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PARTIE I. Le cadre théorique

3.2 Caractéristiques du papier au XVII e siècle

3.2.1 Identification du papier par le filigrane

3.2.1.1 De quelques méthodes de datation

La seule méthode utilisée pour reproduire les filigranes fut, pour plusieurs décennies, de tracer les filigranes sur du papier posé sur les manuscrits originaux ou les livres reliés. C’était la méthode utilisée de manière brillante par Briquet, mais aussi par Churchill, Heawood et même

155 Voir à ce sujet Meinlschmidt, P. et Märgner, V. (2009). Advantages and disadvantages of various techniques for the visualization of watermarks [Vor- und Nachteile verschiedener Techniken zur Visualisierung von

Wasserzeichen] [Avantages et inconvénients de diverses techniques de visualisation des filigranes]. Restaurator, 30(3), p. 222–243.

156 Outre les méthodes visuelles, de nombreuses études fournissent des exemples de descriptions de filigranes. Pour l’étude des filigranes comme méthode de datation et/ou d’authentification des documents dans l’étude comparative des papiers, voir entre autres, Irigoin, J. (1980). La datation par les filigranes du papier ». Codicodologica : Litterae

textuales, 5, p. 9-36; Pulsiano, P. (1987). A checklist of books and articles containing reproductions of watermarks.

Dans Spector, S. (dir.). Essays in paper Analysis. Washington, DC: The Folger Shakespeare Library, p. 115-153. Cette liste met à jour, entre autres, l’ouvrage de Leif, I. P. (1978). An international sourcebook of paper history. Hamden, CT : Archon Books; voir également Bibliothèque / Département des restaurateurs : Institut national du Patrimoine (2009). L’identification des papiers par l’étude des filigranes. Orientation bibliographique. Paris, France : Institut national du Patrimoine; Ornato, E. (2011). Le papier filigrané et son évolution du XIVe au XVIe siècle. Le papier à l’œuvre. Paris, France : Hazan - Louvres Éditions, p. 45-61.

Gaudriault.157 Puis, dans les années 1950, fut développée la bêta-radiographie qui, à l’aide de

feuilles carbone-14, assurât d’excellentes reproductions. Ce procédé dispendieux et peu accessible au départ, est devenu fort prisé de certains chercheurs.158

Une autre perspective a été développée par Thomas Tanselle, bibliographe, spécialiste de l’édition critique et adepte de la bêta-radiographie. Dans un texte qui remonte à 1979, Tanselle s’adresse aux bibliographes afin de leur procurer une méthode bibliographique pour décrire le papier, élément physique majeur de tout livre imprimé.159 Bien qu’écrit dans un tout

autre contexte et il y a plus de trois décennies, ce texte présente un intérêt majeur, car il permet de repérer d’autres caractéristiques du papier lorsque les marques (ou filigranes) sont imprécises ou peu significatives.160 Par exemple, l’auteur parle de la position du filigrane par rapport aux

pontuseaux161 et de la façon de décrire la mesure ou encore la notation des filigranes en lien

avec la source bibliographique.162

Depuis quelques années, pour l’analyse et la comparaison des filigranes, les ouvrages de la littérature imprimée voisinent de nouvelles bases de données. Certaines ont repris intégralement les travaux publiés d’éminents spécialistes en aménageant les données sous forme

157 Tous les répertoires n’ont pas la même valeur de précision. Neil Harris constate que : « The known and frequently perceived weakness of most such repertories is not only the inadequacy of tracing, but also the casual nature of the way documents are selected and illustrated ». Harris, N. (s. d.). Paper and watermark: premise. Repéré à http://ihl.enssib.fr/siteihl.php?page=272&aflng=fr . Texte publié par l’Institut d’histoire du livre. Repéré à

http://ihl.enssib.fr

158 À titre d’exemple, voir Zerdoun Bat Yehouda, M. (1983). Un exemple d’application de la bêta-radiographie à l’étude des papiers : le manuscrit 175 de la Bibliothèque nationale. Revue de l’art, 60-62, p. 67. Pour une critique de la méthode, voir Schoonover, D. (1987). Techniques of Reproducing Watermarks: A Practical Introduction. Dans Spector, S. (ed), op. cit. p.154-166.

159 Tanselle, G. T. (1979. The Bibliographical Description of Paper. Selected Studies in Bibliography. Charlottesville, VA: University Press of Virginia, p. 203-243.

160 En référence aux caractéristiques décrites ci-dessus. Voir également à ce sujet Gaudriault, R. (1995), op. cit. p. 35.

161 Tanselle, G. T., op. cit., p. 221. 162 Ibidem, p. 228-229.

de champs à chercher163 tandis que d’autres sont issues du travail de mise en commun des

données provenant de plusieurs institutions.164 Toutes ces bases de données présentent des

facilités de repérage de filigranes avec des menus déroulants. La recherche peut se faire par nomenclature de filigrane à l’aide d’un choix de descripteurs proposé (aigle, écu, trèfle, etc.) avec reproduction dudit filigrane,165 par date, par nom de moulin et/ou nom de papetier, par type

de document (lettres, manuscrits, édits, etc.). Il y a cependant une limite aux recherches que l’on peut effectuer puisque ces outils ne répertorient que les collections d’un certain nombre d’institutions.

En comparaison avec l’Europe, peu de recherches ont été publiées sur l’origine des filigranes en Amérique du Nord. Parmi ces exceptions, on compte Thomas Gravell dont les travaux mettent de l’avant l’étude des filigranes « used in America. »166 La contribution de

Gravell à l’étude des filigranes dépasse largement la somme de travail investi dans la collecte des données pour son Catalogue. En 1970, Gravell a développé une méthode de reproduction des filigranes peu coûteuse, rapide et totalement fiable à partir de l’utilisation du papier photo sensible Du Pont DYLUX 503, papier développé comme produit pour l’industrie des arts

163 Voir, par exemple, la Thomas Gravell Watermark Collection at the University of Delaware Library. Repéré à http://www.gravell.org/ et la Piccard-Online du projet Bernstein repéré à http://piccard-online.de

164 The Watermark Archive Initiative, projet de collaboration internationale, a développé un registre international sur le papier (International Paper Registry repéré à: www.watermarkarchive.org et le portail européen, Bernstein -

The Memory of Paper, disponible en six langues. Repéré à http://bernstein.oeaw.ac.at

165 Il est alors possible de « voir » si le filigrane à identifier correspond à des filigranes déjà inscrits dans la base de données.

166 Voir à ce sujet Gravell, T. L. et Miller, G. (1979). Catalogue of American watermarks, 1690-1835. New York, NY: Garland Publishing Inc.; Gravell, T. L. et Miller, G. (1983). A catalogue of foreign watermarks found on paper

graphiques dans les années 1960.167 Finalement, l’application de techniques de numérisation

pour la datation du papier et l’étude des filigranes a fait l’objet de quelques communications.168