• Aucun résultat trouvé

2 Mesure d’une topographie diff´erentielle

2.4 D´epliement de la carte de phase

2.4.1 Principe

La partie2.3a permis de montrer comment obtenir la carte de tan[φ] `a partir de

l’ac-quisition de 4 images d’interf´erences pendant une p´eriode de modulation de la phase. Le probl`eme consiste alors `a obtenirφ `a partir de tan[φ]. On l’obtient avec

tan[φ(l, m)] = E1− E2− E3+ E4

E1− E2+ E3− E4

=Y

X (1.70)

On d´eduit alors ais´ementφp

φp= arctan2(Y, X) (1.71) o`u arctan2 est la fonction r´eciproque de

Y = sin(φp) (1.72)

X = cos(φp) (1.73)

L’angleφp, quand il est obtenu avec l’´equation (1.71), est par d´efinition sur l’intervalle

[−π,π]. Si la phase mesur´ee s’´etend sur un intervalle plus grand que 2π, alors la phase obtenue est dite « pli´ee ». Le « d´epliement » de la phase φp consiste alors `a ajouter un multiple de 2π `a la portion de l’espace comprise entre deux « sauts de phase », afin d’as-surer la continuit´e de la phase « d´epli´ee ». L’application de cette m´ethode est triviale dans un espace `a une dimension, car il n’y a qu’un chemin possible pour joindre deux points

quelconques de cet espace. Par contre, le probl`eme ´etendu `a deux dimensions continue d’ˆetre `a l’origine d’un grand nombre d’articles (par exemple [35] [36]). La difficult´e pro-vient du fait qu’il y a un grand nombre de chemins permettant de relier deux points d’un espace `a n dimensions, si n> 1. Les techniques propos´ees peuvent n´eanmoins ˆetre

re-group´ees en deux grandes classes :

– Les m´ethodes de d´epliement local. La plus efficace consiste `a rep´erer des sources de discontinuit´e, et `a assurer le d´epliement sur les chemins qui relient ces sources de discontinuit´e deux `a deux. Le choix de ces chemins (« branch-cuts ») est arbitraire : si l’on retient N paires de sources, il y a N! jeux de chemins possibles. Ce type de technique est donc inutilisable si le nombre de sauts de phase est important. On peut citer [35] comme exemple de ces techniques.

– Les m´ethodes globales. Il s’agit de m´ethodes bas´ees sur la d´efinition d’un indicateur global, que l’on va chercher `a minimiser en ajoutant un multiple de 2π `a chaque point de l’espace. La difficult´e rencontr´ee avec les approches locales se retrouve ici dans la d´efinition d’un crit`ere, et notamment dans l’affectation de poids relatifs aux diff´erentes r´egions. Un bon exemple de ces techniques est pr´esent´e dans [36]. Toutes ces techniques reposent sur la donn´ee d’une phase pli´ee commeφp. Cependant, si celle-ci peut pr´esenter des discontinuit´es, ce n’est jamais le cas des fonctions X et Y qui sont obtenues par la technique d’int´egration de phase. Ainsi, on propose une technique utilisant au mieux l’information disponible. La figure 1.28 pr´esente un cas typique o`u

FIG. 1.28: Principe du d´epliement de phase.

l’utilisation de la fonction arctan2 produit un saut de phase. Lorsque l’on passe du point 1 au point 2, X est non nul et Y change de signe. La phase retourn´ee par arctan2 passe alors brutalement deφ1=π `a φ2= −π. N´eanmoins, il est ais´e de d´eduire le v´eritable saut de phaseφ2−φ1. Si |φ2−φ1| 6π, alors ce saut peut-ˆetre obtenu en ´ecrivant le changement

Mesure d’une topographie diff´erentielle 39

de base permettant de passer du rep`ere(−→X, −Y ) `a (−→

X b,−→

Y b). La valeur du saut s’obtient

alors avec

tan[φ2−φ1] =−X2sin1) +Y2cos1)

X2cos1) +Y2sin1) (1.74)

Le couple (X2,Y2) est extrait des images stroboscopiques. cos(φ1) et sin(φ1) sont eux

calcul´es `a partir de l’image de phase pli´eeφp. Le saut de phase est alors obtenu modulo-2π. L’´equation (1.74) permet alors de calculer simplement le gradient d’une carte de phase en un point de coordonn´ees(l, m), suivant les dimensions d’espace ou de temps. Dans le

cas d’une carte de phase `a deux dimensions, le probl`eme du d´epliement de phase revient alors `a reconstruire un champ de phase quand ces gradients Gx(l, m) et Gy(l, m) sont

connus.

