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Chapitre 3 : Méthodologie : Aborder la violence conjugale à partir d’une perspective

3.2 Méthodologie quantitative

3.2.2 Mesures

3.2.2.3 Les variables indépendantes

3.2.2.3.2 Mesures de contrôle dans le couple

3.2.2.3.2.1. Construction du pouvoir coercitif : degré d’autonomie et pouvoir de décisionnel des femmes

Au niveau micro, c’est également important d’analyser comment le pouvoir se construit à l’intérieur du ménage sur plusieurs dimensions. C’est à ce niveau que commencent à s’organiser et à se hiérarchiser les rapports de genre. Au même titre que pour la construction des variables dépendantes (les violences), nous avons recours à l’analyse factorielle pour créer des indices sur le contrôle coercitif. En effet, l’analyse factorielle est utilisée dans le but de voir si des items concernant les rapports de pouvoir au sein du couple peuvent être synthétisés à l’aide d’un regroupement en facteurs.

En fait, il existe une autre dimension dans la dynamique du couple qui n’émane pas nécessaire d'une situation de conflit, mais se produit plutôt dans un contexte plus large, dans lequel le conjoint adopte un comportement contrôlant sur plusieurs dimensions dans la vie d’une femme (Villareal, 2007). Il s’agit entre autres des stratégies d’isolement social, de surveillance, de restriction du pouvoir de décision dans le ménage, du contrôle sur les ressources économiques du ménage, ainsi que de la sexualité; il s’agit également à la restriction de liberté pour réaliser certaines activités comme travailler, faire des courses ou visiter la famille. Ces stratégies constituent des modes de coercition diversifiés qu’utilisent les hommes pour marquer leur autorité et pour s’emparer du contrôle dans la relation (Villareal, 2007; Dutton, Goodman, 2005).

Ces modes de contrôle constituent des formes plus subtiles d’intimidation que les actes de violence (Stark, 2009).

Pour Tanha et autres (2009), le contrôle coercitif n’implique pas nécessairement une forme de violence, mais renvoie plutôt à une dynamique ou à une motivation dans la relation qui peut mener à la violence physique ainsi qu’à d’autres formes d’abus. En fait, le contrôle coercitif peut se définir comme «le fait de réduire le pouvoir du partenaire intime pour prendre des décisions, de limiter ses rapports avec d’autres personnes ainsi que réduire l’indépendance de celui-ci sur certaines activités de la vie quotidienne et faire diminuer son estime de soi » (Ehrensaft et autres, 1999, p 21; Robertson et Murachver, 2011, p. 208). C’est ainsi que le pouvoir coercitif renforce la subordination des femmes en perpétuant les inégalités, en limitant la liberté, l’autonomie ainsi que l’autodétermination des femmes (Stark, 2009).

Pour certains auteurs, des stratégies de pouvoir coercitif constituent d’autres formes de violence conjugale (Cook et Goodman, 2006; Dutton et Goodman, 2005; Johnson et Ferraro, 2000). Tandis que pour d’autres, le contrôle coercitif constitue un bon prédicteur de la violence physique (Villareal, 2007, Macmillan et Gartner, 1999; Coleman et Straus, 1990). Or, plus il existe un déséquilibre du pouvoir dans la relation où l’homme domine plusieurs dimensions de la vie d’une femme, plus il y a de risque de violence conjugale. C’est pourquoi, dans cette recherche, la relation entre le pouvoir coercitif et les différents types de violence est explorée. Dans cette recherche, deux indicateurs de pouvoir coercitif sont considérés: l’indice d’autonomie et l’indice du pouvoir décisionnel, constituent des variables « prédictrices » de la violence. En fait, elles servent à mesurer le niveau de contrôle qu’exerce le partenaire sur sa conjointe. Dans cette optique, nous concevons que les différents types de violence constituent une des tactiques qu’utilisent les conjoints violents dans un contexte de conflit pour maintenir le contrôle de la relation (Cook, Goodman, 2006).

