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Identification et gestion des matières premières sur l’habitat et dans le méandre

La détermination des matières premières employées dans les industries des sites du Néolithique final de la vallée de la Deûle a été réalisée dans le cadre du Pro-gramme collectif de Recherches (PCR) intitulé « Géo-archéologie du silex dans le

nord-ouest de la France (Nord-Picardie) »5, qui avait pour objectif d’étudier les

modalités d’acquisition et l’économie des matières premières exploitées au cours de la Préhistoire dans cette région (Fabre 2003 ; Fabre et al. 2005 ; Fabre et al. 2007). Les diagnoses des matières premières utilisées sur chacune des occupa-tions de la vallée de la Haute-Deûle permettent de déterminer les différents types de silex exploités et leurs sources d’approvisionnement. Comparer ces données entre les sites permettra de caractériser l’économie de la matière première sur ce

territoire densément occupé pendant le IIIe millénaire avant notre ère.

Les prospections destinées à la constitution de la lithothèque de la vallée de la Deûle ont permis de découvrir et de caractériser des gîtes inédits de silex local dans les niveaux du Coniacien b et c et du Santonien basal des assises de craie du plateau du Mélantois (Fabre et al. 2002, fasc. 3). La première étude de cas avait concerné l’occupation fouillée à Annoeullin rue Lavoisier (Nord). Trois sites inscrits dans cette problématique ont été ensuite étudiés : ceux de la rue Marx-Dormoy et du Marais de Santes à Houplin-Ancoisne, ainsi que celui de Carvin Zone industrielle du Château (Allard et al. 2010).

La lithothèque du bassin de l’Escaut et une diagnose partielle du silex campa-nien de la minière de Spiennes, réalisée sur un échantillon de pics récoltés in situ, ont également permis des avancées notables sur la question des stratégies d’approvisionnement en matériaux siliceux mises en œuvre, à la fin du Néo-lithique, sur ce territoire.

L’analyse des matières premières siliceuses exploitées sur le site d’habitat a été effectuée à partir d’une sélection de 341 artefacts composée de blocs, de nucléus et de produits retouchés, ainsi que de tous les outils confectionnés dans

des matériaux non locaux ou exogènes6. À partir de ce référentiel, nous avons

par nous-mêmes identifié les matières premières représentées dans la série du méandre et avons ponctuellement demandé confirmation au géologue.

Sur l’habitat du versant, outre les silex locaux largement majoritaires, cinq autres types de silex d’origine plus ou moins lointaine ainsi que deux roches dures exo-gènes ont été identifiés (fig. IxA). En ce qui concerne la série du méandre, nous avons distingué 12 variétés de matériaux siliceux et une roche tenace, présentés ci-dessous en fonction de leur provenance géographique plus ou moins éloignée du site (fig. IxB).

Les silex locaux

Par définition, le silex local est accessible dans un rayon de 5 km autour des sites où il a été exploité et son acquisition peut se faire dans une journée. Ce terme regroupe les matériaux issus de trois gîtes d’approvisionnement distincts : le silex noir crétacé du plateau du Mélantois et les matériaux remaniés dans les formations superficielles (altérites), rassemblant les galets de silex à cortex verdi du Landénien et les galets récoltés dans les formations alluvionnaires de la rivière.

◗Le silex crétacé du Coniacien b et c et Santonien basal du Mélantois

Le matériau le plus abondamment exploité est le silex local originaire des assises crayeuses du Crétacé supérieur (Sénonien et Turonien) du plateau du Mélantois.

5. PCR pluri-annuel (2002 – 2006), soutenu par le conseil général de la Somme, l’Inrap Nord-Picardie, le SRA Picardie et le SRA Nord-Pas-de-Calais, auquel ont participé : Jacques Fabre (responsable), Pierre Allard, Pierre Antoine, Françoise Bostyn, Hélène Collet, Pascal Depaepe, Thierry Ducrocq, Agnès Lamotte, Jean-Luc Locht, Emmanuelle Martial, Bertrand Masson, Colette Swinnen et Luc Vallin.

6. La méthode élaborée par J. Fabre consiste à établir des diagnoses comparées, faciès par faciès ; ce sont les caractères diagénétiques, et en particulier le cortex, qui donnent les meil-leurs discriminants.

