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Chapitre 3 : Méthodologie : Aborder la violence conjugale à partir d’une perspective

3.2 Méthodologie quantitative

3.2.1 Données

3.2.1.1. L’Enquête nationale sur la dynamique des relations dans les ménages 2006 (ENDIREH 2006): historique

Depuis 1998, le Ministère de la Santé ainsi que l’Institut mexicain de sécurité sociale (IMSS) tentent de mesurer la violence domestique dans les enquêtes nationales qu’ils mènent auprès de la population. Des questions concernant la violence domestique ont été incorporées dans une partie des enquêtes sociodémographiques et sur la santé des femmes. Mentionnons particulièrement l’Enquête nationale sur la santé reproductive avec la population affiliée à l’IMSS menée en 1998 (ENSARE 1998), l’Enquête nationale de santé 2000 (ENSA) menée par le Ministère de la Santé, l’Enquête nationale de la jeunesse 2000 (ENAJUV) menée par l’Institut mexicain de la jeunesse et l’Enquête nationale sur la santé reproductive 2003 (ENSAR) réalisée par le Ministère de la Santé (Castro y Cacique, 2006). L’Enquête sur la violence intrafamiliale est la première enquête spécifique sur le sujet; elle a été menée par l’Institut national de statistique, de géographie et d’informatique du Mexique (INEGI) en 1999. Toutefois, les données de cette enquête ont uniquement été recueillies auprès de la population de la ville de Mexico, elles ne sont donc pas représentatives de l’ensemble de la population (Castro et Cacique, 2006). La première enquête nationale spécifique sur la violence conjugale a été menée en 2003 (Enquête nationale

sur la violence contre les femmes ENVIM 2003), par les trois institutions publiques de santé les plus importantes au pays8. Les données de cette enquête, qui a été reconduite en 2006, ont été recueillies uniquement auprès de femmes utilisant les services de santé publique (ENVIM 2006). De plus, deux autres enquêtes nationales sur le sujet ont été réalisées en 2007 et 2008 auprès des populations spécifiques. Il s’agit de l’Enquête nationale menée auprès des jeunes et portant sur la violence dans les relations de couple (ENVINOV 2007), ainsi que l’Enquête sur la Santé et les droits des femmes autochtones dans laquelle certaines questions abordent la problématique sur la violence domestique (ENSADEMI 2008).

C’est en 2003 que voit le jour l’Enquête nationale sur la dynamique des relations dans les ménages 2003 (ENDIREH 2003). Les données de cette enquête, contrairement à celles recueillies par l’ENVIM 2003 et l’ENVIM 2006, ne se limitent pas uniquement à la population qui utilise les services de santé, mais s’adresse plutôt à l’ensemble des femmes résidant dans des ménages choisis de façon aléatoire. Cette enquête (ENDIREH 2003) a été réalisée par l'Institut national de statistique et de géographie9 auprès d’un échantillon de 57 000 ménages répartis dans 11 des 32 États mexicains. L’ENDIREH 2003 a comme principal objectif de déterminer l'ampleur et les formes des violences subies par les femmes dans leur vie commune avec leur conjoint. En 2006, fort des résultats obtenus lors de l’enquête de 2003 et à la demande de la Commission spéciale mise sur pied pour mieux comprendre et pour assurer un suivi aux fémicides dans le pays (CEFEMIN), l’INEGI décide de mener une autre enquête afin d’explorer les violences commises contre les femmes au sein du foyer, mais aussi dans d’autres contextes sociaux (INEGI et l’Institut National des femmes, 2007, ENDIREH 2006). La différence la plus notable entre ces deux enquêtes réside dans le fait que les entrevues réalisées en 2006 ne se limitent pas qu’aux femmes mariées ou qui cohabitent avec leur conjoint, mais comprennent aussi les femmes célibataires, séparées, divorcées ainsi que les veuves.

Un des constats majeurs qui émerge de l’ensemble des enquêtes réalisées au Mexique sur la violence envers les femmes est qu’il ne semble pas y avoir une forte convergence des conclusions et qu’il existe même des différences entre les résultats trouvés. Cela peut être lié au

8 SSA, IMSS et ISSTE (Le ministère de la santé, l’institut mexicain de sécurité sociale, L’institut de sécurité sociale et des services sociaux des employés du secteur public)

9 L'Institut national de statistique et de géographie a mené cette enquête en collaboration étroite avec l’Institut national des femmes et le Fonds de développement des Nations Unies pour les femmes (UNIFEM) (INEGI et l’Institut national des femmes, 2004, ENDIREH 2003).

fait qu’il n’existe pas encore une vision conceptuelle et méthodologique unifiée étant donné la diversité des instruments conçus pour mesurer cette problématique. En effet, les institutions qui ont mené des enquêtes sur la violence faite aux femmes la mesurent de façon différente. Il n’est alors pas surprenant de constater des inconsistances quant à la prévalence de la violence ainsi que aux facteurs associés à cette problématique (Castro et Casique, 2008).

3.2.1.2 Echantillon

L’enquête nationale sur la dynamique des relations dans les ménages 2006, réalisée auprès d’un échantillon de 128000 ménages répartis sur tout le territoire national, a comme principal objectif de mesurer la fréquence et la nature des violences parmi les femmes âgées de 15 ans et plus dans plusieurs contextes : la famille, l’école, le travail et l’espace public. Les femmes ont donc été interrogées sur les incidents de violence potentiels au cours de leur vie, ou pour certaines questions, au cours des douze derniers mois précédant l’enquête.

Un nombre total de 133 398 femmes ayant 15 ans ou plus résidantes en milieu urbain et rural ont été interviewées, parmi lesquelles 55,6 pour cent cohabitent avec leur conjoint, 28,8 pour cent sont célibataires et 15,6 pour cent sont séparées ou veuves. Les entrevues ont été menées en personne, le taux de réponse est de 88,8 pour cent (Résultats descriptifs ENDIREH 2006; Ramirez, 2007).

Cette recherche porte uniquement sur l’échantillon des femmes cohabitant avec leur conjoint, soit 84 196 de femmes ayant 15 ans et plus et qui sont mariées ou en union de conjoint de fait et qui vivent avec leur partenaire au moment de l’entrevue.