Le questionnaire de l’Endireh 2006 collecte des informations sur l’autonomie et la liberté de mobilité des femmes. Sept items explorent les arrangements établis entre la femme et son conjoint lorsqu’elle veut réaliser diverses activités dont travailler, faire des courses, rendre visite à ses parents ou à des amies, acheter quelque chose ou changer son apparence physique, participer à une activité sociale ou politique, devenir amie avec une personne que son conjoint ne connait pas, voter pour un candidat ou un parti politique. Pour chaque activité il existe quatre réponses possibles: a) la femme n’effectue pas l‘activité seule, elle doit être accompagnée de son

conjoint; b) la femme doit demander la permission de son conjoint, c) elle lui demande son avis, d) la femme n’a ni à demander de permission ni l’avis de son conjoint. Les données ont été recodées : les réponses «autres» ont été supprimées de l’analyse et nous avons estimé la moyenne de chaque variable et ensuite avons remplacé la valeur de la catégorie «ne s’applique pas» par celle de la moyenne du groupe de chaque variable.

Outre ces questions sur l’autonomie, l’Endireh 2006 regroupe onze questions concernant la prise de décision dans le ménage, c’est-à-dire qui visent à mesurer le degré d’autonomie décisionnelle des femmes dans plusieurs domaines, soit sur la poursuite des études et le travail, les déplacements hors de la maison, l’accès à son argent ou à l’argent du ménage, les achats la participation à la vie sociale et politique de sa communauté, la manière de dépenser ou d’épargner son argent, les permissions données aux enfants, les changements de résidence (dans une autre maison ou dans une autre ville), le moment des rapports sexuels, l’utilisation de moyens de contraception, la personne qui doit utiliser les moyens de contraception. Après avoir récodifié pour chaque décision (les réponses «autres personnes» ont été supprimées de l’analyse et les réponses «ne s’applique pas» sont remplacées par la moyenne du groupe, il existe trois réponses possibles: a) seulement le conjoint, b) les deux (décision commune) c) seulement la répondante

À l’instar de Casique (2004) et de Castro et Casique (2008), nous avons décidé de créer un indice relatif à l’autonomie des femmes et un autre concernant le pouvoir décisionnel des femmes14. L’autonomie de la femme réfère à sa capacité de réaliser des activités et de prendre des décisions sans avoir à demander la permission du conjoint. Tandis que le pouvoir décisionnel concerne le niveau de participation et d’influence qu’a la femme sur les décisions familiales (Casique, 2004). En effet, plus une femme accepte de se soumettre à la volonté de son conjoint ou de lui laisser le pouvoir de décision sur plusieurs dimensions du ménage, moins elle fait valoir son opinion, ses désirs, et plus elle renforce le pouvoir de ce dernier. De plus, des recherches antérieures ont montré que plus il existe une asymétrie de pouvoir au sein du ménage, plus il y a de risques de violence conjugale (Villareal, 2007; Castro et autres 2008).

Nous avons réalisé une analyse factorielle exploratoire avec tous les indicateurs pour y détecter leur lien avec l’une des deux dimensions à l’étude, à savoir la liberté des femmes pour réaliser certaines activités et leur autonomie dans la prise de décision. Étant donné que le

14 Les modèles d’enquêtes au Mexique utilisent toujours et encore le modèle établi par Karen Mason (1998) ayant comme but de mesurer les dimensions d’autonomie, pouvoir de décision et de liberté de mouvement des femmes.

pourcentage de la catégorie «ne s’applique pas» était manquante pour certaines variables importantes de ces deux grandes dimensions, nous avons estimé la moyenne de chaque variable et ensuite nous avons remplacé la valeur de la catégorie «ne s’applique pas» par celle de la moyenne du groupe de chaque variable.

Une analyse factorielle exploratoire a été réalisée avec une méthode d’extraction des moindres carrés non pondérés15 avec rotation oblique. Le modèle avec rotation orthogonale (varimax) a été rejeté, car la matrice de corrélation factorielle a montré que les facteurs sont corrélés entre eux. Ce modèle comporte quatre facteurs qui expliquent presque 51% de la variance. Cependant, certaines variables ne sont pas suffisamment corrélées entre elles malgré que l’analyse a montré qu’elles sont liées au quatrième facteur16. Pour cette raison, les quatre indicateurs suivants ont été retirés de l’analyse : «qui décide des permissions données aux enfants», «qui décide sur le fait de déménager de maison ou de ville», «qui décide quand avoir des rapports sexuels» et « quel degré de liberté possède la femme pour voter pour un candidat ou un parti politique». Tous les autres items contribuent à la mesure commune des facteurs, c’est-à- dire qu’ils sont suffisamment corrélés entre eux et que leur apport à la variance expliquée est suffisamment important pour qu’ils soient retenus. De plus, l’analyse montre que chaque item n’est lié qu’à un seul facteur.

