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Des maires convaincus

Chapitre 5 : Le retour de la prérogative de l’Etat

5. Des maires convaincus

Derniers maillons de la chaîne administrative, les maires ont souvent été les premiers concernés par la mise en place des écoles mutuelles. Tous n’ont pas été très zélés pour les introduire, même dans des grandes villes comme Lorient et Rennes. Il ne s’agit pas d’énumérer ici l’attitude de chacun d’entre eux car, à l’instar des curés, elle est souvent abordée dans différents chapitres de ce travail. A la place, il a semblé plus judicieux d’étudier deux maires particulièrement en faveur de la nouvelle méthode. D’une part, les documents les concernant sont suffisamment nombreux pour permettre une telle étude. D’autre part, ces deux cas aident assez bien à comprendre le rôle du maire pour organiser l’instruction primaire dans sa commune à cette époque. Ainsi, il est possible d’entrevoir les forces et les faiblesses de sa position.

A) Delorme Villedaulé, le philanthrope

Le premier de ces maires est Delorme Villedaulé. Celui-ci dirige la municipalité de Saint-Servan de mars 1817 jusqu’en mars 1821. De lui, on sait qu’il fut un des plus importants armateurs-corsaires durant les guerres de l’Empire. Il semble avoir visé une carrière politique à partir de la Restauration puisque, à la même époque, il est également conseiller général du département d’Ille-et-Vilaine, il le restera jusqu’en 1833. Le curé de Saint-Malo le considère comme « fort libéral » mais il faut bien voir qu’il s’agit là de l’opinion d’un homme d’Eglise qui aurait tendance à voir le libéralisme derrière chaque opposition aux intérêts cléricaux516. Un document concernant la composition du conseil général d’Ille-et-Vilaine, datant du début de la monarchie de Juillet, donne un avis un peu plus nuancé en jugeant Delorme Villedaulé comme politiquement modéré517. Quoi qu’il en soit, on peut le qualifier de philanthrope et d’homme de progrès. Ainsi, il s’emploie à diffuser la consommation de pomme de terre, aliment alors peu répandu mais qui coûte moins cher

516

AD 35, 6 V 50, lettre du curé de Saint-Malo à l’évêque du diocèse de Rennes, 6 septembre 1821. 517

Yvan Marcou, « Les notables de l’arrondissement de Rennes (1800-1830) », mémoire de maîtrise, Rennes, 1990. Cette indication sur l’opinion politique de Delorme-Villedaulé apparaît dans un document situé en annexe.

que le froment. Il conçoit, à cette fin, un pain dans lequel la farine du précieux tubercule entre pour les quatre-cinquièmes, le reste étant apporté par le blé. Cette fabrication se fait d’abord au sein de l’hospice, non seulement pour la consommation des indigents mais aussi pour être vendue, contribuant ainsi à accroître les revenus de cet établissement charitable. Le maire ne voulant pas s’arrêter à ces résultats, il souhaite également que chaque famille, dont la plupart boulangent leur pain, adopte ce procédé. Pour les y inciter, il invente une râpe destinée à faciliter la production de farine de pomme de terre518.

Mais son action en faveur des plus pauvres ne s’arrête pas à vouloir mieux les nourrir, elle s’étend aussi à leur instruction. C’est sans doute sous l’impulsion donnée par le préfet, d’Allonville, que ce philanthrope se décide à vouloir établir une école mutuelle dans sa ville. Dans un rapport adressé au ministre de l’Intérieur, le premier magistrat du département d’Ille-et-Vilaine explique son projet et souligne l’attitude favorable du maire de Saint-Servan à cet égard : « J’espère en établir deux ou trois autres (écoles), d’ici à six semaines, à Redon, Saint-Malo, et Saint-Servan. Je suis parfaitement secondé dans ce projet par les sous-préfets de Redon et Saint-Malo, et par le nouveau maire de Saint-Servan, M. Delorme Villedaulé, jeune négociant actif, entreprenant et éclairé. Après Rennes, j’ai choisi ces trois ports de préférence, pour y établir des écoles dès 1817, parce qu’il est particulièrement et presque nécessaire pour une multitude de marins, qui font des voyages de long cours, de savoir lire, écrire et compter. Il y a aussi plus de lumières parmi les habitants des ports de mer, que dans l’intérieur des terres, et je suis convaincu que la nouvelle méthode y sera mieux appréciée et y fera des progrès plus rapides (…)519 »

