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Facteurs individuels et de contexte affectant toutes les formes de violence

Chapitre 6 : Résultats des analyses multiniveaux

6.1 Les facteurs associés à la violence domestique envers les femmes

6.1.2 Facteurs individuels et de contexte affectant toutes les formes de violence

facteurs individuels, de couple, la dynamique du pouvoir au sein du couple, l’appartenance ethnique, ainsi que les caractéristiques contextuelles du niveau d’inégalité de genre au sein des municipalités mexicaines) pour les 6 types de violence identifiés.

Nous constatons sur le tableau 6G que l’âge de la femme a le même effet pour l’ensemble des violences. Ainsi, le fait que la femme soit jeune (moins de 25 ans) est associé positivement à l’incidence de la plupart des violences. En effet, ces femmes jeunes sont plus à risque de subir les différentes formes des violences de la part de leur partenaire intime que les femmes plus âgées (à exception de la violence physique sévère pour laquelle la variable de l’âge ne s’avère pas statistiquement significative). Par exemple, toutes choses étant égales par ailleurs, une femme de 55 ans et plus a près de 12% moins de probabilité de subir la violence émotionnelle sévère qu’une femme de moins de 25 ans. Dans le même sens, une femme âgée de 25 à 34 ans a 3,7% moins de probabilité de subir cette violence en comparaison aux plus jeunes (moins de 25 ans).

La différence d’âge entre les conjoints affecte également significativement les risques de violence domestique. Les femmes qui sont plus âgées que leur conjoint (5 ans et plus) sont plus susceptibles de subir de la violence émotionnelle sévère, économique et physique moins sévère que celles ayant le même âge que leur conjoint ou qui sont plus jeunes que lui. À titre d’exemple, toutes choses étant égales par ailleurs, les femmes ayant le même âge ou un an d’écart avec leur conjoint ont près de 1,5% moins de probabilité de subir la violence émotionnelle sévère que les femmes beaucoup plus âgées que leur conjoint de 5 ans et plus. Au même titre, une femme ayant au moins cinq ans de moins que son conjoint a 1,5% moins de probabilité de subir ce même type de violence en comparaison aux femmes étant plus âgées que leur conjoint.

Nous observons que les femmes en couple ayant une scolarité de niveau élémentaire ou moins sont plus susceptibles de subir la plupart des violences que les femmes ayant un niveau d’études supérieur. Par exemple, une femme ayant un diplôme d’études de baccalauréat ou plus a près de 3% moins de probabilité de subir la violence sexuelle si nous la comparons aux femmes ayant peu d’études (école élémentaire ou moins). Au même titre, si la femme détient un diplôme d’études postsecondaires ou technique, elle a 2% moins de probabilité de subir ce même type de violence lorsque nous la comparons aux femmes ayant peu d’études.

La différence du niveau de scolarité entre la femme et son conjoint, en revanche, ne ressort pas comme une variable statistiquement significative pour la plupart des violences à l’exception de la violence émotionnelle sévère et moins sévère. Un écart de plus de 5 ans des années de scolarisation en faveur de l’homme constitue un facteur de risque de la violence émotionnelle sévère (augmentation de 4%) lorsque nous comparons ces couples à ceux dans lesquels la femme est beaucoup plus scolarisée que son conjoint (5 ans et plus de niveau de scolarisation). Tandis que lorsque l’homme est seulement de 2 à 4 ans plus scolarisé que la femme, la femme a 3% moins de probabilité de subir la violence émotionnelle moins sévère lorsque nous la comparons aux couples dans lesquels la femme est beaucoup plus scolarisée que son conjoint.

Nous observons que les femmes vivant en union de fait sont plus à risque de subir toutes les formes des violences que les femmes mariées. Par exemple, les femmes mariées ont respectivement près de 0,5% et près de 3% moins de probabilité de subir la violence physique sévère et économique respectivement que les femmes vivant en union de fait.

Le fait que la femme travaille, peu importe le statut d’emploi de son conjoint, semble augmenter le risque de toutes les formes de violence, à l’exception de la violence physique sévère. En effet, lorsque les deux travaillent, une femme en couple a 3,7% et 1,2% plus de probabilité respectivement de subir la violence économique et physique moins sévère lorsqu’on la compare à des couples où aucun des deux ne travaille. Par contre, le fait que la femme travaille constitue un facteur associé au risque de violence physique sévère, mais uniquement lorsque son conjoint est au chômage. Ainsi, la femme a seulement 0,6% de probabilité de subir cette forme de violence lorsqu’on la compare à des couples où aucun des deux ne travaille.