Le deuxième modèle factoriel, soit le modèle retenu, après le retrait de ces quatre variables, explique 53% de la variance. La solution factorielle est statistiquement acceptable, l’indice de Kaiser-Meyer-Olkin (KMO) est égal à 0,83. Le graphique de qualité de la représentation (graphique des valeurs propres) montre une cassure au troisième facteur ce qui signifie que trois facteurs expliquent la majeure partie de la variance.

Après rotation, le premier facteur explique presque 31% de la variance, le deuxième un peu plus de 11% et le troisième 10 %. Le premier facteur (6 items) concerne le degré d’autonomie ou de liberté personnelle dont dispose la femme pour réaliser des activités sociales ainsi que des activités reliées aux ressources économiques (travailler, dépenser de l’argent). Le deuxième facteur concerne le contrôle de la fécondité et est constitué de deux indicateurs, basés sur les questions suivantes: « qui décide de l’utilisation des moyens de contraception » et « qui décide qui doit utiliser les moyens de contraception ». Le deuxième facteur n’a pas été retenu

15 Méthode privilégiée lorsque les échelles de mesure sont ordinales ou que la distribution des variables n’est pas normale (Durand, 2006, p.6).

étant donné sa faible pertinence sur le plan théorique (dimension du contrôle de la fécondité de la femme) pour notre recherche. De plus, ces deux indicateurs portant sur l’utilisation de méthodes contraceptives ne reflètent pas le pouvoir de décision de la femme dans la sphère reproductive. En fait, ces deux dimensions sont traditionnellement comprises comme appartenant au domaine de la femme en union et étant sous son contrôle : « (au Mexique) le contrôle des naissances est considéré sous la pure responsabilité des femmes » (Cosio-Zavala, 2007, p.115). De la sorte, ces indices pourraient empiriquement refléter un plus grand pouvoir de décision et pas une situation de subordination de part de la femme.

Le troisième facteur (6 items) correspond au pouvoir de décision des femmes sur leur vie sociale et le contrôle des ressources économiques. C’est à dire qu’il s’intéresse à savoir qui prend la plupart des décisions concernant plusieurs domaines. Voir Tableau 3.7 pour le modèle final. Tableau 3.7 : Modèle 2 (pouvoir coercitif), analyse factorielle sur 14 items avec rotation oblique

Items Autonomie dans la vie sociale et Facteur 1 accès aux ressources économiques

Facteur 3

Pouvoir décisionnel Rendre visite à ses parents

ou à des amies ,665 ,067

Participer à une activité

sociale ou politique ,656 -,005

Acheter quelque chose ou changer son apparence

physique ,593 -,065

Faire des courses ,593 ,043

Devenir amie avec une personne que son conjoint

ne connait pas ,532 -,047

Travailler ,445 -,104

Qui décide de l’accès à son argent ou à l’argent du ménage

-,098 -,752

Qui décide des achats -,003 -,666

Qui décide de la manière

de dépenser ou d’épargner -,064 -,617 Qui décide de la participation à la vie sociale et politique de la communauté ,117 -,552

Qui décide des

déplacements hors de la maison

,146 -,540

Qui décide de la poursuite

Finalement, une analyse de fidélité, en utilisant l’alpha de Cronbach, a été réalisée afin de déterminer jusqu’à quel point les indicateurs constituent une bonne mesure de chacune de ces deux dimensions (Durand, 2003). Tous les alphas sont supérieurs à 0,70, ce qui signifie que les indices représentent bien chacune des dimensions. Aucun «alpha de Cronbach en cas de suppression de l’élément» n’est supérieur à l’alpha standardisé. Ce qui veut dire qu’aucun indicateur qui forme chacune des échelles ne détériore la fidélité (Durand, 2003). C’est ainsi que deux indices composites ont été créés : l’indice de l’autonomie sociale et économique et l’indice du pouvoir décisionnel. Le premier indice a été codé comme suit : « peu d’autonomie », « autonomie moyenne » et « autonomie élevée ». Lorsque les valeurs s’approchent de 0 cela signifie que la femme a moins d’autonomie, et plus les valeurs augmente plus la femme a d’autonomie. En ce qui trait à l’indice de pouvoir de décision, nous avons inversé l’ordre des catégories. En fait, la situation idéale dans un couple c’est lorsque les deux individus participent à la prise de décision. Les catégories pour l’indice de pouvoir de décision sont donc: 1) décision prise par le conjoint seul, 2) décision prise par la répondante seule, 3) décision commune

Comme le montre le tableau 3.8, un peu plus de la moitié des femmes (55%) dispose d’un degré d’autonomie moyen pour réaliser des activités sociales ainsi que des activités reliées aux ressources économiques. De plus, 39,3% des femmes dispose d’un degré d’autonomie élevée, tandis que seul 5,6% des femmes dispose de peu d’autonomie.

