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2 Problématique

3.4 Terrain de recherche

3.4.1 L’identité SIG

3.4.1.1 SIG: une entreprise mixte

SIG, Services Industriels de Genève, est une entreprise mixte ou autonome : c’est à dire une entreprise à caractère privée dont le capital est détenu par l’Etat. La gestion s’oriente vers le résultat économique mais l’entreprise reste soumise au contrôle et aux décisions de l’état. Son degré d’autonomie en conséquence varie selon l’ingérence plus ou moins forte de l’environnement politique. L’entreprise, en conséquence, s’honore d’une responsabilité sociale plus prégnante et veut au regard du canton faire montre d’une certaine exemplarité. En effet généralement le recours à la société d’économie mixte garantit à la collectivité publique actionnaire et cocontractante la prise en compte effective de l’intérêt général dans les objectifs de l’entreprise tout en bénéficiant de la souplesse inhérente aux sociétés de droit privé.

SIG est ainsi placée sous la surveillance du Conseil d’Etat. Elle dispose d’un capital de dotation de MCHF 100 réparti entre l’Etat (55%), la Ville de Genève (30%) et les communes genevoises (15%). Elle ne reçoit pas de subventions des pouvoirs publics et fonctionne donc comme une entreprise privée, obligée de réaliser des bénéfices pour perdurer.

Il semble toutefois que ce soit surtout avec la libéralisation des marchés de l’énergie que son personnel ait pris conscience de cet impératif de rentabilité.

3.4.1.2 Activités de l’entreprise

Longtemps SIG a détenu le monopole sur le canton de Genève en matière d’énergies (électricité, gaz naturel, chauffage à distance), de traitement et distribution de l’eau, et d’environnement (incinération des déchets et valorisation énergétique). Par ailleurs, depuis 1999, le peuple a accepté une modification de la Constitution cantonale permettant à l’entreprise d’être active en dehors du canton et d’offrir des prestations nouvelles, notamment dans le domaine des télécommunications (réseau et services).

Le secteur de l’activité lié à l’électricité représente 50% du chiffre d’affaires de SIG. De ce fait, la libéralisation du marché européen de l’électricité (LME) dont l’un des objectifs est d’introduire la concurrence dans ce marché est un phénomène qui a eu des conséquences importantes sur les stratégies et les perspectives de l’entreprise.

Cette ouverture a été planifiée en deux temps : d’ores et déjà depuis le 1er janvier 2009 les sociétés consommant plus de 100 MWh par an ont le libre choix de leur fournisseur ; les ménages et aux autres petites et moyennes entreprises (PME) devront par contre attendre cinq ans pour profiter de la concurrence.

Cette libéralisation du marché n’est cependant qu’une évolution parmi d’autres de l’environnement de l’entreprise : volatilité des marchés, réchauffement climatique, raréfaction des énergies fossiles… toutes ces nouvelles données sont anticipées et font écho au sein de SIG : nouvelle organisation, évolution des relations interservices désormais axées sur des

rapports de clients à fournisseurs, développement d’un nouveau management, investissement dans les énergies renouvelables…

Face à ces évolutions et avec l’impulsion d’une nouvelle direction, SIG a adopté une démarche mixte de reconfiguration portant aussi bien sur la stratégie que sur l’organisation. Par une politique de décentralisation, de développement du management par projet et de la délégation de compétences, elle cherche à gagner en flexibilité, en réactivité et à tendre vers le modèle d’organisation de l’adhocratie.

3.4.1.3Évolutions récentes

SIG compte actuellement 1700 collaborateurs répartis dans quatre pôles opérationnels, Energie, Environnement, Clients, Services partagés, et les unités Finance et Stratégie, Innovation et Communication, SIG services et Droit. Ils y exercent des fonctions très diverses, techniques, commerciales, administratives et d’encadrement, qui vont de l’ingénieur spécialisé au simple employé administratif ou technique. Cette structure toutefois évolue constamment, tout comme les organigrammes qui, d’une année sur l’autre, ne cessent de changer.

On y trouve moins de branches et ils tendent à se réduire verticalement.

Depuis le milieu des années 2000 les mots changement et innovation sont omniprésents dans l’ensemble des communications officielles de l’entreprise et tout est fait pour qu’ils le soient aussi dans la bouche de tous les collaborateurs.

