les vies, les moyens de subsistance, la santé, les écosystèmes, les économies, les sociétés, les cultures, les services et les infrastructures en raison de l'interaction des changements climatiques ou des événements climatiques dangereux survenant une société ou un système exposé.

6.2.1.2 Étapes méthodologiques

L’analyse des vulnérabilités suit une méthodologie commune clairement identifiée avec :

L’étude des impacts sur le territoire de la métropole d’Aix-Marseille Provence

Afin d’analyser les impacts actuels et futurs, plusieurs étapes successives vont corroborer le choix des secteurs/thématiques très vulnérables au changement climatique au sein du territoire métropolitain :

‒ Les documents existants sont considérés, et notamment les 5 plans climat des territoires de la métropole, ceux du Pays d’Aix (2014), de Marseille Provence Métropole (2013), pays d’Aubagne et du pays de l’Etoile (2012) de la Région, du Conseil Général des Bouches-du-Rhône (2012), et celui du. La compilation de la bibliographie existante sur les territoires permet de faire ressortir les éléments clés à l’échelle complète du territoire métropolitain. Il s’agit en effet de trouver les points d’accroche entre les différents territoires et les « unifier » sur certaines thématiques/secteurs. De cette bibliographie, quelques zooms géographiques stratégiques indispensables pour le territoire métropolitain sont possiblement réalisés en fonction de la synthèse bibliographique réalisée.

‒ Cette analyse permet notamment de se focaliser sur les secteurs et/ou thématiques où les impacts sont principalement attendus. Une littérature complémentaire est étudiée pour affiner les questions relatives aux caractéristiques des secteurs potentiellement impactés par les changements climatiques, et d’évaluer leur vulnérabilité, notamment au regard des évènements passés.

‒ Se combine ici l’approche thématique (économie, environnement, société) et l’approche territoriale.

Un ensemble d’entretiens permet de confronter cette analyse à la perception des acteurs, et de pouvoir évoquer les biais ou conflits territoriaux repérés dans l’analyse des PCAET.

Ces entretiens sont scindés en deux parties :

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Des entretiens avec les services ou les acteurs territoriaux représentant l’ensemble des services pour lesquels la focal est portée sur les évènements extrêmes, les vulnérabilités identifiées, et les éléments de chiffrage disponibles,.

Puis, en fonction des attentes, incertitudes et besoins qui ont été soulevés lors des entretiens avec les services, des entretiens avec des experts du GREC-PACA sont réalisés pour analyse scientifique quant à la vulnérabilité du territoire métropolitain. Les experts scientifiques sont sollicités pour des analyses et éclairages relatifs aux approches sectorielles prédéfinies : climat (Météo-France, CEREGE-CNRS), agriculture et forêt (INRA), biodiversité (IMBE-CNRS), littoral (MIO-CNRS), transports (UMR Espace-(MIO-CNRS), économie et tourisme (IRSTEA, GREQAM, ESPACE-DEV), énergie et logement (LPED-IRD, GERES, ALEC, ADEME), etc.

L’évaluation des risques

Comme vu précédemment, le risque est la résultante de plusieurs composantes, aléa, exposition et vulnérabilité. Chacune de ses composantes est évaluée avec une échelle à 4 niveaux de notation (et un niveau complémentaire pour les opportunités), afin de pouvoir estimer un niveau de risque pour chaque impact identifié. La note du risque sera calculée comme une moyenne des composantes aléa, vulnérabilité (moyenne de la capacité d’adaptation et sensibilité), et exposition.

L’échelle de notation utilisée pour cet exercice d’évaluation, allant de 0 à 1, est qualitative et correspond à des éléments d’évaluation des acteurs de chaque secteur, et non à des éléments quantitatifs pour chaque composante.

Une première notation de chaque composante sera basée sur les éléments mis à disposition, les enquêtes et les chiffres métropolitains. Et la matrice pré-notée sera présentée en atelier et ouverte à discussion et réévaluation par les acteurs du territoire métropolitain.

Cette réévaluation permettra de parvenir à une évaluation des risques finalisée qui servira d’entrée aux conclusions sur les points d’attention pour la Métropole Aix-Marseille-Provence.

Figure 160 : Échelles de notation des composantes du risque L’analyse monétaire d’une sélection d’impacts

L’analyse monétaire permettra de donner des éclairages (ordres de grandeur) sur le coût d’une sélection d’impacts du changement climatique.

Cette analyse des vulnérabilités du territoireest une vision exploratoire et non-exhaustive, basée notamment sur les conclusions des projections climatiques à l’échelle métropolitaine et sur les retours des acteurs du terrain. Il doit être considéré comme un point de départ et non comme une finalité pour plusieurs raisons :

‒ Des études, travaux de recherche et schémas sectoriels en cours de développement devraient venir affiner la connaissance de l’exposition et de la sensibilité du territoire aux effets du changement climatique.

‒ La concertation avec les services de la métropole, notamment le service Transition Énergétique, et autres acteurs du territoire doit être poursuivie afin d’apprécier plus finement les effets identifiés et partager de façon élargie le diagnostic.

Par conséquent, cette étude n’est pas stabilisée et pourra faire l’objet d’approfondissements et de révisions ultérieures. Elle constitue néanmoins une base solide pour engager une réflexion sur les contours d’une stratégie d’adaptation à l’échelle de la métropole Aix- Marseille-Provence.

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6.2.2 Une vulnérabilité socio-sanitaire accrue par le changement climatique

La Métropole Aix-Marseille-Provence, située géographiquement au cœur de la zone méditerranéenne, présente des caractéristiques climatiques spécifiques avec notamment des étés très chauds. L’ensemble des modèles climatiques utilisés montre une augmentation des températures indéniable dans le futur, augmentation particulièrement marquée en été, avec notamment une hausse possible de la fréquence des épisodes de vagues de chaleur. Ces fortes chaleurs auront des conséquences socio-sanitaires et économiques sur le territoire métropolitain d’où la nécessité de la mise en place de mesures d’adaptation concrètes.

Les conditions météorologiques et climatiques ont une influence considérable sur notre environnement de vie et notre santé. Le changement climatique associé à la variabilité des évènements extrêmes tels que les canicules aggrave les risques sanitaires existants. On connaît les conséquences des événements extrêmes (vagues de chaleur notamment) sur la santé et celles des mutations générales de l’environnement qui pourraient favoriser la survenue de nouvelles maladies, comme par exemple celles transmises par des vecteurs (type moustique). Il existe de nombreuses inégalités face au changement climatique qui appellent à une action renforcée auprès des populations vulnérables : personnes âgées, jeunes enfants, public en situation de précarité ou d’isolement en particulier.

Au-delà de la protection des publics vulnérables, il s’agit aussi de mieux prendre en considération les effets sur le système de santé (canicules, inondations) et la gestion de ces impacts (surveillance, gestion de crise etc.) afin d’assurer une offre de soins continue et de qualité ainsi qu’un système de solidarité efficace dans un climat changeant.

L’augmentation des températures minimales et maximales mais aussi des épisodes de fortes chaleurs induira à moyen terme une augmentation directe des risques de mortalité et morbidité touchant particulièrement les publics les plus vulnérables et isolés (personnes à risque, personnes âgées, etc.). Cela doit constituer un point de vigilance car il existe un taux de précarité important sur la Métropole Aix-Marseille- Provence, bien qu’inégalement réparti (voir Figure 161).

Encadré n°5 : Note stratégique réalisé par l’ORS (Observatoire