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THERAPEUTIQUE; MEDECINE D'URGENCE; ADDICTOLOGIE 4804 REANIMATION MEDICALE ; MEDECINE URGENCE 4802 AMBROSI Pierre (PU-PH)

5. Synthèse des résultats et discussion :

8.2. Entretiens verbatim

8.2.12. Médecin 12 Entretien médecin N°

Femme âge : moins de 45 ans secteur : semi-rural R : Romain M : médecin N° 12

R : Question N° 1

M : Heu …. Je l’aborde ….heu heu… de temps en temps ……Bon, je demande toujours si ils fument ; (R : oui) et effectivement ça m’arrive de leur demander si ils ne fument pas aussi des joints. Mais alors …

R : Dans quels cas ? M : Quand ils sont seuls.

R : C’est-à-dire sans les parents ?

M : Oui, de toute façon quand il y a les parents je sais qu’ils diront : non. rires. Donc voilà. Quand j’ai des ados jeunes voilà, là, effectivement je leur pose la question ou je leur parle du, heu …. Je leur dis quelques remarques sur le cannabis, même si ils me disent qu’ils ne fument pas voilà. Mais par contre, quand il y a les parents, j’évite parce que de toute façon c’est toujours non, donc….

R : OK

M : Sauf ceux qui effectivement fument avec leurs parents. Alors là, effectivement, là c’est, Quand je demande à ce moment-là, est ce que vous, tu fumes ? Heu, alors il va me dire oui et puis des fois, il y a les parents à côté qui disent : oui et aussi du cannabis …. Et je dis oui, oui, d’accord. Bon, bien , voilà et là , souvent les parents fument aussi avec, donc ….. pfouiiii !!!!

R : rires. D’accord

M : Je me dis que la prévention va être bonne !!! RIRES… Voilà rires …..

R : Oui, ça c’est clair. A partir de quel âge ? (M : de ?) Tu commences à leur en parler ou à poser des questions ?

M : Moi, à partir du moment où, heu…. Ça rentre dans mon ….. Que je prends les antécédents de tous mes patients … .. De tous les nouveaux patients qui arrivent que je prends. Alors, quand c’est des nouveaux patients, ça vient systématiquement. Mais quand c’est des patients que j’ai suivis depuis qu’ils sont tous petits, alors c’est vrai que je vais plus avoir le truc avec les filles parce que ça va être, bon, la prescription de la pilule. Je reprends le truc de : est ce que tu fumes ? Et cætera…. C’est vrai que là, mais maintenant que tu le dis, je m’aperçois que, peut-être pour les garçons, je leur pose moins la question. Donc, ce sera un truc qu’il faudra que je …. Ça sert … les thésards !

R : OK

M : Pour les filles c’est systématique car pour la. .. … R : Oui, oui, dans le cadre de la contraception.

M : Dans le cadre de la contraception, je reviens sur le tabac et cætera… Bon, après, il y en a certains, tu sens qu’ils fument ; alors là, quand ils se changent, je leur demande : mais tu fumes maintenant toi ? Bon voilà, mais c’est vrai qu’après des fois, je ne pense pas aux garçons, à leur poser la question, ceux que j’ai suivis, tu sais depuis tout petits, ils grandissent et c’est vrai que …..Alors, dans l’aptitude au sport, si, ça , je vais leur demander aussi . Mais si il ne fait pas de sport et que c’est un mec, effectivement par contre, je me rends compte que peut-

être, j’oublie de poser cette question.

R : Est-ce que il y a eu des freins pour en parler, autres que les parents je veux dire ?

M : Ah si, il y en a certains, tu vois que quand tu poses la question, tu vois qu’ils n’ont pas envie que tu leur parles de ça quoi … Tu sens bien le truc « ouais, ouais,.. »en gros, elle fait chier, voilà.

