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Les mesures radiocarbones

I. Praud

Les échantillons proviennent de la palissade, du grand bâtiment, du paléosol et d’une fosse de rejet (fig. 74). Ils sont composés de charbons de bois prélevés au sein des comblements. Deux dates ont été obtenues à l’accélérateur de par-ticules (GrA), il s’agit de deux petits charbons de bois prélevés dans le profil de référence P1.

Mise à part une date divergente provenant de la fosse de rejet située à proxi-mité du grand bâtiment (st. 761, GrN 27829 – 1522 cal. BC, fig. 18) qui reste attribuable d’après le mobilier au Néolithique final, les résultats des datations radiocarbones offrent une belle cohérence et une continuité remarquable dans le temps. Les datations calibrées et classées de la plus ancienne à la plus récente présentent une distribution dans un intervalle de temps compris globalement

dans la première moitié du IIIe millénaire et réparti sur une période maximale de

cinq siècles entre 2900 et 2400 avant notre ère (fig. 75).

Cependant, les écarts entre les mesures radiocarbones et leurs calibrations en années réelles sont importants. Les dates en BP sont confinées dans un espace restreint de 130 années (entre 4020 et 4150 BP), mais qui, après calibration, couvrent près d’un demi-millénaire à 2 sigmas (2879 et 2354 avant notre ère). La période du Néolithique final est considérée, par les spécialistes, comme très défavorable. Les phénomènes de distorsion entre les échelles de temps sont importants et illustrent les variations de l’activité du soleil et de la teneur en carbone 14 de l’atmosphère. Ainsi, la courbe de calibration témoigne des phases de forte ou de faible activité du soleil en proposant soit des intervalles de temps très favorables à la calibration parce que la courbe est très irrégulière, soit des moments plus défavorables parce qu’elle est constante, et provoque des zones de plateaux (Voruz 1992 ; Oberlin 2003). Pour ces dernières dates, on obtient en général un large intervalle de temps en années réelles durant lequel l’événement que nous cherchons à dater a de grandes chances de se trouver.

Toutefois, la situation n’est pas complètement désespérée car, sur certains tron-çons de la courbe de calibration, nous pouvons obtenir des résultats plus précis. Ainsi, les datations radiocarbones antérieures à 4150 BP offrent de bien meil-leurs résultats après leur calibration, avec des écarts se réduisant sur une plage

de temps maximale de deux siècles. En revanche, celles comprises entre 4150 et 4000 BP présentent encore, en datation corrigée, un décalage important de l’ordre de 300 à 500 ans.

Par ensemble, les résultats se lisent de la manière suivante.

Les cinq dates de la palissade proviennent des trous de poteau (st. 552 et 338) et du comblement de la tranchée de fondation remarquée aux deux extrémités de la palissade (st. 368 et 562 ; fig. 74 et 75A). Les fourchettes de datations se

répartissent sur un peu plus de cinq siècles au cours du IIIe millénaire avant notre

ère (entre 2879 et 2355). Les oscillations de la courbe de calibration montrent

Fig. 74 : Localisation en plan des structures échantillonnées pour les datations radiocarbones (© I. Praud, Inrap). tp diag 0 25 m 735 819 248 650 761 562 552 368 338 P1h3 P1h4

dates sur charbons de bois (1 et 2 AMS) : 1 GrA-25530 : P1H3 = 4070 +/- 40 BP 2 GrA-25516 : P1H4 = 4140 +/- 50 BP 3 GrN-27821 : st 248 = 4020 +/-60 BP 4 GrN-27822 : st 338 = 4120 +/- 45 BP 5 GrN - 27823 : st 368 = 4120 +/- 60 BP 6 GrN-27824 : st 552 = 4025 +/- 50 BP 7 GrN-27825 : st 562 = 4060 +/- 40 BP 8 GrN-27827 : st 650 = 4150 +/- 50 BP 9 GrN-27829 : st 761= 3230 +/- 60 BP 13 ARC-2275 : 4035 +/- 60 BP dates sur bois provenant de l'étude dendrochronologique :

10 GrN-28659 : st 735-II-1 : 4230 +/- 35 BP 11 GrN-28660 : st 735-II-2 : 4190+/- 25 BP 12 GrN-28661 : 819-5 : 4190 +/- 25 BP

schématiquement deux pics de probabilité qui pour le plus récent indiquerait

une phase de construction centrée sur le xxvie siècle et pour le plus ancien entre

les xxviie et xxixe siècles avant notre ère.

