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Un manque de communication de l’institution à destination des familles

B. Des relations École – familles ponctuées par des inégalités sociales et

3. Un manque de communication de l’institution à destination des familles

Aussi bien les deux représentants des parents que j’ai interrogé que l’enseignante du collège Y, tous s’accordent sur le fait qu’en tant que parent à part entière, la communication et la transmission d’informations de l’institution à destination des familles est bien trop faible. L’enseignante du collège Y, maman notamment d’un garçon en sixième, ajoute même qu’au collège elle a « l’impression que l’écart se creuse entre les familles et les enseignants, alors

qu’en primaire y’a un côté où y’a qu’une seule enseignante… ». Elle trouvait donc les relations

plus simples entre école primaire et familles. Mais son point de vue reste tout de même particulier puisqu’elle est membre de l’institution. D’autre part, la CPE du collège Y déplore un cruel manque d’organisation au sein de l’établissement qui serait en partie responsable de ce manque de communication à toutes les strates de l’institution, c’est-à-dire aussi bien à l’interne entre les différents acteurs, mais également à l’externe, et en l’occurrence à destination des familles. Ce manque d’organisation et d’anticipation s’expliquerait notamment par un manque de concertation et de dialogue entre les divers agents du collège Y, qui retentit sur les parents a qui les informations sont transmises à la dernière minute dans le meilleur des cas, voire pas du tout. De plus, un certain nombre d’enseignants ne sont pas suffisamment assidus sur le suivi des carnets de correspondance et la signature des documents par les parents, ce qui finalement incite les élèves à ne plus montrer leur carnet à leurs parents puisqu’ils savent que de toute façon il n’y aura pas de conséquences C’est ce que remarque également la représentante des parents du collège Y. La CPE de ce même collège constate donc cela avec une certaine amertume et aimerait que les professeurs investissent davantage cette dimension de leur profession. Il est aisé de comprendre que lorsqu’il s’agit par exemple d’une autorisation pour une sortie scolaire ou bien pour les informer de la tenue d’une réunion avec les professeurs, il

54 est bien entendu indispensable que les parents soient informés dans les meilleurs délais afin qu’ils en aient connaissance et qu’ils s’organisent, au risque de creuser encore plus de distance avec eux et de créer des relations de défiance. Il en va aussi de l’image qu’ils attribuent à l’établissement, image qui va soutenir leurs pratiques de coopération ou à l’inverse renforcer leur suspicion à l’égard de l’institution. En parallèle, la CPE du collège, quand elle établit une comparaison avec les collèges fréquentés par ses propres enfants, remarque qu’en tant que mère, elle est informée de tout ce qui a trait à la scolarité de ses enfants, chose qui n’arrive pas à se mettre en place et à se déployer convenablement dans le collège Y. En écho, elle est donc consciente qu’il y a un bien un dysfonctionnement au collège Y et qu’il est déterminant de le résoudre. De plus, elle souligne également que l’espace numérique de travail n’est pas du tout exploité alors qu’il pourrait être un outil d’amélioration de la communication. C’est donc une piste à creuser. Une formation des parents à l’utilisation de cet outil est donc à prévoir puisque cette interface numérique pourrait constituer un véritable levier s’il est utilisé à bon escient. Une mauvaise transmission de l’information couplée avec une réception de celle-ci parfois fastidieuse chez les parents conduit donc à une situations globale où la communication s’avère bien compliquée.

D’autre part, le représentant des parents du lycée X affirme qu’il a « toujours eu une critique

sur le mode d’information des établissements » alors que paradoxalement nous sommes dans

une société de communication. Il a, à plusieurs reprises, relayer son point de vue qui est d’ailleurs partagé par d’autres parents, mais en vain selon lui car les choses n’évoluent pas en faveur d’une communication plus étroite. Il reproche à l’institution un manque de transmission des informations, et préconise d’ailleurs de diffuser plus largement et abondamment des « notes

aux familles » pour les tenir informer le plus régulièrement possible, sans quoi les familles

s’inquiètent de plus en plus d’après lui. Ces notes d’informations devraient abordés des sujets divers et variés concernant la vie de l’établissement (emploi du temps entre autres) pour éviter des situations d’incompréhension. Il cite notamment l’exemple du service de restauration scolaire, qui est l’un des plus importants au niveau départemental, dont la fréquentation connait une croissance exponentielle alors que les capacités d’accueil sont limitées. Il faudrait d’après lui faire un point informatif en direction des familles pour améliorer le fonctionnement du self puisque les familles n’en sont pas satisfaites, d’autant plus que ce dysfonctionnement est pointé du doigt chaque année. D’autre part, ce manque de communication et d’information pousse les parents d’élèves à faire leurs propres démarches de leur côté, et la plupart du temps ils n’obtiennent que des renseignements parcellaires d’après le représentant des parents du lycée

55 X, ce qui est problématique. De plus, certains parents, en tous cas c’est le cas de la représentante des élèves du collège Y, ressentent un manque d’information autour de l’orientation des élèves notamment. L’enseignante de ce même collège est plutôt d’accord avec ce point de vue et ajoute : « on n’explique pas assez aux familles je crois » ; « on devrait les accompagner mais pas par

une réunion ponctuelle par an, sur vraiment une évolution » ; alors que les schémas ont changé

et ne ressemblent plus à ce qu’ils étaient à l’époque où les parents étaient eux-mêmes élèves. Cela confirme par ailleurs la thèse de Pierre Périer selon laquelle certaines familles éprouvent des difficultés à maîtriser un processus d’orientation opaque et complexe. Ceci est d’autant plus périlleux quand la communication est insuffisante. C’est d’ailleurs ce que confirme la représentante des parents d’élèves du collège Y : « j’ai pris rendez-vous avec la conseillère

d’orientation pour voir en fait… pour essayer de comprendre un peu parce que… ». Au collège

Y, toutes les familles ne comprennent pas l’enjeu de l’orientation et n’ont pas elles-mêmes l’initiative d’aller se renseigner de leur plein gré. « Ils n’ont pas le réflexe d’aller sur internet,

d’essayer de voir, de fouiller » d’après l’enseignante du collège Y. Quant à elle, au sujet de

l’information autour de l’orientation, l’enseignante du lycée X dit que « vu de l’intérieur j’ai

l’impression que c’est bien fait, vu de l’extérieur je ne sais pas ». La représentante des parents

du collège Y apporte une nuance à tout cela car elles trouvent que les informations au sujet de l’orientation sont davantage destinées aux élèves qui ont des difficultés, et ceci au détriment de ceux qui réussissent. Ainsi, les parents dont les enfants ne rencontrent pas de difficultés particulières doivent eux-mêmes prendre l’initiative de fixer un rendez-vous avec la conseillère d’orientation psychologue pas exemple, et le fait de ne pas être suffisamment encadrés provoque une angoisse palpable chez eux. La représentante des parents du collège regrette également que les professeurs principaux ne jouent pas suffisamment leur rôle de « guide », de « référent », pour aiguiller les familles, alors que la CPE dit, quant à elle, que « les professeurs

principaux sont très investis sur l’orientation ».

À travers ces différents éléments d’analyse, on peut ainsi s’apercevoir que les relations entre l’École et les familles ne sont pas aussi lisses que cela et qu’elles relèvent de mécanismes bien plus complexes.

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C- Un triptyque école – famille – élève pas toujours évident à instaurer et à