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2 Probl`emes d’identification

2.2 M´ethodes d’identification

De mani`ere sym´etrique au probl`eme standard d’´elastostatique d´ecrit dans la partie1, les probl`emes d’identification se r´esument, connaissant un champ de d´eplacement mesur´e

um(x) ≃ u(x), en un nombre fini de points x, `a trouver les champs (

C

(x), Td(x)) v´erifiant

l’´equilibre local de la structure et la loi de comportement (´eventuellement param´etr´ee) postul´ee. On suppose donc l’existence d’un champ u(x), dont une estimation est donn´ee

Probl`emes d’identification 71

par la mesure um(x), avec (en l’absence de forces volumiques)

div(

C

[u]) = 0 (2.23)

C

[u](x)n = Td ∀x ∈ St (2.24)

Ce probl`eme g´en´eral est souvent simplifi´e :

– en postulant une forme particuli`ere pour le tenseur d’´elasticit´e (sym´etrie et varia-tions spatiales), qui ne d´epend plus alors que d’un nombre fini de param`etres k ;

en imposant une contrainte sur la distribution d’efforts Td, dont une projection est parfois mesur´ee.

Les diff´erentes m´ethodes existantes se distinguent alors par le type de relation utilis´e pour v´erifier l’´equilibre et la loi de comportement (formes faibles ou exactes) et par l’identifi-cation ou non de l’´ecart entre les champs u(x) et um(x). Cet ´ecart d´erive g´en´eralement du

choix de la base fonctionnelle retenue pour d´ecrire l’ensemble

S

AD. Si cette base choisie ne repr´esente pas exactement le champ mesur´e, alors il existe un ´ecart entre le champ de d´eplacement mesur´e et le champ de d´eplacement solution du probl`eme direct correspon-dant, que l’on appelle probl`eme direct associ´e `a la solution du probl`eme d’identification.

2.2.1 Recalage de mod`eles `a partir d’un ´ecart sur les d´eplacements

La structure ´etant d´ecrite `a l’aide d’un nombre fini de param`etres k, une premi`ere classe de m´ethodes regroupe toutes les techniques qui consistent `a comparer le champ de d´eplacement issu de l’exp´erience um au r´esultat d’un calcul par ´el´ements finis uc(k, Td).

Ce dernier champ est, en g´en´eral, obtenu pour une valeur donn´ee des param`etres k et avec la valeur mesur´ee de la projection des efforts Td. Tout le probl`eme consiste alors `a d´efinir une distance entre la solution et le champ mesur´e. La solution la plus simple consiste `a minimiser un ´ecart quadratique, avec un ´eventuel terme de r´egularisation

R

erecalage=1

2

(um− uc(k, Td))t(um− uc(k, Td)) +λ

R

(k) (2.25) La minimisation de cet ´ecart pour les param`etres k fournit un jeu de param`etres solution. Dans la forme 2.25, la signification physique du param`etre λ est difficile `a ´etablir, son choix [48] devant amener `a la stabilit´e de la solution vis-`a-vis d’une perturbation sur les mesures. En g´en´eral, le champ mesur´e n’est pas statiquement admissible au sens du mod`ele ´el´ements finis, de sorte que mˆeme si le mod`ele retenu pour d´ecrire la structure est raisonnable, erecalage n’est pas nul apr`es minimisation. Au minimum, l’´equilibre et la relation de comportement sont v´erifi´es sous leur forme faible (calcul par ´el´ements finis) et on obtient un champ de d´eplacement statiquement admissible uc, proche du champ mesur´e um.

2.2.2 La m´ethode des champs virtuels

La m´ethode des champs virtuels a ´et´e initialement propos´ee dans [61] pour identifier des propri´et´es homog`enes de composites en ´elasticit´e anisotrope [62]. Le principe repose

sur l’utilisation directe de l’´equation (2.9). En posant ˜ σ=

C

[um] (2.26) (2.9) devient    ∀u

U

AD ˜ σ=

C

ε[um] R ε[um] :

C

[u]dV =R f.udV+R StTd.udS (2.27)

