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Agriculture et circuits alimentaires

impactées par les effets du changement climatique

6.2.4.5 Agriculture et circuits alimentaires

L’agriculture métropolitaine est source d’emploi et garante d’un savoir-faire local (producteurs « Terre de Provence » par exemple), notamment la viticulture et l’ostréiculture, et contribue à la trame verte métropolitaine. Mais l’agriculture est soumise à la fragilité de la nature et reste une activité particulièrement dépendante en eau, avec 71% du territoire irrigué35. Pour une gestion plus sereine et durable, elle nécessite des surfaces, de préférence proches des centres de vie, alors que la tendance est encore à l’étalement urbain. L’agriculture urbaine constitue une piste qui ne peut contribuer encore que très partiellement aux besoins agricoles métropolitains. Le pays d’Aix et le pays salonais sont particulièrement concernés par ces problématiques et le changement climatique ajoutera, au besoin de dynamiser un secteur aujourd’hui historiquement bas en emploi, le besoin d’anticiper ses principaux impacts.

Des cultures et des élevages plus demandeurs de ressources en eau

La hausse des températures et la baisse des ressources en eau entraineront des conflits d’usage plus marqués pour le secteur de l’agriculture. Bien qu’un changement de technologie permette progressivement de passer de l’irrigation gravitaire, encore largement pratiquée, au goutte à goutte, les besoins en eau pourraient s’étendre à des formes d’agriculture qui n’y avaient pas recours jusqu’ici. C’est notamment le cas de la viticulture, un secteur qui est toujours en croissance. Pour les mêmes raisons, cette vulnérabilité s’appliquera également à l’élevage.

« En 2017, l’équivalent de la pluviométrie du Sahel a été observée dans certains endroits de PACA. Les céréaliers et les producteurs de foin ont eu des périodes délicates. On observe un décalage de récoltes, les vendanges se font de plus en plus tôt, pareil pour les moissons. Ceux qui n’ont pas encore changé leurs habitudes n’ont pas les moyens financiers ou humains pour cela. Les trois années de 2015 à 2017 ont

été les plus chaudes depuis 1880 et les agriculteurs commencent à se poser des questions ».

Agribio 13 Les zones métropolitaines principalement concernées par cette tension sont celles qui cumulent les plus gros besoins et les grands efforts à mener en termes d’efficacité de la gestion de la ressource en eau. La figure ci-dessous illustre, à titre d’exemple, la vision d’un opérateur (Société du Canal de Provence) sur les principaux secteurs à enjeu. Dans le chapitre dédié à la ressource en eau, il a été vu que le volume global de la ressource en eau devrait subir une baisse relativement restreinte sur le territoire, mais que la chronicité de ce volume est amenée à fortement évoluer, entrainant ainsi des périodes de sécheresse plus marquées.

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

Figure 176 : Carte des enjeux d'amélioration du réseau de distribution d'eau de la Société du Canal de Provence en lien avec les enjeux agricoles, 2015 (Source : Société du Canal de Provence)

Un enjeu sur la disponibilité des intrants

Les intrants nécessaires à l’agriculture (engrais, foin) sont particulièrement vulnérables, au regard de leurs particularités (processus d’achat des intrants à flux tendu, ce qui entraine des fluctuations de marché). La zone de la Crau, limitrophe de la métropole et principal fournisseur d’intrants, est particulièrement impactée par le changement climatique. Pour parvenir à l’autonomie, il est alors nécessaire de limiter la taille des troupeaux.

Le secteur agricole vulnérable aux évènements extrêmes, notamment les épisodes de fortes pluies

36 http://www.meteofrance.fr/actualites/28475438-qu-est-ce-qu-un-episode-mediterraneen

Le changement climatique engendre une variabilité interannuelle du climat plus accrue avec des phénomènes extrêmes qui peuvent rapidement endommager la vigne tels que des épisodes de pluies intenses. La production agricole peut subir des pertes et dommages non négligeables en cas de forts épisodes pluvieux méditerranéens, pouvant atteindre plus de 200 mm par jour36. Ces épisodes peuvent également causer des problèmes d’érosion des sols et d’accès aux parcelles agricoles.

Des cultures exposées aux nuisibles

La modification des températures est susceptible de favoriser l’apparition de certains nuisibles, en se rapprochant de leur température optimale de développement et de croissance. Les dernières études alertent sur les possibles conséquences et recensent de plus en plus d’espèces, dont le puceron. Ce risque concerne notamment les céréales (avec des pertes de 46% pour le blé pour 2°C de hausse de température), mais l’ensemble des récoltes est concerné.

Une modification des cycles végétatifs et stades phénologiques entrainant un décalage des récoltes et vendanges

Le changement climatique peut occasionner une baisse de la productivité en lien avec un décalage des récoltes parfois plus précoces car le cycle végétatif en viticulture ou arboriculture est plus court avec des stades phénologiques plus précoces.

