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4.4 Reproductibilité de la modélisation tridimension nelle personnalisée : cas des scolioses sévères et

4.4.2 Matériel et Méthodes

Patients

Les examens stéréo-radiographiques EOS™7préopératoires et postopératoires immé- diats de 24 patients (20 filles et 4 garçons) opérés d’une scoliose idiopathique thoracique (Lenke 1 ou 2) ont été rétrospectivement inclus dans cette étude. L’âge au jour de l’opération allait de 13 à 18 ans (moyenne 15 ans).

Le premier groupe est constitué de 12 patients d’un service d’orthopédie rachidienne (Site 1), où la technique chirurgicale est basée sur l’utilisation de vis pédiculaires. Les clichés postopératoires montrent une moyenne (±2 écarts-types) de 10 (± 2,4) niveaux instrumentés, avec en moyenne 1,9 implants (vis) par vertèbre.

Un second groupe de 12 Patients provient d’un service d’orthopédie pédiatrique (Site 2), où la technique chirurgicale est basée sur l’utilisation de vis pédiculaires, de crochets et de l’Universal Clamp®8. Les clichés postopératoires montrent une moyenne (±2

7. EOS imaging, Paris, France.

4.4 - REPRODUCTIBILITÉ DES MODÈLES 3D DE RACHIS écarts-types) de 12 (± 3) niveaux instrumentés. avec en moyenne 1,2 implants (vis, crochet, ou Universal Clamp®) par vertèbre.

Les patients présentaient un angle de Cobb frontal préopératoire de 61˚en moyenne. Dans chaque site ont été inclus, pour un tiers des patients aux courbures modérées (in- férieures à 55˚), pour un tiers des patients aux courbures intermédiaires (comprises entre 50˚et 70˚), et pour un tiers des patients aux courbures sévères (supérieures à 65˚). La distribution de l’amplitude des courbures principales préopératoires est dé- taillée Table 4.4.

Table 4.4 – Distribution des patients : analyse croisée des courbures principales préopératoires et des sites de prise en charge.

Courbures principales

modérées intermédiaires sévères

Site 1 43˚ 45˚ 49˚ 52˚ 53˚ 55˚ 58˚ 63˚ 68˚ 69˚ 70˚ 78˚ n = 12 Site 2 48˚ 48˚ 53˚ 53˚ 59˚ 60˚ 67˚ 67˚ 67˚ 68˚ 82˚ 83˚ n = 12

n = 8 n = 8 n = 8 n = 24

Procédure d’acquisition

Les radiographies EOS™ basse dose préopératoires et postopératoire ont été prise en suivant les procédures opératoires standardisées (SOP) propres au service de radiologie de l’hôpital concerné.

En particulier, les patients étaient positionnés en position debout, dans une position proche de celle recommandée par la Scoliosis Research Society (SRS) [Faro et coll., 2004]. Sur l’un des sites, la consigne était que les mains reposent sur les clavicules et dans l’autre que les bras soit fléchis à 45˚par rapport au tronc (voir Figure 4.18).

Sur le site 1, l’étendue des images est choisie des conduits auditifs à la diaphyse tibiale. Sur le site 2, la limite supérieure d’acquisition est située au dessus du corps de C7 tandis que la limite inférieure englobe les têtes fémorales.

Modélisation 3D

Procédure Les modèles 3D du rachis thoracique et lombaire (T1-L5) et du bassin ont été réalisées à partir des images EOS™, en utilisant le logiciel commercial dédié9, dont l’algorithmique est basé sur les travaux du laboratoire de biomécanique et notamment d’Humbert [2008]. Le bassin a été modélisé par deux sphères (une sur chaque acetabu- lum) et un plan (au niveau du plateau sacré), en utilisant le modèle de Baudoin et coll. [2006]. Les vertèbres limites de la courbure principale ont été déterminées sur les cli- chés préopératoires par consensus entre les trois opérateurs pour chaque patient. Ces vertèbres limites ont guidé les modélisations à partir des clichés préopératoires et ont permis le calcul des paramètres à partir des modèles postopératoires.