Tableau 3.8: Pourcentage du degré d’autonomie de la femme

Degré d’autonomie de la femme Pourcentage

Peu d’autonomie 5,6

Autonomie moyenne 55,1

Autonomie élevée 39,3

Quant au pouvoir décisionnel, un peu plus de la moitié (54,5%) des femmes prennent leurs propres décisions dans plusieurs domaines (poursuite des études et le travail; les déplacements hors de la maison, la manière de dépenser ou d’épargner leur argent, les permissions données aux enfants, etc.). On constate aussi que 39% des décisions sont prises par le couple et que 6,5% des décisions sont prises uniquement par le conjoint (voir tableau 3.9).

Tableau 3.9: Pourcentage du pouvoir décisionnel de la femme

Pouvoir décisionnel de la femme Pourcentage

Seulement le conjoint décide 6,5

Seulement la femme décide 54,5

Décision commune 39,0

Niveau mésocial

3.2.2.3.3 Variables au niveau communautaire

La seule variable indépendante du niveau mesocial qui a été prise en considération c’est l’appartenance à un groupe ethnique (classification selon la langue parlée). En effet, cette variable permet de classifier les couples en trois groupes différents : couple non autochtone (aucun des deux ne parle une langue autochtone), couple mixte (un des deux parle une langue autochtone) et couple autochtone (les deux parlent une langue autochtone).

Niveau macrosocial

3.2.2.3.4 Mesures des inégalités sexuées au niveau des municipalités

Au niveau contextuel, pour mettre en évidence les inégalités entre les sexes dans les municipalités mexicaines, nous avons recours à l’indice sexospécifique du développement humain (ISDH)17. En fait, l’ISDH comporte le même type de variables que l’Indice du Développement Humain18 (IDH), mais il ajoute les différences entre les sexes en matière d’éducation, de santé et de revenu (Nations Unies, 2004, en ligne). Les valeurs que peuvent prendre l’ISDH se situent sur une échelle qui va de 0 (exécrable) à 1 (excellent).

Voir tableau 3A (annexe III) pour une description plus détaillée des variables.

17 Les indices sexospécifiques de chaque dimension se calculent en divisant la proportion de la population féminine entre son indice sexué et en additionnant la proportion de la population masculine entre son indice sexué. Cette opération permet d’avoir un indice synthétique sensible à la différence entre les hommes et les femmes pour chacune des dimensions.

18 Au niveau municipal l’indice de santé est mesuré à partir de la probabilité de survie à la première année de vie ; l’indice d’éducation est mesuré à partir du taux d'alphabétisation des adultes et des taux combinés de scolarisation ou d'inscription au primaire, au secondaire et en enseignement supérieur et l’indice de revenu est mesuré à partir de revenu annuel moyen par habitant, ajusté en PPA. PNUD. Rapport du Développement humain 1990. En Ligne [http://hdr.undp.org/reports/global/1990/fr/hdr_fr_1990.pdf]

3.2.3 Analyses

3.2.3.1 Méthodes d’analyses statistiques : l’analyse multi-niveaux

Rappelons que le volet quantitatif de cette recherche cherche à répondre aux questions suivantes : a) Dans quelle mesure le niveau d’inégalité de genre mesuré par l’indice sexospécifique de développement humain explique-t-il la différence de violence domestique (dans ces diverses formes) entre les municipalités mexicaines? b) Comment les caractéristiques sociodémographiques des femmes, les caractéristiques de la relation de couple, la dynamique du pouvoir au sein du couple, l’appartenance ethnique, ainsi que les caractéristiques contextuelles du niveau d’inégalité de genre au sein des municipalités mexicaines influencent-elles le risque de violence? c) Dans quelle mesure la prévalence de la violence domestique varie-t-elle selon l’appartenance ethnique et le niveau du développement humain en tenant compte des inégalités sexuées des municipalités mexicaines?

