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1.2.3 Les missions d’achat à l’étranger : un bilan globalement médiocre

Devant le manque de matériel et la nécessité pour l’armée de se procurer dans de brefs délais des produits manufacturés et des matières premières, des envoyés spéciaux se rendent à l’étranger sur ordre du ministre. On a pu identifier cinq principales destinations : les États-Unis, La Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie et l’Amérique du Sud. Cependant, les résultats des différentes missions d’achats ne donnent pas non plus satisfaction.

1.2.3.1 Aux États-Unis : de l’improvisation à l’appel à la banque J. P. Morgan.

Alors que dans le domaine de la métallurgie l’État s’appuie prioritairement sur les industriels et le Comité des Forges pour ses importations491, dès la fin du mois d’août 1914, les directions du ministère de la Guerre envoient aux États-Unis des missions d’achats de matériel et de matières premières nécessaires aux besoins des armées. La direction de l’Artillerie, avec le service des Poudres, est la première sur place, dirigée par le sénateur et capitaine Charles Humbert. Dans un premier temps, sa priorité consiste en l’acquisition « de harnachements, de ferrures et de couvertures »492. Parallèlement, le service des Poudres envoie l’ingénieur Marqueyrol, suivi par d’autres officiers d’administration. Ceux-ci se préoccupent de l’acquisition de cotons bruts ou blanchis entrant dans la composition de certains explosifs.

Le service rencontre d’importantes difficultés, et ne peut faire des envois suffisants. En décembre 1914, l’ingénieur Marqueyrol doit faire appel à des fabricants anglais de coton poudre, qui imposent leur rythme de livraison493. Le 26 décembre, il trouve une solution alternative en parvenant à un accord avec un ensemble de fabricants pour la fourniture des 600 tonnes de coton-poudre494. Mais il précise : « La situation est inextricable à moins que vous ne m’autorisiez à acheter 70 cents la livre, à verser 10% d’avance, à supprimer la garantie de 10%

491 Angès d’Angio, « La France débitrice des États-Unis : aspects psychologiques et structurels de l’apprentissage d’un rôle nouveau (1915-1919) », dans Dominique Barjot, Isabelle Lescent-Giles et Marc de Ferrière le Vayer (éd.), L’Américanisation en Europe au XXe siècle : économie, culture, politique, vol. 1,

Colloque organisé à Roubaix, Archives du Monde du travail, les 20, 21 et 22 septembre 2001, Centre de Recherche sur l’Histoire de l’Europe du Nord-Ouest, Université Charles de Gaulle Lille III, p. 93-110.

492 SHD 10 N 163, Rapport du contrôleur général de 2ème classe Audibert sur les Missions d’Achats aux États-Unis, 10 juillet 1916, p. 5.

493 CADC, Correspondance politique et commerciale, 1897-1918 « nouvelle série », Guerre 1914-1918. 1278 :

Missions d’achats. Dossier général. Télégramme chiffré signé d’Anglade au Cabinet du Ministre de la

Guerre, décembre 1914.

demandée aux fabricants et à en fixer pour le mieux quantités à livrer chaque mois avant 1er mai ».

Les matières premières exigent un conditionnement particulier quant au taux d’humidité (5 %) pour les cotons (ou linters) bruts, et au taux de graisses et de cendres pour les cotons blanchis. Le contrôle du conditionnement de l’ensemble des balles entretient un personnel important, et le ministère se trouve mis en difficulté devant la nécessité de libérer des hommes de leurs obligations militaires. On penche alors vers un système de sondage des lots de balles. Un service de réception est créé, avec à sa tête le maréchal des logis Labitte, spécialiste et « le plus ancien à la mission des experts », et chargé dans un premier temps de faire l’inspection des usines. Deux autres sous-officiers complètent le dispositif pour le contrôle des cotons bruts et blanchis encore non contrôlés aux ports de New York et de la Nouvelle-Orléans495. Quant au troisième point de chargement, Norfolk, une seule visite de l’inspecteur de New York a lieu en avril 1916, faute de personnel. De son côté, l’Intendance envoie le 16 septembre 1914 l’officier d’administration de 1ère classe Rousseau – issu du service technique – en particulier pour le compte du service de l’habillement, du campement et du couchage. Le 7 octobre 1914, l’officier d’administration de 2ème classe Ricalens le rejoint496.

