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I.3 P ARADIGMES MESURANT LA CONTRIBUTION DE LA RECOLLECTION ET DE LA FAMILIARITE

I.3.1 P ARADIGMES D ’ ESTIMATION DE LA RECOLLECTION ET DE LA FAMILIARITE

R

EMEMBER KNOW PROCEDURE

(T

ULVING

,1985)

Le paradigme RK est développé par Gardiner (Gardiner, 1988) sur la base du concept des états de conscience associés aux différents systèmes de mémoire de la vision modulaire de Tulving (1985). Ce paradigme a pour but d’isoler, dans le cadre d’une tâche de reconnaissance, les réponses « oui » aux items dont le contexte d’encodage a été effectivement récupéré. Lors de l’étape de reconnaissance proprement dite, si le sujet répond « oui, j’ai déjà étudié cet item », on l’interroge sur ce qui a permis sa réponse. C’est donc le recueil du rapport subjectif que le sujet fait de son expérience qui déterminera si cette réponse repose i\ sur la récupération consciente de détails liés à l’encodage de cet item (réponse Remember), ou si la réponse est basée ii\ sur un sentiment de familiarité (réponse Know). Le sujet doit répondre Remember s’il se souvient consciemment avoir vu l’item avant alors qu’il doit répondre Know si l’item est familier sans qu’il puisse pour autant récupérer le souvenir associé à l’apprentissage de cet item. Selon Knowlton et Squire (1995), dans les amnésies, les résultats à cette tâche montrent en général une diminution de la participation de la recollection (-63% de réponses Remember par rapport aux contrôles) et dans une moindre mesure de la familiarité (-23% de réponses Know par rapport aux contrôles).

R

ECEIVER

O

PERATING

C

HARACTERISTICS

(Y

ONELINAS ET AL

.,1994)

La procédure ROC a été appliquée à la mémoire de reconnaissance dans le cadre du modèle DPSD par Yonelinas à partir notamment des travaux d’Egan (Egan, 1958, Yonelinas, 1994).

32 Celui-ci expose initialement l’intérêt des operating characteristics dans l’étude de la mémoire de reconnaissance car ils permettent de représenter le comportement de réponse du sujet en fonction de différents critères. Green et Swets propose d’utiliser des courbes ROC pour estimer le pouvoir discriminant d’un sujet lors d’une tâche de détection en traçant le taux d’acceptations correctes en fonction des faux positifs (Nevin, 1969). La courbe est une fonction de probabilité cumulative, qui passe nécessairement par les points (0,0) et (1,1). La diagonale qui relie ces points correspond au niveau non discriminant de la chance. La courbe est décrite par sa pente et par l’aire sous la courbe. En effet, l’aire sous la courbe caractérise originellement la qualité d’un système de prédiction des réponses à correctement anticiper l’occurrence ou la non-occurrence des événements étudiés (Mason & Graham, 2002). Les systèmes de prédictions probabilistes, comme c’est le cas pour les ROC appliqués à la mémoire de reconnaissance, expriment à partir d’un set de données la probabilité qu’un item soit accepté, à travers différents seuils. Ainsi la courbe correspond à la distribution cumulée de la probabilité de réponse aux cibles en fonction de la distribution cumulée de la probabilité de réponse aux distracteurs.

Dans le cadre des attentes probabilistiques formulées par le modèle DPSD, la courbe est construite selon la proportion des acceptations de cibles en fonction de la proportion de fausses alarmes (acceptations de distracteurs) allant des réponses « oui » associées au plus haut degré de confiance aux réponses « non » associées au plus haut degré de confiance (Yonelinas & Parks, 2007).

Concrètement, la tâche interroge le degré de confiance du sujet en sa propre réponse oui/non pour chaque item. Le postulat est qu’un haut degré de confiance est lié à la recollection alors qu’un faible degré de confiance est lié à la familiarité (Yonelinas et al., 1994, Gardiner et al., 2001). Lors de la phase de reconnaissance, pour chaque item présenté, quelle que soit la réponse du sujet on lui demande d’estimer la certitude qu’il a de sa réponse en pointant un degré sur une échelle de Lickert. Pour une échelle en 6 points, 3 degrés sont proposés : entièrement sûr (degré 6 pour les « oui », degré 1 pour les « non »), presque sûr (degré 5 pour les « oui », degré 2 pour les « non »), et à peine sûr (degré 4 pour les « oui », degré 3 pour les « non »). Lors de la tâche, la sélection par le sujet des degrés les

33 plus sûrs (6 et 1) révèle une mobilisation de la recollection a minima pour le niveau de certitude 6 (et pour le niveau de certitude 1 si on considère une stratégie « recall-to-reject » bien que davantage utilisée dans les tâches de mémoire associative) alors que la désignation des degrés les moins sûrs (4 et 3) indique une participation de la familiarité.

L’estimation des indices de recollection et de familiarité est directement dérivée de la courbe. Selon Yonelinas, la recollection et la familiarité font varier la courbe et l’aire sous la courbe d’une courbe ROC : la recollection fait varier l’intercept sur l’axe des y (correspondant à l’axe des acceptations correctes, ou Hits) et la familiarité fait varier l’aire sous la courbe.

P

ROCESS

D

ISSOCIATION

P

ROCEDURE

(J

ACOBY ET AL

.,1991)

La PDP est développée par Jacoby (1991) et a pour objet de distinguer la part des processus automatiques (pas de recherche consciente d’une information en mémoire) et contrôlés (recherche contrôlée et consciente d’une information et/ou de son contexte en mémoire) au sein d’une tâche de reconnaissance oui/non.

À l’encodage les items sont présentés avec un élément de contexte (objet sur un fond coloré, mots présentés par paires). Après une phase distractive, le sujet devra décider si oui ou non il reconnaît des items parmi ceux de la liste de reconnaissance.

Dans cette liste sont mêlés des items anciens avec leur contexte congruent (cibles : association objet/fond ou paire de mots identique à celle présentée à l’encodage), des items anciens avec un contexte non congruent (distracteurs : association objet/fond incongruente, paires recombinées), des items nouveaux avec un contexte nouveau (distracteurs : items et contexte jamais vus), cela afin de constituer 2 conditions : dans la condition inclusion la familiarité comme la recollection peut contribuer à la réponse, alors que dans la condition exclusion seule la familiarité intervient (Cf. Figure 11). L’évaluation des processus dans la PDP est indépendante du rapport subjectif du sujet puisque celle-ci est objectivement représentée par le calcul de la probabilité que la réponse corresponde à l’une ou l’autre des conditions.

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Figure 11. Isolation des conditions d’inclusion et d’exclusion dans la PDP. http://www.uark.edu/misc/lampinen/tutorials/jacoby.htm

Ces trois paradigmes, en mesurant une des caractéristiques de dissociation des processus (la récupération du contexte par l’introspection pour le RKG, la mesure des processus automatiques et contrôlés pour la PDP, le degré de certitude dans la réponse pour la ROC) permettent d’inférer la contribution de la recollection et de la familiarité à la performance mnésique.

La complémentarité et la convergence des résultats des procédures RK, ROC et PDP ont été suggérées par Yonelinas (1998). Selon lui, les conclusions contradictoires des études pour un même paradigme proviennent de l’absence de référence à un modèle unique, et de l’absence de prise en compte du biais que constituent les FA dans ces modèles de référence.

I.3.2

P

ARADIGMES DE DISSOCIATION DE LA RECOLLECTION ET DE LA