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Le marché du charbon

Chapitre II : Fonctionnement des marchés et stratégies des opérateurs

3. Les principaux marchés énergétiques

3.2 Le marché du charbon

Le charbon (avec une part de marché de 26% de l’énergie primaire dans le monde) peut être considéré comme une des solutions à la crise des choix technologiques passés et actuels. Stimulée par l’essor de la production d’électricité, notamment dans les économies émergentes, la demande de charbon, tend à augmenter plus vite que celle du gaz et du pétrole. Représentant 24% du bilan énergétique mondial dans les années 1970, le charbon a grimpé à 27% ces derniers temps et pourrait, selon certaines prévisions,

franchir la barre des 30% d’ici 2050 ; devenant aussi une des énergies dominantes du vingt et unième siècle juste derrière le pétrole.

Si le pétrole a déclassé le charbon au vingtième siècle, c’est parce que l’industrie pétrolière fonctionnait dans la phase des coûts marginaux décroissants37, et que de ce fait, il était possible aux sociétés du Cartel de fixer un niveau de prix tel que la substitution puisse s’effectuer. De plus l’industrie charbonnière était assujettie à un certain nombre de coûts qui n’étaient pas comptabilisés dans le cas de l’industrie pétrolière, grevant ainsi la compétitivité du charbon. Mais à partir du moment où l’industrie pétrolière est entrée dans une phase de coûts marginaux croissants, c'est-à-dire depuis 1970, le charbon devient à nouveau concurrentiel et remplit les critères de la compétitivité.

Les usages du charbon sont fort nombreux. Outre qu’il permet d’obtenir du gaz et du pétrole par synthèse, le charbon est un matériau indispensable à la fabrication du coke qui à son tour constitue un facteur essentiel pour la production de l’acier.

La production mondiale du charbon en 2007 (soit 6400 millions de tonnes)38toutes qualités confondues, a été consommée à hauteur de 15% par la sidérurgie, et 65% par les centrales thermoélectriques. Le reste, c'est-à-dire, 20% fut absorbé par les cimenteries, les autres industries, le secteur résidentiel ou tertiaire.

L’industrie charbonnière est caractérisée par des coûts de transport très élevés (aussi bien le transport terrestre, ferroviaire que maritime), limitant forcément les

37Selon l’hypothèse de Chevalier.J.M (1973) : "le nouvel enjeu pétrolier", Caleman Levy.

échanges internationaux des volumes produits, et par une segmentation géographique du marché qui oblige à distinguer entre le marché Atlantique du charbon dont les transactions reposent sur des contrats à moyen et long terme, et le marché pacifique du charbon sur lequel les opérations s’effectuent dans le cadre d’appels d’offre.

La consommation mondiale du charbon ne cesse de progresser, soutenue en cela par la forte demande Asiatique. Les tableaux suivants indiquent justement l’importance du poids du charbon dans la production d’électricité par région et par filière.

Tableau 2 : Production d’électricité par région et par filière (TWh)

Source : ENERDATA (2007)

De la lecture des chiffres il ressort que :

- La production d’électricité constitue le moteur de la demande charbonnière (8191 TWh, loin devant le gaz, le nucléaire et le pétrole).

- Cette production est concentrée essentiellement en Asie (66,9%), alors qu’elle est très faible au Moyen-Orient (5,3%).

- La contribution du charbon dans la production d’électricité représente une tendance lourde (42,3% dans le monde) et, plus généralement, pèsera à l’avenir dans le bilan énergétique mondial.

Les perspectives d’évolution du secteur électrique mondial d’ici 2050 confirment le rôle prédominant du charbon comme le montre le tableau ci-après.

Tableau 4 : Evolution du parc électrique mondial à l’horizon 2050

Source : ENERDATA (2007)

Ces projections font apparaitre la prépondérance du charbon dans la contribution à la production d’électricité (32%), soit une croissance annuelle de 2%.

Par ailleurs, la progression de la demande mondiale de charbon sera certainement confortée par celle possible des producteurs de carburants synthétiques (les coals to

liquids ou CTL) qui redoutent des perturbations dans l’approvisionnement pétrolier. A l’horizon 2050, donc, la consommation charbonnière mondiale risque de doubler.

Contrairement au pétrole, on ne parle ni de "peak coal"39, puisque les réserves disponibles et potentielles semblent importantes, ni de risque politique du moment que celles-ci sont géographiquement bien réparties et plutôt localisées dans les pays de l’OCDE qui contrôlent les échanges internationaux de charbon dans une proportion allant de 80 à 90%.

En revanche, se pose la question de savoir si l’offre de charbon peut suivre la demande, et à quels coûts les réserves de charbon seront-elles exploitables ?

Plusieurs contraintes pèsent, ces dernières années, sur la production de charbon qui freinent considérablement l’activité de la chaine. Ainsi le coût du frêt maritime a sensiblement augmenté. Sur le trajet Afrique du sud-Rotterdam, à titre d’exemple, il est passé de 6$ la tonne métrique en 2002 à plus de 50$ fin 2007-début 2008. La vétusté et le sous-dimensionnement des installations charbonnières ont aussi généré une hausse des coûts. A tout cela, il faut ajouter l’insuffisance de vraquiers (navires spécialisés dans le transport de charbon), et l’engorgement des chemins de fer dont l’incidence sur l’augmentation des coûts semble évidente.

La modernisation, en cours, des infrastructures charbonnières dans les pays producteurs ainsi que le renouvellement de la flotte mondiale des navires devraient, toutefois, atténuer cette tendance à l’envolée des coûts. A coté de cela, l’émergence de

nouveaux entrants qui profitent de faibles barrières à l’entrée, ravive la concurrence entre les producteurs et contribue d’une certaine façon à réguler le marché.

Tous ces changements dans les structures de l’industrie charbonnière mondiale visent, in fine, à réduire la tension sur l’offre qui est appelée à s’adapter à long terme à la demande. Mais cette adaptation doit tenir compte des impacts négatifs sur le climat de la planète (réchauffement climatique, atteintes à l’environnement). De vigoureuses politiques de protection de l’environnement, couplées à des progrès techniques, devraient permettre au charbon de figurer en bonne place dans le bilan énergétique mondial.

Dans un contexte caractérisé par l’épuisement des hydrocarbures, les préoccupations de sécurité d’approvisionnement, de contraintes environnementales, le nucléaire pourrait constituer une des tendances des marchés mondiaux de l’énergie.