En d´ecomposant le tenseur d’´elasticit´e

C

=

k

Qk

C

k (2.28)

o`u les Qksont les param`etres mat´eriau `a identifier, il est possible d’´ecrire autant d’´equations ind´ependantes qu’il y a d’inconnues, en choisissant les champs virtuels u pour obtenir un syst`eme lin´eaire bien conditionn´e. Il est ´egalement possible de choisir les champs test

u de sorte que l’on ne fait apparaˆıtre qu’une constante Qk dans chaque ´equation. Ces champs test sont alors appel´es « champs virtuels sp´eciaux » [63]. La technique a ´et´e ap-pliqu´ee `a l’identification de propri´et´es ´elastiques anisotropes [64] [65], ainsi qu’`a une loi de comportement ´elastique non-lin´eaire [66]. De par l’utilisation de l’´equation (2.9), l’´equilibre est v´erifi´e sous sa forme faible, alors que la loi de comportement est v´erifi´ee localement, avec l’hypoth`ese (2.26). Cette m´ethode d’identification s’apparente alors `a une m´ethode de Ritz pour le probl`eme direct. On remarquera cependant que le champ de contrainte d´etermin´e `a partir de (2.26) n’est en g´en´eral pas en ´equilibre. Aussi, aucun indicateur n’est utilis´e pour identifier l’´ecart entre les champs u et um, mˆeme si un ´ecart `a l’´equilibre est propos´e, pour les cas non-lin´eaires, dans [63]. Pour palier cette sensibilit´e, les champs virtuels sont choisis de mani`ere `a minimiser l’influence d’un bruit de mesure sur les param`etres identifi´es [67].

2.2.3 M´ethode de l’´ecart `a la r´eciprocit´e

Pour d´efinir une fonctionnelle caract´erisant l’´ecart `a la r´eciprocit´e, il faut imaginer le mˆeme corpsΩ, caract´eris´e par deux champs de raideur

C1

et

C2

. Soient alors deux champs de d´eplacements u1et u2tels que

div(

C1

[u1]) = 0 (2.29)

C

1[u1](x)n = Td ∀x ∈ St (2.30)

et

div(

C2

[u2]) = 0 (2.31)

C2

[u2](x)n = Td ∀x ∈ St (2.32)

alors, on peut r´e´ecrire l’´equation (2.9) en remplac¸ant,

˜

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avec u2comme champ virtuel d’une part, et en remplac¸ant

˜

σ=

C2

ε[u2] (2.34)

avec u1comme champ virtuel d’autre part. On obtient alors [68] Z Su∩St u2.Td− ud.(

C

2[u2](x)n)dS = Z u1:(

C

1

C

2) :∇u2dV = R(

C

1

C

2, u1, u2) (2.35) Si l’intersection Su∩ St est non vide, alors le choix d’un champ virtuel u2 permet de calculer le membre de gauche de (2.35), donnant ainsi une information sur le champ

C1

cherch´e. Cette m´ethode, introduite par Bui et al. [69], a ´et´e appliqu´ee `a l’identification de propri´et´e ´elastiques ou la localisation de fissures [68].

2.2.4 M´ethodes d´erivant de solutions exactes

Dans le cas o`u le probl`eme direct suppos´e reproduire le champ de d´eplacements me-sur´e admet une solution analytique, cette solution permet de d´efinir un ensemble fonction-nel pour le champ de d´eplacement solution, les param`etres ´elastiques et de chargement donnant alors la projection du champ de d´eplacement mesur´e sur cette base. L’´equilibre comme la relation de comportement sont alors v´erifi´ees exactement en tout point. Ce type de technique a ´et´e exploit´e par exemple dans [70]. En traitant dans ce cadre le probl`eme d’indentation de Flamant, les auteurs montrent que l’on peut obtenir la valeur absolue des propri´et´es ´elastiques `a partir de la seule mesure d’un champ de d´eplacement. D’autres applications r´ecentes, traitant des champs en pointe de fissure [71] ou du d´eplacement au-tour de singularit´es g´eom´etriques dans un essai de traction [72] ont ´egalement d´emontr´e les multiples applications potentielles de ces m´ethodes.

2.2.5 L’erreur en relation de comportement

La fonctionnelle (2.16) d´efinit l’erreur en relation de comportement ∆Ψ(σ,ε). Cet

indicateur, initialement propos´e dans [73] et [74] a d’abord ´et´e appliqu´e `a la validation de calculs vibratoires par ´el´ements finis. Si le champ

C

est alors connu, son identification `a partir de champs mesur´es requiert la r´e´ecriture de l’´equation (2.16)

Ψ(σ,ε,

C

) =

Z

ηΨ(

C

:ε,

C

−1)dV +

Z

ηΨ(σ,ε)dV (2.36) Dans le cas de l’´elasticit´e lin´eaire, cette expression se r´eduit

Ψ(σ,ε,

C

) =

Z

(σ

C

:ε) :