2.4.2 Reconstruction du champ de phase

Cas g´en´eral On cherche `a reconstruire le champ scalaire T(i, j) dont les gradients

sui-vant deux directions Gx(i, j) et Gy(i, j) sont obtenus par la mesure. Pour s’accommoder

des erreurs et bruits de mesure ´eventuels, on va chercher le champ T qui v´erifie

globale-ment les ´equations

T(i, j)

x = Gx(i, j) (1.75)

T(i, j)

y = Gy(i, j) (1.76)

Une formulation faible de ce probl`eme consiste `a minimiser l’indicateurηφ par rapport au champ T : ηφ=

i, j " µ∂T(i, j)x − Gx(i, j)2 + µ∂T(i, j)y − Gy(i, j)2# (1.77)

Il est important de noter ici que si l’on peut faire une hypoth`ese sur la forme du champ de phase recherch´e, par exemple sous la forme d’une d´ecomposition sur une base de champs bien choisis

T(i, j) =

s

µsTs(i, j) (1.78) alors cette d´ecomposition doit ˆetre introduite `a ce niveau. En effet, dans le cas g´en´eral, on cherche le champ Tsol minimisantηφ

∂ηφ

T(k, l)= 0, ∀(k,l). (1.79) Ces conditions se mettent alors sous la forme d’un syst`eme lin´eaire d´etermin´e `a une constante additive pr`es, de grande dimension. En ajoutant une contrainte permettant de fixer cette constante additive (par exemple en ajoutant une contrainte de moyenne nulle

du champ), on peut r´esoudre ce syst`eme pour un champ discr´etis´e par M× N pixels si

la taille du champ est assez faible (M× N < 104) avec un algorithme de type gradient conjugu´e [37]. Si l’on peut utiliser un d´eveloppement du type (1.78), alors les conditions de minimisation s’´ecrivent

∂ηφ

µs = 0, ∀s. (1.80) Les inconnues sont alors les param`etres µs, r´eduisant ainsi tr`es largement la taille du syst`eme `a r´esoudre.

Algorithme rapide Pour pouvoir traiter de grandes cartes de phase (de l’ordre de 1024×

1024 pixels), et en l’absence d’hypoth`eses a priori sur la forme du champ cherch´e, on propose de r´eduire le nombre d’inconnues de la mani`ere suivante : on suppose que les gradients obtenus directement `a l’aide de (1.74) ne pr´esentent pas de saut de phase. Alors, le nombre d’inconnues se r´eduit `a une inconnue par ligne et une inconnue par colonne en posant ηφ,r= ∑i=M, j=N i=2, j=2 ³ T(1, j) − T (i,1) −hj−1 p=1Gy(i, p) −i−1 q=1Gx(q, j)2 +∑N j=2 ³ T(1, j) − T (1,1) −j−1 p=1Gy(1, p)´2 +∑M i=2 ³ T(i, 1) − T (1,1) −i−1 q=1Gx(q, 1)´2 (1.81)

Les inconnues sont alors T(1, j) pour j ∈ {2...N} et T (i,1) pour i ∈ {2...M}. On a

donc M+ N − 2 inconnues au lieu de M × N. La minimisation ηφ,r par rapport T(1, j) et

T(i, 1) s’´ecrit sous la forme d’un syst`eme lin´eaire, qu’il est ais´e d’inverser pour obtenir

une carte de phase. La qualit´e de la solution peut ˆetre ´evalu´ee a posteriori en calculant la valeur deηφ,rapr`es minimisation. A titre d’exemple, la figure1.29pr´esente le r´esultat du d´epliement de la phase pr´esent´ee sur la figure 1.27. Les discontinuit´es ont disparu, fournissant ainsi l’information de phase. Apr`es minimisation,ηφ,r≃ 10−25, prouvant ainsi la qualit´e de la reconstruction.