Les affleurements y sont limités en raison de l’omniprésence des limons et lœss quaternaires sur les flancs de la vallée, peu marquée dans la topographie (carte géologique au 1/50 000, feuilles de Lille-Halluin et Carvin). Les prospections sur le terrain nous ont amenés à découvrir la présence de lits de silex dans les assises de craie blanche du Coniacien (Sénonien – C4) exploitées dans la car-rière d’Haubourdin, située à moins de 2 km de distance du site néolithique, et dans celle de Pont-à-Vendin au sud. Plus précisément, ce silex est inclus dans les niveaux du Coniacien b et c et Santonien basal (indifférenciés). Il se présente le plus souvent sous la forme de petits nodules n’excédant pas 10 cm de diamètre. La matrice noire à gris noir, généralement hétérogène, est plus ou moins chargée en micro et macrofaciès. La présence de structures rubanées, ocellées ou en aile d’oiseau est caractéristique de ce faciès. Le cortex, lisse à rugueux, blanc dans l’épaisseur et plutôt beige en surface, est mince (inframillimétrique) ou plus épais (plurimillimétrique à centimétrique). Dans ce dernier cas, il se présente presque toujours sous la forme d’une couche granuleuse homogène sans gradient. C’est un matériau à grain fin et de bonne qualité, malgré la gélifraction assez fré-quente des blocs qui a parfois entravé le bon déroulement du débitage, comme en témoigne le nombre des débris dus à la fracture spontanée des rognons sui-vant les diaclases (tabl. 13). L’approvisionnement a pu s’effectuer à proximité immédiate du site, à quelques minutes de marche, soit sur le versant de la Deûle dans des secteurs où les colluvions sont peut-être de moindre ampleur, soit sur les affleurements dont l’accès est possible au sommet du plateau du Mélantois, là où la couverture limoneuse est la moins épaisse, voire inexistante, comme nous avons pu le constater dans les carrières que nous avons explorées.

Sur l’habitat, l’emploi de ce silex local concerne 1 707 produits représentant 72 % de la série étudiée, pour un poids de 19,4 kg de matière première. Dans la série du méandre, il a été identifié sur 65,4 % de l’effectif total analysé (soit 1 138 artefacts de l’échantillon). À titre de comparaison, sa proportion est de 54,7 % à Carvin.

◗Les galets du Landénien

Les formations tertiaires locales recèlent un faciès d’altérite formé à partir des rognons de silex du Coniacien érodés sur place lors de la transgression marine qui envahit le Bassin parisien au Thanétien. Ces galets sont caractérisés par un cortex verdi et une zone sous-corticale orange ; cet enduit de glauconie sur le cortex indique en effet un remaniement marin et une néogenèse lors de la trans-gression thanétienne (cordons de galets du Bassin parisien). Cette matière pre-mière se rencontre à la base des formations argileuses et sableuses du Landénien (équivalent du Thanétien pour la Belgique et le nord de la France, e2a – e2b), en contact avec la surface de la craie, qui occupent une vaste dépression consti-tuant le bassin éocène d’Orchies. Localement, on trouve également ces galets en position secondaire.

La reconnaissance de ce faciès implique l’existence de plages corticales et/ou sous-corticales sur les artefacts examinés. L’absence de cortex ne permet donc pas de le différencier du faciès originel issu des assises de craie. Sa représentation au sein des différents échantillons est donc sans doute légèrement sous-estimée. Dans la série de l’habitat, ce matériau a été reconnu sur 26 artefacts, soit 1,1 % de l’assemblage pour seulement 277 g. Dans l’échantillon du méandre, il repré-sente 2,9 % des produits. Ce faciès de silex apparaît exclusivement sous la forme de produits bruts (éclats et rares lamelles) et de débris dus à la gélifraction des blocs témoignant d’une exploitation sur le site.

◗Les galets de silex des alluvions

Les galets de silex sont caractérisés par un cortex usé impliquant un remanie-ment (transport) à plus ou moins longue distance, d’origine alluviale. Il s’agit sans doute de galets de terrasses qui peuvent être récoltés localement dans les alluvions de la Deûle.

L’emploi de ces galets de silex roulés apparaît extrêmement anecdotique dans les séries étudiées : il n’a été déterminé que pour quelques rares outils sur l’habitat et dans le méandre du Marais de Santes (fig. Ix).