Il y en a certains, à leur façon de répondre, tu te dis, bon d’accord, ils ne sont pas prêts à aborder ….bon . Je finis quand même en leur disant toujours que ça leur fait sauter les neurones … Au cas où … rires

R : OK.

M : J’essaye quand même, même si je vois bien que ça les fait chier, je leur parle juste de ça.(R:oui) Après tu fais ce que tu veux je dis mais effectivement tu risques de manquer de neurones.

R : D’accord M : RIRES

R : Question N° 2 répétée deux fois

M : Heu …. Alors là je dirais, j’ai juste eu un cas une fois que, parce que la personne, elle a fait une bou…ffée délirante. Donc là, effectivement, on a poursuivi effectivement tout le bilan et sinon effectivement je crois que je n’ai jamais poursuivi de bilan.

R : D’accord

M : Bon, il y a juste eu le cas de cette personne-là qui a fait vraiment … avec une hospitalisation lourde (R : oui) Mais là, la personne elle a bien compris qu’il fallait arrêter là.

R : D’accord

M : Et ses collègues aussi. De l’avoir vu, ça je pense que là, ça a été la meilleure prévention. Quand tu fais un mois de psychiatrie parce que tu te retrouves à avoir des hallucinations et voir des choses qui ne sont pas là, ça calme tout le monde hein ! la bande de copains, d’un coup, et là, tu sais lesquels fumaient parce qu’ils viennent te le dire. Rires. Voilà, ça refroidit tout le monde, c’était bien, un bon moyen de prévention.

R : Question N°3

M : Hum … Dès la première. Rires R : Dès la première ?

M : Oh oui. Moi, moi, c’est dès qu’ils me le disent. On en fume un, on en fume deux, on en fume …. Tu fumes du cannabis, t’as perdu donc. (R : OK) Sur ce plan-là, je leur fais, je leur dis à tous pareil.

R : Oui, oui, Que ce soit pour un, comme dix, c’est pareil, c’est un risque dans tous les cas. M : Oui, oui, même celui qui me dit : je fume de temps en temps à je fume tous les soirs. Voilà.

R : D’accord

M : Je leur explique tous les risques pour les…pour tous. Je leur explique les risques, … de dépendance… les risques effectivement, heu …. De surtout, moi c’est surtout un, ce qui marche assez bien chez les mecs c’est sur l’érection et les problèmes pour avoir des minots et après sur le fait que …. Il se peut que, à un moment donné le cerveau ne fonctionne plus.

Alors je leur dis : c’est comme vous voulez, si vous voulez être complètement comme un légume, à rien comprendre, à ….. à avoir un niveau qui s’arrête à un moment donné. Bon voilà, je leur dis : vous perdez des neurones, vous perdez des neurones .

R : Oui

M : J’en ai vu un qui a …. Manqué quelques années. Heu, je l’ai connu quand il avait 20 ans, il faisait partie d’une bande de copains ; je le vois maintenant à 40 ans, bien …. Il n’aurait pas dû consommer autant, c’est … c’est un peu le vide …rires Quand tu lui parles, il regarde comme ça…. Tu as l’impression qu’il n’y a personne à l’intérieur.

R : D’accord

M : Il était si bien quand il était jeune, mon Dieu !

R : Question N° 4 en précisant que les deux consommations tabac cannabis sont concomitantes

M : Bien, à partir du moment où ils veulent bien (R : oui). Voilà, c’est là le problème. C’est…. Pour l’instant, j’en ai pas encore eu qui avait envie d’arrêter. Si, j’en ai eu un, mais lui il a eu, il a eu envie d’arrêter du moment où sa femme s’est tirée. Ça a été le meilleur moyen, du jour au lendemain, il a arrêté….