4 - MISE EN PLACE ET QUALIFICATION D’OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ANALYSE DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL.

a - Consigne sur le site 1 b - Consigne sur le site 2

Figure 4.18 – Clichés stéréo-radiographiques EOS™ préopératoires et postopératoires acquis selon les procédures standardisées des deux institutions

Opérateurs et répétitions Le dimensionnement de l’étude a été réalisé par analogies aux études précédentes. La population de « scolioses sévères » étudiée par Humbert [2008] a été effectuée sur 20 patients tandis que celle de Gille et coll. [2007] évalue l’incertitude sur 30 patients. Dans les deux cas, la fidélité interopérateur a été évaluée à partir de trois opérateurs effectuant chacun une seule répétition tandis que la fidélité intraopérateur a été évaluée à partir d’un seul opérateur, qui faisait deux répétitions. Pour cette étude, trois opérateurs ont effectué chacun deux modèles 3D à partir de chaque paire de clichés préopératoires et chaque paire de clichés postopératoires. Chaque paramètre a donc été mesuré 144 fois (2 mesures x 3 opérateurs x 24 patients) en préopératoire et 144 fois en postopératoire. Parmi les trois opérateurs, l’opérateur 1 était un ingénieur avec une grande expérience de la méthode de modélisation. Les opérateurs 2 et 3 étaient des orthopédistes spécialisés dans la chirurgie rachidienne depuis plusieurs années et provenant de chacun des sites opératoires. Ces deux chirurgiens ont reçu d’EOS imaging une formation aux techniques de modélisation 3D du rachis. Les opérateurs 1 et 3 ont enregistré la durée nécessaire à la complétion de chaque modèle personnalisé.

Paramètres évalués Les paramètres ont été extraits de la fiche clinique du logiciel et sont détaillés dans la Table 4.5. Ces derniers sont calculés dans un repère ana- tomogravitaire (« repère patient » décrit en annexe A.1.2, page IV) cohérent avec les axes de références proposés par la SRS pour l’analyse tridimensionnelle des scolioses idiopathiques [Sangole et coll., 2010, Stokes et coll., 1994]. En particulier, la courbure scoliotique est analysée dans le plan coronal par l’angle de Cobb et en trois dimen- sions par la rotation axiale de la vertèbre apicale. Les paramètres pelviens (incidence pelvienne, version pelvienne, pente sacrée) ont également été relevés.

4.4 - REPRODUCTIBILITÉ DES MODÈLES 3D DE RACHIS Analyse statistique

Les fiches cliniques issues de chaque modèle personnalisé ont été concaténées en tableaux récapitulatifs (traitement effectué par EOS imaging) qui ont ensuite pu faire l’objet d’un traitement statistique (logiciel Matlab10).

Mesure de l’incertitude préopératoire et postopératoire La répétabilité intra- opérateur ainsi que la reproductibilité interopérateur ont été évaluées en séparant les mo- dèles préopératoires des modèles postopératoires selon les recommandations de l’Association Française de Normalisation (AFNOR) et l’International Organization for Standardiza- tion (ISO ). Le principe de cette méthode est de calculer pour un patient j donné :

– la moyenne des variances des mesures obtenues par chaque opérateur (variance de répétabilité intraopérateur – Srj2)

– un terme correctif révélateur de la dispersion de la valeur moyenne du paramètre chez chacun des opérateurs (variance interopérateur – SLj2).

On obtient ainsi une mesure de la variance de reproductibilité (SRj2), et donc de l’écart- type de reproductibilité (SRj =



SR2j) en sommant ces deux termes pour chaque patient. SRj2 = Srj2+ SLj2 (4.2) Après avoir vérifié que cette valeur est constante sur l’ensemble des patients (homoscé- dasticité des mesures), on estime l’écart type de répétabilité et de reproductibilité de la méthode (notés respectivement Sr et SR) en prenant la moyenne des écarts-types calculés pour chaque patient.

Sr = 1 NP atients NP atients j Srj (4.3) SR = 1 NP atients NP atients j SRj (4.4)

Valeurs aberrantes En conformité avec les recommandations de la norme ISO/5725- 1 [1994], l’identification des valeurs extrêmes au moyen d’outils graphiques inspirés de la méthode de Bland et Altman [1986] a été effectuée par consensus entre médecins et ingénieurs pour chaque paramètre. Chaque opérateur a ensuite réexaminé les modèles suspects et statué sur l’aberrance de la mesure. Les mesures identifiées comme erronées suite à une erreur manifeste de l’opérateur ont été ré-effectuées tandis que celles impu- tables à un défaut dans la méthode de modélisation ont été conservées. Le consensus des experts était demandé en cas de doute.

