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Chapitre 7 : Inventaire des structures spatiales

I. Campagnes de mesures dans les ATUE

I.2. Données complémentaires dans l’atelier D

En plus du maillage régulier de 66 cm sur les sols, des investigations complémentaires ont été menées dans l’atelier D lors de la campagne de mesure de 2008. Elles permettent d’accéder à des caractéristiques spécifiques de la structure spatiale du phénomène étudié, notamment pour les petites distances et pour les singularités. En tenant compte des remarques précédemment formu- lées concernant le signal α fortement perturbé par la présence d’un vernis, seules les mesures sont présentées.

3 zones exhaustives

Dans la perspective de capturer le comportement spatial de la contamination à des distances très faibles (inférieures au demi-mètre), trois zones témoins, de 4 m² chacune, ont été investiguées par l’intermédiaire d’un maillage exhaustif. Les mesures, réalisées à l’aide du même contamina- mètre de 170 cm² de surface utilisée lors du maillage régulier, sont au nombre de 240 par zone. Ces trois zones sont localisées dans des locaux qui diffèrent notamment par le niveau de signal émergent mesuré : zone « froide » sous le pilote Kestner en P.451, zone « intermédiaire » en P.404 (sous les colonnes de purification) et zone « chaude » dans le local P.409 (traitement des récupérations).

L’analyse exploratoire des données met en évidence la forte dissymétrie de la distribution sta- tistique des trois jeux de données. Tout comme la distribution des données du maillage régulier, les données présentent, dans une large proportion, des valeurs faibles et quelques-unes sont très élevées (Tableau 10).

Min. Q25 Q50 Q75 Max. Moy. σ σ/m

Zone froide 20 58 74 105 480 93 63 0,68

Zone intermédiaire 60 103 137 187 1540 171 143 0,84

Zone chaude 79 478 830 1536 13933 1316 1523 1.16

Tableau 10 : Statistiques classiques des mesures pour les trois zones exhaustives (en cps).

En revanche, le coefficient de variation (ratio de l’écart-type σ rapporté à la moyenne) est bien plus faible dans les trois zones exhaustives par rapport à celui des données du maillage régu- lier à 66 cm (de l’ordre de 1 alors qu’il était de 3,7). Cela montre notamment que les zones ex- haustives sont plus homogènes, prises individuellement, que l’ensemble des mesures faites dans tout l’atelier.

Une représentation du plan de position des mesures est réalisée pour les zones intermédiaire et froide (la zone chaude ayant 80 % de ses valeurs dans la dernière plage de couleur de l’échelle retenue). Sur ces cartographies (Figure 62), il est possible de retrouver les remarques réalisées lors de la comparaison des voies de transfert. En effet, la zone intermédiaire est située dans une zone « voie humide » et la zone froide, dans une zone « voie sèche ». Le rendu visuel semble montrer des taches de contamination plus étendues avec des variations spatiales du signal émergent moins contrastées dans la zone intermédiaire (voie liquide) que dans la zone froide (voie sèche). Ces

observations sont en accord avec les remarques formulées sur les variogrammes obtenus lors de la comparaison des voies de transfert.

Figure 62 : Cartographie des mesures exhaustives dans les zones intermédiaire (à gauche) et froide (à droite).

Les variogrammes expérimentaux calculés sur les trois zones exhaustives (Figure 63) mon- trent, aux distances inférieures à un mètre, une très bonne continuité spatiale du phénomène (effet de pépite très faible, voire inexistant). Cette information est très importante lors de l’estimation par krigeage, étant donné que le comportement du variogramme aux faibles distances a des con- séquences significatives sur le calcul des poids d’estimation.

Figure 63 : Variogrammes expérimentaux des trois zones exhaustives.

La dimension des zones d’étude est de deux mètres par deux mètres. Les points de ces diffé- rents variogrammes expérimentaux situés au-delà du mètre (la moitié de la taille du champ) sont donc à prendre avec précaution en raison d’effets de bords (la représentativité statistique dimi- nue).

La structure spatiale de la contamination radiologique semble donc être relativement continue à petite échelle du fait de l’absence d’effet de pépite sur les variogrammes expérimentaux. Cette information permet notamment d’améliorer l’ajustement d’un modèle variographique plus adapté au phénomène étudié.

De plus, il n’est généralement pas possible de réaliser des cartographies exhaustives dans des locaux de grande dimension, d’où le recours à des maillages selon une grille d’échantillonnage

Chapitre 7 : Inventaire des structures spatiales

régulière. L’information structurale à petite distance est alors souvent manquante. Pour combler ce manque d’information, il peut alors être pertinent et très avantageux de compléter le maillage régulier par quelques groupes de mesures « en croix de sondage ». Ces mesures complémentaires sont plus rapprochées que la maille régulière et permettent d’accéder à la variabilité à petite échelle du phénomène.

Investigations de jugement sur les singularités

Lors de la campagne d’investigation, des mesures ont été réalisées sur des singularités de l’installation : fissures, bases des poteaux métalliques soutenant les procédés, contours des bacs de rétention, etc. Les singularités étant généralement plutôt contaminées (accumulation de pollu- tion au fil des années), les discontinuités de niveaux de signal émergent sont importantes. Ces mesures complémentaires sont réalisées sur la base des plans de l’installation ainsi que sur des indices visuels (au jugé). Elles sont au nombre de 425 et sont le plus souvent regroupées par 3 le long d’un profil linéaire ou par 8, ou plus, sur des singularités plus ponctuelles (Figure 64).

Figure 64 : Localisation des investigations réalisées sur les singularités de l’atelier D. Indication du mail- lage régulier de 66 cm par des croix.

L’analyse variographique est présentée à la Figure 65 sur le logarithme des mesures des singularités et du maillage régulier ainsi que pour leur transformée gaussienne.

Figure 65 : Variogrammes expérimentaux du logarithme des mesures avec les investigations sur les singularités (à gauche) et de leur transformée gaussienne (à droite).

A la différence de la structure spatiale observée uniquement sur les mesures de l’échantillonnage régulier, celle obtenue en intégrant les mesures au jugement sur les singularités se distingue par la présence d’un point à toute petite distance qui présente une variabilité relati-

vement forte. Ceci est très visible sur la transformée logarithmique et plus atténué pour l’anamorphose gaussienne. Ce premier point du variogramme expérimental est entièrement impu- table aux investigations sur les singularités puisqu’elles ont été réalisées à petite distance pour caractériser les variations de signal émergent sur ces points singuliers. L’analyse variographique montre alors, qu’en effet, la variabilité est beaucoup plus importante au niveau des singularités que sur le reste de l’atelier.

L’interprétation de la structure spatiale doit tenir compte de cette variabilité à petite distance sur les singularités : les mesures complémentaires peuvent être temporairement retirées des don- nées pour l’analyse variographique, puisque non représentatives du phénomène étudié à l’échelle de l’atelier. Des barrières de calcul peuvent également être mises en place autour des singularités pour modéliser correctement ces discontinuités physiques. Dans ces différents cas, l’analyse va- riographique n’est alors plus perturbée à petite distance par la présence de couples de points avec un fort contraste.