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Comme mentionné précédemment, l’étude réalisée par l’équipe Procianoy et al. (2010) a démontré l’avantage de l’utilisation du massage en association avec la méthode kangourou. Il devient alors important de parler de cette méthode. De plus, dans le cadre de cette recherche, la méthode mère kangourou est utilisée par les deux groupes : intervention et contrôle. Elle est pratiquée par les parents, elle est commencée depuis le séjour à l’unité néonatale et se poursuit à la maison jusqu’à ce que les bébés ne la tolèrent plus. La méthode Kangourou, initiée dans les unités néonatales en Colombie, peut être décrite comme la mise peau à peau d’un enfant né prématurément. Cette méthode a fait l’objet de plusieurs recherches qui ont démontré de multiples bénéfices pour les bébés prématurés, pour leurs parents et plus précisément pour les mères. Cette méthode procure une stabilité physiologique aux nouveau-nés, assure la thermorégulation, protège contre l’infection, améliore l’allaitement maternel, réduit le stress, améliore la croissance des nourrissons, (Ludington-Hoe, Morgan et Abouelfettoh 2008; Conde-Agudelo, Belizán et Diaz-Rossello 2011; Dzoukou, Pintière, Bétrémieux et al. 2004). De manière générale, elle contribue à améliorer la survie néonatale et à promouvoir la relation mère-enfant. La combinaison de l’allaitement maternel et de la méthode kangourou (MK) agissent en synergie au développement staturo-pondéral et psychomoteur du bébé prématuré.

Par ailleurs, la MK est associée à une réduction de certaines infections, comme le risque d’infection nosocomiale, celui de développer une maladie très grave ou de présenter des infections des voies respiratoires. De manière générale, le dernier type d’infection est très courant chez les enfants, même chez ceux qui sont nés à terme. Cette réduction de risques

15 d’infection demeure jusqu’à l’âge de 6 mois, selon la recherche de Conde-Agudelo et al. (2011). Cependant, en ce qui concerne la réadmission à l’hôpital, une différence n’a pas été démontrée entre le groupe d’intervention et le groupe contrôle. L’équipe de Conde-Agudelo (2011) a également démontré que les bébés mis en Kangourou ont une croissance pondérale quotidienne plus élevée que leurs pairs dans le groupe contrôle, ils présentent une circonférence crânienne supérieure jusqu’à 6 mois d’âge corrigée; cependant cette différence tend à disparaitre au fur et à mesure que les bébés grandissent.

Du point de vue du développement des différents systèmes de l’organisme, la méthode kangourou favorise le fonctionnement physiologique à savoir, la fréquence cardiaque, le développement du système nerveux central, les fonctions respiratoires, la saturation en oxygène, (Anderson 1991; Ludington-Hoe, Thompson, Swinth et al. 1994; Ludington-Hoe et Swinth 1996). Un bon débit cardiaque irrigue les différents organes de l’organisme et permet leur fonctionnement optimal. Par contre un dysfonctionnement du système circulatoire peut provoquer une mauvaise irrigation des tissus, un manque d’échanges gazeux, un manque de nutriments au niveau des cellules, une accumulation de déchets dans l’organisme (Dodd, 2005). Plusieurs recherches auprès d’enfants mis en MK ont démontré qu’une augmentation du débit cardiaque réduisait les risques d’apnée, (Acolet, Sleath et Whitelaw 1989; Bohnhorst, Heyne, Peter et al. 2001; Fohe, Kropf et Avenarius 2000). De nombreuses études auprès des prématurés ont mesuré les périodes de bradycardies (ralentissement du rythme cardiaque) qui peuvent survenir lors des périodes d’apnée ou à cause d’une mauvaise régulation due à l’immaturité du système nerveux central. La MK peut contribuer à la stimulation vagale et ainsi, à la réduction des périodes d’apnée. Parmi les autres bienfaits de la MK, des recherches ont démontré que les bébés portés en MK sont calmes, présentent une diminution du stress et ont un sommeil reposant (Gazzolo, Masetti et Meli 2000; Gray, Watt et Blass 2000). De plus, les bienfaits de la MK ne s’estompent pas après la période de l’enfance. Une étude longitudinale réalisée par l’équipe de Schneider, Charpark, Ruiz-Pelaez et Tessier (2012) a évalué certaines fonctions cérébrales de trente-neuf (39) adolescents nés prématurément qui avaient été portés en kangourou comparativement à celles des adolescents nés à terme ; le groupe intervention a présenté des résultats supérieurs au groupe contrôle sur le temps de transfert d’information entre les deux hémisphères cérébraux.

