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2 Problématique

3.8 Méthodologie d’analyse

Le discours véhicule des représentations. Une représentation est une

« structure formée des croyances, valeurs, opinions concernant un objet particulier et leurs liens d’interdépendance » (Raymond-Alain Thietart, 2007).

Ces représentations vont permettre de comprendre les actions et décisions d’une population.

Il est cependant nécessaire au préalable de spécifier le statut que l’on attribue au discours. On met généralement en évidence deux conceptions du discours :

• Les conceptions « musculaires » des données du discours : le discours reflète et/ou la subjectivité des participants et le sens qu’ils donnent à leurs pratiques.

• Les conceptions « faiblement liées » : le discours renvoie à une performance temporaire qui ne reflète pas nécessairement la subjectivité ou les pratiques des participants

On peut de même mettre en évidence une distinction quant à une conception macro ou micro du discours ; dans une perception « micro » le discours reflète une production locale et située ; dans une perception « macro » il reflète toute une culture ou une idéologie (Raymond-Alain Thietart, 2007).

En ce qui concerne notre recherche le lien entre le discours et la nature des subjectivités et pratiques est « musculaire ». Le but est justement que le discours fasse émerger les représentations des manager quant à la formation et leurs pratiques. Le discours est par contre appréhendé à un niveau « micro » car il est fortement contextualisé.

La méthodologie d’analyse des entretiens repose sur une démarche de catégorisation (Nicole Berthier, 2000). En effet la première étape de l’analyse est un travail de découverte des thèmes et sous-thèmes. Le texte est ainsi découpé et ordonné selon les unités d’analyse choisies. Ces unités sont ensuite classées par catégorie ou thème qui sont ensuite analysés.

Les unités d’analyse dans ce travail seront des phrases ou des paragraphes. Ce sont des unités d’analyse dites thématiques car elles correspondent à une phrase, une portion ou un groupe de phrases qui se rapporte à un même thème. Les analyses lexicales, elles, s’attachent au vocabulaire, aux mots.

Après le travail de retranscription j’ai donc eu recours à un logiciel, OmniOutliner, qui a permis pour chaque interview d’associer les différents énoncés par thèmes, par questions et d’en faire une première synthèse.

OmniOutliner est un logiciel de collecte et d’organisation d'informations, données numériques ou texte ; il permet aussi de faire des recherches de mots clé et facilite ainsi le travail de catégorisation.

Tous les entretiens ont été réorganisés comme indiqué ci-dessous, le logiciel m’offrant la possibilité d’attacher pour chacun des thèmes, en menu déroulant, les extraits concernés.

Thème Localisation de l’énoncé

Question concernée

Synthèse de l’énoncé Mention de ce

rôle de développeur/

gestionnaire de compétences dans le cahier des charges ou autre doc

l. 181 & l.442 5 ce rôle est

explicitement mentionné dans le cahier des charges;

avec nouvelle fonction cahier des charges va être revu, va plus faire de la gestion de

personnel que du travail de terrain, donc aimerait à l'avenir que ce soit plus précisé;

pense que c'est une prochaine orientation de l'entreprise= donner plus de poids à ce

rôle/MP.

/ ne pense pas que ce rôle soit mentionné ailleurs

Les thèmes ont d’abord été traités individuellement, entretien par entretien.

L’outil OmniOutliner a par la suite permis de créer des tableaux par thèmes rassemblant les énoncés tous entretiens confondus. Ces tableaux donnent une vision d’ensemble du produit des interviews par sujet.

En effet, c’est l’analyse du contenu, et non pas de la structure du discours, qui va ici nous occuper (Raymond-Alain Thietart, 2007).

De même, l’interprétation des données du discours peut se faire en ayant recours à des techniques quantitatives ou qualitatives (ibid.). Les techniques quantitatives reposent sur une logique de comptage des unités d’analyse tandis que les techniques qualitatives permettent d’interpréter les unités en les plaçant dans un contexte plus global.

C’est ici dans une perspective qualitative que nous allons analyser nos données. Nous allons donc nous intéresser à la valeur des thèmes et non au nombre de fois que l’on pourrait les relever.

L’approche phénoménologique en recherche de Chantal Deschamps (1993) définit quatre étapes importantes pour l’analyse des données qualitatives, une fois que les données sont recueillies puis transcrites :

1. Tirer le sens général de l’ensemble de la description.

Cela se fait lors de plusieurs lectures notamment lors de la retranscription.

2. Reconnaître les unités de signification qui émergent de la description.

Le chercheur doit alors découper le contenu des entretiens en autant d’unités thématiques que l’on peut déceler.

3. Développer le contenu des unités d’analyse de manière à approfondir le sens qui est contenu dans le matériel.

Lors de cette étape, le chercheur approfondit sa compréhension grâce à sa connaissance plus générale de la réalité explorée. Il explicite dans ses mots et dans celui du participant ce qu’il en est des différents thèmes, ceci dans une optique d’analyse qui permet l’appropriation du sens, sa compréhension, son explicitation et son élaboration.