Pour deux examens, les deux modèles personnalisés étaient identiques chez un opé- rateur. Dans ces cas, on a considéré que l’opérateur n’avait fait qu’une répétition de cet examen et le modèle personnalisé n’était inclus qu’une seule fois dans l’analyse.

Temps de modélisation Les temps de modélisation à partir des clichés préopéra- toires et postopératoires ont été analysés comparativement à l’aide d’un t-test de Student

4 - MISE EN PLACE ET QUALIFICATION D’OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ANALYSE DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL.

sur échantillons indépendants avec un seuil de significativité α = 5 %. Ce test a été ef- fectué une première fois sur l’ensemble des patients puis une seconde et troisième fois en observant uniquement les patients provenant d’un site et de l’autre. De même, l’éven- tuelle disparité entre le temps de modélisation pour les patients du site 1 et celui néces- saire pour modéliser les patients du site 2 a été investiguée à la fois en préopératoire et en postopératoire (2 tests).

Analyses comparatives de la reproductibilité Plusieurs sous-groupes ont été considérés afin de détecter les éventuels facteurs d’inhomogénéité. Les variances de ré- pétabilité (Sr2) ont été comparées à l’aide d’un f-test de Fisher (α = 5%). La formation des sous-groupes visait à opposer comparativement :

– l’état des patients (préopératoire, postopératoire), indépendamment des autres facteurs,

– les patients issus d’un site hospitalier (site 1) à ceux issus de l’autre (site 2), indépendamment des autres facteurs et en interaction avec l’état du patient (pré- opératoire, postopératoire),

– l’opérateur expérimenté aux deux opérateurs novices, indépendamment des autres facteurs,

– l’interaction entre la répétabilité des deux opérateurs novices (novice 1, novice 2) avec le site de provenance des patients (le patient provient-il du site où exerce l’opérateur ou de l’autre site ?).

Lorsqu’une différence significative de variance de répétabilité (p<0,05) était consta- tée, une analyse graphique de la dispersion des écarts types de mesure, pour chaque opérateur, chaque patient et chaque état était effectuée. Pour ce faire, on trace un dia- gramme de Tukey modifié, représentant la médiane, le premier et troisième quartile ainsi que l’étendue des écarts types de mesures de chaque triplet (patient, état, opérateur) [Tukey, 1977]. Les valeurs à plus de 1,5 fois la distance interquartile de la médiane (in- tervalle de confiance à 99% sur une population normale) sont identifiées comme outliers et indiquées à part dans la représentation.

Taille d’effet Les travaux discutés dans ce chapitre proposent le calcul d’un écart type de répétabilité intraopérateur (Sr) ainsi que d’un écart type de reproductibilité interopérateur (SR) à partir d’un plan d’expérience complet (24 patients x 3 opérateurs x 2 répétitions = 144 mesures).

La norme ISO/5725-1 [1994] offre des outils pour dimensionner les études de répé- tabilité et de reproductibilité.

En faisant l’hypothèse pour un paramètre donné : – d’une incertitude interopérateur de l’ordre de 5˚, – d’une incertitude intraopérateur de l’ordre de 4˚.

La largeur de l’intervalle de confiance à 95% associé à la mesure des écarts types de reproductibilité est estimée à 1,5˚sur 20 patients (préopératoire et postopératoire) et 1˚sur 40 patients (total).

4.4 - REPRODUCTIBILITÉ DES MODÈLES 3D DE RACHIS Comparaison avec les études précédentes

Les estimés d’incertitude présentés dans cette étude ont été comparés avec les don- nées d’études précédentes, notamment les publications de Gille et coll. [2007] et Humbert et coll. [2009].

Pour faciliter la comparaison, les méthodes statistiques d’Altman et Bland [1983] et Glüer et coll. [1995] ont été appliquées aux données de cette étude.

4.4.3

Résultats

Visibilité des radiographies

Aucun défaut de visibilité n’a été signalé par les opérateurs sur cette série, que ce soit au sujet des images préopératoires ou postopératoires.

