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a partir des mesures TEP. L’activit´e mesur´ee dans les tissus repr´esente donc la somme de l’activit´e dans les deux compartiments1, i.e C(t) = C1(t)+C2(t). En utilisant l’hypoth`ese d’irr´eversibilit´e (k4 = 0), la solution est donn´ee par [VB03, chapitre 6] :

C(t) = Ca(t)⊗ K1k2 k2k3 exp(−(k2+ k3)t) + K1k3 k2k3  (5.1) o`u⊗ d´esigne l’op´erateur de convolution.

5.3 Estimation des param`etres

Le mod`ele d´ecrit par l’´equation5.1est un mod`ele direct : sachant la fonction d’entr´ee Ca(t), la configuration du mod`ele et ses constantes d’´echange, on peut pr´edire l’´evolution

Estimation des param`etres

de la concentration d’activit´e dans les tissus. Cependant, les seuls param`etres mesurables in vivo sont la cin´etique art´erielle Ca(t) et la concentration C(t) mesur´ee par l’image TEP. L’estimation des param`etres physiologiques est donc un probl`eme inverse : sachant les mesures de l’activit´e dans les tissus, la fonction d’entr´ee et une configuration du mod`ele, on cherche `a produire des estim´ees des constantes de transfert. En g´en´eral, on ne peut pas estimer de fa¸con robuste tous les param`etres du mod`ele. On estime plutˆot des combinaisons de ces param`etres (macro-param`etres). Deux types de m´ethodes sont g´en´eralement utilis´ees [GGT+02] :

1. les m´ethodes guid´ees par le mod`ele (model-driven) : elles n´ecessitent un mod`ele compartimental pr´e-sp´ecifi´e et ajustent les donn´ees mesur´ees aux pr´edictions du mod`ele en utilisant par exemple la m´ethode des moindres carr´es,

2. les m´ethodes guid´ees par les donn´ees (data-driven) : elles n’utilisent pas de mod`ele compartimental a priori. Elles sont de trois types : l’analyse graphique, l’analyse spectrale et la poursuite de base.

5.3.1 Les moindres carr´es

Quand il y’a beaucoup de donn´ees collect´ees, l’une des m´ethodes les plus utilis´ees en pratique est celle des moindres carr´ees. Se basant sur mod`ele compartimental, les param`etres sont obtenus en ajustant les mesures d’activit´e dans tissus `a celles pr´edites par le mod`ele. Pour cela, on minimise le crit`ere suivant

F

X

i=1

(Ci− C(ti))2

o`u F est le nombre de mesures ; Ci, i = 1, . . . , F , sont les mesures d’activit´e dans le tissu aux temps ti. Elles sont obtenues en subdivisant l’acquisition en intervalles temporels de dur´ee t1, . . . , tF appel´es frames et Ci est la mesure de la concentration moyenne d’activit´e dans un voxel ou une r´egion d’int´erˆet pendant la dur´ee ti. Enfin, C(ti) est la pr´ediction par le mod`ele de l’activit´e dans le tissu au temps ti.

Du fait de la variabilit´e du bruit dans les mesures, on pr´ef`ere la m´ethode des moindres carr´es pond´er´es o`u le terme `a minimiser est donn´e par

F

X

i=1

wi(Ci− C(ti))2 o`u wi d´esigne le poids associ´e `a la mesure i.

Les m´ethodes guid´ees par les donn´ees ne n´ecessitent pas de sp´ecifier la structure du mod`ele compartimental et sont plus g´en´eralement applicables.

5.3.2 Analyse graphique

Les m´ethodes graphiques [PBF+83], [Gje82] consistent en une transformation des donn´ees mesur´ees. L’analyse graphique la plus utilis´ee lorsque k4 = 0 est celle de Gjedde-Patlak. Nous allons la d´ecrire ici `a dans le cas sp´ecifique du mod`ele compartimental pour

le FDG. Utilis´ee dans le cas du FDG, elle permet d’estimer la constante de captation du glucose dans chaque ´element de voxel ou dans une ROI.

La m´ethode graphique de Gjedde-Patlak d´ecrit le comportement du mod`ele FDG d´ecrit `a la Figure5.1 lorsque le FDG libre a atteint l’´etat d’´equilibre de telle sorte que le ratio entre les concentrations C(t)C

a soit lin´eaire. Pour cela, admettons que la fonction d’entr´ee ait atteint l’´equilibre et devienne une constante (not´ee (Ca)). Dans ce cas, l’´equation5.1 s’´ecrit C(t) = Ca  K1k2 (k2+ k3)2 (1− exp(−(k2+ k3)t) + K1k3 k2+ k3t  . (5.2)

Apr`es un certain temps d’examen t o`u le terme exponentiel dans l’´equation5.2est jug´e suffisamment petit, le ratio entre les concentrations d’activit´e dans le tissu et le sang est pour tout t > 0, C(t) Ca = K1k2 (k2+ k3)2 + Kit (5.3) o`u Ki = K1k2 k2+ k3 .

Si la fonction d’entr´ee n’est pas constante (ce qui est le cas), le temps t dans l’´equation

5.3est remplac´e par

Rt 0Ca(s)ds

Ca(t) . Ce terme est appel´estretched timeou encore temps normalis´e.

