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9.2 Méthode

9.2.2 Matériel

Les applications Collège+ sont implémentées sur tablette tactile : un Apple™ iPad 2. Cette plateforme permet de riches supports visuels et permet à l’application d’être utilisée dans n’importe quel environnement. Grâce à un travail collaboratif avec les parties pre-nantes sur le terrain (familles, équipes éducatives, thérapeutes), deux types d’applications ont été co-construites : 1) des applications compensatoires au nombre de trois, destinées à être utilisées en environnement scolaire ordinaire, et 2) des applications de remédiation au nombre de 3, destinées à être utilisées quotidiennement au domicile (see Figure9.1). L’ensemble des contenus de ces applications adresse spécifiquement le milieu scolaire et est personnalisé à chaque élève.

Applications compensatoires : Aide à la planification–exécution d’activités en milieu scolaire.

Pour répondre notamment aux difficultés exécutives de planification et d’exécution de tâches nouvelles que rencontre l’élève avec TSA, les deux premières applications visent à faire acquérir des routines scolaires et des routines de communication verbale en classe. Ces activités ont été identifiées et validées après entretien avec les professeurs et l’ensemble des équipes pédagogiques impliquées dans ce projet. Notons que pour ces deux applications, autant de prompteurs d’activités que nécessaire peuvent être générés. Ces deux applica-tions présentent la même interface : une liste des séquences disponibles est affichée sur le premier écran, deux flèches permettent d’avancer ou reculer à travers la séquence d’étapes. Une barre de progression, ainsi qu’une miniature des étapes précédente et suivante, fa-cilitent le repérage au sein de la séquence. Chaque étape est décrite sous la forme d’un texte et d’une image pour renforcer la compréhension de la tâche (see Figure9.2). Enfin, un message de renforcement positif est affiché à la fin de chaque séquence.

Routines scolaires. Pour les routines scolaires, les activités ciblées sont : Se rendre devant la classe, l’entrée en classe, la sortie du matériel scolaire, la prise des devoirs, et la sortie de classe (see Figure9.3).

Routines communicationnelles. La deuxième application porte les activités de commu-nication contextualisées à la classe. Deux situations de commucommu-nication (initiation et récep-tion) et deux types d’interlocuteurs (enseignant et camarade) ont été distingués, créant ainsi 4 scenarii d’interaction. Pour chaque scénario, des séquences différentes sont proposées en fonction du but de la communication (e.g., faire répéter, demander de l’aide, faire un commentaire).

Régulation émotionnelle. La troisième application propose une assistance à la régulation émotionnelle. Tout d’abord, l’élève est invité à identifier son émotion grâce à un set

d’émoti-9.2. MÉTHODE 113

FIGURE9.1 – Écran d’accueil du package Collège+.

cônes figurant les 4 émotions de base : joie, colère, peur, tristesse. Ensuite, il doit quantifier son intensité grâce à un thermomètre interactif à 4 niveaux (see Figure9.4). En fonction du niveau sélectionné, l’application présente à l’élève des supports idiosyncratiques apaisants récoltés auprès des familles, en concertation celui-ci. Chaque degré d’intensité est associé à

FIGURE9.2 – Interfaces des prompteurs d’activités.

un type de medium : consignes de relaxation, images personnelles et vidéos personnelle de co-régulation.

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FIGURE9.3 – Application d’assistance aux routines scolaires.

Applications de remédiation socio-cognitive

Basées sur les principes dits des « jeux sérieux », les applications construites sont à difficulté croissante et portent sur des processus cognitifs liés à la ToM. Le passage d’un niveau à l’autre est conditionné par le taux de bonnes réponses du participant (>80%). Deux

FIGURE9.4 – Application d’assistance à la régulation émotionnelle.

applications proposent des exercices d’identification des émotions faciales : l’une sur du matériel statique (i.e., photographies), l’autre sur du matériel dynamique (i.e., vidéos). La troisième application propose un exercice d’orientation de l’attention en situation sociale.