Reproductibilité préopératoire et postopératoire des paramètres calculés La reproductibilité des paramètres calculés à partir des modèles préopératoires et postopératoires est détaillée dans la Table 4.5 pour l’ensemble des sujets. À part pour la rotation axiale de la vertèbre apicale, la différence de reproductibilité des mesures en préopératoire et postopératoire est restée inférieure au degré.

Table 4.5 – Reproductibilité interopérateur des modèles à partir des clichés pré- et postopératoires. * indique une différence significative entre la répétabilité des examens préopératoire et postopératoires

2 · SR Préopératoires Postopératoires Total Évaluation de la courbure scoliotique

Angle de Cobb 6,2˚ 6,9˚ 6,6˚

RVA apexa* 6,1˚ 10,4˚ -

Évaluation de la courbure sagittale

Cyphose T1-T12 7,0˚ 7,7˚ 7,4˚ Cyphose T4-T12 5,7˚ 5,4˚ 5,5˚ Lordose L1-L5* 6,7˚ 5,4˚ - Lordose L1-S1 5,9˚ 5,6˚ 5,8˚ Paramètres pelviens Incidence pelvienne 4,7˚ 5,2˚ 5,0˚ Version pelvienne 1,4˚ 1,5˚ 1,4˚ Pente sacrée 4,3˚ 4,6˚ 4,6˚ Bascule frontale 1,9˚ 1,6˚ 1,8˚

a. Rotation Vertébrale Axiale de la vertèbre apicale

Facteurs influençant la répétabilité de mesure

Seule les variances de répétabilité (Sr2) de la rotation axiale de la vertèbre apicale (p = 0, 01) et de la lordose L1-L5 (p < 0, 01) se sont montrées significativement dif-

4 - MISE EN PLACE ET QUALIFICATION D’OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ANALYSE DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL.

férentes entre les états préopératoire et postopératoire. La Figure 4.19 montre la dispersion des écarts types de mesure de chaque couple (patient, opérateur) entre les deux états pour ces deux paramètres.

PréOP PostOP Lordose L1-L5 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 PréOP PostOP RVA apex

Ecarts types de mesure (°)

Figure 4.19 – Dispersion de l’écart type de mesure des paramètres dont l’incertitude est significativement influencée par l’état du patient (« PréOP » ou « PostOP »).

Seule la version pelvienne a montré une variance de répétabilité (Sr2) significative- ment différente entre les deux sites (p <0, 01). Cette différence significative se retrouve en analysant le sous groupe des modèles préopératoires et en moindre mesure sur celui des modèles postopératoires (p = 0, 04). Toutefois, la Figure 4.20 montrant la disper- sion des écarts types de mesure indique un écart type maximal de 2,5˚sur une valeur isolée et 75% des incertitudes restent inférieures à 0,6˚, ce qui est très inférieur aux valeurs de répétabilité des autres paramètres sagittaux. À titre informatif, l’écart type de reproductibilité de ce paramètre est estimé à 0,8˚pour le site 1 et 0,6˚pour le site 2.

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3

Site 1

Site 2

Ecarts types de mesure de la version pelvienne (°) PréOP

PostOP PréOP & PostOP

PréOP PostOP PréOP & PostOP

Figure 4.20 – Dispersion de l’écart type de mesure de la version pelvienne en fonction du site de provenance des patients.

Concernant la comparaison « opérateur expérimenté » à « opérateurs novices », l’in- certitude de mesure ne s’est montrée différente sur aucun paramètre. La Figure 4.21 montre la dispersion de l’écart type de répétabilité pour la rotation vertébrale axiale de la vertèbre apicale, qui a montré une statistique proche de la significativité (p= 0, 055). De même, le fait d’effectuer la modélisation de ses propres patients s’est montré aussi reproductible que d’effectuer les modélisations de patients provenant de l’autre

4.4 - REPRODUCTIBILITÉ DES MODÈLES 3D DE RACHIS 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Utilisateur Experimenté Utilisateurs Novices

Ecarts types de mesure de la rotation vertébrale axiale (°)

Figure 4.21 – Dispersion de l’écart type de mesure de la rotation vertébrale axiale en fonction du niveau d’expertise de l’opérateur. La différence de variance de répétabilité n’est pas significative dans ce cas (p= 0, 055).

site. En effet, seul le paramètre de version pelvienne montre une différence de variance de répétabilité significative, mais il a précédemment été constaté que l’incertitude sur ce paramètre était statistiquement différente d’un site à l’autre (voir Figure 4.20).