C

−1:(σ

C

)dV (2.37) ou, sous une forme sym´etris´ee,

Ψ(σ,ε,

C

) =

Z

(

C

−1

On remarquera que l’´equation n’int`egre aucune contrainte concernant l’´equilibre de la structure. Aussi, c’est le choix d’espaces fonctionnels ad´equats qui va permettre ici de satisfaire l’´equilibre, en calculantσpar ´el´ements finis. Les conditions d’´equilibre se tra-duisent donc lors de la minimisation par un multiplicateur de Lagrange associ´e au champ

σ. Diverses strat´egies sont aussi possibles pour d´efinir le champε, qui peut d´eriver exac-tement du champ mesur´e, ou, s’il est consid´er´e comme non fiable, d´eriver d’un champ approchant le champ mesur´e. En supposant de nouveau que le tenseur d’´elasticit´e se d´ecompose suivant (2.28), le probl`eme d’identification se rapporte `a la minimisation de (2.36) par rapport aux param`etres Ck, les champsσetε´etant soumis `a des contraintes va-riables suivant les ´etudes. Cette m´ethode a d’abord ´et´e appliqu´ee au recalage de mod`eles dynamiques [75], ´eventuellement avec un terme de distance aux mesures [76]. En statique, Geymonat et al. [77] ont d´emontr´e qu’en l’absence de distance aux mesures,∆Ψ(σ,

C

) est

s´epar´ement convexe et ont appliqu´e ce r´esultat `a l’identification de propri´et´es ´elastiques avec un ´echantillon soumis `a un chargement homog`ene. En ajoutant un terme de distance aux mesures, Calloch et al. [78] ont utilis´e cette approche pour identifier un champ de propri´et´es homog`ene `a partir d’un essai h´et´erog`ene. D’une mani`ere g´en´erale, la loi de comportement est ici toujours v´erifi´ee sous sa forme faible, alors que la v´erification de l’´equilibre d’une part, et de la compatibilit´e avec les mesures d’autre part d´ependent des espaces fonctionnels choisis.

2.2.6 L’´ecart `a l’´equilibre

En introduisant la forme faible des ´equations d’´equilibre (2.9) dans l’erreur en rela-tion de comportement (2.16), on a d´ecompos´e cette derni`ere en ´energies potentielle et compl´ementaire. La minimisation de ces ´energies est la base des m´ethodes de r´esolution par ´el´ements finis, la relation de comportement comme l’´equilibre ´etant alors v´erifi´ees sous leur forme faible. Si la plupart des m´ethodes d´ecrites se r´ef`erent en pratique `a un mod`ele ´el´ements finis, celui-ci sert exclusivement au calcul d’une base de champs d´ecrivantσ. On peut donc imaginer mˆeler plus intimement cette m´ethode de r´esolution du probl`eme direct avec les ´equations que doit v´erifier la solution du probl`eme d’iden-tification. Dans la m´ethode de l’´ecart `a l’´equilibre [79], la structure est repr´esent´ee via une discr´etisation par ´el´ements finis, et les conditions d’´equilibre sont ´ecrites comme la minimisation de l’´energie potentielle de la structure. Si le champ de d´eplacement mesur´e est d´ecompos´e sur une base de fonctions de forme

u=

i

φi(x)ui (2.39)

alors la minimisation s’´ecrit

∂∆u(Q, u)

u = 0 (2.40)

Contrairement `a la r´esolution d’un probl`eme direct, les d´eplacements nodaux sont alors suppos´es connus (i.e., mesur´es) alors que les propri´et´es ´elastiques sont les inconnues `a d´eterminer. Ces id´ees ont ´egalement ´et´e d´evelopp´ees en ´elasticit´e anisotrope par Hori

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[81]. En supposant que les propri´et´es ´elastiques sont constantes par ´el´ement et que les nœuds internes de la structure ne subissent aucun chargement ext´erieur, Claire et al. [80] ont montr´e que le syst`eme lin´eaire d’´equations obtenu se met sous la forme

M

Q= 0 (2.41)

et est, en g´en´eral, largement sur-d´etermin´e. Les propri´et´es ´elastiques sont alors obte-nues, et la d´emarche est tr`es robuste par rapport au bruit de mesure. Dans ce cas, la sur-d´etermination du syst`eme permet de d´efinir un ´ecart `a la solution sur les ´equations d’´equilibre. Le vecteur solution Qsolv´erifie

M

Qsol= Fr (2.42)

d´efinissant ainsi un indicateur de la qualit´e de l’identification. Ce r´esidu repr´esente le char-gement m´ecanique qu’il faut rajouter sur la structure pour que celle-ci soit en ´equilibre si l’on suppose que le champ de d´eplacement mesur´e est le champ r´eel. Par cons´equent, cet indicateur repr´esente l’´ecart entre le champ mesur´e et le champ solution du probl`eme direct associ´e `a la solution.