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Mettre en adéquation l’environnement d’APB avec les thématiques

En ce qui concerne l’orientation post-bac, il est facile de trouver une multi-tude d’informations, compte tenu notamment du nombre important de mani-festations consacrées à ce thème par l’Éducation nationale86.

Dans les classes, l’orientation active est notamment assurée par les pro-fesseurs principaux qui, compte tenu de leur fonction pédagogique, sont chargés d’en donner l’impulsion. Ils sont aidés en cela par les conseillers d’orientation psychologues. Ils consacrent, pour certains, une partie des heures d’accompagnement personnalisé à cette fin, en fonction des choix du chef d’établissement. D’autres professeurs ou CPE (conseillers principaux d’éducation) se voient attribuer des missions liées à l’orientation grâce au versement d’IMP (indemnité pour mission particulière). Mais certains pro-fesseurs, dont l’établissement d’affectation n’utilise pas de tels dispositifs, regrettent d’être obligés de consacrer ce temps sur les heures de cours au  détriment de leurs programmes.

86 Salons de l’orientation, réunion des parents et des élèves en présence des professionnels de l’orientation, informations des professeurs principaux dans les classes parfois en présence des parents et ce dès la 3ème, MOOC (massive open online courses) pour aider les lycéens à choisir leurs études supérieures, le dispositif « les cordées de la réussite », la signature de conventions entre lycée et université permettant à certains élèves, dès la terminale, de suivre un module dans l’enseignement supérieur qui sera validé après l’obtention du baccalauréat si l’élève continue ses études dans cette filière dans le supérieur, le dispositif mis en place dans certains lycées « oser ma prépa » permettant à des enseignants de CPGE de rencontrer des familles pour démythifier ces classes, journées portes ouvertes dans les établissements d’enseignement supérieur et les lycées, forum des anciens dans les lycées…

Lorsqu’on interroge les professeurs principaux de terminale et de première sur leur mission en matière d’orientation, ils considèrent qu’ils n’ont pas forcément à expliquer les arcanes d’APB. Par contre, ils disent conseiller et guider sur les filières dans lesquelles leurs élèves auront le plus de chances de réussir, compte tenu de leur parcours scolaire et plus particulièrement pour ceux des filières technologiques et professionnelles. En effet, c’est bien le professeur principal qui connaît le mieux les élèves de sa classe : il est d’ailleurs chargé, en terminale, de préparer dans APB la synthèse de tous les avis de ses collègues pour chaque demande de poursuite d’étude dans le supérieur dans une filière sélective.

Les Cop (conseillers d’orientation-psychologues) interviennent également dans les classes de première et de terminale dans le cadre de l’orienta-tion active et livrent une informal’orienta-tion sur l’oriental’orienta-tion post-bac (aide à la recherche de métiers, d’écoles, de filières) en plus de celle concernant la procédure d’admission du portail APB en tant que telle. Dans certaines aca-démies, ils participent à des dispositifs d’animation pédagogique organisés par les Saio et destinés aux professeurs principaux du cycle terminal du lycée ainsi qu’aux conseillers principaux d’éducation (CPE), qui sont suscep-tibles de sensibiliser, voire de suivre, les élèves dans ce processus d’orien-tation. Certaines des informations délivrées aux professeurs de première les incitent à l’utilisation du site test « APB » avec leurs élèves pour effec-tuer des simulations de saisies de vœux à l’adresse www.simulation-apb.

fr ce qui sera l’occasion dans la classe de première d’aborder la thématique de l’orientation tout en maniant l’outil APB pour la première fois.

Tout est donc mis en œuvre pour une orientation active et progressive des élèves.

Néanmoins, les informations figurant dans les guides nationaux admission post- bac (APB) ne font pas référence de manière claire à tout ce travail mené par les professionnels de l’orientation, comme si APB arrivait « à côté » du parcours scolaire de l’élève et comme si APB permettait à l’élève de s’ins-crire et de réussir quelle que soit la filière convoitée.

