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wLP(X, Y) := inf{ε >0; ∃σ∈SN/ ♯{i,|xi−yσ(i)|> ε}< N ε},

et on appelle “distance” de Monge-Kantorovich-Wasserstein (MKW) la fonction wp ainsi d´efinie sur EN et EN/SN, et “distance” de Levy-Prokorov la fonction wLP ainsi d´efinie sur EN et EN/SN. On note ´egalement w0 =wLP.

1.2 Mesures empiriques et distances dans P(E) lorsque E est un compact.

subsec:MFG-1

Dans cette section nous supposerons toujours (sauf mention explicite du contraire) que E ⊂ Rd est un compact. Commen¸cons par d´efinir l’application canonique “mesure empirique” qui est l’objet fondamental permettant de passer de la suite d’espaces EN `a l’espace fixe P(E)⊃ PN(E).

def:MesureEmpirique D´efinition 1.2.4 Soit E un espace polonais (ou juste mesurable). Etant donn´ee la va-riable/l’´etat X = (x1, ..., xn) ∈ EN, on d´efinit la mesure empirique µNX ∈ P(E) associ´ee par

µNX(dx) := 1 N

XN i=1

δxi(dx)∈P(E).

On d´efinit ainsi une application ΠNE :EN → P(E). Mieux, en notant PN(E) l’ensemble des mesures empiriques de la forme ci-dessus (N masses de Dirac de poids 1/N), on d´efinit une application bijective

ΠNE : EN/SN → PN(E), X7→µNX.

On munit P(E) d’une distance D m´etrisant sa topologie/convergence faible. On va voir dans cette section que ΠNE est alors un hom´eomorphisme de (EN/SN, wp) dans (PN(E), D). C’est mˆeme une isom´etrie lorsque PN(E) est muni d’une distance de trans-port convenable, ce que nous verrons dans la section subsec:MFG-3

1.4.

Nous allons donc maintenant rappeler la d´efinition de l’espace P(E), exhiber deux distances sur P(E) et ´etablir quelques propri´et´es deP(E).

L’espace P(E). On d´efinit l’espace M1(E) des mesures de Radon sur E comme ´etant l’espace dual de l’espaceC(E) des fonctions continues muni de la norme de la convergence uniforme, on note M1(E) = (C(E)). Comme C(E) est un espace de Banach, M1(E) est ´egalement un espace de Banach lorsqu’il est muni de la norme duale “de la variation totale”

∀Λ∈M1(E) kΛkT V := sup

ϕC(E),kϕk≤1|hΛ, ϕi|.

De plus, pour tout Λ∈M1(E) il existe une unique d´ecomposition Λ = Λ+−Λ, Λ±≥0, kΛkT V =kΛ+kT V +kΛkT V,

o`u la positivit´e Λ±≥0 signifie queϕ∈C(E),ϕ≥0, impliquehΛ, ϕi ≥0. On noteM+1(E) le cˆone des “mesures de Radon positives”.

D’autre part, on d´efinit l’ensemble M+1(E) des“mesures de Borel positives finies” sur E comme l’ensemble des fonctions d’ensemble σ-additives sur la tribuBE `a valeurs dans R+. Soit donc µ∈ M+1(E) si µ:BE → R+, µ(∅) = 0 et pour toute famille (Ai)iI finie ou d´enombrable deBE deux `a deux disjointesAi 6=Aj si i, j∈I et i6=j, on a

µ[

iI

Ai

=X

iI

µ(Ai).

A une telle mesureµ ∈M+1(E), on peut associer une int´egrale de Lebesgue d´efinie pour les fonctions mesurables et positives, pour toutes les fonctions int´egrables et donc, en particulier, pour toutes les fonctions continues (et born´ees). On d´efinit ainsi

Iµ:C(E)→R, ϕ7→Iµ(ϕ) =hIµ, ϕi:=

Z

E

ϕ dµ= Z

E

ϕ(x)µ(dx).

L’applicationIµ est lin´eaire, positive et born´ee, c’est donc un ´el´ement deM+1(E), et kIµkT V = sup

ϕC(E),kϕk≤1

Z

E

ϕ dµ =

Z

E

dµ=µ(E).

th:RieszMarkovCompact Th´eor`eme 1.2.5 (Riesz-Markov) Lorsque E est compact, on a la r´eciproque : pour tout Λ∈M+1(E) il existe un unique ρ∈M+1(E) tel que

∀ϕ∈C(E), hΛ, ϕi=Iρ(ϕ).

Ainsi, l’application M+1(E) →M+1(E), ρ →Iρ, est bijective et on peut identifier M+1(E) et M+1(E). On note d´esormais Iρ=ρ.