Delorme Villedaulé n’agit pas sous la seule influence du préfet. Il a aussi ses propres raisons pour donner ses préférences à l’enseignement mutuel. Celles-ci sont, avant tout, pragmatiques. Il explique : « Il est d’une importance majeure que cette instruction soit rapide et de courte durée dans une ville où les parents pauvres peuvent placer utilement leurs enfants même en bas âge sur les bâtiments du commerce, dans les fabriques et ateliers de la marine520. » D’autre part, il est véritablement séduit par cette méthode qui apprend l’ordre et l’obéissance. Il est tellement enthousiaste vis-à-vis d’elle qu’il lui dénie son origine anglaise. Il s’agit, selon lui, d’une invention française dont le véritable auteur est le chevalier Paulet. Cet ancien officier de l’armée du roi avait, en 1778, ouvert une école pour les orphelins

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AM, Saint-Malo, SS D 66, registre de correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre du maire au préfet d’Ille-et-Vilaine, 22 février 1818.

519

AN, F17, 10 213, rapport du préfet d’Ille-et-Vilaine, le comte d’Allonville, au ministre de l’Intérieur, 31 mai 1817.

520

AM, Saint-Malo, SS D 67, correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre adressée à l’évêque du diocèse de Rennes, 11 septembre 1818.

militaires dans laquelle il se servait de moniteurs. Il reçut d’ailleurs, à cette époque, un encouragement financier de Louis XVI qui s’intéressait à cette expérience. Delorme Villedaulé, en défendant cette thèse peu conforme à la réalité historique, trahit sans doute une anglophobie bien compréhensible de la part de cet ancien armateur corsaire. Il explique ainsi :

« Pendant tout le temps du désordre on oublia entièrement en France cette précieuse méthode. Mais les Anglais toujours occupés de s’emparer des découvertes que nous faisons et dont presque jamais nous ne cueillons les premiers fruits, s’emparèrent de la méthode du chevalier Paulet et lui donnèrent le nom de méthode de Lancaster. Enfin le retour de notre Roi légitime ayant ramené la tranquillité nous avons repris cette méthode qui a éprouvé de grands perfectionnements521. »

Cependant, Delorme Villedaulé, pour fonder et consolider son école mutuelle, a besoin du concours du comité d’instruction primaire prévu par l’ordonnance royale du 29 février 1816. Or, le maire pense que celui de son canton n’a pas été établi. Il faut dire que ceux-ci n’existaient que sur le papier pour la plupart. Même dans les grandes villes, on peinait à les réunir. Les curés de cantons, présidents de ces nouvelles institutions, n’étaient pas pressés de les convoquer, par désintérêt ou par désapprobation vis-à-vis d’une ordonnance qui, pensaient-ils, entravaient leurs prérogatives sur l’instruction publique, domaine dans lequel ils voulaient régner sans partage.

Comme Delorme Villedaulé constate que le comité dont il a besoin n’a pas d’activité, il pense en constituer un avec des personnes de son choix mais il doit assez vite abandonner cette idée car le sous-préfet lui rappelle que ce comité existe, bien qu’il ne se soit jamais réuni, depuis environ six mois522. De toute façon, les événements vont bientôt s’accélérer et lui faciliter la tache.

Tout d’abord, il se trouve que l’inspecteur Delamarre vient de commencer une grande tournée académique dont il a été chargé par le recteur, ce périple ayant pour premières étapes les villes de Saint-Servan et Saint-Malo523. Une des missions essentielles de ce fonctionnaire

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AM, Saint-Malo, registre des délibérations du comité cantonal d’instruction primaire de Saint-Servan, 1817-1822, document en cours de classement, discours du maire à l’occasion de la distribution des prix de l’école mutuelle, séance du 28 juillet 1818.