Pour illustrer ces propos, le guide national du candidat titulaire ou futur titulaire du baccalauréat français, Admission post-bac de l’année 2016, qui comporte 17 pages, consacre sa page 3 à « la charte des droits et devoirs du candidats ». Notons que cette charte fait référence en premier lieu à la nécessité de s’engager à lire l’ensemble des informations concernant la procédure (espace d’informations, guide du candidat…) mais aucunement et spécifiquement aux conseils d’orientation qui ont été dispensés depuis la seconde. Par contre, on y trouve parmi d’autres conseils :

Je m’engage à : u

ueffectuer mon inscription électronique sur le site et en particulier : sélectionner les formations présentes sur APB sur lesquelles je souhaite candidater…

u

uétablir ma liste de vœux, c’est-à-dire classer mes vœux par ordre de préférence.

J’ai le droit de : u

uclasser mes vœux en toute liberté sans subir une quelconque pres-sion, sachant que les établissements d’origine et d’accueil n’ont jamais connaissance de ma liste ordonnée de vœux…

u

uintercaler comme je le souhaite, dans ma liste de vœux, les dif férents types de formation demandées (L1, CPGE, BTS, DUT, Formations d’ingénieurs) ;

u

uchoisir, sans subir une quelconque influence extérieure, de répondre

« oui mais » et non « oui définitif » à la proposition d’admission qui m’est faite, dans le cas où je souhaiterais attendre une proposition mieux classée dans ma liste de vœux.

Ce guide indique également en page 9 : « vous pouvez modifier le classement de vos demandes de formation par ORDRE DE PREFERENCE ET SANS AUTO-CENSURE en fonction : de vos souhaits, de votre projet de poursuite d’études, de votre projet professionnel ».

C’est seulement en page 14, dans la rubrique « Demande de conseil d’orien-tation », que l’on peut trouver la formulation suivante : « vous pouvez dispo-ser d’un avis de l’université sur votre choix d’études en licence ou en PACES sur la base de votre projet personnel et professionnel et de votre parcours scolaire antérieur. Le conseil d’orientation est une démarche d’accompagne-ment, mise en œuvre par les universités, qui permet de vous guider vers la filière où vous avez le plus de chance de réussir. Il est à noter que certaines universités demandent à tous les candidats à une première année de licence de constituer un dossier de demande de conseil ».

Le guide national 2017 est construit de la même manière et comporte les mêmes énoncés signalés précédemment.

Les guides académiques sont différents  : ils font bien référence, en avant-propos, à l’orientation active, aux débouchés professionnels, aux choix d’orientation qui doivent s’effectuer en amont de la saisie des vœux dans APB. Ils insistent notamment sur la nécessité de se renseigner dans les lycées, les CIO et dans les établissements d’accueil, d’où leur impor-tance. Mais cette absence d’harmonie entre les deux types de guide pose problème, notamment pour des parents qui ne seraient en possession que

du guide national dont l’accès est immédiat et facile sur internet par une recherche sur le site officiel d’APB www.admission–post-bac.fr ou en utili-sant sur n’importe quel moteur de recherche des mots clés simples comme

« guide APB » ou « admission post-bac ». Ceci n’incite pas à la recherche de celui qui concerne plus particulièrement l’académie d’origine de l’usager.

De même, le dépliant Onisep « S’inscrire dans le supérieur - les 8 moments clés d’APB », tout en rappelant de manière très synthétique les dates clés de la procédure, met en avant l’orientation active et son accompagnement par le professeur principal, les salons de l’orientation, les CIO, les journées portes ouvertes (ou JPO), les services d’aide à l’orientation des établis-sements supérieurs…

Plus globalement, les requérants qui nous saisissent parce qu’ils n’ont pas obtenu satisfaction par rapport aux choix qu’ils ont effectués sur le portail APB invoquent souvent un « bug d’APB » qui n’a pas fonctionné. Il arrive parfois que le médiateur saisi pour un « bug d’APB », constate, après véri-fication, que le portail a bien fonctionné mais pas comme le souhaitait le candidat, au mépris des conseils prodigués par les professionnels.

Saisine du médiateur

Lors de la saisie des vœux dans APB en janvier 2016, B, un élève de Terminale scientifique, originaire de l’académie X, bon footballeur, demande STAPS en vœu 1 en filière sélective dans une académie dont il n’est pas originaire. En effet, lui et ses parents apprennent qu’il existe des places réservées pour les sportifs de bon et très bon niveau dans cette filière, dont il pense faire partie.

En juillet, à la fin de la procédure normale d’APB, il n’obtient aucune affectation ni sur cette filière sélective STAPS, ni ailleurs.