Malgré ce renfort, la passation des marchés fait très vite apparaître des failles dans la procédure. Du 29 septembre 1914 au 16 août 1915, Rousseau e t Ricalens concentrent l’essentiel leurs efforts sur l’acquisition de produits fabriqués : tricots, chaussures, couvertures de laines, chemises de flanelle, gamelles, marmites, toile kaki pour tente, draps, snow-boots, velours de coton, chaussettes… Or, les conditions décrites par le contrôleur général Audibert pointe divers dysfonctionnements497. En premier lieu il relève que Rousseau « était absolument ignorant de l’Amérique et des habitudes commerciales du pays ; d’autre part, il ne parlait pas la langue anglaise »498. Ce handicap survient dans d’autres missions, même les plus importantes. Contrairement aux usages qui seront généralisés plus tard, l’envoyé du service de l’habillement procède à des achats massifs par le biais d’intermédiaires. Cette attitude fait l’objet de critiques, puisque Rousseau aurait écarté volontairement les fabricants. L’intéressé s’en défend, et « se félicite même d’avoir employé ces intermédiaires qui lui ont consenti des prix plus bas

495 SHD 10 N 163, Rapport du contrôleur général de 2ème classe Audibert sur les Missions d’Achats aux États-Unis, 10 juillet 1916, p. 112.

496 Ibid., p. 6. Le nom de Ricalens correspond à celui d’un industriel en draperie du département de l’Ariège. Le

lien familial n’a pu être établi avec certitude.

497 On retrouve ces mêmes problèmes dans Agnès d’Angio, art. cit., p. 100-103.

498 SHD 10 N 163, Rapport du contrôleur général de 2ème classe Audibert sur les Missions d’Achats aux États-Unis, 10 juillet 1916, p. 100.

que ceux que lui faisaient les fabricants ». Les griefs portent surtout sur deux marchés, l’un de couvertures, l’autre de chaussettes. Pour le premier, l’officier d’administration de 1ère classe aurait rejeté une offre de la North Adams Manufacturing C°, au profit de la maison de vente John Wanamaker. Or, cette dernière « aurait fait fabriquer par la North Adams Manufacturing C° » :

La première fois que j’ai vu le propriétaire de la North Adams, M. Fischer, c’est en présence des repré -sentants de la maison Wanamaker, qui l’ont présenté comme leur spécialiste en couvertures. Cette maison le mettait en rapport direct avec moi, en vue d’aplanir les difficultés signalées plus haut sur les ques -tions de qualité et de délai. Les pourparlers furent difficiles, car tous ses efforts tendaient à prolonger de plusieurs mois les délais de livraison et à ne consentir de diminution de prix que pour fourniture de cou-vertures de fabrication courante que je jugeais de qualité insuffisante.

Enfin, après plusieurs jours de pourparlers, la maison Wanamaker consentait à ramener à 2 dollars 58 sa première offre de 3 dollars 20 et pour le type de couverture satisfaisant.

Je n’ai su que plus tard que M. Fischer était le propriétaire de la Manufacture de North Adams499.

Le principal reproche fait à l’officier d’administration Rousseau consiste à être passé systématiquement par des intermédiaires, en particulier les représentants de la maison Wanamaker. Dans le cas d’un marché de 160 000 douzaines de chaussettes, c’est un fournisseur, industriel de son état, qui présente une réclamation. Par ailleurs, ce sont surtout les industriels qui contestent le recours aux intermédiaires. Rousseau reconnaît lui-même que « si cette méthode est en principe néfaste, elle donne en Amérique des résultats assez satisfaisants, car les intermédiaires seuls ont des moyens de pression efficaces sur les industriels et peuvent les obliger à accepter des conditions qu’ils refusaient au représentant du Gouvernement français, agissant directement »500. Même l’enquêteur concède que « la façon dont il opérait était plus commode et plus simple ». Mais les concessions faites par les industriels face aux intermédiaires témoignent sans doute de pressions faites à leur encontre.

