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10 Prévention

10.1 Mesures barrières

La doctrine sanitaire du HCSP en matière de lutte contre la pandémie de Covid-19 en phase de déconfinement repose sur la déclinaison de mesures non pharmaceutiques dans l’attente de la disponibilité d’un vaccin efficace ou de traitements spécifiques [1]. Ces règles d’hygiène et de prévention de la transmission du SARS-CoV-2 sont évolutives et adaptatives au fur et à mesure que ce virus est mieux étudié et compris. Elles ont pour objectifs de protéger le système de santé (possibilité de prendre en charge les patients atteints de Covid-19 nécessitant une hospitalisation, notamment en réanimation), les professionnels et de limiter au maximum la transmission interindividuelle dans la population dans le cadre du déconfinement. Elles doivent être enseignées ou rappelées à la population et aux professionnels dans la durée.

Cette doctrine sanitaire repose sur l’application rigoureuse de trois mesures principales : a) La distanciation sociale ou physique

Complémentaire du confinement ou déconfinement : celle-ci doit permettre à tout individu d’être à une distance d’au moins 1 mètre de tout autre individu, sauf situation particulière où cette distance peut être supérieure (pratique du sport, etc.).

 La distance d’au moins 1 mètre promue en France depuis des années correspond à une distance de sécurité minimale, étroitement dépendante de caractéristiques biologiques, climatiques et comportementales. Cette distance a été régulièrement remise en cause pour d’autres pathologies à transmission respiratoire par le passé.

Dans le contexte de la pandémie Covid-19 et de la promotion des gestes et mesures barrières, cette distance d’au moins 1 mètre a été intégrée par la population et semble appliquée dans de nombreux lieux de regroupement.

 En règle générale et lorsque le site le permet, un espace libre de 4 m2 autour d’une personne est recommandé.

b) Les gestes barrières.

Il s’agit d’un ensemble de gestes et d’attitudes individuelles permettant de réduire le risque de transmission d’un virus à tropisme respiratoire entre deux personnes dans la population (ne pas se serrer la main, ne pas s’embrasser, tousser dans son coude ou dans un mouchoir jetable, etc.).

c) L’hygiène des mains (HDM)

Elle doit être scrupuleusement respectée soit par un lavage des mains à l’eau et au savon (dont l’accès doit être facilité accompagné par la mise à disposition de serviettes à usage unique), soit par une friction hydro-alcoolique (FHA) [2]. L’HDM fait référence au lavage fréquent des mains à l'eau et au savon ou à une FHA avec un produit contenant au moins 60 % d’alcool selon la norme NF EN 14 476 + A2 (2019). L’HDM est la mesure d’hygiène la plus efficace pour prévenir la transmission croisée des virus comme le SARS-CoV-2. Compte tenu des modes de transmission du SARS-CoV-2 (directe par gouttelettes ou indirecte par les mains), l’HDM doit être réalisée fréquemment dans tous les milieux communautaires (domicile, écoles, lieux de travail, etc.).

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d) Le port de masque grand public

Il complète ces 3 mesures principales. Un masque grand public est un masque ayant démontré une efficacité de filtration d’au moins 70 % pour des particules de 3 microns émises pour la personne portant le masque. Ces masques doivent répondre aux spécifications de l’AFNOR Spec S76-001 ou normes équivalentes [1]. Seul ce type de masque grand public fabriqué selon ces spécifications par des industriels ou à défaut par des particuliers est recommandé par le HCSP. Ces masques sont réutilisables et à usage multiple. Ils doivent répondre à des critères de performance de filtration, de

« respirabilité » (pendant une durée maximale de 4 h) et de forme. Ils sont disponibles en consultant le guide publié par l’AFNOR. Ces masques devraient être largement distribués dans la population en quantité suffisante sur la durée. En cas d’impossibilité d’accès à des masques répondant aux spécifications de l’AFNOR, il est possible d’utiliser des masques fabriqués de manière artisanale, dont on ignore les performances de filtration. Des règles précises doivent être appliquées pour une efficacité maximale :

 Les masques doivent être portés systématiquement par tous dès lors que les règles de distanciation physique ne peuvent être garanties. Le double port du masque (par les 2 personnes possiblement en contact) garantit en effet une protection efficace.

 Les masques doivent être entretenus selon les indications données par le fabricant concernant le lavage (nombre de lavages, température etc.).

 Les masques doivent être ajustés et couvrir la bouche et le nez.

 Les mains ne doivent pas toucher le masque quand il est porté.

 Le sens dans lequel il est porté doit être impérativement respecté : la bouche et le nez ne doivent jamais être en contact avec la face externe du masque. Une HDM est impérative après avoir retiré le masque.

