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L’enfant / élève comme point de jonction entre deux mondes

C. Un triptyque École-famille-élève pas toujours évident à instaurer et à

1. L’enfant / élève comme point de jonction entre deux mondes

L’enfant, être humain en devenir, est toujours accompagné d’adultes qu’il considère comme ses références et qui lui permettent de grandir et de s’épanouir. D’ailleurs, quand les circonstances de la vie font que malheureusement il est dépourvu de parents, les choses sont bien plus complexes. Toutes les personnes interrogées sont d’accord sur un point, qui est fondamental. Tout est fait pour l’enfant, dans son intérêt. C’est d’ailleurs le sens même de la profession d’enseignant comme le souligne la professeure de français du collège (« c’est pour

eux qu’on le fait », « on est là pour eux »). Le CPE du lycée X souligne également cela : « j’essaie de mettre mes compétences, aussi petites soient-elles, au service des jeunes, et donc de les mettre au service des parents quand il faut que les parents interviennent ». Les familles

confient leurs enfants à l’école (ce terme de « confier » revient dans quasiment tous les discours). L’école a donc une responsabilité très importante vis-à-vis des familles, et réciproquement. « C’est un garde-fou les parents » d’après la CPE du collège Y. Parents et école sont donc les deux éléments structurants de l’identité de l’enfant. De l’équilibre de ces deux piliers dépend la construction de l’élève et du futur citoyen. Aussi bien le représentant des parents du lycée X que l’enseignante du collège Y ont fait allusion à une certaine métaphore, celle des rails, permettant l’équilibre de l’enfant. En effet, l’enfant se situe entre deux rails : d’un côté l’école, l’enseignement, la pédagogie, l’encadrement scolaire ; de l’autre sa famille, ses parents. La CPE du collège Y rejoint ce point de vue en disant que « chacun à notre niveau

on essaye de faire en sorte que les élèves soient armés pour la suite ». Le représentant des

parents du lycée X insiste vraiment sur cette dimension qu’il conçoit comme fondamentale pour appréhender la scolarité d’un enfant : « l’enfant il est au milieu, y’a l’établissement, les parents,

chacun devant jouer son rôle quoi ». La notion de partenariat prend alors tout son sens. De plus,

la complémentarité et l’équilibre entre les parents entre eux est un élément supplémentaire permettant la construction complète et cohérente de l’enfant d’après le représentant des parents du lycée X : « on ne doit pas faire flancher un des piliers parce que sinon l’édifice s’écroule ! ». En outre, l’école ne doit pas prendre le pas, effacer ou évincer la famille, ou remettre toujours en question ses méthodes, et vice-versa. L’enseignante du collège Y en est consciente : « y’a

une part d’éducation de la famille qui compte, et les parents éduquent leurs enfants. Peut-être pas comme nous on l’attend, mais on ne peut pas dire que les parents n’éduquent pas leurs

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enfants ». « Un enfant, c’est toujours avec des parents, quels que soient les parents hein d’ailleurs » ajoute le CPE du lycée X. La CPE du collège Y affirme qu’en fait il est important « d’aller dans le même sens » et que les parents soutiennent les actions mises en place par

l’institution envers leurs enfants. « Aucun des deux côtés ne doit dénigrer l’autre, parce que si

il fait tomber l’autre et ben y’a plus la protection nécessaire pour qu’il [l’enfant] avance en sécurité. Donc le dénigrement, la disqualification d’une autorité sur l’autre est préjudiciable pour l’éducation d’un enfant » d’après le représentant des parents du lycée X. Chaque structure

doit valoriser l’autre, ou en tous cas ne pas la dévaloriser. L’autorité enseignante et de l’école plus globalement doit asseoir l’autorité famille, et réciproquement. Le représentant des parents du lycée X insiste également sur le fait qu’il est important en tant que parent de valoriser tous les membres de l’institution, de l’agent de service jusqu’au proviseur. Il s’agit vraiment d’une complémentarité, d’un soutien mutuel et d’un partenariat entre les deux structures pour (re)donner sens à la scolarité de l’élève et à l’école plus généralement. Mais encore faut-il pour cela que les parents soient eux-mêmes convaincus que l’école a du sens, comme le met en exergue l’enseignante du collège Y, et pas seulement en terme de débouchées professionnelles comme nous l’avons déjà dit précédemment. Les deux entités doivent donc tenir un discours commun pour permettre à l’enfant de s’épanouir aussi bien socialement que scolairement. L’enseignante du lycée X est quant à elle plus mesurée puisque selon elle, les élèves ont besoin de parents et de professeurs qui, « de temps en temps ont le même discours et les mêmes

exigences ». Le discours doit être « cohérent » pour que « l’enfant ait bien compris que, que ce soit à la maison ou que ce soit ici, les attentes sont les mêmes » d’après l’enseignante du collège

Y. C’est à l’école et aux parents de se mettre conjointement d’accord sur les mêmes attentes et de relayer le même discours auprès de l’enfant. Mais pour que cela puisse fonctionner il faut que ses attentes soient comprises et pas seulement entendues par les familles. L’enseignante du collège Y, au-delà sa profession, confie également son point de vue en tant que mère : « pour

qu’il ait des repères [son fils], faut bien que moi j’entende ce qu’attend l’enseignant de lui. Et si je ne crée pas de relation avec l’enseignant, parce que j’ai beau être enseignante, mine de rien peut-être que les attentes sont différentes ailleurs ». De plus, « il faut leur faire comprendre que y’a pas de rivalité, y’a pas de jalousie, y’a pas de conflit » toujours selon ses dires. Le

sentiment d’altérité ne doit pas l’emporter. Elle affirme aussi qu’un plus large partenariat entre école et parents serait au bénéfice des enfants et que l’état actuel des choses n’est pas satisfaisant, ce qui est vraiment dommage. L’enseignante du lycée X confirme cela en disant

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fois désacralisée un petit peu mais surtout qu’elle ne soit pas considérée comme un lieu ennemi, le lieu de jugement, le lieu de l’échec ».

Or, la place que l’on donne aux parents est parfois remise en cause par l’institution elle- même.