Le silex de l’Escaut

Les deux séries lithiques du Marais de Santes comportent une exploitation de blocs de silex crétacé du Turonien supérieur (C3c-C3d) de la vallée de l’Escaut,

outil type / support

éclat éclat laminair

e

lame - lamelle débris nucléus bloc éclat / hache polie indéterminé (éclat

/ lame ?) total % microdenticulé 105 30 11 2 1 149 30,04032258 microdenticulé + grattoir 1 1 0,201612903

microdenticulé + pièce retouchée 3 3 0,60483871

microdenticulé + troncature 1 1 0,201612903

microdenticulé + denticulé 2 2 0,403225806

microdenticulé + bord abattu 1 1 0,2

microdenticulé + percuteur 2 2 0,4 pièce retouchée 39 5 11 4 1 1 1 62 12,5 pièce utilisée 37 12 10 2 61 12,2983871 grattoir 53 4 57 11,49193548 denticulé 29 5 1 35 7,056451613 armature tranchante 1 1 0,2 armature perçante 4 4 0,806451613 pièce percutée 4 1 7 2 14 2,822580645 racloir 6 1 7 1,411290323 racloir à encoche(s) 2 2 0,4 racloir-grattoir 1 1 0,2 burin 1 2 3 0,6 chute de burin 2 2 0,4 poignard 6 6 1,209677419 coche 3 1 4 0,806451613 bord abattu 3 3 0,6 couteau à dos 1 1 2 0,4 perçoir 4 2 6 1,21 pièce facettée 1 1 2 0,4 tranchet 1 1 0,2 hache polie 4 4 0,81

retaille hache polie 27 1 28 5,64516129

pièce bifaciale 1 1 0,2

fragment indéterminé 26 1 4 31 6,25

total 356 57 36 20 12 7 5 3 496 99,97

% 71,8 11,5 7,3 4,0 2,4 1,4 1,0 0,6 100

Tabl. 13 : Inventaire de l’outillage de l’habitat, en fonction du support (HALMS 02) (© E. Martial, Inrap).

dont un faciès caractéristique a été identifié à partir des prospections menées dans le cadre du PCR (Fabre et al. 2003). Ce matériau noduleux, appelé silex de l’Escaut, présente une matrice hétérogène de couleur gris noir, noire ou plus rare-ment gris moyen ou beige, très chargée en macrofaciès et microfaciès ; les struc-tures inframillimétriques à millimétriques très abondantes forment un mouchetis caractéristique. Le cortex, toujours mince, possède une surface généralement rugueuse, rarement lisse ou scoriacée, dont la limite avec la matrice est le plus souvent floue. Les gîtes d’approvisionnement se trouvent éloignés de 40-50 km à vol d’oiseau des sites de la vallée de la Deûle, en direction du sud-est.

Sur l’habitat du Marais de Santes, nous avons identifié ce faciès de silex dans 25 cas représentant 1,1 % de la série, une proportion probablement légèrement sous-estimée par rapport à la diagnose de J. Fabre. Dans le méandre, la propor-tion est également estimée à 1 %.

Ce matériau a fait l’objet d’utilisations distinctes : il apparaît essentiellement sous la forme de lames de haches polies et d’outils sur lame plus ou moins large et régulière ainsi que d’outils sur éclat, mais aussi, dans une moindre mesure, sous la forme de produits bruts tels que nucléus à éclats et éclats. L’importation de ce silex, à la fois sous la forme de blocs bruts (ou mis en forme ?) et, pour l’essentiel, sous la forme de produits finis suppose l’existence de lieux d’approvi-sionnement et de production probablement distincts suivant le niveau de savoir-faire requis. D’éventuels ateliers spécialisés, à partir desquels de tels objets auraient circulé, sont encore inconnus dans ce secteur nord-est de la région. Les silex et autres roches exogènes

◗Le silex de Spiennes

une première diagnose du silex extrait des minières de Spiennes, situées à 6 km au sud-est de Mons (Hainaut, Belgique), a pu être réalisée dans le cadre de collaborations établies avec la Société de recherches préhistoriques en Hainaut. L’intérêt de ce travail était évident : cette matière première n’ayant jamais été caractérisée auparavant, l’aire de diffusion des grandes lames et des haches, à la fabrication desquelles elle fut consacrée au Néolithique, est extrêmement mal connue. Avec plusieurs milliers de puits d’extraction sur une centaine d’hec-tares, les mines de Spiennes exploitées à partir de 4400-4200 cal BC figurent parmi les plus vastes d’Europe (Collet et al. 2008). Elles s’étendent sur deux plateaux, celui de Petit-Spiennes et celui du Camp-à-Cayaux, séparés par la Trouille, affluent de la Haine. La craie de Spiennes, attribuée au Campanien supérieur (Robaszynski, Christensen 1989), comprend de nombreux bancs de silex formant des lits continus superposés tous les mètres. La plupart d’entre eux sont constitués de rognons irréguliers ne dépassant pas 30 cm de diamètre. un banc se distingue par la forme tabulaire des grandes dalles de silex qui peuvent atteindre 1 à 2 m de long sur 1 m de large et 0,30 m d’épaisseur. Les puits les plus profonds du Camp-à-Cayaux, atteignant 15 à 16 m, ont permis l’extrac-tion exhaustive de ce banc spécifique. Bien qu’issus de plusieurs bancs, les faciès de silex extraits de la craie de Spiennes sont caractérisés par des caractères com-muns discriminants (Fabre et al. 2007 ; Allard et al. 2010).