522 AM, Saint-Malo, correspondance du comité cantonal d’instruction primaire de Saint-Servan, 1817-1822, document en cours de classement, discours du maire à l’occasion de la distribution des prix de l’école mutuelle, lettre du sous-préfet de Saint-Malo au maire de Saint-Servan, 18 juin 1817. On apprend que la composition du comité de Saint-Servan a été le fruit d’un arrangement entre le curé et le maire de cette époque-là, le

prédécesseur de M. Delorme-Villedaulé. 523

AN, F17, 1 626, copie du compte rendu par M. Delamarre, inspecteur de l’académie de Rennes, de la tournée qu’il a faite dans les départements des Côtes -du-Nord, du Finistère, du Morbihan et dans une partie du département d’Ille-et-Vilaine, 27 septembre 1817. Dans ce rapport, l’inspecteur s’adresse au recteur de l’académie, l’abbé Le Priol. Il est parti le 12 juin de Rennes.

est justement de faire exécuter l’ordonnance royale du 29 février 1816 et de provoquer la réunion des comités institués par elle. De son côté, le préfet n’a sans doute rien négligé pour faire coïncider les préparatifs des établissements projetés avec cette venue de l’inspecteur. Il ordonne et presse Lambert, dirigeant alors l’école mutuelle de Rennes et qui, visiblement ne s’attendait pas à partir, de se rendre incessamment à Saint-Servan pour y organiser les écoles524. Le maître y est accueilli par Delorme Villedaulé qui s’efforce de rendre le séjour de son hôte soit le plus agréable possible. Preuve de sa grande bienveillance, il lui offre, dans sa demeure, le gîte et le couvert, ce qui ne laisse pas de surprendre Lambert, sans doute peu habitué à de tels égards. A son arrivée, ce dernier fait part de ses impressions au préfet : « Je suis mille fois mieux reçu que n’a droit d’attendre un pauvre maître d’école525. »

Malgré le zèle du maire et la collaboration du préfet, ce qui se passe lors de la première réunion du comité de Saint-Servan laisse présager les difficultés futures. En premier lieu, le curé de Saint-Servan, Georges, ne s’est pas déplacé alors qu’il est le président de cette nouvelle institution. Il a délégué pour le remplacer l’abbé Sauvage dont l’inspecteur Delamarre dresse ce portrait peu flatteur : « Mr l’abbé Sauvage, vicaire de Saint-Servan est celui (…) qui se livre aux plus violentes déclamations ; Sa haine contre le régime universitaire n’a point de bornes, et quoiqu’à bien dire, il soit dénué de tout talent, sa jactance, sa présomption et le ton doctoral avec lequel il parle et discute ne laissent pas d’en imposer à beaucoup de personnes simples et timorées (…)526 » Cet ecclésiastique au caractère enflammé refuse de signer la délibération prise. Son motif tient à ce qu’il ne veut en aucun cas se mêler de ce qui concerne l’école mutuelle527. Il la considère comme un foyer d’hérésie et s’emploie à éloigner les parents de cette école par tous les procédés : visites domiciliaires pour les dissuader d’y envoyer leurs enfants, pressions exercées dans le secret du confessionnal, prêche contre ceux qui cèdent aux sirènes des faux prophètes, c'est-à-dire ceux qui font l’éloge des nouveaux modes d’instruction et surtout, menaces de ne pas accepter les enfants à la première communion s’ils fréquentent l’école maudite528.

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AD 35, 11 T 36, lettre de Lambert au préfet d’Ille-et-Vilaine, 4 juin 1817. Il rappelle dans cette lettre l’ordre que le préfet lui a donné de se rendre avant la Saint-Jean à Saint-Malo. Il décide de partir le lendemain de la date de sa lettre, c'est-à-dire le 5 juin.

525 AD 35, 11 T 36, école mutuelle de Saint-Servan, lettre de Lambert au préfet d’Ille-et-Vilaine, 9 juin 1817. 526 AN, F17, 1 626, copie du compte rendu par M. Delamarre, inspecteur de l’académie de Rennes, de la tournée qu’il a faite dans les départements des Côtes -du-Nord, du Finistère, du Morbihan et dans une partie du département d’Ille-et-Vilaine, 27 septembre 1817. Dans ce rapport, l’inspecteur s’adresse au recteur de l’académie, l’abbé Le Priol. Il précise qu’il est parti le 12 juin de Rennes.

527

AM, Saint-Malo, registre des délibérations du comité cantonal d’instruction publique de Saint-Servan, 1817-1822, document en cours de classement, séance du 17 juin 1817.

