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MESURER DIRECTEMENT LA RECOLLECTION ET LA FAMILIARITE : TACHES D ’ ESTIMATION DES PROCESSUS

Les paradigmes d’estimation des processus de mémoire de reconnaissance RKG, ROC et PDP demeurent les plus reconnus dans la littérature (Carlesimo et al., 2014). Cela parce qu’ils mesurent directement la participation de la recollection et de la familiarité et aussi parce qu’ils se réfèrent tous à un même modèle (DPSD) ce qui garantit leur convergence (Yonelinas, 1998).

V.1.1

R

EMEMBER

K

NOW PROCEDURE

(T

ULVING ET AL

.,1985)

Cf. Figure 62C pour le design de la tâche. Selon le paradigme RK, l’estimation de la recollection est égale à la soustraction des fausses alarmes aux hits, divisée par la probabilité que la réponse soit un Remember correct (R), soit :

105 L’estimation de la familiarité résulte de la probabilité d’acceptation d’un item cible (correct) et d’un distracteur (incorrect) sur la base de la familiarité. La probabilité d’accepter un item cible sur la base de la familiarité (Fold) est par définition égale à la probabilité d’accepter un

distracteur sur la base de la familiarité (Fnew). Ainsi on distingue Fold et Fnew, calculés comme

suit :

Fold = Kold / (1 - Rold) et Fnew = Knew / (1 - Rnew)

Ce qui correspond au calcul d’un d’ (différence entre la distribution des items old et des items new) (Yonelinas, 1998).

Les limites du paradigme Remember-Know résident dans l’éventuelle ambiguïté de l’interprétation des réponses, notamment des réponses Know, considérées par certains auteurs comme les réponses « par défaut » (Adam, 2003). En effet il est difficile dans ce paradigme de contrôler les stratégies mises en place par le sujet. C’est pour cette raison qu’une nouvelle catégorie de réponse a été ajoutée : les réponses Guess qui prennent ce rôle de catégorie « par défaut », rendant ainsi aux réponses Know leur spécificité. Yonelinas justifie la fonction de correction associée réponses Guess par le fait que celles-ci de dépendraient pas de la mémoire et comprendraient les acceptations de nouveaux items que ceux-ci soient acceptés sur la base de la recollection ou de la familiarité (soit une condition inclusion) ou alors sur la base de la familiarité seule (soit une condition exclusion) (Yonelinas, 1995, Gardiner et al., 2000). Cependant, Yonelinas considère que la correction pour les réponses Guess n’est pas toujours nécessaire (notamment si les proportions de réponses dans les catégories ne diffèrent pas à travers les conditions) (Yonelinas et al., 1995). Une autre critique concerne la confusion possible par les sujets entre réponses Remember et Know et degrés de confiance dans la réponse (Adam, 2003).

V.1.2

R

ECEIVER

O

PERATING

C

HARACTERISTICS

(Y

ONELINAS ET AL

.,1994)

Cf. Figure 62A pour le design de la tâche. L’idée de multiplier les degrés de confiance est en réalité de multiplier le biais de réponse dans une perspective threshold theory (cf. Figure 9). La courbe ROC résultante est une fonction cumulative des degrés de confiance dans la réponse (le 1er point de la courbe est égal au degré de confiance 6, le 2ème point de la courbe

106 est égal aux degrés de confiance 6+5, etc.). La courbe est tracée sur un axe des acceptations correctes (y) en fonction des fausses alarmes (x). L’intercept sur l’axe des y correspond à la mesure de la recollection (= proportion des items anciens bien reconnus) tandis que le degré de curvilinéarité correspond à la mesure de la familiarité (= d’ ou différence de force de familiarité entre anciens et nouveaux items).

Selon le modèle DPSD, la performance de reconnaissance pour chaque point sur la courbe est calculée par les mêmes équations que celles de la condition inclusion dans la PDP (voir plus bas), soit :

P (« oui »│old)i = R + (1 - R) Φ (d’ / 2 - ci) et P (« oui »│new)i = Φ (d’ / 2 - ci)

En admettant que R et d’ sont constants et que ci (le biais) varie, on dérive du set d’équations les estimations de R et d’ (Yonelinas, 1998).

