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Chapitre 1 : Mise en place d’une méthodologie de catégorisation

II. Méthodologie d’assainissement complet des structures de génie civil

II.3. Méthodologie déployée par le CEA

En cohérence avec la doctrine des autorités de sûreté, le CEA a défini sa méthodologie d’assainissement complet des parois et des structures de génie civil (Commissariat à l’Energie Atomique, 2004). Elle comporte plusieurs phases successives :

1) Une phase d’expertise

Elle concerne les voiles, sols, dalles, plafonds de chaque local afin de permettre leur classe- ment en différentes catégories. Cette phase d’expertise s’appuie sur l’historique des locaux, sur le procédé qui a été utilisé et sur les conditions d’exploitation, les incidents à l’origine de contamina- tions, les assainissements déjà réalisés, l’état des lieux radiologique et le zonage déchets de réfé- rence, etc. Elle s’appuie également sur l’étude des méthodes de construction mises en œuvre lors de la réalisation du génie civil, sur d’éventuelles études de migration de la contamination dans les milieux considérés et sur une phase d’analyse comportant :

une analyse de l’état de surface de chaque paroi pour déterminer si la contamination est superficielle ou non,

une mesure globale de l’activité pour détecter les points chauds et orienter les prélè- vements,

les résultats obtenus sur les échantillons prélevés. 2) Une phase de catégorisation des surfaces

Les surfaces d’intérêt sont classées en quatre catégories, selon le mode et la profondeur de pénétration de la contamination qui sont déterminés « a priori » ou par les résultats des analyses définies précédemment :

Catégorie 0 (ou S0) : parois n’ayant pas pu être contaminées.

Catégorie 1 (ou S1) : parois susceptibles d’être contaminées ou dont l’historique a montré une contamination sous forme d’aérosols ou de poussières radioactives mais non sous forme de liquides.

Catégorie 2 (ou S2) : parois suspectées ou ayant été de façon certaine, mise en évi- dence par l’historique, en contact avec des liquides contaminés. L’analyse de l’état de surface de ces parois contribue à garantir le caractère homogène en surface de la con- tamination et l’absence de pénétration locale plus profonde de cette contamination. Catégorie 3 (ou S3) : parois qui ont été, de façon certaine, en contact avec des li-

quides contaminés et qui présentent une contamination radioactive avérée pénétrante c'est-à-dire ayant migré dans la structure. Les parois dans lesquelles de l’activation a

Chapitre 1 : Mise en place d’une méthodologie de caractérisation

été induite par des interactions « faisceaux de particules-matières » sont assimilables à cette catégorie.

Il faut toutefois noter que ce classement peut être rendu difficile lorsque l’historique de l’installation ne fait pas état des travaux d’assainissement qui ont eu lieu pendant la phase d’exploitation. Dans ce cas, en effet, la contamination peut être masquée par différentes couches de peinture voire des chapes sur dalles. Un prétraitement est alors opéré pour permettre une exper- tise ne risquant pas de sous-estimer le niveau de contamination et donc la catégorie d’appartenance : celui-ci consiste à enlever les couches superficielles de peinture ou de béton présentes à la surface du génie civil. En revanche, si l’historique de l’installation retrace toutes les « phases de vie », les surfaces peuvent être surclassées sans avoir recours à un prétraitement.

La prise en compte des singularités (fissurations, chevilles, huisseries, joints de dilatation…) fait l’objet d’une méthodologie de caractérisation et d’un traitement distincts. Le principe général est qu’en l’absence de contamination au voisinage d’une singularité lors des contrôles radiolo- giques réalisés dans le cadre de la cartographie préalable aux travaux d’assainissement, la singula- rité est réputée non contaminée. Elle fait alors l’objet du même traitement que celui associé à la surface sur laquelle elle se situe, sans traitement ajouté. En cas de présence de contamination au voisinage d’une singularité située sur une surface de catégorie S2, la zone contaminée, élargie d’une marge forfaitaire de précaution, est reclassée en surface de catégorie S3. La singularité fait alors l’objet du traitement défini au cas par cas, selon son type et selon les résultats des expertises. Sur une surface de catégorie S1, compte tenu de l’absence de risque de migration des poussières ou aérosols contaminés, les singularités ne sont pas surclassées.

3) Une phase de traitement des surfaces

Pour chacune de ces catégories, un traitement d’assainissement spécifique est préconisé :

Catégorie 0 : aucun traitement n’est mis en œuvre.

Catégorie 1 : enlèvement de la couche superficielle de peinture ou du revêtement, ou d’une épaisseur égale à 2 mm pour les parois nues.

Catégorie 2 : enlèvement d’une épaisseur de quelques millimètres (> 2 mm, à définir). Catégorie 3 : au cas par cas.

Les épaisseurs à traiter pour les surfaces de catégories 2 et 3 varient en fonction de l’objectif radiologique à atteindre mais aussi en fonction des caractéristiques physico-chimiques des bétons utilisés et du pouvoir de migration de chaque radionucléide.

4) Une phase de mesures post-assainissement

A l’issue des travaux d’assainissement (traitement des surfaces), des contrôles radiologiques sont effectués par sondages, sur la base d’études statistiques, pour vérifier le caractère assaini des éléments de structure. Ces contrôles sont de type surfacique direct, surfacique indirect sur prélè- vements et massique sur prélèvements ou in situ.

Les programmes de contrôle radiologique sont également dimensionnés en fonction de la ca- tégorisation de la surface : d’un faible pourcentage de la surface dans le cas des catégories S0 et S1 à des contrôles exhaustifs surfaciques pour S2, voire massiques pour S3.

Les résultats de ces contrôles doivent être systématiquement inférieurs ou de l’ordre de gran- deur des valeurs cibles fixées.

La qualité de ces contrôles est liée à l’état de surface après traitement. En particulier, les con- taminations α nécessitent des surfaces relativement lisses. Les résultats dépendent également de la présence ou non d’éventuelles sources de perturbation, telle la radioactivité naturelle, compte tenu des faibles niveaux d’activité mesurés à ce stade de l’assainissement.