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3.1. INCIDENCE DES INFECTIONS ASSOCIÉES AUX SOINS DANS UN SERVICE DE

3.1.1. Méthodologie

− Identifier les facteurs de risque de l’IAS, intrinsèques au patient et liés au séjour dans le service afin d’orienter la mise en œuvre des mesures préventives.

− Tester les outils élaborés pour la surveillance des IAS.

3.1.1.

Méthodologie

Il s’agissait d’une étude prospective longitudinale de 12 mois, qui s’est déroulée de janvier à décembre 2008.

L’étude a été réalisée dans le service d’anesthésie-réanimation et de soins intensifs (SARSI) du CHU du Point G.

Le SARSI comportait 9 lits répartis en quatre salles d’hospitalisation. Il enregistrait une moyenne annuelle d’environ 480 malades et 1838 journées d’hospitalisation. C’était une réanimation polyvalente où étaient admises les urgences médico-chirurgicales et les patients ayant subi une intervention chirurgicale lourde.

Le personnel soignant comprenait 28 professionnels dont 4 médecins anesthésistes-réanimateurs, 20 infirmiers et 4 aides-soignants. A ce personnel permanent s’ajoutaient 14 étudiants en fin de cycles suivant leurs travaux de thèse dans le service.

L’étude a porté sur les patients admis au SARSI et ayant séjourné plus de 48 heures dans le service pendant la période d’étude.

Les IAS étaient définies selon les critères ajustés du CDC156;157 s’appliquant aux infections du système urinaire, du système respiratoire, du site chirurgical et du sang.

Ces critères ont été adaptés au contexte local et ont avait auparavant servi à la détection des IAS au cours des enquêtes de prévalence déjà réalisées dans l’établissement.

Dans le cadre de la présente étude d’incidence, les infections qui se manifestaient après la sortie du service de réanimation ou les infections qui étaient contractées par les professionnels soignants n’étaient pas prises en compte.

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La surveillance était ciblée sur la détection de quatre principaux types d’infections : infections du système urinaire, du tractus respiratoire, du site chirurgical et les septicémies primaires.

La détection de l’IAS était basée sur la présence d’un certain nombre de signes cliniques pouvant être soutenus par des résultats d’examens de laboratoires ou d’investigations para-cliniques et satisfaisant en tous les cas aux critères de définitions préétablis.

Dans le souci de voir la détection des IAS confirmée par des examens microbiologiques, ces derniers étaient pris en charge financièrement par l’OMS de manière à ne pas «pénaliser» les malades et leur famille, ni même à réduire la qualité des données produites au cours de cette surveillance initiale pilote. Pour des raisons de qualité et de types de résultats recherchés, un arrangement a été trouvé avec un laboratoire privé externe (le Laboratoire RODOLPHE MERIEUX de la Fondation MERIEUX à Bamako) pour la réaliser des examens et cultures microbiologiques sur les prélèvements effectués. Ces examens microbiologiques ont été réalisés aux mêmes tarifs que ceux appliqués au Laboratoire d’analyses biomédicales du CHU du Point G ou dans d’autres laboratoires du secteur public à Bamako.

L’enquêteur qui était un étudiant en médecine en fin de cycle de formation à l’Université de Bamako a été préalablement formé à la conduite de la surveillance par vidéoconférence sous forme d’échange avec l’équipe formatrice de l’OMS et des Hôpitaux Universitaires de Genève. Cette session d’enseignement théorique a été suivie d’une période de formation pratique dans le service permettant ainsi d’intégrer les définitions et les références nécessaires, d’élaborer une stratégie de recherche systématique des données, d’interpréter les données, et de détecter les infections. Cette formation pratique était placée sous la supervision d’un encadreur formé et ayant déjà participé aux enquêtes antérieures de prévalence des IAS au CHU du Point G.

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Au minimum tous les deux jours, l’enquêteur se rendait dans le service de Réanimation pour étudier les données relatives à tous les patients admis pour déterminer l’inclusion dans l’étude de surveillance de ceux ayant séjourné plus de 48 h dans le service. Les patients inclus étaient suivis depuis le jour de l’admission jusqu’au jour de la sortie du service de réanimation. Ce suivi soutenu des patients inclus permettait à l’enquêteur de remplir la fiche du formulaire d’enquête.

Ce formulaire standardisé de deux pages était structuré de la manière suivante (voir exemplaire en annexe) :

• La première partie de la première page permettait l’enregistrement d’informations relatives à l’identité du patient, aux données démographiques, aux facteurs de risques intrinsèques, aux facteurs de risque diagnostiques et aux facteurs de risque chirurgicaux.

• La seconde partie de la première page permettait l’enregistrement des IAS détectées.

• La seconde page du formulaire permettait le recueil de données du suivi journalier du patient comportant les paramètres cliniques, para-cliniques comprenant ceux du syndrome de Réponse Inflammatoire Systémique (SIRS), des données thérapeutiques et sur les dispositifs médicaux. Ces variables aident à la détection des infections, même si elles ne participent pas nécessairement à leur définition et peuvent aussi constituer des facteurs de risque de l’infection.

La consultation de divers supports de données a été nécessaire au remplissage de la fiche d’enquête. Il s’agit en particulier du registre des admissions et de traitement, des feuilles de température, de la fiche de traitement, du dossier médical, du registre de compte-rendu opératoire, de la fiche d’anesthésie et des fiches de résultats des prélèvements bactériologiques demandés. Les renseignements obtenus verbalement auprès des autres professionnels médicaux et soignants du service ont également contribué à faciliter le bon remplissage du formulaire d’enquête.

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À partir des données recueillies, le premier niveau d’analyse visait à définir la présence ou non d’IAS selon les critères établis.

Les principaux paramètres étudiés étaient :

• l’âge,

• le genre,

• la provenance du patient : service de l’hôpital ou d’un autre établissement de soins

• le motif d’admission ou le diagnostic à l’admission,

• les facteurs de co-morbidité selon l’Index de Charlson158;159 qui énumère des pathologies actives considérées comme facteurs de risque potentiel de morbidité et mortalité, au moment de l’admission du patient : cardiopathie (ischémique ou congestive) , maladie cérébro-vasculaire , maladie vasculaire périphérique , démence , maladie pulmonaire chronique , collagénose , maladie ulcéreuse , insuffisance hépatique (modérée ou sévère) , diabète (simple ou avec atteinte organique) , hémiplégie, insuffisance rénale (modérée ou sévère) , tumeur maligne (localisée ou métastasique), leucémie , lymphome, myélome , SIDA.

• la pratique d’une chirurgie,

• l’existence d’une infection,

• le délai d’apparition des infections,

• les germes isolés,

• l’antibiothérapie,

• l’usage de dispositifs médicaux invasifs.

Le suivi longitudinal des patients a nécessité l’enregistrement nominatif des données. Cependant la saisie et l’analyse des données ont été réalisées après anonymisation complète.

Les données ont été saisies et analysées avec le logiciel Epi-info version 6.04d Fr. Les variables binaires ont été comparées en utilisant le Chi-Carré ou le test exact de

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Fisher. Les valeurs de P<0,05 ont été considérées comme statistiquement significatives.