Nous avons recours à une analyse de régression linéaire multiniveaux pour déterminer quels facteurs du niveau micro, méso et macro sont associés à la violence domestique. Cette analyse permet de chercher des liens entre les caractéristiques sociodémographiques des répondantes, les caractéristiques de la relation, les rapports de pouvoir au sein du couple, des caractéristiques contextuelles du niveau d’inégalité de genre au sein des municipalités mexicaines ainsi que de discerner quelles variables peuvent prédire la violence conjugale. En ce sens, l’analyse multiniveaux est un moyen approprié permettant de répondre à nos questions de recherche.

Qui plus est, l’analyse multiniveaux constitue un choix pertinent pour étudier l’influence du contexte sur les individus (Snijders, 2002), notamment pour vérifier si la prévalence de la violence domestique envers les femmes mexicaines pourrait être attribuable, en partie, aux caractéristiques des municipalités où elles habitent. Ces dernières se différencient quant à leur niveau du développement humain, en termes d’inégalités entre les sexes en matière d’éducation, de santé et de revenu. De ce fait, un modèle multiniveaux permet de traiter des données qui ont une structure hiérarchique, et il est donc possible d’examiner des liens entre des variables provenant de différentes unités situées à plusieurs niveaux (Dassa, 2007). Ce type d’analyse permet d’examiner les contributions relatives des prédicteurs à chaque niveau d’analyse (par exemple, au niveau individuel et au niveau des municipalités mexicaines). De cette façon, l’analyse multiniveaux, en décomposant la variance, permet de déterminer la part des résultats

attribuables à chacun des niveaux. De plus, l’analyse multiniveaux permet d’examiner les différences intra et inter-groupes à tous les niveaux simultanément sans le risque d’entraîner des erreurs d’inférence (Snijders, 2002).

Dans notre recherche, les femmes interviewées appartiennent au niveau 1 (n=84,196) et elles sont « nichées » dans les différentes municipalités mexicaines qui se situent au niveau 2 (n=1067) (voir figure 3.1). Les variables du premier niveau correspondent aux caractéristiques sociodémographiques des femmes, aux caractéristiques de la relation de couple, à l’appartenance ethnique et aux rapports de pouvoir au sein du ménage, tandis que celles du second niveau correspondent au niveau de développement des municipalités mexicaines en tenant compte des inégalités sexuées (l’ISDH). De cette façon, nous sommes à même d’examiner dans quelle mesure chacune des variables des deux niveaux expliquent le risque de la violence domestique (mesurée au niveau des individus).

Bref, les variables indépendantes susceptibles d’avoir une influence sur l’apparition d’un événement, c’est-à-dire la violence conjugale, renvoient aux facteurs sociodémographiques et quelques caractéristiques de la relation, mais aussi à une variable au niveau méso (l’ethnicité) et aux caractéristiques contextuelles du niveau d’inégalité de genre des diverses municipalités mexicaines (niveau macro). Ainsi, nous cherchons à déterminer jusqu’à quel point les femmes mexicaines subissent de la violence conjugale lorsqu’elles présentent certaines caractéristiques sociodémographiques, que leur relation de couple présente quelques caractéristiques particulières et qu’elles habitent dan une municipalité ayant un certain niveau d’inégalité de genre. La catégorie de référence est l’absence des actes de violence conjugale et nous cherchons à prédire la violence conjugale en tenant compte de l’effet de chacune des variables explicatives.

De la sorte, une analyse de régression linéaire multiniveaux à l’aide du logiciel HLM peut révéler s’il existe des effets de l’environnement sur les violences, particulièrement à l’égard du niveau de développement humain qui tient compte des inégalités sexuées dans les municipalités mexicaines. Ce sont en effet les municipalités, et non les États mexicains, qui sont utilisées pour le deuxième niveau d’analyse, compte tenu de leur nombre beaucoup plus élevé.

Figure 3.1: Modèle multiniveaux qui tient compte des effets des variables au niveau des municipalités mexicaines et au niveau des femmes

Municipalité mexicaine différenciée selon

I’ISDH

Femmes Femmes Femmes

Municipalité mexicaine différenciée selon

I’ISDH

Femmes Femmes Femmes Niveau 2

Même si les variables dépendantes à l’étude sont dichotomiques (aucune fois; une fois et plus), nous avons recours au modèle linéaire traditionnel, car c’est une méthode plus appropriée