La situation change en 1916 avec le choix de ne faire appel qu’à un seul intermédiaire. En effet, la mise en relation des services avec les industriels et producteurs des États-Unis se révèle difficile et trop fastidieux. Une convention est alors passée par le ministère des Finances et le ministère de la Guerre avec la banque new yorkaise John Pierpont Morgan501. Les négociations débutent en mars 1916, à la suite de la passation, en janvier, d’un contrat d’achat et de paiement aux États-Unis entre cette banque et le Gouvernement britannique502. La présence d’une succursale à Paris (Morgan Harjes & Cie) facilite la prise de contact. Au cours

499 Ibid., p. 102.

500 Ibid., p. 101.

501 Anne Kraatz, J. P. Morgan, un capitaliste américain, Paris, Les Belles Lettres, 2016. Cette biographie s’arrête en 1913, à la mort du fondateur de la banque.

du mois de mai 1915, le ministère des Finances définit, avec J. P. Morgan, les conditions : ordre sera donné aux agents de la Mission d’achat aux États-Unis de ne plus procéder eux-mêmes aux achats ; une commission de 2 % à concurrence de 10 millions de dollars sur les achats est assuré. Les ordres partent directement du ministère de la Guerre à la succursale parisienne, tandis que la Mission française aux États-Unis ne se charge plus que de l’expertise, des réceptions et du contrôle de la qualité et du respect du cahier des charges. le 11 avril 1916, un mémorandum, auquel le contrôleur Audibert répond point par point, rappelle les demandes de J. P. Morgan : une prospection uniquement menée par la banque, les missions d’achat restant dans le rôle de strict consultant technique auprès des maisons choisies par elle.

Tableau 10: Achats de cotons bruts ou manufacturés par J. P. Morgan, 1915-1917.

Fournitures Période Quantités Prix

(millions de $)

Cotons bruts linters (balles) Juillet 1916-mai 1917 361 928 15,63

Tissus, cretonnes, toiles de coton (mètres) juin-décembre 1917 13 876 192 3,09

Gaze de coton (en mètres) juillet-août 1917 9 620 640 0,69

Coton poudre (tonnes) novembre 1915-juillet 1917 9 380 10,91

Total 30,32

Source : CAEF-B62541. Voir annexe C3A4.

De novembre 1915 à décembre 1917, la banque J. P. Morgan a expédié en France pour plus de 30 millions de dollars de fournitures de cotons, dont la moitié de linters et le tiers en coton poudre [tableau 10]. D’après ces qualités, on conclut que ces achats concernent en premier lieu le service des poudres et explosifs. Les expéditions se font pour l’essentiel de New York et la Nouvelle Orléans embarque les cotons linters. Toutefois, cette manière de procéder déplaît aux concurrents de J. P. Morgan, soupçonnée de bénéfices importants par surcoût de certains produits. De même, 216 000 balles de linters (pour 7,7 millions de dollars) sont fournies par la société Du Pont de Nemours & Cie, par marché du 2 janvier 1917. Mais le principal avantage que le contrôleur de 2ème classe Johannet – en charge du centre administratif des missions françaises depuis le 13 octobre 1914 – retire de cette formule est la relative absence de concurrence avec ses homologues britanniques, qui s’appuient eux-mêmes sur la banque new yorkaise. Ce monopole privé pour l’État français satisfait donc les autorités, qui économisent ainsi énergie, hommes et finances.

1.2.3.2 Les autres achats de tissus et de draps à l’étranger.

D’autres missions d’achat prospectent dans d’autres les pays, comme en Angleterre, en Espagne et en Italie503, ainsi qu’en Argentine. Pour l’Italie, la Maison Alfonse et Gaëtan Brun (succursale à Turin) dispose d’un ordre d’acquisition auprès de la commission d’achat504. Pour l’Angleterre, la mission Thion de la Chaume à Londres s’occupe des acquisitions. Ce dernier, lieutenant de réserve et directeur de la Banque d'Indochine, y est envoyé comme représentant du ministère de la Guerre le 21 août 1914, en vertu de l'application des arrangements franco-anglais du 14 août505. Ces accords ont pour objectif, outre d'organiser les approvisionnements français en charbon britannique, de restreindre les risques de concurrence entre les deux pays sur des marchés d'approvisionnement communs.