528

AD 35, 11 T 36, Saint-Servan, copie d’une lettre confidentielle du préfet d’Ille-et-Vilaine adressée à l’évêque de Rennes, 22 juillet 1817.

D’ailleurs, rares sont les membres du comité qui sont favorables à l’enseignement mutuel. L’un des notables nommés, Bourdas, est même farouchement opposé au développement de l’instruction primaire529. Un autre, Cabaret, officier de marine, ne réside plus à Saint-Servan530. L’abbé Buret, autre vicaire, membre du comité, ne prend pas la peine de se déplacer et le juge de paix, Cousin de Courchamp, n’a participé qu’aux deux premières séances. Restent le principal du collège, Raffray et le médecin, Trévaux de la Roselaye. Evidemment, cela fait peu et Delorme Villedaulé est bien décidé à changer cette situation. Il propose alors deux noms sur lesquels il pense pouvoir compter pour remplacer Cabaret et Bourdas : Nouvel et Lissillour, tous les deux anciens capitaines de vaisseaux531. Quelques mois plus tard, il suggérera le remplacement de l’abbé Buret par l’abbé Longueville, ecclésiastique venant de Saint-Pierre et Miquelon, dont l’opinion est en faveur de l’enseignement mutuel532. En outre, pour sortir de l’impossibilité institutionnelle résultant du refus du curé de convoquer le comité, le maire propose de créer pour lui-même la fonction de vice-président. Evidemment, il aurait, par cette nouvelle position, tous les pouvoirs du président en son absence. Saisi de cette demande, le recteur n’hésite pas à autoriser le maire à assurer cette nouvelle charge, prouvant ainsi toute la confiance qu’il a en lui533.

Une fois le maire installé à la tête du comité, tout semble en bonne voie. Mais, le magistrat accumule de nouveaux revers. D’une part, il voudrait que l’évêque oblige le clergé local à approuver l’école mutuelle. Cependant, les trois lettres qu’il écrit au prélat à ce sujet entre août et octobre 1818 restent sans réponse534. D’autre part, il entre en conflit avec le recteur au sujet d’une autorisation que ce dernier a accordée à un maître particulier contre l’avis du comité. Les membres de cette assemblée prennent ombrage de la décision

529

AM, Saint-Malo, SS D 66, correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre du maire à M. l’Inspecteur d’académie, 3 mars 1818.

530

AM, Saint-Malo, correspondance du comité cantonal d’instruction primaire de Saint-Servan, 1817-1822, documents en cours de classement, lettre du recteur de l’académie au maire de Saint-Servan, 6 mars 1818. 531

AM, Saint-Malo, SS D 66, correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre du maire au recteur de l’académie de Rennes, 10 mars 1818.

532 AM, Saint-Malo, SS D 67, correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre du maire au recteur de l’académie de Rennes, 2 juillet 1818.

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AM, Saint-Malo, correspondance du comité cantonal d’instruction primaire de Saint-Servan, 1817-1822, documents en cours de classement, arrêté du recteur de l’académie au maire de Saint-Servan créant la fonction de vice-président du comité cantonal d’instruction publique de Saint-Servan et nommant Delorme-Villedaulé à cette fonction, 11 mars 1818.

534

AM, Saint-Malo, SS D 67, correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettres du maire à l’évêque du diocèse de Rennes, 4 août, 11 septembre et 3 septembre 1818.

académique et arrêtent momentanément de se réunir tandis que le maire se retire définitivement535.

Malgré l’absence de Delorme Villedaulé, l’activité du comité reprend mais il faut avouer qu’elle est bien faible. Ainsi, alors qu’une souscription a été décidée pour attribuer quelques subsides à l’école mutuelle, il s’avère qu’un seul de ses membres, Nouvel, s’occupe réellement de la collecte des fonds536. Le nouveau juge de paix, Abeillé, doit aussi y participer mais il ne se manifeste pas, ce que regrette profondément le maire. D’autre part, les sommes récoltées sont très faibles si on compare avec les souscriptions qui ont eu lieu dans d’autres endroits pour le même motif. Alors qu’à Saint-Brieuc, on avait versé, lors d’une première souscription, près de 1 400 francs537, et à Guingamp, 1 200 francs538, à Saint-Servan, ville qui possède alors environ le même nombre d’habitants que Saint-Brieuc, le maire ne peut compter que sur 200 francs539.

