• Aucun résultat trouvé

Mesure du bien-être

Dans le document UNIVERSITÉ DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE (Page 158-164)

1. Revue de la littérature

2.2 Mesure du bien-être

L’indicateur traditionnel pour mesurer le niveau de vie d’un pays est le PIB par

habitant.

Cet indicateur montre la création annuelle de richesse des résidents d’un pays et donc en partie le niveau de développement et de bien-être d’un pays car il est

159 logique de penser que plus les habitants d’un pays créent de valeur ajoutée, et plus leur qualité de vie et leur bien-être sont élevés.

Cependant, cet indicateur est très réducteur, car il ne prend pas en compte beaucoup de paramètres qui influent sur le bien-être des agents économiques: santé, niveau d’éducation, liberté, etc.

2.2.1 L’indice de développement humain

C’est dans cette optique qu’a été créé en 1990 l’IDH par le PNUD (programme des nations unies pour le développement).

L’IDH prend en compte le PIB par habitant (i.e. la richesse) mais aussi le niveau d’éducation et la santé des individus.

L’IDH est donc plus précis que le PIB par habitant pour rendre compte du bien-être

dans un pays.

Cependant, l’IDH ne prend pas en compte les inégalités de revenus (même si on

une version récente de l’IDH, appelée IDH ajusté des inégalités existe).

Or ceci est problématique car même si un pays a un fort IDH, cela ne veut pas dire que le bien-être général y est élevé (même si des indicateurs comme l’espérance de vie ou le niveau d’éducation dépendent du niveau des dépenses sociales).

Ainsi, comparer les pays avec leur IDH donne certes un aperçu de leur niveau de développement, mais pas forcément de leur niveau de bien-être.

En effet, 4 des 15 premiers pays en terme d’IDH sont des pays relativement inégalitaires (i.e. avec un indice de GINI égal ou supérieur à 0,4: USA, Singapour, Hong-Kong voire même le Royaume-Uni ou la Nouvelle-Zélande (0,36)33

33 Voir dans « HUMAN DEVELOPMENT REPORT 2015 Work for Human Development” du PNUD.

160

Par ailleurs, il apparaît intéressant d’avoir un indicateur qui prenne en compte non

seulement la richesse mais aussi le niveau d’inégalités d’un pays.

2.2.2 L’indicateur de Sen : (PIB/hab)*(1-Coefficient de Gini)

L’utilisation de cet indice pour refléter le bien-être part de ce principe : à PIB par

habitant égal, une répartition plus égalitaire augmente le bien-être psychologique :

moins de jalousie, moins de ‘relative deprivation’ (notion de « frustration relative »)

ressentie par les pauvres, moins d’insécurité et d’instabilité politique affectant les

plus riches, et dans l’hypothèse altruiste (lorsque mon utilité est affectée par celle de

mon voisin) moins de désutilité chez les plus aisés provoquée par le spectacle de la pauvreté.

De plus, si le bien-être global (social welfare) dépend des utilités individuelles (comparables) avec un poids identique pour chaque individu et qu’on admet une utilité marginale décroissante du revenu individuel34 la redistribution d’une unité monétaire du plus riche vers le plus pauvre augmente toujours le bien être global, puisque l’augmentation d’utilité du plus pauvre est toujours supérieure à la perte d’utilité du plus riche.

Ce lien entre inégalités et bien-être a été traité par de nombreux travaux (Blackorby and Donaldson (1978), Sen (1974) ou encore Kakwani (1980).

Dagum (1990) montre également une correspondance entre les différentes mesures

d’inégalités et les différentes spécifications de la fonction de bien-être social : « This

approach stresses the fact that to each social welfare function corresponds an income inequality measure and conversely » (P Dagum 1990 : 92).

34 voir notamment Gossen (1854), William Jevons(1871), Carl Menger (1871) et Léon Walras(1874))

161 Le lien entre inégalités et bonheur a également été mis en évidence dans de

nombreux travaux plus récents, Verme (2011), Ferrer et All (2013), Nguyen et All (2013), Clark et All (2015) notamment.

Verme trouve que l’inégalité des revenus a un effet significatif sur le bonheur (life

satisfaction). Il explique que : « We find that income inequality has a negative and significant effect on life satisfaction ».

Ferrer évoque 3 raisons principales pour expliquer le lien entre inégalités et bonheur :

-l’intérêt personnel: en cas d’inégalités, les individus ont peur de se retrouver dans une situation précaire si un gros problème surgit dans leur vie. Piketty (1995) ou Giuliano and Spilimbergo (2009) montrent par exemple que les inégalités peuvent rendre les agents économiques plus pessimistes.

-le regard des autres : Bergstrom and Lachmann (1998); Fehr and Schmidt (1999) ou encore Dawes et al. (2007) montrent que les individus sont plus heureux dans un environnement d’équité.

-la richesse relative c’est-à-dire le fait de comparer son revenu par rapport à celui des autres : Ferrer et al (2005) ou encore Hopkins (2008) montrent en effet que

lorsqu’il y a des inégalités notables, les individus vont regarder vers le haut (ils vont

se référer à ceux qui sont plus riches qu’eux), ce qui les rend malheureux.

Or, il n’y a pas de relation entre PIB par habitant et inégalités (mesuré par l’index de

Gini) : voir le graphique ci-dessous. Donc l’indice de Sen combine bien deux critères indépendants : le PIB par habitant (bien-être matériel) et le coefficient de Gini

162 Graphique 5.4 : Absence de relation entre le PIB par habitant et l’indice de

Gini :

NB : l’indice de Gini est affiché ici en pourcentage, et non entre 0 et 1.

2.2.3 L’indicateur de Sen et le bonheur

Y-a-t-il une relation entre l’indicateur de Sen et le bonheur subjectivement ressenti par les individus ? L’indicateur de bonheur par pays qui est proposé est une

moyenne arithmétique des réponses à la question du World Value Survey

concernant la satisfaction dans la vie (Satisfaction with life)35 sur une échelle de 1 à

35 La question exacte posée dans le WVS est la suivante : “All things considered, how satisfied are you with your life as a whole these days? Please use this card to help with your answer.”:

163 510) WVS et du: pourcentage de réponses : ‘very happy’ ou ‘rather happy’ à

l’enquête WVS).

On remarque que les ex-pays communistes d’Europe de l’est sont en majorité en dessous de la moyenne pour le bonheur, pour le même niveau de l’indicateur de bien-être de Sen (Estonie-EST, Roumanie-ROM, Belarus-BLR, Ukraine-UKR, Arménie-ARM, Géorgie-GEO). Quoique relativement égalitaires, leur score de bonheur est en-dessous de la moyenne.

Graphique 5.5 : Lien entre l’indicateur de bonheur national et l’indicateur de

Sen :

164

2.3 Résultats : le classement des pays selon l’efficacité des dépenses publiques

Dans le document UNIVERSITÉ DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE (Page 158-164)