Les vendanges se font notamment de plus en plus tôt car la maturation des baies est plus précoce, tout comme les moissons.

Concernant la viticulture, des modifications sont déjà perceptibles dues au changement climatique : avancée de la date des vendanges d’une vingtaine de

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

jours en comparaison aux années 50, précocité des stages phénologiques notamment du débourrement, raccourcissement du cycle phénologique.

Des conséquences dues à l’augmentation des températures peuvent être observées telles que l’augmentation du degré alcoolique due à un taux de sucre plus élevé entraînant une perte de propriétés aromatiques des vins, un échaudage des baies plus fréquent pendant la maturation des baies dû aux périodes caniculaires estivales, des sécheresses estivales occasionnant un déficit hydrique important lors de la maturation et la nécessité de plus en plus d’irriguer la vigne.

« Il y a un lien fort avec le décalage des périodes de production, ce qui créé des manques de production et favorise la spéculation aussi. On observe des fluctuations très nettes dues au changement climatique. »

Agribio 13 Des produits en qualité et quantité moindres

Tout comme la perte de propriétés aromatiques des vins, les produits agricoles sont généralement susceptibles de perdre en qualité. Les rendements sont directement concernés par les épisodes de sécheresse et la baisse de l’humidité des sols entrainera une baisse de productivité. Tout comme l’exemple du foin de la Crau, les conséquences d’une baisse de productivité pèsent lourdement sur les prix du marché, sujet à spéculation.

Une tension sur la disponibilité des terres

Enfin, le recours à l’agriculture biologique, de plus en plus plébiscité pour ses raisons sanitaires et positives en termes de durabilité, permet de diversifier les cultures, de mieux préserver la biodiversité et de privilégier les circuits courts. Elle permet de mieux répondre à certains impacts du changement climatique. Ce recours nécessite cependant des parcelles plus petites mais plus nombreuses, ce qui contribue à une tension sur la disponibilité des terres.

6.2.4.6 Énergie

Le territoire métropolitain est dépendant énergétiquement des autres territoires, afin de couvrir les besoins des activités économiques, bâtiment et mobilité. Le territoire métropolitain importe l’essentiel de l’électricité. Son usage tend à se développer et est indispensable pour son fonctionnement. Elle permet le fonctionnement de tous les réseaux et elle fournit de l’énergie pour une grande quantité d’usages (éclairage public, chauffage, fonctionnement économique). Or ce réseau peut être particulièrement affecté par les évolutions attendues du climat.

L’électricité en France est produite selon un modèle centralisé, c’est-à-dire avec un nombre restreint de centrales de production de grande importance qui permettent de satisfaire l’ensemble des besoins du territoire et selon un mixte énergétique national comprenant aussi une part d’énergies renouvelables. Pour l’électricité, la plus grande inconnue à partir de 2030 est celle de la composition du parc de production français, très largement basé sur le nucléaire : 72,3 %37 puis sur les centrales thermiques à flamme (8,6 %) et enfin l’hydraulique (12,0 %).

Peu d’impacts sur les réseaux de gaz et les produits pétroliers

La Métropole Aix-Marseille-Provence utilise des produits pétroliers, transformés en partie en France : les carburants pour la mobilité et le fioul pour le chauffage des bâtiments et les réseaux de chaleur. Ces produits sont sensibles à la raréfaction de la ressource (estimée à 45 ans au niveau mondial) et nécessitent une mise en œuvre d’alternatives efficaces alliant sobriété et sources d’énergie locales et renouvelables.

Le gaz, utilisé pour les bâtiments, présente également un risque de raréfaction. Elles contribuent enfin au changement climatique par l’émission des gaz à effet de serre produite par leur utilisation.

Les infrastructures de distribution électrique sensibles aux extrêmes de chaleur L’essentiel de l’électricité consommée sur le territoire métropolitain est importé et son usage est toujours en croissance et très diversifié (éclairage public, mobilité,

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

chauffage, économie). Mais son réseau est vulnérable, particulièrement en France où sa production est centralisée. Le réseau de distribution électrique est sensible à la chaleur, des avaries sur le matériel étant générées par les fortes variations de température. Les câbles souterrains sont également sensibles à la dilatation.

Les infrastructures de distribution électrique sensibles aux aléas extrêmes

Ces réseaux de distribution sont également exposés aux crues, aux tempêtes et au risque incendie, occasionnant des coupures de courant sur le réseau de transport aérien notamment (chute de pylônes, rupture de câbles, inondation des postes sources, etc.). Les coûts liés aux risques de crue sont particulièrement élevés. A titre d’exemple, l’Ile de France a simulé les dégâts liés à une crue centennale. Les effets potentiels indiquent ¼ des infrastructures électriques inondées ou coupées, avec une surface d’impact égale à 1,5 fois la surface inondée, et une destruction de capital de l’ordre de 500 millions d’euros. (OCDE, Étude sur la gestion des risques d’inondation, 2014).