Homme de tempérament, Delorme Villedaulé ne siége plus au comité d’instruction primaire depuis février 1819. En outre, il démissionne de sa place de maire en mars 1821. Cependant, l’école mutuelle, qui est en quelque sorte son œuvre, continue de prospérer. Celle-ci rassemble entre 80 et 120 élèves de 1819 à 1823540. Il est probable que cette école continue de fonctionner jusqu’en 1826, date à laquelle le maître mutuel, Legros, est révoqué541. La nouvelle ordonnance royale de 1824542 qui remettait dans les mains des évêques le pouvoir d’autoriser les instituteurs lui a été fatale. Entre temps, le clergé s’est emparé du comité d’instruction primaire et a réussi à faire venir les Frères de l’Instruction chrétienne pour y établir leur école en 1823543. Cependant, au-delà de l’échec final de son entreprise, Delorme Villedaulé a réussi à créer une école mutuelle qui s’est révélée prospère au moins pendant six

535 AM, Saint-Malo, registre des délibérations du comité cantonal d’instruction primaire de Saint-Servan, 1817-1822, document en cours de classement, séance du 25 février 1819, copie de la lettre du comité adressée au recteur de l’académie.

536

AM, Saint-Malo, SS D 68, registre de la correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre du maire à M. Abeillé, 27 novembre 1819.

537

AM, Saint-Brieuc, 1 R 2, souscription proposée par les personnes qui désirent concourir à l’établissement d’une école d’après le mode d’enseignement mutuel, 11 décembre 1818. La somme exacte était 1391,85 francs. 538

AD 22, 1 T 152, Guingamp, lettre des membres composant la commission de l’instruction mutuelle de Guingamp au préfet des Côtes-du-Nord, 5 mai 1821.

539

AM, Saint-Malo, SS D 68, registre de la correspondance du maire de Saint-Servan (1816-1818), lettre du maire à M. Abeillé, 27 novembre 1819.

540 AD 35, 11 T 37, états de situation de l’école mutuelle de Saint-Servan. Le dernier état date de juin 1823. On y mentionne 102 élèves.

541

AD 35, 10 T 18, registre de correspondance du recteur de l’académie de Rennes, révocation du brevet et de l’autorisation du sieur Legros, instituteur primaire à Saint-Servan, 29 avril 1826.

542

ordonnance royale du 8 avril 1824 concernant l’instruction publique et plus particulièrement les écoles primaires, titres V et VI.

543

AM, Saint-Malo, 32 W 759, lettre du curé de Saint-Servan au Frère Julien, 18 septembre 1834. Cette lettre rappelle les conditions dans lesquelles a été fondée l’école des Frères de l’Instruction chrétienne de Saint-Servan.

ans. En outre, mais de manière indirecte, il a réveillé la susceptibilité du clergé et l’a poussé à fonder une école concurrente. En 1828, un document établi par Jean-Marie de La Mennais déclare 300 élèves scolarisés par les Frères à Saint-Servan. Les progrès sont importants si l’on compare aux effectifs de l’école mutuelle au moment de sa fondation. Delorme Villedaulé avait alors annoncé que celle-ci accueillait 160 élèves de la classe indigente544. Au total, l’impulsion donnée par Delorme Villedaulé a été payante même si cela ne s’est pas passé selon la vision « laïque » qu’il avait de l’instruction primaire.

B) A Pontrieux, un maire précurseur

Le 17 janvier 1819, le conseil municipal de Pontrieux, ayant eu connaissance de la fondation d’une école mutuelle à Saint-Brieuc, fait la demande d’inscrire à l’ordre du jour la possibilité d’en créer une semblable dans la ville qu’il administre545. La responsabilité principale de cette initiative est, toutefois, à mettre au compte du maire546.

Celui-ci n’attend d’ailleurs pas les directives des autorités ou les conseils de la Société pour l’Instruction élémentaire. Il propose lui-même, pour diriger l’école projetée, Jean-Marie Le Millier qui est, en outre, conseiller municipal547. On lui octroie un revenu important pour une petite commune, à savoir 1 000 francs annuels. Il devra faire sa classe dans un local loué 200 francs par la commune. Il pourra également compter sur une autre somme de 200 francs