Le silex de type Spiennes, tabulaire ou en nodule irrégulier, est de couleur gris clair à gris moyen (noir près du cortex), moyennement grenu, opaque, à matrice généralement hétérogène. Il présente un macrofaciès et un microfaciès très char-gés en structures inframillimétriques, isométriques et hétérométriques.

Ce matériau compte pour 1 % de l’assemblage récolté sur l’habitat (soit 24 objets), comme dans le méandre. Il est présent exclusivement sous la forme

de lames de haches polies brisées et recyclées et de lames régulières. La minière de Spiennes est éloignée d’environ 90 km à l’est d’Houplin-Ancoisne.

◗Le silex de Ghlin

un silex exogène gris opaque a été distingué au sein des corpus du Marais de Santes. Il figure ici sous la forme de quelques lames régulières. Nous rappro-chons ce matériau, déjà rencontré sur d’autres occupations de la fin du Néo-lithique dans la vallée de la Deûle, du silex dit de Ghlin, issu lui aussi du Crétacé supérieur de la région de Mons (Belgique), non loin de Spiennes. Ce matériau, dont l’origine géologique précise n’est pas identifiée, tient son nom de la locali-sation d’un affleurement primaire potentiel dans la ville éponyme de Ghlin-les-Mons dans le Hainaut belge (Hubert, Straet 1980). Il existe des variations de faciès, mais le plus fréquent et le plus typique (faciès caractéristique) se trouve sous forme de plaquettes au cortex blanc immaculé, dont la zone sous-corticale est noire et la matrice principale gris moyen. Le silex est à grain fin, d’aspect savonneux et très homogène. De fines veinules, plus sombres, irrégulières mais globalement parallèles, sont lisibles dans la matrice (Allard 2005, p. 111). Le faciès observé ici est un silex à grain très fin, de couleur gris moyen homo-gène avec de rares structures inframillimétriques. La matrice est un peu translu-cide sur les bords. Le cortex est blanc, inframillimétrique, avec parfois un liseré très net noir et très festonné. Il n’autorise pas, compte tenu du peu de caractères observables, une attribution sénonienne quoiqu’il s’en rapproche. Sur le site néolithique final d’Annoeullin rue Lavoisier, il apparaît sous la forme d’éclats de retaille de haches polies et à Carvin ZI du Château, la matrice de ce matériau, représenté par une lame retouchée, comporte une alternance de fins lits gris clair à gris moyen (structure laminite) (Martial et al. 2004 ; Fabre et al. 2005). Dans l’attente de données plus précises sur l’origine géologique de ce silex, nous resterons prudents quant à la détermination de ce matériau exogène.

◗Le silex de la région du Grand-Pressigny

Le fameux silex de la région du Grand-Pressigny est originaire des formations crétacées du Turonien supérieur dont les zones d’approvisionnement se ren-contrent au sud et à l’est de la confluence de la Claise et de la Creuse, à la

limite entre Indre-et-Loire et Vienne, sur environ 1 600 km2. Les recherches

géo-logiques et les analyses pétrographiques ont montré que le matériau exploité

pour la production intensive de grandes lames pendant le IIIe millénaire a été

récolté non pas dans les calcaires bioclastiques gréseux d’origine dits Tuffeau jaune du Turonien supérieur où le silex est impropre à la taille, mais en position remaniée dans les argiles sableuses d’altération du tuffeau jaune, dans les collu-vions de versant et dans les allucollu-vions de la haute terrasse de la Claise (Giot et al. 1986 ; Mallet 1992 ; Airvaux, Primault 2002). L’acquisition de ce silex totale-ment décarbonaté s’est faite en fosses de 1 m à 2 m de profondeur, creusées dans ces formations non consolidées. Toutes les étapes de la chaîne opératoire de pro-duction de grandes lames à partir de « livres de beurre » pouvaient soit se dérou-ler intégralement sur le gîte d’approvisionnement, soit être scindées sur deux lieux distincts : le dégrossissage des dalles sur la zone d’acquisition, l’épannelage puis le débitage des lames sur un autre atelier de taille (Millet-Richard 1997). Ce silex a été exploité intensivement pendant quatre siècles, entre 2850 et 2400 avant notre ère, pour fabriquer de longues lames mesurant jusqu’à 40 cm de long exportées dans une grande partie de l’Europe occidentale, jusqu’à 1 000 km du lieu de production (Delcourt-Vlaeminck 1999, 2004 ; Mallet et al.

la production de lames plus courtes selon une méthode originale dite NaCAL (Ihuel, Pelegrin 2008). Les sites de la vallée de la Deûle se trouvent à une dis-tance d’environ 500 km à vol d’oiseau du Grand-Pressigny.