L’interprétation de la courbe, dans le cadre du modèle DPSD, pose donc qu’une courbe asymétrique correspond à la contribution de la recollection tandis qu’une courbe symétrique correspond à la contribution de la familiarité. On s’attend donc chez des patients amnésiques à retrouver un pattern de courbe plutôt symétrique (cf. Figure 60a).

Figure 60. Données de Yonelinas, 2002 montrant le pattern d’estimation de la recollection et de la familiarité chez des patients amnésiques avec une lésion hippocampique (rouge) versus chez des sujets contrôles (bleu) sur (a) des courbes ROC et (b) des histogrammes (Eichenbaum et al., 2007).

Une limite de l’utilisation des ROC dans l’évaluation des processus est leur non spécificité à la vision dual-process dans la mesure où les théoriciens des modèles one-process interprètent une courbe asymétrique (cf. Figure 61) comme correspondant à une forte trace

107 mnésique et une courbe symétrique à une faible trace mnésique, montrant ainsi que la seule variable force est le reflet de la performance mnésique (Squire, 2007).

Figure 61. Squire décrit la baisse de la trace mnésique avec le temps (Squire et al., 2007). A 1 heure la trace mnésique est forte, associée à une courbe asymétrique et incurvée. Au fur et à mesure que le délai augmente, on observe une courbe qui devient de plus en plus symétrique, traduisant une trace mnésique qui faiblit selon Squire qui prône la présence d’une seule variable ici, la variable force.

V.1.3

P

ROCESS

D

ISSOCIATION

P

ROCEDURE

(J

ACOBY ET AL

.,1991)

Cf. Figure 62B pour le design de la tâche. Dans la condition inclusion la probabilité qu’un item soit correctement accepté est égale à la probabilité que cet item soit accepté par recollection plus à la probabilité que cet item soit accepté non pas par recollection mais sur la base d’un sentiment de familiarité, soit [P(« oui »|Inclusion) = R + (1 – R)F]. A l’inverse, la probabilité qu’un item soit incorrectement accepté dans la condition exclusion est égale à la probabilité que cet item soit accepté sur la base de la familiarité, soit [P(« oui »|Exclusion) = (1 – R)F]. Afin de déterminer l’implication de l’un ou l’autre des processus indépendamment, il suffit de contraster les 2 conditions. La contribution de la recollection seule correspond à la probabilité de répondre ‘oui’ à un item de la condition inclusion moins la probabilité de répondre ‘oui’ à un item de la condition exclusion. Ainsi, la recollection = P(« oui »|Inclusion) – P(« oui »|Exclusion). La participation de la familiarité seule à la réponse correspond à la probabilité de répondre ‘oui’ à un item de la condition exclusion, soit : P(« oui »|Exclusion)/(1 – R).

108 Ce paradigme comprend selon certains auteurs des limites, notamment concernant des relations entre les conditions inclusion et exclusion malgré la dissociation postulée entre processus contrôlés et automatiques (Adam, 2003). Des relations de redondance (les processus contrôlés correspondraient à un sous-ensemble des processus automatiques) et d’exclusivité (réponse basée sur l’un ou l’autre des processus, sans interaction entre les 2) sont en effet rapportées. Mais globalement, la question a été résolue par l’acceptation de l’indépendance comme le modèle le plus général, l’exclusivité et la redondance étant considérées comme des exceptions. Une autre critique concerne le risque d’unitization de l’item à l’encodage (biais connu dans les paradigmes de mémoire de la source), abolissant ainsi la distinction cible-contexte ou la relation d’association (Bastin et al., 2012).

Figure 62. Design des procédures ROC (A), PDP (B) et RKG (C).

V.2 V

ISUALISER LE THALAMUS EN HAUTE RESOLUTION

:

NEURO

-