Durée de modélisation

La durée de modélisation est reportée pour chacun des groupes dans la Table 4.6. La durée moyenne est de l’ordre de 12 minutes.

Table 4.6 – Temps de modélisation à partir des clichés pré- et postopératoires, en fonction du service de provenance.

Tous patients Site 1 Site 2

n = 24 n = 12 n = 12

Examens

préopératoires 11min 31s (±1min) 11min 33s (±1min 8s) 11min 30s (±1min) Examens

postopératoires 12min 50s (±50s) 13min (±45s) 12min 35s (±1min)

L’analyse comparative n’a pas mis en évidence de différence significative entre les temps de modélisation des patients issus des deux sites que ce soit en analysant les temps de modélisation à partir d’images préopératoires (p= 0, 9) ou postopératoires (p = 0, 2). Au contraire, la modélisation à partir de clichés postopératoires est significativement plus longue que celle à partir de clichés préopératoires, et ce, sur l’ensemble des patients de l’étude ou quel que soit le site considéré.

De même, les temps de modélisation des opérateurs novices étaient significativement plus longs que ceux de l’opérateur expérimenté (p < 0.01, différence moyenne : 2 min 45s ± 1 min 40s).

4 - MISE EN PLACE ET QUALIFICATION D’OUTILS ET MÉTHODES POUR L’ANALYSE DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL.

4.4.4

Discussion

Reproductibilité des paramètres cliniques

La Table 4.5 montre que l’incertitude de mesure de la plupart des paramètres cliniques est située entre 4˚et 7˚. Le paramètre le moins reproductible est la rotation axiale de la vertèbre apicale, estimée à partir des clichés post-opératoires (10,4˚). Cette incertitude, bien qu’importante, reste inférieure à celle liée à l’utilisation du torsiomètre de Perdriolle, qui permet l’estimation de la rotation axiale sur une radiographie frontale. L’utilisation d’un scanner médical peut permettre d’obtenir une meilleure reproducti- bilité, mais la rotation est alors estimée dans un plan axial défini par l’installation du patient dans la machine et en position couchée.

L’incertitude associée à la cyphose T1-T12 est évaluée à 7,4˚sur l’ensemble des examens mais la cyphose T4-T12 se montre plus reproductible (5,5˚). Cette différence est certainement due à la superposition des contours qui rend difficile l’identification des plateaux vertébraux en région thoracique haute.

Également, l’incertitude associée à la lordose L1-L5 atteint 6,7˚sur les images pré- opératoires quand celle de la lordose L1-S1 reste à 5,9˚. En effet, la géométrie de la vertèbre L5 est relativement difficile à identifier sur les radiographies, par rapport au plateau sacré, bien visible sur l’incidence latérale et dont la position sur l’incidence frontale peut être estimée à l’aide des articulations sacro-illiaques.

Du fait de leur meilleure reproductibilité, l’utilisation de T4 et S1 comme vertèbres limites se confirme être un bon choix pour l’étude des courbures rachidiennes dans le plan sagittal. Enfin, la mesure de deux paramètres pelviens à partir de la modélisation tridimensionnelle personnalisée, à savoir la version pelvienne et la bascule frontale, se montre très reproductible puisque la reproductibilité de ces deux paramètres ne dépasse pas 2˚quel que soit l’état considéré (voir Table 4.5).

Comparaison aux études précédentes

La Table 4.7a compare les travaux de ce chapitre avec l’étude de Humbert et coll. [2009]. La reproductibilité des deux paramètres liés à la quantification de la courbure scoliotique est trouvée supérieure aux valeurs de l’étude de Humbert et coll. [2009]. Concernant les courbures rachidiennes sagittales et les paramètres pelviens, les travaux de ce chapitre et l’étude d’Humbert et coll. [2009] montrent des résultats semblables (à 1˚près, en faveur de cette dernière étude).