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Reconnaissance statique des émotions. L’application présente à l’enfant 4 photos figurant différentes émotions faciales et l’invite à identifier une émotion donnée à travers une consigne écrite couplée à un émoticône. Le premier niveau inclut des photos normées de 67 inconnus jouant les 7 émotions de base (i.e., joie, peur, colère, tristesse, surprise, dégoût et neutre). Le second niveau inclut des photographies des expressions faciales des personnels de l’établissement fréquenté par chaque participant (enseignant spécialisé, surveillants, auxiliaires de vie scolaire, personnels techniques, etc.). Chaque membre du personnel avait pour consigne de mimer les mêmes 7 émotions de base. Les photos de 20 membres du personnel ont été récoltées pour chaque participant (i.e., 20 photos de joie, 20 photos de colère, etc.). L’application choisissait de manière aléatoire l’une de ces 7 émotions à retrouver, tout en assurant un nombre constant d’apparitions de chaque émotion dans chaque session.

Reconnaissance dynamique des émotions. L’application présente la lecture d’une vidéo. À certains moments, le flux vidéo est interrompu et une tâche d’identification d’émotion faciale est affichée sous la vidéo. L’enfant doit alors sélectionner l’émotion appropriée parmi une liste de paires mot/émoticône en fonction de l’image affichée (i.e., l’image affichée lors de l’arrêt de la vidéo). Chaque vidéo est interrompue au moins deux fois, avec une émotion différente à chaque fois. Les émotions sont représentées de manière équivalente dans chaque niveau de difficulté. Le premier niveau concerne des vidéos de dessins animés simplistes comportant un seul personnage et uniquement les émotions de base (i.e., joie, peur, colère, tristesse) pour les premiers niveaux. Des vidéos de dessins animés complexes, avec textures, émotions enrichies et interactions entre personnages composent les niveaux suivants. Il est à noter que la lecture de ces vidéos est ralentie dans les premiers niveaux afin de permettre à l’élève de capter au mieux les expressions des personnages. Ce ralentissement repose sur les travaux démontrant les bénéfices d’une exposition ralentie aux stimuli faciaux à valence émotionnelle [Gepner et al.,2001;Tardif et al.,2007]. En outre, le son a été retiré des vidéos, sur la base des recherches suggérant l’évitement d’un entrainement sensoriel mutli-canal pour les enfants avec TSA [Mottron et al.,2006].

Orientation de l’attention. La troisième application (see Figure9.5) propose un entrai-nement à l’orientation attentionnelle, compétence participant à une bonne détection des intentions de communication d’autrui [Kampe et al.,2003] et qui est déficitaire chez les en-fants TSA [Charman et al.,2000]. Une photographie de visage est présentée à l’élève, puis un symbole est affiché de manière furtive au niveau des yeux. Il est enfin demandé à l’élève de sélectionner le symbole apparu précédemment au sein d’une liste de symboles. Le premier niveau de cette application est composé de photographies de visages ; le deuxième est com-posé de photographies de scènes d’interaction complexes en environnement scolaire. Dans ce deuxième cas, le symbole s’affiche sur le visage de la personne pertinente dans la scène de classe (l’énoncé de l’exercice par le professeur, la discussion avec un camarade pendant

la récréation, etc.). Pour chaque niveau d’intensité, le symbole est d’abord affiché durant 4 secondes. Il est ensuite affiché seulement 2 secondes dans le but d’automatiser l’orienta-tion du focus attenl’orienta-tionnel. Une foncl’orienta-tionnalité de suivi des performances a également été implémentée. Ainsi, tout aidant intervenant auprès de l’élève peut suivre l’utilisation des applications, ainsi que les progrès de l’élève au quotidien.

FIGURE9.5 – Application d’entrainement à l’orientation du focus attentionnel.