En septembre, une commission d'approvisionnement franco-anglaise, puis avec les Belges et les Russes, est créée pour faciliter les échanges. Or, avec le développement inattendu de la guerre, les besoins des deux armées s'accroissent et touchent davantage de domaines, dont les draps de troupes et les toiles de coton. La mise en place est difficile, et les différents acteurs, anglais et français, services de l’État ou particuliers, se font parfois concurrence. Le War Office lui-même doit imposer certaines maisons à la mission française pour ses productions pour ne pas ralentir ses propres commandes. « Quelquefois, note Paul Cambon, c’est un Anglais, comme ce Ford, allemand naturalisé anglais de fraîche date, auquel l’intendance de Bordeaux avait commandé 25 000 mètres de drap, 5 000 mètres autres draps, 40 000 couvertures et 4 500 autres couvertures ».

La faiblesse des importations de tissus de coton d’Angleterre pour 1915-1920 frappe [figure 10]. Principales concurrentes des tisseurs français avant-guerre, les industries anglaises doivent à leur tour répondre aux besoins des services de la guerre. Le prolongement du conflit freine l’importation de tissus et conduit Intendance et fournisseurs à se tourner vers d’autres

503 CADC, Correspondance politique et commerciale, 1897-1918 « nouvelle série », Guerre 1914-1918, 1278 : Missions d’achats. Dossier général. Le Ministre de la Guerre au Ministre des Affaires Etrangères, Bordeaux, 8 octobre 1914. Deux missions sont envoyées en Espagne ; dans le nord et l’est : MM. Gilles, Officier d’Administration du Service de Santé, Ducastaing et Galon, experts en tissus ; En Espagne occidentale : MM. Bertrand et Bonier. En Italie, deux experts militaires ont été détachés auprès de l’attaché militaire à Rome.

504 Concernant Gaëtan Brun, (1874-1923) voir Dominique Barjot, La Trace des bâtisseurs : histoire du groupe

Vinci, Rueil-Malmaison, Vinci, 2003, p. 271, 277 et 299. Créateur de la Société Anonyme pour la

Construction et l’Entretien des Routes en 1920, qui eut rôle important dans fabrication de biscuits avant guerre, puis dans les revêtements routiers.

505 « Télégramme n°763, fil spécial. M. Doumergue, Ministre des Affaires étrangères, à M. Paul Cambon, Ambassadeur de France à Londres, Paris, 21 août 1914 ». Ministère des Affaires Etrangères, Commission de publication des documents diplomatiques français, Documents diplomatiques français, 1914 (3 août - 31

nations. L’Espagne tire son épingle du jeu en 1915, avec 137 644 quintaux métriques de tissus sur 298 959 importés, dont l’état général est bon, sauf pour les toiles blanches, souvent défectueuses. La péninsule ibérique aurait fourni près du tiers des tissus importés pendant la guerre. Mais c’est à l’Italie que revient le titre de premier fournisseur extérieur en toiles de coton, avec 316 129 quintaux métriques entre 1915 et 1919 (soit 43,6%). Cependant, selon un rapport du Contrôle : « De cet ensemble de faits, il semble résulter que l’administration a confié des affaires très importantes à un brasseur d’affaires qui aurait, à la vérité, fait des fournitures aux États balkaniques pendant la guerre des Balkans, mais dont le genre habituel d’affaire est absolument étranger au Service de l’habillement »506. En revanche, les achats de tissus par l’Intendance se font prioritairement depuis l’Angleterre (plus de la moitié des 227 512 mètres de tissus de coton achetés)507.

Source : Annuaire statistique de la France, 1914-1915 et 1921.