 Le port du masque ne dispense pas du respect, dans la mesure du possible, de la distanciation sociale et dans tous les cas de l’HDM.

Cette doctrine sanitaire doit être appliquée au quotidien dans la vie des citoyens même en dehors de toute visibilité clinique d’infection et déclinée dans les différentes situations de la vie quotidienne.

10.1.2 Personnes à risque de forme grave

Les personnes à risque de forme grave de Covid-19 ont été définis dans l’avis du HCSP du 20 avril 2020 [3]. Ces personnes à risque doivent respecter et bénéficier des mesures de prévention suivantes.

a) Mesures de distanciation physique

Les personnes à risque de formes graves doivent éviter au maximum le contact avec des personnes susceptibles de les contaminer. A ce titre, les déplacements dans des zones de forte densité de population doivent être limités ou organisés pour respecter les mesures de distance physique. Une forme de confinement volontaire est donc souhaitable. En cas de sortie en dehors du domicile, le HCSP recommande de respecter une distance physique d’au moins 1 mètre entre deux personnes en milieux extérieur et intérieur (ex. pour faire des courses dans un magasin, etc.). La protection des personnes à risque de forme grave de Covid-19 par cette distance doit être renforcée par le port systématique d’un masque grand public. Dans le cadre des activités professionnelles, le télétravail à domicile sera préféré et si nécessaire le

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travail alterné entre milieu professionnel et au domicile en télétravail. Si la présence sur le lieu de travail est nécessaire, une personne à risque de forme grave de Covid- 19 doit bénéficier d’une organisation visant permettre de respecter la distance physique d’au moins 1 mètre, dans les lieux comme les bureaux, les salles de réunion, etc. Il est recommandé de limiter la participation à des regroupements ou lieux à risque de transmission du virus. La mise à disposition de lingettes désinfectantes (ou de lingettes et d’un produit en spray) pour la désinfection des surfaces de l’espace de travail (ex. bureau, accoudoirs de chaise, ordinateur et connectiques, etc.) est recommandée en arrivant et en quittant son poste de travail. Les visites de personnes malades doivent être évitées.

b) Port de masque

En population générale, des masques dits « grand public » (aussi dénommés masques alternatifs ou masques tissu) sont indiqués pour la population générale en milieu extérieur et intérieur. Ce port de masque est complémentaire du respect et l’application de la distance physique d’au moins un mètre et des gestes barrières. Les personnes à risque de forme grave de Covid-19 doivent également porter un masque grand public à domicile en présence de visiteurs et lorsqu’ils sont amenés à sortir de chez eux pour des raisons personnelles ou professionnelles.

Lors de consultations médicales en cabinet libéral ou en milieu hospitalier, les personnes à risque de forme grave doivent porter un masque chirurgical.

Les personnes à risque de forme grave de Covid-19 doivent suivre les règles de bon usage du port de masque et leur réutilisation (masque grand public) conformément à la notice du fournisseur. Les masques doivent être portés sans les toucher. Chaque manipulation doit être suivie d’une hygiène des mains.

c) Visites à domicile

Pour les personnes présentant un risque de forme grave de Covid-19, le HCSP recommande l’application des mesures suivantes concernant les visites au domicile [3] :

- limiter les visites à celles strictement essentielles ; - n’autoriser qu’un seul visiteur par visite ;

- éviter les visites de personnes symptomatiques ou d’enfants ;

- appliquer scrupuleusement les gestes barrières et la distanciation physique : Respecter la distance d’au moins un mètre ;

- ne pas se serrer la main ou s’embrasser ; - ne pas toucher d’objet ou surfaces ;

- la personne à risque portera un masque chirurgical ou grand public ;

- le visiteur doit réaliser une hygiène des mains par lavage à l’eau et au savon ou par FHA en arrivant au domicile et porter un masque grand public (double barrière) ;

- la pièce dans laquelle la personne reçoit un visiteur comportera une fenêtre et sera ventilée par ouverture de la fenêtre pendant 10 à 15 minutes après la visite en s’assurant de fermer la porte.

d) En milieu de soins

Les mesures barrières et de distanciation physique doivent scrupuleusement respectées. Le patient doit réaliser une hygiène des mains et porter un masque chirurgical dès le début de sa prise en charge quel que soit le lieu de soin, au cabinet

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libéral, en hospitalisation et en structure médico-sociale. En milieu de soins ou en établissement médico-social, la double protection assurée par le port d’un masque chirurgical pour la personne et le soignant est idéale lorsqu’elle est réalisable. Il est essentiel de privilégier les alternatives aux consultations en présentiel (télémédecine, téléconsultations, renouvellement d’ordonnance par le pharmacien, ...). Il est également important de mettre en place un circuit dédié lorsqu’un patient à risque de forme grave est amené à se déplacer en structures de soins.