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Du point de vue de la relation mère-enfant, plusieurs études ont fait état de son amélioration dans les groupes MK, d’autres ont démontré que la méthode Kangourou réduit la frustration et le sentiment d’impuissance des parents qui peuvent participer aux soins administrés à leurs bébés prématurés. De plus, Arraes de Alencar, Arraes, Cavalcanti De Albuquerque et al. (2009) ont démontré qu’en adoptant la méthode de la mère kangourou, l’état dépressif des mères des bébés prématurés peut être réduit de 30%. Une autre étude réalisée par Macedo, Cruvinel, Lukasova, et al. en 2007, sur la variation de l’humeur chez les mères utilisant la méthode de la mère kangourou en comparaison à celles utilisant les méthodes conventionnelles de l’incubateur, présente des résultats significatifs en faveur des MK concernant le bien-être des mères et de leurs enfants prématurés. Visual Analogue Mood Scale (VAMS) a été utilisé pour évaluer l’humeur des mères avant et après la visite des enfants. Les auteurs ont souligné qu’après une séance de la méthode, les mères MK rapportent avoir développé un sentiment de calme, de meilleure coordination, d’énergie, de force, de tranquillité, d’apaisement, de relaxation et de contentement alors que les mères des bébés en incubateur se plaignent d’un sentiment de maladresse après les visites à l’hôpital. Selon ces auteurs, l’amélioration de l’humeur chez les mères des bébés en méthode kangourou peut être due au contact prolongé avec le bébé, au développement de sentiments plaisants grâce au contact peau à peau, à l’aide professionnelle pendant la session d’apprentissage et aux informations reçues en ce qui concerne les bénéfices de la méthode pour le bébé (Macedo et al. 2007). Cependant les informations fournies aux mamans sur les bienfaits de la MK, peuvent aussi être considérées comme un biais favorable influençant leurs comportements et leurs états émotionnels. Par ailleurs, certains auteurs établissent un lien entre l’adoption de la méthode MK et différents aspects positifs de la vie du bébé, de la mère et de toute la famille en général. On peut citer la maturation neurologique du bébé, l’amélioration de l’organisation familiale, l’implication du père dans les soins prodigués au bébé et une diminution de la violence domestique au sein du foyer. Puisque la première tâche du développement de l’enfant prématuré est son adaptation à la vie extra-utérine, toutes les méthodes permettant d’atteindre cet objectif font souvent l’objet d’observation et de recherche. Ainsi, il a été démontré que la MK favorise l’allaitement maternel exclusif, lequel présente des avantages considérables pour les enfants. Vohr, Poindexter, Dusick, et al. (2007) ont démontré qu’une augmentation de l’ingestion du lait

17 maternel est associée à une amélioration des scores de Bayley mesurés chez les bébés évalués. Ces enfants présentent une augmentation de l’index de développement mental et de développement psychomoteur. Par ailleurs, les bénéfices de l’allaitement maternel à lui seul sont énormes, selon Vessière-Varigny, Garlantézec, Gremmo-Feger, et al. (2010) et sont bien documentés; ils concernent l’augmentation de la croissance de l’enfant alimenté au lait maternel, la performance plus élevée de ces enfants aux différents tests de développement intellectuel, de même que la réduction du nombre de jours de re- hospitalisation de ces enfants dans les unités de soins.

Des recherches qui appuient les résultats de la MK ont aussi analysé la relation coût- efficacité de cette méthode et ont prouvé que les dépenses sont moins élevées dans le groupe kangourou (Cattaneo, Davanzo, Worku et al. 1998).

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