Concernant la filière STAPS sélective, le courrier de refus de sa candidature est rédigé en ces termes : « la commission a refusé votre dossier pour le motif suivant ; le niveau sportif et scolaire est insuffisant par rapport au dossier reçu ».

Après étude du dossier par le médiateur, il apparaît que B n’avait pas formulé de vœu STAPS dans APB sur l’académie dont il était originaire.

À la demande du médiateur, B est reçu par le responsable STAPS de l’université de la filière sélective et le Chef de service d’information et d’orientation de l’académie dans laquelle se trouve le lycée dispensant cette formation qui lui expliquent la situation et la non cohérence de ses vœux. À l’issue de cet entretien, un courrier explicatif sera adressé au père de B qui réagit : « Vous avez expliqué à mon fils, qu’habi tant le département X, il aurait dû saisir STAPS de cette académie en premier choix dans APB. C’est une information que nous aurions aimé connaître au mois de mars 2016. On explique aux élèves en terminale que le système APB est national et qu’ils sont libres de faire leurs choix ? Pourquoi les laisse-t-on postuler pour des facultés qu’ils n’auront jamais, et se pénaliser pour les autres ? »

Le père de l’élève dira également n’avoir pas pris l’attache des responsables du lycée qui auraient pu aider B dans la saisie de ses vœux.

Saisine du médiateur

Le médiateur est saisi le 19 juillet 2016 en ces termes : Objet : recours pour défaut de fonctionnement du dispositif APB

Nous avons l’honneur de vous informer que le dispositif APB n’a pas fonctionné correc-tement pour notre fille A.

En effet, celle-ci a obtenu le baccalauréat, série S, avec mention très bien et a formulé ses choix premiers en CPGE. Elle a été refusée en procédure normale sur l’ensemble de ses vœux en filière sélective et a obtenu un vœu en CPGE en procédure complémentaire qui ne correspond pas à ses premiers vœux.

Pourriez-vous examiner le problème ?

Le médiateur examine la situation de A et se rend compte qu’APB a parfaitement bien fonctionné. La CPGE obtenue en procédure complémentaire a été validée par A ce qui fait qu’elle est sortie du système APB. Ses vœux en procédure normale n’ont pas été retenus car elle n’était pas assez bien classée pour intégrer une des filières sélectives demandées en procédure normale. À partir du moment où elle accepte une proposition, elle sort de la procédure APB.

Recommandations u

uAméliorer la prise en compte, dans les trois guides nationaux du candidat87, des poli-tiques publiques volontaristes d’orientation.

u

uRéserver des heures du dispositif d’accompagnement personnalisé en classe de termi-nale quelques jours avant la fin de la période consacrée à la saisie des vœux dans APB pour consolider l’adéquation vœux/profil de l’élève.

Le conseil en orientation des élèves est inscrit parmi les missions statutaires des enseignants, ces derniers percevant la part variable de l’ISOE (indemnité de suivi et d’orientation) mais il incombe plus particulièrement aux professeurs principaux des classes de première et de terminale pour ce qui concerne l’orientation post-bac.

Lors de nos entretiens, des professeurs principaux de terminale témoignent qu’ils découvrent que certains de leurs élèves se retrouvent au mois de juillet sans propo-sition d’admission parce qu’ils n’ont pas suivi leurs conseils lors de la saisie de leurs vœux sur APB. Pourtant, ceux-ci ont été accompagnés et aidés, voire relancés par toute l’équipe du lycée y compris par les CPE, tout au long du processus (dates butoirs, nature des vœux par type de formation, prenant en compte à leur parcours scolaire, etc.).

Des temps devraient être planifiés dans l’emploi du temps des élèves et dans le service des enseignants du cycle terminal pour alerter, quelques jours avant la fin de la période de saisie, sur les éventuelles inadéquations entre les demandes et le profil de l’élève.

Ces temps permettront aux enseignants de concilier la préparation du baccalauréat et celle de l’orientation, sans mordre sur leurs enseignements.