En 2007 le bilan social avait par exemple pour titre « motivation, compétences et innovation ». En effet « L’innovation apparaît comme une sorte de « pari » dont le succès est lié à la capacité collective à y participer collectivement : le succès d’une innovation suppose, en effet, qu’un grand nombre d’acteurs de l’entreprise parviennent à faire leur le projet initialement développé par les directions » (Alter, 1998). Dans cette perspective, les managers ont un rôle clé et l’on trouve souvent sur intranet des listes « d’ambassadeurs » de projets ou de manifestations ou des offres de volontariat pour les promouvoir.

Ces événements sont des points d’ancrage d’une culture d’entreprise utilisée pour développer l’adhésion des collaborateurs aux changements. Ils permettent aux employés de s’approprier les projets de l’entreprise et avec elle de se projeter vers l’avenir. Ils participent à entretenir un sentiment d’appartenance.

Comme dans tous les groupes sociaux il est indispensable d’assimiler cette culture propre au milieu pour véritablement s’intégrer et on fera immédiatement remarquer aux non initiés les écarts qu’ils ne manqueront pas de faire. A SIG, on se moquera gentiment par exemple de votre vouvoiement, on vous rappellera assez vertement qu’étant dans un pays francophone on s’envoie des courriels et non pas des mails, on vous soupçonnera d’anti écologisme pour ne pas avoir repéré la poubelle destinée au recyclage des gobelets…

Toutefois, de manière contradictoire, bien que l’entreprise ait connu un changement d’importance avec l’arrivée d’un nouveau directeur général, plus jeune, plus dynamique, il semble que « le changement » soit maintenant un thème du passé : la notion de changement est considérée comme acquise et le petit personnage qui symbolise « l’innovation » est devenu la grande attraction

comique du spectacle de fin d’année. Une nouvelle stratégie ainsi que de nouvelles valeurs seraient en discussion.

Reste cependant le thème du « développement durable » dont l’entreprise se veut le fer de lance. Depuis le début de la décennie SIG a en effet décidé de devancer les évolutions de son environnement et s’est orientée vers une réflexion sur les énergies renouvelables et le développement durable.

De nouveaux produits ont été développés et encouragés, comme la production d’électricité par panneaux solaires, et conjointement les expressions

« économie d’énergie », « développement durable » « écologie » se sont répandues dans tous les documents et communications de l’entreprise. L’année 2004 fut déclarée « Année du développement durable », le rapport annuel depuis 2005 est rebaptisé « Rapport de développement durable ».

Le préfixe éco- est un grand classique des noms de projets et de manifestations : une série d’ateliers d’information sur l’économie d’énergie est ainsi dénommée « éco-21 ». Dans les couloirs, on trouve, bien en évidence, des poubelles de tri sélectif, dans les bureaux des poubelles pour le recyclage du papier, en bas de chaque mail un message invitant à ne pas imprimer tous les documents pour ne pas gaspiller le papier. L’été l’entreprise offre à ses employés la possibilité d’emprunter un vélo pour venir et repartir du travail. Les collaborateurs peuvent acheter, à taux préférentiel, des vélos électriques. Le parking de la société est payant pour, comme en ville, encourager les employés à venir par les transports en commun. Chaque collaborateur fait gentiment remarquer, s’il y a lieu, à ses collègues tel geste ou habitude qui n’est pas très écologique. La majorité du personnel de SIG semble à présent préoccupée et sensibilisée à la question du développement durable et l’entreprise, par le vecteur de ses voitures électriques qui circulent dans Genève, en est maintenant l’image.

Enfin, la notion de « client » semble maintenant être un axe de travail prioritaire pour l’entreprise. Depuis quelques années déjà un changement de perspective s’est opéré : de « l’usager » au « client ». A présent SIG s’est lancé dans le défi d’optimiser la qualité de sa relation client, ceci aussi bien à l’externe qu’à l’interne.

Pour illustration, l’entreprise a récemment développé une nouvelle campagne institutionnelle « à fort caractère émotionnel » destinée à renforcer

« ses valeurs de proximité avec les genevois ». Par là SIG entend affirmer « sa position d’entreprise genevoise citoyenne, innovante, transparente, et prête à affronter les nouveaux enjeux du marché tout en préservant son identité et sa personnalité »1.

La fonction formation a le rôle essentiel d’impulser et d’accompagner tous ces changements

1 Extraits de l’information sur la nouvelle campagne issus de l’intranet de la société.