De la mˆeme mani`ere on caract´erise l’ensemble des mesures de probabilit´es grˆace aux deux d´efinitions ´equivalentes suivantes

P(E) ={Λ∈M+1(E), hΛ,1i= 1}={µ∈M+1(E), µ(E) = 1}. En d´efinissantM1(E) l’ensemble des mesures de Borel sign´ees par

M1(E) ={µ+−µ, µ±∈M+1(E)}, on g´en´eralise la notion d’int´egrale en posant

Iµ(f) = Z

E

f(x)µ(dx) :=

Z

E

f(x)µ+(dx)− Z

E

f(x)µ(dx)

pour toute fonction f ∈ L1(E,BE,|µ|) o`u |µ| = µ+ est une mesure de Borel po-sitive. Grˆace `a la d´ecomposition des mesures de Radon en diff´erence de mesures de Ra-don positives et grˆace au th´eor`eme de Riesz-Markov on a ´egalement que l’application

M1(E)→ M1(E),ρ →Iρ, est bijective et on peut identifierM1(E) et M1(E). On note toujoursIρ=ρ. Ainsi, on a

∀ρ∈M1(E) |ρ|(E) = kρkT V := sup

ϕC(E),kϕk≤1

Z

E

ϕ dρ

:= inf{µ+(E) +µ(E); µ±≥0, µ+−µ=ρ}

o`u donc ici|ρ|=ρ+avecρ±est la d´ecomposition de Hahn deρobtenue en choisissant ρ± ≥ 0 ´etrang`eres (∃A tel que ρ+(A) = 0 et ρ(E\A) = 0) dans la classe des mesures η±≥0 v´erifiantρ=η+−η.

Convergence faible dans P(E). Lorsque E est compact, on dit qu’une suite (µn) de P(E) converge faiblement vers µ∈P(E), on noteµn⇀ µ, si

∀ϕ∈C(E) Z

E

ϕ dµn → Z

E

ϕ dµ.

Il s’agit bien sˆur ici de la (trace surP(E) de la) convergence faible ∗ σ(M1(E), C(E)).

th:BanachAlaoglu Th´eor`eme 1.2.6 (Banach-Alaoglu pour P(E)). On suppose E compact. L’ensemble P(E) est s´equentiellement compact au sens de la convergence faible.

Preuve du th´eor`eme de Banach-Alaoglu pour P(E). Soit (µn) une suite de P(E). D’une part C(E) est s´eparable et on note (ϕk) une famille d´enombrable et dense dans C(E).

Alors, par compacit´e de [−kϕkk,kϕkk] pour tout k ∈ N et par le proc´ed´e de Cantor d’extraction d’une sous-suite diagonale, il existe une sous-suite (µn) et une suite λk ∈R telles que hµn, ϕki → λk lorsque n → ∞. Maintenant pour tout ϕ ∈ C(E), on obtient

´egalement qu’il existe λϕ ∈R tel quehµn, ϕi →λϕ lorsquen→ ∞ en approchant ϕpar une suite (ϕk). On constante que l’application Λ :C(E) →R, Λ(ϕ) = λϕ est lin´eaire et positive (donc continue) et Λ(1) = 1. Par le th´eor`eme de Riesz-Markov c’est une mesure

de probabilit´e. ⊔⊓

th:densitePN Th´eor`eme 1.2.7 (Krein-Milman pour les mesures). On suppose E compact. Les combinaisons convexes de masses de Dirac sont denses au sens de la convergence faible.

En d’autres termes et plus pr´ecis´ement, (PN(E))N1 est dense dans P(E).

Preuve 1 du th´eor`eme th:densitePN

1.2.7. Les masses de Dirac sont les points extr´emaux1 de P(E).

En effet, si δa = t µ+ (1−t)ν, avec a∈E, t∈ (0,1), µ, ν ∈P(E) alors n´ecessairement suppµ= suppν ={a}, et doncµ=ν =δa. Inversement, si µ∈P(E) et µn’est pas une masse de Dirac, alors il existeϕ∈C(E), 0≤ϕ≤1 telle queµ(ϕ)>0 etµ(1−ϕ)>0, de sorte que l’on peut ´ecrire µsous la forme d’une combinaison convexe

µ=µ(ϕ) ([µ(ϕ)]1ϕ µ) + (1−µ(ϕ)) ([µ(1−ϕ)]1(1−ϕ)µ),

et donc µ n’est pas un point extr´emal. Il suffit alors d’appliquer le Th´eor`eme thKMabsA.3.5 de Krein-Milman.