10.1.3 Professionnels de sante

a) En milieu hospitalier ou médico-social

La lutte contre l’infection constitue une partie essentielle et intégrante de la prise en charge clinique des patients et doit être démarrée dès l’admission du patient à l’hôpital (généralement le service des urgences). Il convient de toujours appliquer les précautions standard de manière systématique dans tous les services des établissements de santé. Les précautions standard sont les suivantes : l’hygiène des mains, l’utilisation des équipements de protection individuelle (EPI) pour éviter le contact direct avec le sang, les liquides biologiques, les secrétions (y compris les sécrétions respiratoires) et la peau lésée des patients. Les précautions standard comprennent également la prévention des piqures d’aiguille accidentelles ou les blessures par objets tranchants, la gestion des déchets, le nettoyage et la désinfection du matériel et la détergence/désinfection de l’environnement [2].

En complément des précautions standard, les précautions gouttelettes visent à prévenir la transmission des virus respiratoires. Les professionnels de santé doivent porter un masque chirurgical dès lors qu’ils se trouvent moins de 2 mètres d’un patient. Pendant cette période épidémique, les précautions gouttelette sont à appliquer pour tout patient. Les patients doivent être hospitalisés dans des chambres individuelles, ou être regroupés selon leur diagnostic étiologique. Si le diagnostic étiologique ne peut être établi, il est recommandé de regrouper les patients qui ont un diagnostic clinique semblable, en fonction de leurs facteurs de risque épidémiologiques, avec une séparation spatiale. Lorsque les soins sont prodigués en contact étroit avec un patient présentant des symptômes respiratoires (tels que toux ou éternuements), les professionnels de santé doivent porter une protection oculaire (masque ou lunettes de protection) pour se protéger de la projection éventuelle de secrétions [2, 4, 5].

Pour les patients avec Covid-19 suspecté ou avéré, et associées aux précautions gouttelettes, les précautions contact visent à prévenir la transmission directe ou indirecte par contact avec des surfaces ou du matériel contaminés (par exemple contact avec des interfaces/tubulures à oxygène contaminées). Dans ce cadre, l’hygiène des mains par lavage à l’eau et au savon ou par friction hydro-alcoolique est une mesure primordiale à chaque contact avec le patient ou son environnement. Le port de gants non stériles à usage unique se limite aux contacts avec les liquides biologiques et les muqueuses. Il n’est pas systématique en entrant dans la chambre.

Le port d’un tablier est recommandé pour tous soins mouillants pour protéger la tenue professionnelle. Une surblouse à usage unique est également recommandée pour prendre en charge un patient avec Covid-19 suspecté ou confirmé [2, 4, 5].

Lors de la réalisation de gestes invasifs ou de manœuvres au niveau de la sphère respiratoire ou ORL à risque de générer un aérosol (ex. intubation/extubation, aspiration endo-trachéale, fibroscopie bronchique, aérosolthérapie, kinésithérapie respiratoire, etc.), les professionnels de santé porteront un masque de protection respiratoire filtrant de type FFP2. Dans ces conditions, le port d’un masque FFP2 sera complété par le port de gants à usage unique, d’une surblouse à manches longues, d’une protection oculaire. Dans la mesure du possible, ces gestes doivent être

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pratiqués dans des chambres individuelles convenablement ventilées, à savoir des chambres à pression négative avec au moins 6 à 12 renouvellements d’air par heure, ou au moins 60 litres/seconde/patient dans les installations à ventilation naturelle (OMS, ECDC, SF2H/SPILF). Dans les unités accueillant simultanément plusieurs patients atteints de forme grave de Covid-19, le port en permanence d’un masque FFP2 est encouragé pour limiter les changements itératifs de masques dans le cas d’une stratégie de prolongation du port du masque (sous conditions de tolérance et des indications du bon port de masque pour garantir son efficacité [6].

b) En ambulatoire

Les patients présentant une forme simple ou modérée de Covid-19 sont pris en charge en ville. Cette prise en charge ambulatoire est organisée par les professionnels de santé habituels des patients. Les patients indemnes de Covid-19 doivent pouvoir continuer d’être pris en charge, notamment les patients atteints de maladies chroniques. Le respect du principe de limitation de regroupement de patients avec Covid-19 et sans Covid-19 nécessite une organisation adaptée pour tout espace de consultations. Cette organisation doit être mise en œuvre par les médec ins généralistes et spécialistes comme par les professions paramédicales exerçant en ville. Un aménagement des plages de consultation pourra être nécessaire afin de limiter au maximum le temps d’attente des patients.