Le rythme des importations ralentit tout au long de la guerre. Les années 1914-1915 correspondent à la constitution de réserves suffisantes pour répondre aux besoins de l’armée. Ce mouvement se maintient jusqu’à la fin 1916, « année au cours de laquelle les achats à l’étranger furent totalement suspendus »508. Les achats reprennent en 1917, « le service de l’Intendance ayant vainement cherché à se procurer, de gré à gré, en France, à des prix

506 Cité dans Raphaël Milliès-Lacroix (Sénateur), « Rapport fait au nom de la commission chargée d’examiner les marchés qui auront été passés par le Gouvernement pendant la guerre (acquisition de tissus de coton) », annexe n°470 au procès-verbal de la séance du 23 juin 1921, p. 36-37.

507 Albert Aftalion, L’Industrie textile en France pendant la guerre, op. cit., p. 137.

508 Raphaël Milliès-Lacroix (sénateur), Rapport cité, p. 37.

acceptables les quantités de tissus de coton nécessaires à ses besoins ». En effet, il devient moins cher d’acheter un kg de tissus au lieu de 1,2 kg de coton brut argentin et les 4 à 5 kg de charbon anglais nécessaire pour faire tourner les machines. En outre, les prix de vente apparaissent moins élevés à l’étranger. Mais, « nous ne pouvons admettre sans réserve le second de ces arguments. Il faudrait, en effet, avoir la certitude que les tissus anglais étaient, en tous points, identiques aux tissus français ». Ainsi, bien que moins chère, « la cretonne anglaise est notablement plus chargée en apprêts dans lesquels entrent des fécules, des matières résineuses et même du plâtre ».

Pour les draps de laine, l’Angleterre constitue de très loin la principale source d’approvisionnement [figure 11]. Neuf millions de mètres de drap y sont achetés au début de la guerre pour une livraison début 1915509. Sur l’ensemble du conflit, les importations de drap anglais s’élèvent à près de vingt millions de mètres510. Entre 1913 et 1920, 75 % des achats de drap proviennent des usines d’Outre-Manche, loin devant l’Espagne (15 %), les États-Unis (4 %), l’Italie (3 %) et l’Argentine (moins de 1 %).

Source : Annuaire statistique de la France, 1914-1915 et 1921.

La mission d’achat en Amérique du Sud, quant à elle, déçoit. Mal documentée, elle prend rapidement fin devant les difficultés de négociations et de transport. En octobre 1914, la mission menée par le secrétaire général de 1re classe des colonies Dubarry et de l’officier

509 Sous-Intendant Laporte, art. cit., p.101.

510 Albert Aftalion, L’Industrie textile en France pendant la guerre, op. cit., p.83.

d’administration de l’Intendance Thée, envisage même de partir511. Le 7 août 1915, le directeur politique et commercial de la représentation française à Buenos Aires, Jullemier, signale au ministre de la Guerre que les marchés de draps et de couvertures sont terminés, et demande si un certain Tournafond doit désormais rentrer en France512. Seuls 11 350 quintaux métriques ont été importé, et uniquement sur la période 1914-1915. Quatre maisons locales ont répondu aux appels d'offre de la mission. La principale, la maison Soulas, a fournit à elle seule plus des quatre cinquièmes des quelque deux millions de mètres de drap et la totalité des 394 264 couvertures fournis au 24 août 1915513.

Très tôt dans le conflit, l’administration de la Guerre doit faire appel aux industriels et autres professionnels de l’économie pour assurer ses approvisionnements et l’expertise. Toutefois, elle fait montre d’un sens critique quant à ses erreurs et parvient à concilier les impératifs de qualité et d’efficacité. Par ailleurs, le politique n’est pas en reste, à l’image du rôle déterminant d’Adolphe Messimy. Alors que celui-ci cède son poste à Alexandre Millerand pour rejoindre le 14ème corps d’armée comme capitaine des chasseurs alpins, un autre homme politique, Étienne Clémentel, va faire émerger un ministère jusqu’ici anecdotique.

2 L’INTERVENTION DE L’ÉTAT DANS LA VIE QUOTIDIENNE ET