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2 Analyse posturale globale et méthodes cliniques d’évaluation de l’équilibre

2.3 Chaîne de corrélation entre descripteurs de l’équi libre pelvi-rachidien

La configuration pelvi-rachidienne est caractérisée par une grande variabilité inter- personnelle, ce qui complique la définition de corridors de normalité. Afin d’augmenter la sensibilité du diagnostic et de mieux comprendre les mécanismes posturaux, différentes équipes se sont intéressées aux relations liant les différents paramètres entre eux. Le lien entre courbure lombaire et orientation sacrée est graphiquement mis en évidence par Stagnara et coll. [1982] puis confirmé par d’autres auteurs [Berthonnaud et coll., 2005a, Vialle et coll., 2005].

La Table 2.2 récapitule les corrélations linéaires mises en relief par trois études. On retrouve la relation forte qui lie la pente sacrée et lordose lombaire. D’autre part la première ligne du tableau montre que la morphologie du bassin joue un rôle clé dans la stratégie posturale. En effet, l’incidence pelvienne est fortement corrélée avec la pente sacrée mais également en moindre mesure avec la version pelvienne et avec la lordose lombaire.

Au contraire, la cyphose thoracique ressort comme un paramètre relativement indé- pendant des autres paramètres. Toutefois, Berthonnaud et coll. [2005b] rappelle que les courbures rachidiennes sont significativement corrélées entres elles (bien que faiblement, R = 0, 3), ce qui laisse penser que d’autres paramètres contribuent à définir la courbure thoracique.

L’analyse des coefficients de corrélation a été complétée par certaines équipes à l’aide de formules de régression multilinéaires (détaillées en annexe C.2, page XXIV). En particulier, Legaye et coll. [1998] montrent une influence faible des paramètres de la courbure scoliotique (angle de Cobb et rotation vertébrale apicale) sur ceux décrivant la posture dans le plan sagittal. En revanche, la prise en compte de l’incidence et du porte à faux en sus de la pente sacrée permet de mieux expliquer l’amplitude de la lordose lombaire.

D’autre part, Gille [2006] lie la lordose lombaire à l’incidence pelvienne, résultat confirmé par Tanguay et coll. [2007] sur une population de 272 enfants asymptomatiques. En analysant une population de 300 volontaires asymptomatiques, Vialle et coll. [2005] formalisent la relation entre la morphologie et l’orientation du bassin en prenant éventuellement en compte les courbures rachidiennes maximales.

P T = −7 + 0, 37 · P I (2.2)

LLmax/S1 = −2, 72 − 1, 1 · IP + 1, 1 · V P − 0, 31 · CTT 4/max (2.3) où IP est l’incidence pelvienne, VP la version pelvienne, CTT 4/maxla cyphose thoracique maximale et LLmax/S1 la lordose lombaire maximale.

De même, Lafage et coll. [2011] montrent grâce à une analyse en composante prin- cipales que le triplet {incidence, lordose lombaire maximale, cyphose thoracique maxi- male} est un très bon prédicteur de la version pelvienne. En particulier, les courbures

2.3 - CHAÎNE DE CORRÉLATION ENTRE DESCRIPTEURS DE L’ÉQUILIBRE PELVI-RACHIDIEN

Table 2.2 – Coefficients de corrélations (Pearson) entre descripteurs de l’équilibre pelvi-rachidien chez le sujet asymptomatique.

Bassin Rachis

Version Pente Cyphose Lordose Étude Pelvienne Sacrée Thoracique Lombaire

Incidence Pelvienne 0,54* 0,62* 0,66 0,84* 0,81* 0,81 - NS 0,04 0,60* 0,62* 0,69 Legaye et coll. [1998] Berthonnaud et coll. [2005a] Vialle et coll. [2005] Version Pelvienne - NS 0,13 - NS -0,12 NS 0,21 0,26 Legaye et coll. [1998] Berthonnaud et coll. [2005a] Vialle et coll. [2005] Pente Sacrée - NS 0,06 0,86* 0,65* 0,86 Legaye et coll. [1998] Berthonnaud et coll. [2005a] Vialle et coll. [2005] Cyphose Thoracique - 0,27* 0,35 Legaye et coll. [1998] Berthonnaud et coll. [2005a] Vialle et coll. [2005]

* signale une corrélation significative à plus de 99%. NS : Non Significatif

2 - MÉTHODES D’ÉVALUATION DE L’ÉQUILIBRE POSTURAL

rachidiennes maximales parviennent à mieux expliquer les phénomènes de ré-orientation du bassin que les mesures conventionnelles dont les bornes sont anatomiquement prédé- finies à la charnière thoraco-lombaire.

V P = 1, 14 + 0, 71 · IP + 0, 52 · LLmax/S1+ 0, 19 · CTT 4/max (2.4) Cette dernière équation confirme la pertinence des facteurs choisis par Vialle et coll. [2005] dans la relation donnée par l’équation 2.3 mais en insistant sur le rôle de l’orien- tation du bassin.

2.3.1

Classifications

À côté des formalisations scientifiques qui permettent de mieux comprendre le rôle de chaque segment osseux dans la stratégie posturale, d’autres études cliniques ont utilisé ces relations dans le double but :

– de décrire la configuration posturale de manière pertinente à l’aide d’un nombre réduit de paramètres,

– et de cerner plus précisément les valeurs de référence personnalisées en dépit de l’importante variation des paramètres constatée chez le sujet sain.

Ces analyses aboutissent à la définition de classifications qui formalisent la description du déséquilibre et éventuellement facilitent sa prise en charge thérapeutique.

Morphotypes de Delmas [1951]

Delmas [1951] définit chez l’asymptomatique trois morphotypes de courbures rachi- diennes, à savoir :

– un morphotype « statique » à courbures effacées, – un morphotype « intermédiaire », et

– un morphotype « dynamique » à courbures accentuées.

Cette première classification profite de la relation entre les courbures rachidiennes et permet d’appréhender plus facilement la disparité de courbures constatée chez l’asymp- tomatique. Toutefois, l’analyse reste qualitative et le bassin, dont l’influence sur le rachis est souligné par Dubousset [1994] n’est pas pris en compte.

Types de dos de Roussouly et coll. [2005]

En soulignant la relation forte entre le bassin et la pente sacrée, Roussouly et coll. [2005] complètent les morphotypes de Delmas [1951] en analysant la relation entre l’orientation du bassin et la courbure lombaire (voir Figure 2.4). Quatre types de dos sont ainsi décrits :

– Le dos de « type 1 » est caractérisé par une pente sacrée faible (<35˚) et une inclinaison lombaire1 marquée vers l’arrière.. L’apex de la lordose est situé au milieu du corps de L5 et peu de vertèbres (4 en moyenne) constituent la lordose.

1. L’inclinaison lombaire est définie dans le plan sagittal par Roussouly et coll. [2005] comme l’in- clinaison par rapport à la verticale de l’axe joignant le coin antero-supérieur du sacrum et le point d’inflexion de la courbe qui longe les murs antérieurs des vertèbres.