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CHAPITRE 4 : Résultats

4.1 Mise en contexte, survol du vécu des participants

4.1.1 Éléments marquants de l’histoire de vie

Pour la majorité des hommes rencontrés, un parcours difficile ou des évènements traumatiques étaient présents dès l’enfance. On observe d’abord que sept personnes ont vu leurs parents se séparer et que, pour cinq d’entre eux, cela a fait en sorte qu’ils ont ensuite vécu en l’absence de l’un ou l’autre des parents. Plusieurs ont fait référence à des modèles parentaux plutôt inadéquats mentionnant des problématiques tels que l’alcoolisme (4), la négligence (1) ou la violence (4). Deux individus ont noté vivre dans une famille à situation économique difficile. Le parcours académique de plusieurs individus était marqué par des difficultés d’apprentissage (2), par des problèmes de turbulence (2) et par l’intimidation par les pairs pour certains (5) ou à l’opposé, par des bagarres pour d’autres (2). La consommation de drogues et d’alcool a commencé pour plusieurs dès l’adolescence (8). On constate qu’une partie de l’échantillon a vécu une expérience différente à l’enfance, ces hommes faisant tous partie du sous-groupe de délinquants sexuels. En effet, six individus ont qualifié leur enfance d’agréable ou positive et quatre avaient ce type de discours en lien avec leur parcours scolaire.

Quant à la vie adulte des participants, les parcours sont tout autant diversifiés. Tous ont à un moment ou à un autre été à l’emploi de manière légitime dans leur vie, mais pour deux délinquants typiques, la source principale des revenus était issue d’activités illicites dans le marché de la drogue. Dans la sphère légitime, les résidents avaient occupé des emplois dans des

domaines variés tels que la construction, la vente, l’informatique, la communication, la restauration, la mécanique et le travail d’entrepôt. Il semble que malgré le discours positif sur les parcours scolaires pour certains, les délinquants n’occupaient pas des emplois nécessitant une formation plus spécifique ou des compétences particulières. Quatre participants étaient dans une situation économique difficile avant leur arrestation. Au niveau des relations conjugales, la grande majorité des hommes était en couple au moment de leur arrestation. Plus particulièrement chez les délinquants sexuels, mais aussi chez certains délinquants typiques, ceux-ci ont rencontré des difficultés conjugales. En continuité avec les parcours suivis à l’adolescence, une part importante de l’échantillon de résidents était aux prises d’une dépendance, soit l’alcoolisme (4), la consommation de drogue (6) ou le jeu (1), toujours présente au moment de l’arrestation pour certains, et résolue pour d’autres.

Ainsi, bien que le groupe en délinquance sexuelle semble au premier abord avoir des histoires de vie davantage dans la norme, ce n’est pas le cas pour tout ce groupe. Les trajectoires ont parfois des points communs tel que mentionné ci-dessus, mais on constate que les profils individuels sont généralement distincts les uns des autres.

4.1.2 Trajectoires criminelles

Pour certains, la trajectoire criminelle a commencé assez tôt. Sept hommes ont un historique de délinquance juvénile à gravités variables, l’éventail de délits commis s’étendant du vandalisme à l’agression armée. À l’âge adulte, les participants à l’étude ont des trajectoires criminelles souvent diversifiées. On constate qu’à l’exception d’un seul individu, la délinquance lucrative concerne uniquement les individus du groupe en délinquance typique (7). Parmi les crimes dévoilés dans ce type de délinquance, on retrouve la production (3), la vente ou le trafic de stupéfiants (6), les vols (3) et la fraude (2). Quatre individus avaient fait des introductions par effraction. Aussi, huit individus avaient été impliqués dans des évènements de délinquance violente. Concernant ce type de crime, une seule personne était en liberté à la suite d’une période de détention provinciale, tous les autres étant sous le régime fédéral. Plusieurs délits ont été nommés, les plus fréquents étant les voies de fait (4), la possession d’arme (2), la violence conjugale (2), les menaces de mort (2), le vol qualifié (2) et l’homicide (2). Contrairement au sous-groupe de délinquants sexuels, aucun délinquant typique n’avait d’antécédents de nature

sexuelle. Parmi les crimes de nature sexuelle autodéclarés, on retrouve la production/distribution de pornographie juvénile (3), le voyeurisme (1), l’incitation à des contacts sexuels (1) et l’agression sexuelle (6). Pour une partie de l’échantillon, la trajectoire criminelle se résume au délit pour lequel ils sont actuellement en transition et c’est le cas de cinq hommes dont la majorité est dans le groupe en délinquance sexuelle (4).

Encore une fois, l’échantillon est diversifié en matière de trajectoire criminelle, certains n’ayant qu’un délit à leur actif alors que d’autres avaient de la difficulté à tous les énumérer. Il semblerait par contre que les individus commettant des crimes de « délinquance typique » se diversifient dans ce type spécifique de délinquance alors que les délinquants sexuels commettent presque uniquement des délits de cette nature.

4.1.3 Expérience dans le système judiciaire

Interrogée sur leur dernière période de détention, la majorité l’a qualifiée de période traumatisante (4), difficile (3) et vécue dans la peur (5). Cette peur se justifie par le fait qu’il y a beaucoup d’intimidation et de violence. Les participants ont parfois travaillé, étudié ou pris part à différents programmes pendant leur détention. On constate par contre qu’il semble y avoir moins d’opportunités de ce genre en détention provinciale pour l’emploi et les programmes alors que c’est équivalent pour les études. Cela expliquerait aussi le fait que certains participants du sous-groupe provincial mentionnaient davantage que le temps en détention était long, qu’ils n’avaient rien à faire et qu’ils cherchaient à faire passer le temps dans les quelques activités proposées.

Ainsi, cette brève revue du vécu des résidents ayant participé à la recherche permet de prendre note que d’emblée, il semble exister certaines distinctions entre les sous-groupes de délinquants sexuels et de délinquants typiques surtout au niveau de l’histoire de vie et de la trajectoire criminelle et entre les sous-groupes de clientèles fédérale et provinciale par rapport à la période de détention. Par contre, force est aussi de constater que chaque individu avait une histoire à raconter qui lui est propre et que pour cette raison, étant donné une diversification dans les profils des résidents, on peut s’attendre à ce que ceux-ci rencontrent des difficultés tout aussi diversifiées lors de leur libération.