Preuve 2 du th´eor`eme th:densitePN

1.2.7. Comme E est compact, pour tout k, il existe Nk ∈ N et (xki)1iNk une suite de E tels que E ⊂ ∪B(xki,1/k), puis il existe une suite (ϕki)

1voir la D´efinitionKMdef1

A.3.3 pour la d´efinition d’un point extr´emal

de partitions de l’unit´e dans C(E) associ´ee au recouvrement par les B(xki,1/k). Plus pr´ecis´ement, il existeϕki ∈C(E), 1≤i≤Nk, telles que suppϕki ⊂B(xki,1/k), 0≤ϕki ≤1 et PNk

i=1ϕki = 1. Pour construire de telles fonctions dans le cas E ⊂ Rd (dans le cas g´en´eral consulter un cours de topologie) on choisitNk et (xki)1iNk tels que de plusE ⊂

∪B(xki,1/(2k)), on consid`ere un noyau de convolution 0≤ γ ∈ C(Rd), suppγ ⊂B(0,1), Rγ = 1, on note γε(x) =εdγ(x/ε) et on d´efinit

ϕki := φki PNk

j=1φkj, φkj =1B(xk

i,1/(2k))∗γ1/(2k). On pose maintenant

µk :=

Nk

X

i=1

µ(ϕkixk i. Pour toutψ∈C(E) on a alors

k, ψi=

Nk

X

i=1

µ(ϕki)ψ(xki) =hµ, ψki avec ψk :=

Nk

X

i=1

ψ(xkiki. Or, pour toutx∈E, on a

ψ(x)−ψk(x) =

Nk

X

i=1

(ψ(x)−ψ(xki))ϕki(x)

Nk

X

i=1

sup

1iNk

kψ−ψ(xki)kL(B(xki,1/k))ϕki(x)≤ω(1/k)→0 lorsquek→ ∞, o`u ω d´esigne un module de continuit´e de ψ, i.e. ω ∈C(R+),ω(s) >0 si s 6= 0. On en d´eduit bien que hµk, ψi → hµ, ψi. Pour ´etablir la densit´e de (PN(E))N1 dansP(E) il suffit enfin d’approcherµk par un ´el´ement µk,N de PN(E) en rempla¸cant les coefficients µ(ϕki) par [N µ(ϕki)]/N pour tout 2 ≤ i ≤ N et en rempla¸cant le coefficient µ(ϕk1) par ce qu’il faut de sorte que µk,N soit de masse 1. ⊔⊓ Distances sur P(E). L’objectif est maintenant de d´efinir deux m´etriques sur P(E) telles que la notion de convergence associ´ee soit la convergence faible d´efinie plus haut. On note Lip(E) l’espace des fonctions Lipschitziennes surE et Lip1(E) l’espace des fonctions Lipschitziennes surE de constante de Lipschitz inf´erieure `a 1 :

ϕ∈Lip1(E) si, et seulement si, |ϕ(y)−ϕ(x)| ≤dE(x, y) ∀x, y∈E.

On noteM01(E) le sous-espace (ferm´e) des mesures de Radon de masse nulle : µ∈M01(E) si, et seulement si,µ∈M1(E) et

Z

E

dµ= 0.

def&lem:distKR Lemme 1.2.8 (i) Pour tout µ∈M01(E) on d´efinit kµkKR:= sup

Z

E

ϕ dµ; ϕ∈Lip1(E)

.

L’application µ 7→ kµkKR est une norme sur M01(E), appel´ee norme de Kantorovich-Rubinstein, et donc l’application P(E)×P(E)→R+, (µ, ν)7→DKR(µ, ν) :=kµ−νkKR

d´efinit une distance sur P(E).

(ii) Soit R >0 tel queE ⊂B(0, R). Pour tout µ∈M01(E) on a kµkKR ≤RkµkT V.

(iii) Pour tout X, Y ∈EN on a ineq:KRW1

ineq:KRW1 (1.2.3) kµNX−µNYkKR ≤w1(X, Y).

Preuve du lemme def&lem:distKR

1.2.8 . La v´erification de (i) ne pose pas de difficult´e d`es que l’on sait que Lip(E) est dense dans C(E). Lorsque E ⊂ Rd on peut proc´eder par r´egularisation par convolution. Dans le cas g´en´eral, on utilise le th´eor`eme A.2.2 de Stone-Weierstrass.thStoneW (ii) On ´ecrit pour tout ϕ∈Lip1(E)

Z

E

ϕ dµ = Z

E

(ϕ(x)−ϕ(0)) (µ+(dx)−µ(dx))

≤ Z

E|x|(µ+(dx) +µ(dx))≤R|µ|(E), et on prend le supr´emum enϕ.