De même, la Table 4.7b compare les données exposées dans ce chapitre avec les ré- sultats de Gille et coll. [2007]. L’incertitude des paramètres scoliotiques est bien meilleure dans l’étude de Gille et coll. [2007] mais cette dernière étude concerne des scolioses de courbure inférieure. Concernant les courbures sagittales et les paramètres pelviens, les incertitudes de mesures sont cohérentes entre les deux études.

Limites de l’étude

Étude de la justesse Dans cette étude, seule la fidélité de mesure à été évaluée. En effet, il n’existe pas d’autre moyen d’obtenir in-vivo des valeurs de références quant à la forme, la position et l’orientation des vertèbres en trois dimensions. Les techniques par scanographies, outre leur caractère irradiant, ne peuvent être considérées comme

4.4 - REPRODUCTIBILITÉ DES MODÈLES 3D DE RACHIS Table 4.7 – Etude comparative des valeurs de reproductibilité aux incertitudes éva- luées dans les études précédentes.

a - Incertitude évaluée sur des scolioses sévères à l’aide de la méthode de Glüer et coll. [1995].

Préopératoires Humbert et coll. 2 · Sr Cobb 43˚à 83˚ Cobb 39˚à 71˚ Évaluation de la courbure scoliotique

Cobb 5,8˚ 3,5˚

RVA apexa 5,6˚ 3,9˚ Évaluation de la courbure sagittale

Cyph.bT1-T12 6,4˚ 5,6˚ Cyph. T4-T12 5,1˚ 4,3˚ Lord.c L1-L5 6,2˚ 5,4˚ Lord. L1-S1 5,3˚ 4,2˚ Paramètres pelviens Incidence 4,3˚ 3,5˚ Version 1,3˚ 0,8˚ Pente 3,9˚ 3,2˚

b - Incertitude évaluée sur des scolioses sévères et modérées à l’aide de la méthode de Nodé-Langlois [2003].

Préopératoires Gille et coll. 2 · SD Cobb 43˚à 83˚ Cobb 5˚à 38˚ Évaluation de la courbure scoliotique

Cobb 5,3˚ 2,8˚

RVA apex 5,1˚ 2,0˚ Évaluation de la courbure sagittale

Cyph. T1-T12 5,9˚ 6,6˚ Cyph. T4-T12 4,6˚ 4,3˚ Lord. L1-L5 5,7˚ 4,2˚ Paramètres pelviens Incidence 3,9˚ 2,4˚ Version 1,2˚ 2,1˚ Pente 3,6˚ 2,2˚ Bascule 1,6˚ 2,2˚

a. Rotation Vertébrale Axiale de la vertèbre apicale b. Cyph : Cyphose

c. Lord : Lordose

une modalité de référence étant donné que les acquisitions sont effectuées en position couchée. En revanche, Dumas et coll. [2004] ont évalué in-vitro la justesse in-vitro de l’orientation des vertèbre à l’aide de techniques par stéréo-radiographies et montrent un biais inférieur à 2,5˚dans le plan sagittal (moyenne 0,7˚) et inférieur à 4,6˚dans le plan transverse (moyenne 1,4˚). La justesse est donc au moins deux fois moindre dans le plan sagittal et comparable dans le plan axial aux valeurs de reproductibilité déterminées pour les vertèbres dans ce chapitre.

Contrôle de la procédure de modélisation Les travaux d’Humbert [2008] font état de deux procédures de modélisation, à savoir une procédure « Fast-Spine », qui fournit un modèle 3D en 3 minutes, et une procédure « Full-Spine », dont les temps de modélisation moyens décrits vont de 9 minutes (sujets asymptomatiques) à 11 minutes (sujets scoliotiques sévères).

Cependant, la version du logiciel utilisée dans la présente étude11, ne guide pas l’opé- rateur dans la suite des opérations. En particulier, il incombait à celui-ci de respecter les étapes de la procédure de modélisation et de décider du nombre de retouches à effectuer. Au vu de l’ampleur des retouches effectuées sur les modèles ainsi que du temps mis par les opérateurs dans la présente étude, il reste toutefois pertinent d’assimiler la procédure suivie à la méthode « Full-Spine ».

Il est à noter par ailleurs que les nouvelles versions du logiciel12, 13 intègrent un assistant qui guide l’opérateur et veille au respect du processus de modélisation.

11. SterEOS™, version 1.3, EOS imaging, Paris, France.