Une tension sur le réseau électrique accentuée lors des épisodes extrêmes

Cette exposition au risque est accentuée car la tension sur le réseau électrique a tendance à s’accentuer, et plus particulièrement lors des épisodes de froid et chaud, avec le recours à la climatisation ou au chauffage (avec un transfert progressif de l’utilisation du chauffage vers la climatisation). Bien que les températures restent plus clémentes dans la Métropole que dans les territoires plus au Nord, la tension sur le réseau peut être également causée par l’interconnexion du réseau électrique à l’échelle nationale.

Les effets du changement climatique pourraient affecter à court terme les capacités de production électrique : baisse des débits disponibles pour l’hydroélectricité et difficultés à refroidir les centrales constituent les principales préoccupations. De plus, l’intégrité et la capacité du réseau de distribution d’électricité pourraient aussi être

38 Source Diagnostic air climat énergie du PCAEM de la Métropole Aix-Marseille-Provence, Air PACA 2018 ???

affectées par les fortes chaleurs : dilatation, pertes en ligne, risque incendie sous les lignes, etc.

« La consommation énergétique pour les besoins de rafraichissement va continuer à augmenter en Métropole et ne sera pas compensée par la baisse de consommation pour le chauffage. La climatisation n’est pas la bête noire, c’est même un enjeu sanitaire important en période de canicule, mais il faut maitriser son développement.»

CEREMA Méditerranée

Une évolution du potentiel de production énergétique

La métropole Aix-Marseille-Provence produit près de 30% d’énergie renouvelable à l’échelle régionale, ce qui représente une spécificité. La grande hydraulique reste la principale source renouvelable d’énergie à l’échelle métropolitaine (85%), mais également à l’échelle régionale. Dans un contexte de dépendance accentuée à la ressource énergétique locale, l’hydraulique reste la principale source, suivi par le biogaz. Mais l’hydraulique est sensible au changement climatique, tout comme l’est l’énergie solaire.

Le solaire sensible à l’augmentation des extrêmes de chaleur

Avec 167MW38 installés (photovoltaïque) et 4,5 MW en solaire thermique, le développement du solaire à des fins de production d’électricité ou de chaleur est effectif sur le territoire métropolitain. Mais le solaire est également très sensible aux extrêmes de chaleur, le photovoltaïque notamment, les cellules peuvent se détériorer et limiter de fait le rendement. La productivité des unités photovoltaïques peut être affectée négativement par l’augmentation en intensité et en fréquence des vagues de chaleur et positivement par une augmentation de l’ensoleillement. Les impacts des canicules pourraient ainsi diminuer le potentiel annuel, au lieu d’être une opportunité,

Reçu au Contrôle de légalité le 14 octobre 2019

le territoire présentant déjà des conditions très favorables pour le développement du solaire.

Une baisse probable du potentiel d’énergie d’origine hydraulique

La production d’énergie à partir de la ressource hydraulique est la plus conséquente parmi les énergies renouvelables sur le territoire métropolitain avec 566MW installés39. Cependant, une chute de la production hydraulique est possible, en raison de sa forte dépendance aux régimes des précipitations, alors même que les besoins tendraient à augmenter. Des conflits d’usage liés au partage de la ressource pourraient notamment apparaître.

Les principaux sites de production d’électricité hydraulique en métropole se trouvent sur les territoires du Pays salonnais et du Pays d’Aix et dépendent des débits des bassins versants Verdon et Durance. Comme présenté par ailleurs, les débits d’eau seront affectés par le changement climatique, autant dans la périodicité que dans le volume de la ressource.

Une menace sur le développement de la ressource bois-énergie

La ressource bois-énergie est une ressource en développement sur Aix-Marseille- Provence. La chaufferie bois d’Encagnane est une preuve de cette ambition.

Approvisionnée par plaquettes forestières, la quasi-totalité de l’approvisionnement provient d’un rayon d’environ 80 km autour d’Aix-en-Provence40. Mais cette ressource est vulnérable, notamment via la productivité des peuplements. Si à court terme l’augmentation du taux de CO2 induisant une élévation de l’activité de photosynthèse peut jouer en faveur de l’augmentation de la production pour certaines espèces (ORECC, 2013), ces effets restent limités à un réchauffement modéré. La forêt devrait plutôt être confrontée rapidement à une baisse de productivité voire à des dépérissements de certains peuplements engendrés par l’augmentation des sécheresses et du stress hydrique mais aussi l’augmentation des aires d’extension des ravageurs et des maladies (voir partie biodiversité terrestre). Ces

conditions d’assèchement favoriseront aussi les risques d’incendie tant en termes de fréquence que d’intensité.