La reconnaissance de cette matière première dans la série du Marais de Santes à partir de l’identification, à l’œil nu et sous la binoculaire, de ses caractères discriminants (Giot et al. 1986 ; Mallet 1992) a été confirmée par J. Fabre et par

M. Delcourt-Vlaeminck7. On retrouve dans notre échantillon toutes les

carac-téristiques du fameux silex tourangeau. Ce matériau est une ancienne biocalca-rénite secondairement silicifiée dont la matrice, constituée à partir de grains de sable, est d’aspect microgrenu au toucher. Sa structure bien particulière est, en microfaciès, très chargée de pellets, petites structures floconneuses à contours flous plus ou moins pigmentées de rouge (inframillimétriques et millimétriques), et de quartz détritiques qui, à l’œil nu, scintillent par réfraction de la lumière. La couleur varie ici autour du blond miel caractéristique.

Le silex de la région du Grand-Pressigny est particulièrement bien représenté au Marais de Santes. On dénombre en effet 35 outils sur lame brisés (lames retouchées et poignards), auxquels s’ajoutent une douzaine d’esquilles et petits éclats de retouche.

◗Le silex tertiaire bartonien du Bassin parisien

Le silex du Calcaire de Saint-Ouen (Bartonien moyen, Éocène supérieur), carac-téristique des formations calcaires lacustres éocènes du Bassin parisien, est asso-cié à l’occupation néolithique finale du site sous la forme de lames retouchées (poignards) qui ont parcouru au moins 150 km pour parvenir jusque-là. Ces objets témoignent de la diffusion, sur de longues distances, de ce type de pro-duits finis fabriqués dans le matériau alors concurrent du silex de la région du Grand-Pressigny (Delcourt-Vlaeminck 1999 ; 2004). On ne connaît pas, à l’heure actuelle, l’atelier (ou les ateliers) qui aurai(en)t produit ces lames larges ; seuls sont connus quelques sites d’extraction minière comme à Jablines (Seine-et-Marne) (Bostyn, Lanchon 1992) ou encore à Flins-sur-Seine (yvelines) [Bostyn et al. 2003], en activité au Néolithique moyen et spécialisés dans la production de haches. Situé dans la microrégion de Romigny-Lhéry (Marne), réputée pour la qualité des dalles et plaquettes de silex tertiaire aisément accessibles dans les affleurements du Bartonien moyen, le site de la Presle à Lhéry a livré une pro-duction de larges et longues lames partiellement réalisée sur place, dont l’attri-bution au Néolithique moyen II (Michelsberg) ou au Néolithique final n’a pu être tranchée (Bostyn, Séara 2011).

Ce matériau est une micrite (ou Mudstone), de couleur brune – parfois zonée – à crème, opaque, homogène contenant en particulier des oogones de charophytes (germinations femelles de plantes lagunaires aquatiques) caractéristiques des faciès lacustres (Fabre et al. 2005).

Dans la série de l’habitat, un seul individu en silex bartonien du Bassin pari-sien a été identifié ; il s’agit d’un fragment d’outil sur lame. Parmi le corpus du méandre, la présence de ce matériau est assez remarquable, car il apparaît sous la forme de quatre fragments de poignards à dos parfois poli correspondant à trois individus après raccord, mais aussi sous la forme de produits de retaille de haches polies. L’importation de telles lames de haches était jusqu’alors iné-dite dans notre secteur d’étude pour cet horizon chronoculturel. À Bettencourt-Saint-Ouen (Somme), l’occupation du Néolithique final avait également révélé des lames de poignard et une hache polie dans ce même matériau.

7. Nous remercions M. Delcourt-Vlaeminck ainsi que N. Mallet qui ont examiné les élé-ments en silex de la région du Grand- Pressigny de nos séries de la vallée de la Deûle.

◗Le silex orangé à gris, d’origine indéterminée

L’origine géologique et géographique du silex répertorié sous l’appellation de