Deux poteaux aux deux extrémités du grand bâtiment datent la construction entre 2879 et 2349 avant notre ère à 2 sigmas (st. 248 et 650 ; fi g. 74). En considérant ces deux structures comme strictement contemporaines, les zones

de chevauchement entre les courbes situeraient la construction entre les xxixe et

xxvie siècles avant notre ère.

Nous avons cherché à pondérer ces marges d’incertitude engendrées par les imprécisions de la courbe de calibration en combinant l’ensemble des dates pour obtenir une image plus synthétique (fi g. 75B). Deux pics de probabilité sont

Atmospheric data from Stuiver et al. (1998); Oxcal v3.9 Bronk Ramsey (2003); cub r.4 sd:12 prob usp(chron)

Atmospheric data from Stuiver et al. (1998); Oxcal v3.9 Bronk Ramsey (2003); cub r.4 sd:12 prob usp(chron)

GrA 25530 4070 +/- 40 BP GrA 25516 4140 +/- 50 BP GrN 27821 4020 +/- 60 BP GrN 27822 4120 +/- 45 BP GrN 27823 4120 +/- 60 BP GrN 27824 4025 +/- 50 BP GrN 27825 4060 +/- 40 BP GrN 27827 4150 +/- 50 BP GrN 28659 4230 +/- 35 BP GrN 28660 4190 +/- 25 BP GrN 28661 4190 +/- 25 BP ARC 2275 4035 +/- 60 BP st 248 poteau bâtiment B palissade palissade palissade horizon humifère palissade palissade colluvions anciennes st 650 poteau bâtiment B puits bâtiment B poteau central bâtiment B poteau central bâtiment B

3000 Cal BC 2500 Cal BC 2000 Cal BC

3000 2900 2800 2700 2600 2500 Cal BC 68,2% de probabilité 2860 BC (14,3 %) 2830 BC 2820 BC (3,5 %) 2810 BC 2760 BC (23,8 %) 2720 BC 2700 BC (26,6 %) 2660 BC 95,4 % de probabilité 2870 BC (18,4 %) 2830 BC 2820 BC (6,5 %) 2800 BC 2780 BC (70,5 %) 2620 BC X2-Test: df = 11 T= 34.2 (5%17.7) 4400 BP 4300 BP 4200 BP 4100 BP 4000 BP datation radiocarbone R_Combine_R_Com : 4143+/-11 BP date calibrée date calibrée A B

Fig. 75 : Résultats des datations 14C des structures implantées sur le versant (© I. Praud, Inrap). A : classement des dates calibrées obtenues à partir des mesures radiocarbone (en gris clair dates sur la palissade ; en blanc dates sur charbons de bois des TP du bâtiment B ; en hachuré, dates sur échantillons de bois fossile ; en noir dates des colluvions et de l’horizon de sol sur micro-charbons de bois ; B : combinaison de l’ensemble des dates radiocarbone.

alors perceptibles (95,4 %) : un premier au cours du xxixe siècle et un second

réparti sur deux siècles, entre les xxviiie et xxviie siècles.

Si la dendrochronologie n’a pas apporté les résultats escomptés, c’est-à-dire une précision annuelle, elle permet de trancher, en croisant les deux méthodes de datation, entre les trois propositions chronologiques pour placer la construction

du grand bâtiment à la transition entre la fin du xxxe et le début du xxixe siècle

Structuration et