87 Les 3 guides nationaux, hors procédure complémentaire, sont : le guide du candidat titulaire ou futur titulaire du baccalauréat français, le guide du candidat de l’union européenne, de l’espace économique européen ou de la confédération suisse, le guide du candidat étranger non ressor-tissant de l’union européenne, de l’espace économique européen ou de la confédération suisse.

u

uInciter les chefs d’établissement des lycées à utiliser les dispositions du décret n° 2015-475 du 27 avril 201588 qui permettent de mettre en place des missions d’accompagne-ment des élèves dans l’élaboration de leur parcours de formation89. À ces missions seront associés des temps de formation à l ’orientation et à l’actualisation des connais-sances concernant APB.

u

uÉtendre à toutes les académies les expérimentations des Saio qui visent à analyser les don-nées d’APB pour s’en servir comme outils de pilotage des politiques publiques d’orientation en pointant les situations atypiques et en incitant leur correction dans les établissements.

Quelques académies ont expérimenté l’an passé (année scolaire 2015-2016) la mise en place de commissions d’orientation post-secondaire pour améliorer notamment le taux de poursuite d’études des bacheliers professionnels et technologiques90, partant du constat selon lequel beaucoup de bacheliers des filières professionnelles choisissent de s’orienter en licence et placent ce vœu en premier dans APB, alors même que le taux de réussite des bacheliers professionnels en L1 (licence 1) est très faible. Grâce à des requêtes informatiques, des tableaux de bord académiques recensant les choix des deux publics visés ont été extraits d’APB, puis adressés dans les lycées avant la fin de la phase d’entrée des vœux sur APB afin que les choix des élèves puissent être retravaillés.

À Nantes, cette commission a choisi de cibler les bacheliers professionnels qui avaient placé en vœu 1 une licence et les bacheliers technologiques et des baccalauréats professionnels qui ne demandaient pas respectivement d’orientation en DUT (Diplôme Universitaire de Technologie) ou en BTS (brevet de technicien supérieur). Cette expé-rimentation a permis concrètement de réduire le nombre de candidats bacheliers professionnels demandant une L1 et d’augmenter les demandes des bacheliers techno-logiques à intégrer des DUT par rapport à l’année précédente91.

À Toulouse, cette expérimentation a permis une diminution du renoncement d’inscrip-tion dans l’enseignement supérieur des bacheliers professionnels entre 2015 et 201692. À Nancy-Metz, la requête ciblait les futurs bacheliers de la série ES (économique et sociale) qui avaient tendance à privilégier un BTS dans leur choix d’orientation alors qu’ils avaient plutôt vocation à rejoindre l’université. L’intervention de la commission d’orientation post-secondaire a permis de faire baisser la demande de BTS de ces bacheliers entre 2015 et 201693.

88 Décret n° 2015-475 du 27 avril 2015 instituant une indemnité pour mission particulière allouée aux personnels enseignants et d’éducation exerçant dans un établissement public d’enseignement du second degré.

89 Voir circulaire n° 2015-058 du 29 avril 2015 concernant les modalités d’attribution de l’in-demnité pour mission particulière, paragraphe II, 7).

90 Notons qu’une telle expérimentation s’inscrit dans le cadre d’une politique ministérielle volontariste prévue dans le Code de l’éducation dont l’article L 612-3, alinéa 3 précise :

« le  recteur d’académie prévoit pour l’accès aux sections de techniciens supérieurs et aux Instituts universitaires de technologie, un pourcentage minimal de bacheliers professionnels et technologiques. Ces pourcentages sont fixés en concertation avec les présidents d’univer-sité, les directeurs d’I.U.T, les directeurs de centre de formation d’apprentis et les proviseurs de lycées ayant des sections de technicien supérieur ».

91 Voir dépêche AEF n° 537462 du 3 mai 2016.

92 Voir dépêche AEF n° 538148 du 31 mai 2016.

93 Voir dépêche AEF n° 542055 du 19 juillet 2016.

La généralisation de ces expérimentations est possible dès lors qu’elle s’inscrit dans le cadre la délibération CNIL n° 2011-069 du 3 mars 2011 portant avis sur le projet d’arrêté du 8 avril 2011 relatif à la création d’APB qui relève notamment « qu’il existe des comptes de consultation au sein du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche aux fins d’établir, à l’aide de requêtes, des indicateurs statistiques sur l’utilisation de l’application. La commission considère que ces requêtes ne doivent pas permettre une identification des personnes dans l’application ».

4. ACCENTUER LE TRAITEMENT INDIVIDUALISÉ