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Les facteurs associés à la violence émotionnelle sévère

Chapitre 6 : Résultats des analyses multiniveaux

6.1 Les facteurs associés à la violence domestique envers les femmes

6.1.1 Les facteurs associés à la violence émotionnelle sévère

Le modèle 0 (annexe IV première colonne du tableau 6A) fournit l’information sur la répartition de la variance entre les différents niveaux. Nous voyons que le CCI est de 0,0155, soit (0,00183/(0,00183+0,11599), ce qui signifie que 1,55% de la variance dans la violence émotionnelle sévère se situe entre les municipalités et donc que la plus grande proportion (98,45%) se situe entre les femmes d’une même municipalité. Toutefois, bien que la variance entre les municipalités soit très faible, celle-ci est significative et donc différente de zéro, ce qui justifie le recours au modèle multiniveau qui permet de tenir compte des niveaux d’analyse. C’est également le cas pour toutes les autres formes de violence. En effet, pour toutes les violences la plus grande proportion de la variance à expliquer se situe au niveau des caractéristiques des femmes mais nous constatons aussi une petite proportion de la variance que se situe au niveau des municipalités (voir Annexe IV, tableaux 6B, 6C, 6D, 6E, 6F, première colonne)

Modèle 1 : Caractéristiques individuelles et du couple associées à la violence émotionnelle sévère

Comme nous l’observons dans l’annexe IV la deuxième colonne du tableau 6A, toutes les variables, sauf l’écart des années de scolarisation entre la femme et son conjoint, sont significativement associées à l’incidence de violence émotionnelle sévère.

Certaines caractéristiques sociodémographiques des femmes (âge, niveau d’instruction, ethnicité notamment), caractéristiques de la relation de couple, et rapports de pouvoir au sein du couple ainsi que l’historique de violence dans la famille d’origine semblent aggraver l’incidence de violence émotionnelle sévère. Plus particulièrement, les jeunes femmes (moins de 24 ans), celles ayant un niveau d’instruction moindre (études d’école élémentaire ou moins) et les non-

autochtones sont plus susceptibles de subir de la violence émotionnelle sévère que les femmes plus âgées, celles qui sont plus éduquées et les autochtones. De plus, les femmes vivant en union de fait et celles qui sont âgées de 5 ans et plus que leur conjoint sont plus à risque de subir de la violence émotionnelle sévère que les femmes mariées et celles ayant le même âge ou qui sont plus jeunes que leur conjoint.

Par ailleurs, le statut d’emploi de la femme, plus particulièrement, le fait qu’elle travaille semble être un facteur de risque de violence émotionnelle sévère, peu importe le statut d’emploi du conjoint. De plus, le risque de violence émotionnelle sévère augmente avec la durée de la relation de couple : les femmes vivant en couple depuis au moins 3 ans sont davantage susceptibles de vivre de la violence émotionnelle que celles vivant en couple depuis 2 ans et moins. Le fait que la femme ait peu d’autonomie pour réaliser des activités constitue un autre facteur de risque. Quant à la dynamique du pouvoir au sein du couple, une asymétrie croissante du pouvoir de décision, qu’elle soit en faveur de l’homme (le conjoint décide seul) ou de la femme (la femme décide seule), est associée à des risques importants que les femmes subissent de la violence émotionnelle sévère. Enfin, l’historique de violence dans la famille d’origine de l’homme et de la femme s’avère également être un facteur de risque de la violence émotionnelle sévère.

L’influence des caractéristiques des femmes et de leur couple sur les autres formes de violence est très similaire (voir Annexe IV tableaux 6B, 6C, 6D, 6E, 6F, deuxième colonne). Nous y reviendrons dans la discussion des modèles finaux présentés plus bas.

En comparant la variance expliquée de niveau 1 du modèle 1 avec le modèle 0, nous observons que nous expliquons presque 9% ((0,116-0,1056)/0,116=0,0896) de la variance au niveau des femmes après avoir introduit les variables indépendantes relatives à celles-ci.

L’ajout des variables prédictrices de niveau 1 explique également une partie de la variance entre les municipalités, soit presque 52 % ((0,00183-0,00088)/0,00183) de la variance à ce niveau Ceci signifie que les différences moyennes entre les municipalités mexicaines sont en partie attribuables à leur composition sociale et au profil socio-démographique des femmes y résidant.

Modèle 2 : L’influence de l’indice de développement au niveau des municipalités sur la violence émotionnelle sévère

Dans le modèle 2, on introduit l’indice sexospécifique du développement humain (ISHD) au niveau des municipalités mexicaines. En comparant la variance expliquée de niveau 2 du modèle 2 avec le modèle 0, nous observons que nous expliquons 3,27% de la variance à ce niveau ((0,00183-0,00177)/0,00183).

L’ISDH ressort comme une variable significative et positivement liée à l’incidence de la violence émotionnelle sévère, quoique son apport soit très faible (voir Annexe IV, tableau 6A troisième colonne). Cela signifie tout de même que plus l’ISDH d’une municipalité est élevé, plus il y a des femmes qui subissent de la violence émotionnelle sévère. Ce résultat, à priori surprenant, se retrouve pour les modèles expliquant la violence émotionnelle moins sévère ainsi que pour la violence économique (Annexe IV tableaux 6E et 6D)). Par contre, l’ISDH est significativement et négativement lié à l’incidence de la violence physique sévère. C’est à dire plus l’ISDH d’une municipalité est faible, plus il y a de femmes qui subissent de la violence physique sévère (Annexe IV, tableau 6B). En ce qui concerne la violence sexuelle et la violence physique moins sévère l’ISDH ne ressort pas comme variable significative (Annexe IV, tableau 6C et 6F).

Modèle 3, modèle final : L’influence des facteurs individuels et de contexte sur la violence émotionnelle sévère

En plus des variables significatives dans le modèle 1, la variable indiquant que «l’homme possède 5 années ou plus de scolarité que sa femme» devient significative lors de l’ajout de la variable ISDH (voir Annexe IV, tableau 6A dernière colonne). Cette variable est significativement et positivement liée à la violence émotionnelle sévère, ce qui signifie qu’il peut y avoir une plus grande prévalence de violence émotionnelle sévère lorsqu’il existe un écart important de scolarisation en faveur de l’homme.

Le coefficient de corrélation intraclasse du modèle complet est de 0,7336, alors qu’il était de 1,55 dans le modèle nul. Il y a donc une diminution de la proportion de la variance à expliquer au niveau des municipalités de 0,8164. Il reste donc encore proportionnellement moins de

variance entre les municipalités à expliquer. En outre, en comparant la variance expliquée de niveau 2 du modèle 3 avec celle du modèle 0, nous expliquons 57% de plus de la variance au niveau 2 ((0,00183-0,00078)/0,00183) et 9,05% de la variance entre les femmes ((0,116- 0,1055)/0,116).

6.1.2. Facteurs individuels et de contexte affectant toutes les formes de violence