(iii) Pour toutϕ∈Lip1(E) etσ∈SN on a

|hµNX −µNY, ϕi|=

1 N

XN i=1

(ϕ(xi)−ϕ(yσ(i))) ≤ 1

N|xi−yσ(i)|

d’o`u on d´eduit (1.2.3) en prenant le minimum enineq:KRW1 σ et le supr´emum en ϕ. ⊔⊓ lem:topoPE1 Lemme 1.2.9 (i) Etant donn´ee une suite(ϕk)dense dansC(E)et une suite (ak)de r´eels

strictement positifs telle que la s´erie ((akkk)) converge, l’application D(µ, ν) :=

X k=1

ak|hµ−ν, ϕki|

d´efinit une distance sur P(E).

(ii) De mˆeme, si de plus(ϕk) est une suite de Lip(E) et si la s´erie((akk∇ϕkk))converge et est de somme A, alors l’application D d´efinie ci-dessus est encore une distance, et de plus

∀µ, ν∈P(E) D(µ, ν)≤Akµ−νkKR. Preuve du Lemme lem:topoPE1

1.2.9. Traitons seulement (ii), le point (i) se traitant de la mˆeme mani`ere. D’une part, puisqueµ−ν ∈M01(E) et en fixantx0∈E, on a

D(µ, ν) = X k=1

akk∇ϕkk |hµ−ν,ϕk−ϕk(x0) k∇ϕkk i| ≤

X k=1

akk∇ϕkk kµ−νkKR. D’autre part, pour montrer queDest une distance, le seul point qui m´erite d’ˆetre d´etaill´e est l’implicationD(µ, ν) = 0 entraˆıneµ=ν. Or sous cette hypoth`ese, on ahµ−ν, ϕki= 0 pour toutk, et si ϕ∈C(E) est une fonction quelconque, il existe une sous-suite (ϕkj) qui converge uniform´ement versϕet donc ´egalement hµ−ν, ϕi= limhµ−ν, ϕkji= 0. ⊔⊓

theoMK&Cvgce* Th´eor`eme 1.2.10 Pour toute suite (µn) de P(E) et tout µ ∈ P(E), il y a ´equivalence entre

(i) D(µn, µ)→0 lorsque n→ ∞ (pour une distance d´efinie comme au lemme lem:topoPE1

1.2.9) ; (ii) kµn−µkKR →0 lorsque n→ ∞;

(iii) µn ⇀ µau sens de la convergence faible lorsque n→ ∞. Preuve du th´eor`eme theoMK&Cvgce*

1.2.10. On proc`ede en plusieurs ´etapes.

Etape 1. (i) ⇔ (iii) (tr`es classique). Si D(µn, µ) → 0 alors hϕk, µn−µi → 0 ∀k. Pour ϕ∈C(E) quelconque, pour toutε >0 et en prenantk tel quekϕ−ϕkk< ε, on a

lim sup

n→∞ |hϕ, µn−µi| ≤sup

nn−µkT V kϕ−ϕkk+ lim

n→∞h|ϕk, µn−µi| ≤2ε, puisque kµn−µkT V ≤ kµnkT V +kµkT Vn(E) +µ(E) = 2. Ainsiµn ⇀ µfaiblement.

R´eciproquement, supposons queµn ⇀ µfaiblement. Pourε >0 fixonsK tel que X

K+1

ak2kϕkk ≤ε,

puis N de sorte queak|hϕk, µn−µi| ≤ε/K pour n≥N etk = 1, ..., K, alors pour tout n≥N

D(µn, µ)≤ sup

k=1,...,K

ak|hµ−µn, ϕki|+ X k=K+1

ak|hµ−µn, ϕki| ≤2ε.

Etape 2. (ii)⇒ (iii).Supposons (ii). Pour tout ϕ∈Lip(E) on a

Z

E

ϕ d(µn−µ)

≤ kϕkLipn−µkKR→0 lorsque k→0.

Par densit´e Lip(E)⊂C(E) on en d´eduit (iii).

Etape 3. (iii) ⇒ (ii). Supposons (iii) et que, par l’absurde, on n’ait pas (ii) : ∃ε > 0 et une sous-suite de (µn), toujours not´ee (µn), telle que

∀k ∃ϕn∈Lip(E), kϕnkLip≤1 Z

E

ϕnd(µn−µ)≥ε.

Par le th´eor`eme d’Ascoli, il existe une sous-suite de (ϕn), toujours not´ee (ϕn), et ϕ ∈ C(E) telles queϕn→ϕ uniform´ement. On a alors

lim inf Z

E

ϕd(µn−µ) =

= lim Z

E

−ϕn)d(µn−µ) + lim inf Z

E

ϕnd(µn−µ)≥0 +ε >0,

ce qui contredit la convergence µn⇀ µ. ⊔⊓