Ainsi, si on trace le volume apparent de distribution CC(t)

a(t) par rapport austretched time, on obtient, `a partir d’un certain temps, un trac´e lin´eaire de pente Ki. En pratique, C(·) est donn´ee par la TAC des mesures {Ci, i = 1, . . . , F} o`u F est le nombre de frames. Ca est la fonction d’entr´ee art´erielle obtenue par pr´el`evements sanguins ou estim´ee. Le taux de m´etabolisme c´er´ebral r´egional du glucose (not´e rCMRglu pour regional Cerebral Metabolic Rate of GLUcose) dans un ´el´ement de volume homog`ene est donn´e par

rCMRglu = Ki Cp

LC (5.4)

o`u Cp d´esigne la concentration de glucose dans le plasma et LC (pour lumped constant) est une constante qui exprime le rapport entre la phosphorylation du FDG et celle du glucose. Elle vaudrait un si le FDG ´etait phosphoril´e de la mˆeme fa¸con que le glucose une fois dans la cellule. Le taux rCMRglu exprime la part du glucose qui est m´etabolis´e en une minute et constitue le param`etre d’int´erˆet pour le m´edecin.

La m´ethode graphique est une m´ethode simple, permettant d’estimer la constante Ki mais pas les constantes individuelles. Par ailleurs, elle repose sur une hypoth`ese de lin´earit´e qui n’est pas toujours v´erifi´ee. Ce qui peut biaiser l’estimation, surtout lorsque le RSB diminue.

5.3.3 Analyse spectrale

La m´ethode d’analyse spectrale de Cunningham et Jones [CJ93] calcule les pa-ram`etres d’int´erˆet dans le mod`ele, vus comme une fonction de la r´eponse impulsionnelle (IRF)2. Pour cela, les TAC sont mod´elis´ees par une combinaison lin´eaire de fonctions

2. La r´eponse impulsionnelle du tissu not´ee IRF (pour Impulse Response Function) d´ecrit l’´evolution de l’activit´e si la cin´etique d’entr´ee ´etait un bolus d’amplitude 1.

Estimation des param`etres

de base. Ces derni`eres sont obtenues par la convolution de la cin´etique d’entr´ee avec des exponentielles d´ecroissantes et sont choisies de telle sorte `a couvrir le spectre des cin´etiques possibles. Puis, les poids sont estim´es par ad´equation aux donn´ees d’activit´e mesur´ees sur les images, utilisant la m´ethode des moindres carr´es .

L’analyse spectrale repose sur la caract´eristique g´en´erale suivante du syst`eme. L’´evolution de l’activit´e dans le tissu peut ˆetre d´ecrite par la convolution entre la cin´etique d’entr´ee et la r´eponse impulsionnelle du tissu. De fa¸con g´en´erale, l’IRF h(t) est donn´ee par une somme d’exponentielles d´ecroissantes (une exponentielle par com-partiment tissulaire) et s’´ecrit

h(t) =

n

X

i=1

φiexp(−θit)

o`u n est le nombre de compartiments dans le tissu cible, φi et θi sont des fonctions alg´ebriques des constantes de transfert.

Dans un mod`ele compartimental o`u la cin´etique d’entr´ee est la cin´etique art´erielle, on peut d´ecrire la cin´etique du tissu par

C(t) = Ca(t)⊗ h(t).

Par exemple, dans le mod`ele FDG pour k4 = 0, on a n = 2 et l’´evolution de l’activit´e dans le tissu c´er´ebral donn´ee dans l’´equation 5.1 s’´ecrit

C(t) = Ca(t)⊗ h(K1, k2, k3, t) (5.5) o`u

h(K1, k2, k3, t) = K1exp (−(k2+ k3)t) + K1k3 k2+ k3

(1− exp (−(k2+ k3)t)) . Partant de cela, l’analyse spectrale consid`ere la d´ecomposition suivante :

C(t) =

N

X

j=1

φjψj(t)

o`u φ1, . . . , φN sont des pond´erations et ψ1, . . . , ψN une base de fonctions fix´ees (diction-naire). Cette base est donn´ee par la convolution entre la cin´etique d’entr´ee (on consid`ere ici qu’il s’agit de la cin´etique art´erielle) avec des exponentielles d´ecroissantes,

ψj(t) = exp(−θjt)⊗ Ca(t).

La base est pr´e-calcul´ee en choisissant N valeurs pour les termes de clairance exponen-tielle θj parmi la gamme de valeurs physiologiques possibles. Dans ce cas, les inconnues du syst`eme sont donc les param`etres φj. Si on d´esigne par Ct la concentration d’acti-vit´e mesur´ee dans le tissu au temps t et par C le vecteur contenant l’ensemble de ces mesures, l’estimation des param`etres φj s’obtient en minimisant le crit`ere

kC − ψφk2 2.