4. Réaliser la synthèse des unités d’analyse par thème. Le chercheur doit réunir les unités d’analyse en une description consistante, cohérente, qui prend une forme synthétique.

L’analyse de contenu pour le présent mémoire a répondu à cette démarche.

Nous avons vu plus haut les principes qui m’ont orienté dans la deuxième étape.

La troisième étape s’est faite avant tout lors de la construction des tableaux thématiques. Ces tableaux m’ont permis de faire des comparaisons, de relever des analogies ou des divergences, de mettre à jour d’autres éléments de compréhension et ils ont préparé le travail de synthèse. Ce travail de synthèse va permettre, par thème, de poser une interprétation des entretiens, une description des différents éléments saillants qui ont émergé.

Le traitement des données s’est donc fait de manière collective, par regroupement par thème et non pas de manière individuelle. On peut effectivement distinguer une analyse par entretien et une analyse par thématique : « Alors que le découpage de l’analyse par entretien parcourt les thèmes de l’entretien pour rebâtir l’architecture singulière, l’analyse thématique défait en quelque sorte la singularité du discours et découpe transversalement ce qui, d’un entretien à l’autre, se réfère au même thème » (Alain blanchet et Anne Gotman, 2007). La différence de ces deux types d’analyse est parfois mince.

Ainsi une analyse par entretien se soumet aussi au processus de catégorisation et donne lieu à des synthèses par thème. On parle alors d’analyse thématique verticale.

La synthèse se veut refléter une analyse de contenu directe. On parle d'analyse directe lorsque l'on se contente de prendre au sens littéral la signification de ce qui est étudié. On ne cherche pas, dans ce cas, à dévoiler un éventuel sens latent des unités analysées au contraire de l'analyse de contenu indirecte où l'analyste cherchera à dégager le contenu non directement perceptible (Omar Aktouf, 1987). J’ai cependant utilisé le terme « interpréter » plus haut en ce qui concerne la synthèse. En effet en sciences sociales toute donnée est une interprétation. Il n’y a pas dans les sciences sociales de données brutes (Clifford Geertz, commenté par Maryvonne Charmillot, 2007). Le rendu des données que représente la synthèse est donc aussi le fruit d’une interprétation, puisque c’est forcément une sélection.

Dans la partie spécifiquement dénommée « analyse » je m’appuierai sur la synthèse pour développer cette fois-ci une analyse indirecte par comparaison des données en m’appuyant sur les apports théoriques de la recherche.

4 Fondements théoriques de la recherche

Les sciences de l’éducation concernent l’étude de différents aspects de l’éducation dans ses approches méthodologiques et pédagogiques et fait appel à diverses disciplines : histoire de l’éducation, sociologie de l’éducation, la pédagogie et la didactique, psychologie des apprentissages, politique de l'éducation, éducation spécialisée, formation professionnelle et continue, …

La formation continue, de même, réalise la jonction entre différents domaines de connaissance et différentes théories : la pédagogie des adultes, la psychologie, l’ingénierie de formation et l’ingénierie pédagogique, la sociologie ou encore l’économie avec la théorie du capital humain. Un choix s’impose donc quant à la sélection des fondements théoriques qui soutiendront ce mémoire.

Le contexte de l’organisation nous pousse bien sûr à nous orienter vers la sociologie des organisations et la cible étudiée nous renvoie plus spécifiquement, dans cet ensemble, au management. J’ai, en effet, parlé de l’importance du contexte dans la partie consacrée à la méthodologie et ce mémoire a justement pour objectif de mettre en évidence le poids de la structure organisationnelle sur l’efficacité des actions formatives. Chaque organisation s’articule à un mode de management et à des pratiques managériales. Cependant, pour mettre en lumière ces pratiques il est important de se pencher sur ce que fait véritablement le manager en tant qu’acteur, sur la manière dont il travaille, et pas uniquement sur ce qu’il devrait faire dans telle ou telle conception du management. Dans le domaine des sciences de la gestion j’ai donc recherché plus spécifiquement ce que pourrait être une typologie du manager.

Nous intéressant ainsi de près à un acteur de l’organisation nous aurions pu envisager d’analyser le rapport à la formation en sondant le rapport à l’apprentissage, toutefois, ceci n’aurait pas permis de nous éclairer sur la perception de l’ensemble du processus formatif. Or c’est la collaboration avec la Fonction Formation dans son ensemble que nous entendons explorer ici. En conséquence, je mobiliserai des ressources issues avant tout de l’ingénierie de formation et non pas de l’ingénierie pédagogique et de la pédagogie des adultes.

Ce cadrage théorique reposera donc sur trois domaines principaux : la sociologie des organisations, puis, plus spécifiquement, le management et enfin l’ingénierie de formation.

Qu’est ce que le management ? Quelles sont les responsabilités du manager et plus particulièrement de l’encadrement de terrain ? De quoi est fait son quotidien ? A-t-il une responsabilité intrinsèque, établie, vis à vis de la formation de ses collaborateurs ?

Pour répondre à ces questions je me suis référé aux spécialistes du domaine et j’exposerai dans la première partie de ce nouveau chapitre les éléments communément avancés et partagés par ceux-ci.