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4.2 M´ ethodes de reconstruction tomographique

4.2.1 M´ ethodes analytiques

Elle sont bas´ees sur le mod`ele de l’int´egrale de ligne. L’hypoth`ese qui est faite est que le nombre d’´ev`enements enregistr´es par deux d´etecteurs en co¨ıncidence est proportionnel au nombre de d´esint´egrations ayant eu lieu sur la LOR joignant les deux d´etecteurs. Le but est de reconstruire la distribution d’activit´e f `a partir des ses projections mesur´ees pour |xr| ≤ R et 0 ≤ φ ≤ π. Cela n´ecessite donc au pr´ealable de supprimer tous les ´ev`enements dits parasites, `a savoir les co¨ıncidences fortuites et diffus´ees, et de corriger de l’att´enuation ainsi que de la non-uniformit´e de l’efficacit´e des d´etecteurs.

Reconstructions analytiques en 2D

La r´etroprojection simple ou ´epandage

Une premi`ere approche pour reconstituer f `a partir des projections consiste `a consid´erer l’op´erateur de r´etroprojection simple. Pour cela, on inverse le processus de projection en propageant la valeur mesur´ee sur une LOR `a l’ensemble de ses points. L’estimateur pour f s’obtient en sommant les contributions de toutes les LOR ainsi propag´ees, ˆ f (x, y) = b(x, y) = Z π 0 p(xr = x cos φ + y sin φ, φ)dφ.

Cependant, cette fa¸con d’´epandre induit des art´efacts dits en ´etoile qui sont des zones d’activit´e fictive. Une m´ethode permettant d’´eliminer ces art´efacts en ´etoile consiste par exemple `a utiliser la transform´ee de Fourier inverse (not´ee DIFT pour Direct Inverse Fourier Transform). Cela repose sur le th´eor`eme de la coupe centrale que nous allons maintenant voir.

Th´eor`eme de la section centrale

Soit F (νx, νy) la transform´ee de Fourier bidimensionnelle de f (x, y) d´efinie par, F (νx, νy) =

Z

R2

f (x, y)e−2iπhν,xidxdy

o`u ν = (νx, νy)0 sont les fr´equences spatiales associ´ees `a x = (x, y)0;hν, xi est le produit scalaire entre ν et x.

Soit P (ν, φ) la transform´ee de Fourier de la projection p(xr, φ) donn´ee par P (ν, φ) =

Z

R

p(xr, φ)e−2iπνxrdxr o`u ν est la fr´equence associ´ee `a xr.

M´ethodes de reconstruction tomographique

Le th´eor`eme de la section centrale relie la transform´ee de Fourier 1D d’une projection d’angle φ `a la transform´ee de Fourier 2D de l’image suivant

P (ν, φ) = F (νx, νy) o`u νx = ν cos φ et νy = ν sin φ. D´emonstration. P (ν, φ) = Z R p(xr, φ)e−2iπνxrdxr = Z R Z R f (x, y)dyr  e−2iπνxrdxr = Z R Z R

f (x, y)e−2iπν(x cos φ+y sin φ)dxdy =

Z

R

Z

R

f (x, y)e−2iπ(xνx+yνy)dxdy o`u νx := ν cos φ et νy := ν sin φ.

Reconstruction par transform´ee de Fourier inverse (DIFT)

D’apr`es le th´eor`eme de la section centrale, si on dispose des projections pour tous les angles φ∈ [0, π], on peut retrouver la transform´ee de Fourier F de f et reconstruire l’image en utilisant la formule d’inversion de la transform´ee de Fourier,

f (x, y) = Z

R2

F (νx, νy)e2iπ(xνx+yνy)

xy.

Le probl`eme est qu’en pratique, on dispose d’une nombre limit´e de projections. Par ailleurs, le calcul de F (νx, νy) n´ecessite de passer de la grille polaire des projections P (ν, φ) `a la grille rectangulaire de F (νx, νy) . L’implantation de cette technique n´ecessite donc une ´etape d’interpolation des donn´ees de projection. On lui pr´ef`ere plutˆot une autre technique bas´ee sur la r´etroprojection filtr´ee.

La r´etroprojection filtr´ee (FBP)

On consid`ere la transform´ee de Fourier inverse qui donne f (x, y) `a partir de l’espace fr´equentiel,

f (x, y) = Z

R2

F (νx, νy)e2iπ(xνx+yνy)xy.

Utilisant le th´eor`eme de la coupe centrale, on peut remplacer la transform´ee de Fourier de l’image par celle des projections,

f (x, y) = Z

R

Z

R

P (ν, φ)e2iπ(xνx+yνy)xy.

On peut appliquer le th´eor`eme de changement de variable en consid´erant l’application F : (ν, φ)→ (νx = ν cos φ, νy = ν sin φ). Le jacobien de la transformation ´etant ν, on a

f (x, y) = Z

R

Z

R

P (ν, φ)e2iπ(xνx+yνy)xy. = Z 0 Z R P (ν, φ)νe2iπνxrdν  dφ.

o`u xr = x cos φ + y sin φ.

La sym´etrie implique que le point (ν, φ) a la mˆeme valeur que point (−ν, φ + π). On peut donc utiliser la valeur absolue de ν pour parcourir le plan fr´equentiel et faire varier φ de 0 `a π. L’´equation devient alors,

f (x, y) = Z π 0 Z R P (ν, φ)|ν|e2iπνxrdν  dφ. L’´equation interneR

RP (ν, φ)|ν|e2iπνxrdν est la transform´ee de Fourier inverse de la trans-form´ee de Fourier de la projection multipli´ee par la valeur absolue de ν. Cette multipli-cation de la transform´ee de Fourier des projections par la valeur absolue de ν correspond `

a un filtrage par le filtre rampe H(ν) =|ν|.