En pratique (routine clinique), la valeur mesur´ee dans l’image correspondante `a la frame num´erot´ee k repr´esente l’activit´e moyenne du tissu sur la dur´ee consid´er´ee, c’est-`a-dire que pour tout k = 1, . . . , F (o`u F est le nombre de frames),

Ck = 1 t2 k− t1 k Z t2 k t1 k C(t)dt

avec t1k et t2k d´esignant respectivement les temps de d´ebut et de fin de la k`eme frame temporelle. Le vecteur des observations est C = (C1, . . . , CF)T. La matrice des cin´etiques de base doit alors ˆetre en ad´equation avec les donn´ees mesur´ee. Elle s’´ecrit

Ψ =      ψ11 ψ12 · · · ψ1N ψ2,1 ψ2,2 · · · ψ2,F .. . ... . .. ... ψF 1 ψF 2 · · · ψF N     

o`u pour tout j = 1, . . . , N et k = 1, . . . , F , les ψjk sont calcul´es de la fa¸con suivante

ψjk = 1 t2 k− t1 k Z t2 k t1 k exp(−θjt)⊗ Ca(t)dt.

Le nombre N de fonctions de base du dictionnaire doit ˆetre choisi assez grand pour conte-nir toutes les cin´etiques possibles. Comme N est sup´erieur au nombre F de frames tem-porelles, le syst`eme est sous-d´etermin´e et pr´esente une infinit´e de solutions. La stabilisa-tion de l’estimastabilisa-tion n´ecessite donc d’ajouter un terme de r´egularisation pour contraindre l’espace des solutions possibles. Dans la m´ethode spectrale, la r´egularisation se fait par l’introduction d’une contrainte de positivit´e sur les pond´erations φj. La m´ethode utilise l’algorithme des moindres carr´es non-n´egatifs (NNLS) pour minimiser le crit`ere

min

φj≥0kC − ψφk2 2.

Pour tenir compte de la variabilit´e temporelle dans la variance des mesures, on utilise les moindres carr´es pond´er´es et le crit`ere `a minimiser est alors

min

φj≥0kW12(C − ψφ)k2 2

o`u W est une matrice F× F , souvent diagonale et contenant les termes de pond´eration. Les termes diagonaux de W peuvent ˆetre obtenus en prenant par exemple pour k = 1, . . . , F wk = (t 2 k− t1 k)2 nk

o`u nk est le nombre de comptages dans la frame k [GLHC97]. Apr`es r´esolution, on obtient un petit nombre de valeurs de φj estim´ees qui peuvent ˆetre utilis´ees, avec les θj correspondantes, pour estimer l’IRF et par l`a les param`etres.

5.3.4 La poursuite de base L

1

La m´ethode de d´ebruitage par poursuite de base de Gunn et al. [GGT+02] est bas´ee sur le mˆeme principe que l’analyse spectrale c’est-`a-dire en un ajustement non-lin´eaire du mod`ele temporel de l’activit´e aux donn´ees mesur´ees. Elle consiste aussi en une d´ecomposition de la courbe d’activit´e sur une base pr´e-fix´ee de fonctions (dictionnaire) obtenues par convolution de la cin´etique d’entr´ee avec des exponentielles d´ecroissantes. La diff´erence avec l’analyse spectrale r´eside dans le terme de r´egularisation choisi. La

´

Etat de l’art de la reconstruction dynamique en TEP

poursuite de base utilise une p´enalit´e par une norme L1 pour favoriser la parcimonie sur les coefficients estim´es. Le crit`ere `a minimiser est

min

φj≥0kW12(y− ψφ)k2

2+ µkφk1

o`u µ est un param`etre de r´egularisation fix´e ou `a estimer. Il contrˆole le compromis entre erreurs d’approximation et parcimonie du mod`ele. Si la valeur de µ est trop petite, les donn´ees sont sur-estim´ees et si elle est trop grande, les donn´ees sont sous-estim´ees.

L’analyse spectrale et la poursuite de base ne n´ecessitent pas de description a priori des traceurs et sont, en principe, applicables `a plusieurs types de radiotraceurs. Elles per-mettent de reconstruire des images param´etriques pour les macro-param`etres d’int´erˆet. Les images param´etriques sont des repr´esentations de la distribution spatiale d’un pa-ram`etre (la valeur dans un pixel/voxel correspond `a la valeur d’un param`etre issu du mod`ele). Cependant, ce sont des mod`eles d’ajustement des pr´edictions aux donn´ees mesur´ees (les courbes activit´e-temps not´ees TAC pour Time Activity Curve). Elles n´ecessitent donc que les TAC soient peu bruit´ees. Par ailleurs, l’estimation robuste des param`etres n´ecessite beaucoup de donn´ees et donc un ´echantillonnage temporel fin. Ce qui est contradictoire en TEP. Un autre probl`eme de ces m´ethodes est qu’elles n´ecessitent que le dictionnaire des fonctions puisse couvrir le spectre des cin´etiques possibles. Le choix du nombre de fonctions de base est un choix difficile, guid´e par un compromis entre pr´ecision et temps de calcul. Un autre probl`eme dans la poursuite de base L1 est le choix du param`etre µ. Dans [GGT+02], µ est choisi de sorte `a minimiser l’erreur du LOOCV (leave-one-out cross-validation) sur un grand ensemble de valeurs.