La durée de la relation est associée également significativement au risque de violence. Les femmes vivant en couple depuis au moins 3 ans et plus ont davantage d’incidence de toutes les

formes de violence que celles qui habitent avec leur conjoint depuis moins longtemps (2 ans et moins). Une femme en couple depuis 16 ans et plus a 4% plus de probabilité de subir la violence sexuelle si on la compare aux femmes vivant en couple depuis peu de temps. Au même titre, une femme en couple depuis 11 à 15 ans a près de 7% plus de probabilité de subir la violence émotionnelle moins sévère si on la compare aux femmes vivant en couple depuis peu de temps.

Les rapports de pouvoir au sein du couple constituent aussi des facteurs associés significativement à l’incidence de toutes les formes des violences. En effet, une asymétrie de pouvoir au sein du couple tel que mesuré par le degré d’autonomie (peu d’autonomie de la femme pour réaliser des activités) et le pouvoir de décision (qu’il soit en faveur de l’homme ou de la femme) est associée à des forts risques de violence, et ce pour toute les formes de violence. Le fait que la femme en couple ait peu d’autonomie pour réaliser des activités constitue un autre facteur associée à la plupart des violences, si nous le comparons aux femmes ayant un degré d’autonomie moyen ou élevé, (sauf pour la violence émotionnelle moins sévère et pour la violence économique sur lesquelles l’autonomie féminine au sein du couple n’a pas d’effet statistiquement significatif). Si nous prenons le cas de la violence physique sévère, nous observons que les femmes en couple ayant un degré d’autonomie élevé ont près de 1% moins de probabilité de subir ce type de violence que si nous les comparons aux femmes ayant peu d’autonomie. En outre, une femme en couple ayant un degré d’autonomie moyen a près de 5% moins de probabilité de subir la violence physique moins sévère en comparaison aux femmes ayant peu d’autonomie.

En ce qui trait à la dynamique du pouvoir de décision, le fait que ce soit seulement l’homme ou seulement la femme qui prenne les décisions constitue un facteur aggravant pour la plupart des violences (sauf pour les violence physiques sévère et moins sévère pour laquelle le fait que ce soit uniquement la femme qui prenne les décisions ne s’avère pas statistiquement significatif). En effet, une asymétrie croissante du pouvoir de décision, qu’elle soit en faveur de l’homme ou de la femme, est associée à un risque accru de violence émotionnelle sévère, sexuelle, économique et émotionnelle moins sévère, comparé aux couples au sein desquels les deux partenaires prennent les décisions. À titre d’exemple, la femme dans les couples où c’est seulement elle qui prend les décisions a près de 3% plus de probabilité de subir la violence économique, si on la compare aux femmes au sein des couples plus symétriques.

Quant à la violence physique sévère et moins sévère, la femme est plus susceptible de vivre ces formes de violences lorsque c’est seulement l’homme qui prend les décisions que lorsque les deux partenaires prennent les décisions dans le couple. Dans ce cas, une femme au sein d’un couple dans lequel son partenaire est le seul à prendre les décisions augmente son risque de violence physique sévère et moins sévère de près de 1,6% et 13,5% respectivement que lorsque les décisions sont prises à deux au sein du couple.

Enfin, presque tous les indicateurs associés à l’historique de violence chez l’homme et la femme ressortent comme des facteurs significatifs et positivement corrélés aux violences domestiques. Seuls les antécédents de violence émotionnelle et physique de la part de la famille d’origine du conjoint dans son enfance ne s’avèrent pas statistiquement significatifs pour la violence physique sévère. Une femme ayant été victime de violence de la part de sa famille d’origine voit son risque de violence sexuelle augmenter par près de 2% si on la compare aux femmes qui n’ont pas été victimes de violence de la part de leur famille d’origine.

L’effet de l’ethnicité du couple et du contexte sur les violences sera analysé dans la section suivante.

6.2 Inégalités de genre dans les municipalités mexicaines et appartenance ethnique : Effets