La m´ethode de r´etroprojection filtr´ee (FBP, pour filtered backprojection) consiste `

a reconstruire f (x, y) par la r´etroprojection des projections filtr´ees ˆp(xr, φ) = R RP (ν, φ)|ν|e2iπνxrdν : f (x, y) = Z π 0 ˆ p(xr, φ).

L’algorithme FBP consiste donc d’abord `a filtrer les projections par le filtre rampe, puis appliquer une transform´ee de Fourier inverse et enfin r´etroprojeter le r´esultat. Le filtre rampe annule la composante continue repr´esentant la moyenne du signal et introduit des valeurs n´egatives [Bru02]. Cela permet d’effacer les art´efacts en ´etoile laiss´es par les autres projections durant la r´etroprojection. L’inconv´enient est qu’il amplifie les hautes fr´equences, correspondant aux d´etails de l’image mais aussi au bruit. Ce probl`eme peut ˆetre partiellement r´esolu en introduisant un filtrage lissant du type un filtre passe-bas dont le rˆole est d’´eliminer les hautes fr´equences. Les projections sont donc liss´ees par un filtre global combinant le filtre rampe et le filtre passe-bas, c’est la fenˆetre dite d’apodisation. La fr´equence de coupure du filtre passe-bas d´etermine la force du lissage : plus elle est basse, plus l’image est liss´ee. Cela n´ecessite donc de r´ealiser un compromis entre la r´eduction du bruit et la perte de r´esolution spatiale. Le choix de la fr´equence doit ˆetre d´etermin´e par deux facteurs. D’une part, elle doit d´ependre du rapport signal sur bruit, i.e du nombre de co¨ıncidences d´etect´ees. Plus la statistique de comptage est ´elev´ee, plus la fr´equence de coupure doit ˆetre grande, et inversement pour une faible statistique. D’autre part, la fr´equence maximale qui peut ˆetre recouvr´ee `a partir des donn´ees est donn´ee par la fr´equence de Nyquist νN, reli´ee au pas d’´echantillonnage ∆xr

du sinogramme par

νN = 1 2∆xr

. La fr´equence de coupure maximale est donc νN.

La r´etroprojection filtr´ee est formul´ee th´eoriquement dans l’espace continu des donn´ees et suppose un ´echantillonnage continu des projections. Son implantation pra-tique n´ecessite de discr´etiser l’axe xr suivant xr = k.∆xr, k = 0, . . . , Nxr − 1 et les angles φj suivant φj = j.∆φ, j = 0, . . . , Nφ− 1. Apr`es ´echantillonnage, la transform´ee de Fourier ainsi que son inverse sont remplac´ees par leurs versions discr`etes. Au final, l’algorithme FBP s’´ecrit,

Pour un angle φ fix´e :

1. calculer la transform´ee de Fourier discr`ete des projections, 2. la multiplier par le filtre rampe et le filtre passe-bas,

M´ethodes de reconstruction tomographique

3. calculer la transform´ee de Fourier inverse pour chaque projection filtr´ee, 4. r´etroprojeter les projections filtr´ees,

5. r´ep´etition des ´etapes 1 `a 4 pour chaque angle φ.

Reconstruction analytique en 3D

Nous avons pr´esent´e l’algorithme de r´etroprojection filtr´ee dans le cas bidimension-nel. La r´etroprojection filtr´ee peut ´egalement s’´ecrire en 3D mais n´ecessite de prendre en compte les sp´ecificit´es de l’acquisition 3D comme la redondance et la troncature des donn´ees. D’une part, en 3D le filtre de reconstruction n’est pas unique `a cause de la redondance des donn´ees et il existe une famille de filtres satisfaisant `a une condition ´enonc´ee par Defrise et al. [DCT95]. Le filtre de reconstruction le plus utilis´e est celui de Colsher [Col80].

D’autre part, la r´etroprojection filtr´ee n´ecessite des projections parall`eles et non tronqu´ees. Or dans le mode d’acquisition 3D, du fait de la longueur axiale finie (sur l’axe z), les projections ne peuvent pas ˆetre mesur´ees pour tous les angles. Les projections sont dites alors tronqu´ees ou incompl`etes [Nat86]. Cette troncature est illustr´ee dans la Figure4.5 et nous y reviendrons dans la section 4.3.

Une des solutions propos´ees pour la reconstruction analytique en 3D consiste `a r´ e-arranger les projections et `a appliquer les techniques de reconstruction du 2D [DKT+97]. Une autre solution consiste `a compl´eter d’abord les donn´ees manquantes puis `a recons-truire les images avec un algorithme 3D [KR89]. Ces donn´ees sont compl´et´ees en utilisant une reconstruction par FBP 2D des donn´ees acquises pour les projections droites (θ = 0) puis `a projeter l’image reconstruite dans l’espace des projections. Nous ne d´etaillerons pas plus ces aspects sur la th´eorie de la r´etroprojection 3D appliqu´ee `a la TEP puis-qu’elle n’est pas ´etudi´ee dans cette th`ese. Plus de d´etails peuvent ˆetre trouv´es dans les livres [Tow98] et [VB03].

Figure 4.5 – Illustration de la troncature des projections en 3D. La figure (a) correspond aux projections mesur´ees pour θ = 0 et la figure (b) `a celles pour θ 6= 0. Les lignes en pointill´es repr´esentent les projections non mesur´ees. Les projections sont compl`etes uniquement pour θ = 0.

4.2.2 La r´etroprojection filtr´ee vue comme un mod`ele