R : D’accord

M : En fait, c’est ça, en fait je pense que … je ne suis pas sûre que ce soit surtout nous qui ayons un rôle parce que tu as beau leur dire que ….c’est pas bon, que…. Ils risquent effectivement pas mal de choses et cætera, ils n’entendent pas forcément. Par contre, à un moment donné, il se passe une grosse …heu …. Tu vois là le gamin qui a fait la bouffée délirante, les copains, ça les a vaccinés. Le gars sa femme, elle est partie parce qu’elle en avait marre qu’il fume tous les soirs son shit et boive son litre de coca devant la télé et qu’il fume, et après qu’ils n’arrivent pas à faire un minot. Elle s’est tirée. Comme elle s’est tirée du jour au lendemain, il a arrêté, mais …. Et aucun manque …. Rien. Voilà, il était venu me voir et cætera mais en fait j’ai rien eu besoin de faire .Rires. Franchement, c’est bien. Rires. Et après sinon, après quand tu en parles, j’ai, j’ai, chaque fois que tu en parles et tu dis : tu ne devrais pas même si tu n’en fumes qu’un, tu risques à un moment donné de vouloir en fumer plus et cætera et ça va devenir plus régulier, j’ai l’impression que tu… tu …… soupir. Et après tu as ce truc,c’est minimisé. J’ai l’impression que : mais non, mais non. En fait ta, ta parole …….soupir.

R : Dans le déni ou minimisé.

M : C’est ça, c’est ça (R : OK) Quoi, je ne me sens pas très efficace on va dire…. Dans ce domaine ….

R : D’accord

M : Chaque fois je me dis, ma foi, j’ai beau le dire, mais ouais pfouiii ….. Des fois le pire c’est quand il y a des parents quand l’autre il me sort : je fume avec mon, .. . mes parents, avec mon père (R : rire)…Bon d’accord, allez, c’est bon … : non mais mon père il a dit que…, alors parce que celle là, j’en ai une, voilà, une toxico, heu …. mais de tout, et comment ….. Hospitalisée, réa, hépatite ; incroyable et alors là, elle sort. Bon, je dis : alors t’as arrêté maintenant ? Tu as compris là ? T’es passée par la réa, hépatite et cætera,… tu n’en prends plus ? Non, non mais par contre je fume quand même des joints …. Alors je dis : pourquoi tu fumes les joints ? C’est, c’est pareil, c’est de la drogue, tu commences par ça et tu vas

reprendre des médicaments, tu vas …. Ouais ….. Et puis j’ai dit : tu sais que …. Tu vas devenir …. Voilà t’es accro, tu as plein de problèmes et après j’ai dit : niveau neuro, tu te fais du mal aussi …. Et là, j’ai essayé de lui faire comprendre que ça pouvait limiter heu… sa réflexion et cætera… tout le reste. Et là, elle fait « Non mais ça va, mon père ,ça fait 40 ans qu’il fume, il est pas con » . …Oh putain !!, J’ai dit bon, c’est bon…. RIRES…. Elle m’a dit ça fait 40ans qu’il fume et il n’est pas con ….Bêêh ouais….et ouais, mais d’accord, bon bien donc…. RIRES Bon, bien ….. Fais ta vie ! Fais ta vie !! Voilà et là tu te dis bon bien c’est sûr si l’exemple c’est papa et qu’il fume depuis 40 ans et que lui, il va bien, on peut continuer à fumer alors, mais toi, t’es passée par la réa au cas où, mais bon, ce n’est pas grave, ça ne la pas ….

R : Ça ne l’a pas plus choquée …

M : Non pas plus choquée que ça, tu te dis …. C’est pour ça, je me dis que c’est comme les alcooliques, ce n’est pas gagné. C’est pour ça que, bon ….. Elle continue.

R : C’est ça, est ce que tu l’adresses vers des structures ou des professionnels de santé ? M : Bon, à ce moment-là, heu … je leur dis que à l’hôpital, il y a un centre d’addictologie et après heu ….. tu as certains psy aussi qui les prennent et …donc, mais le plus souvent je préfère les envoyer vers le centre d’addictologie parce que le mot psy, ça ne leur plait pas trop. R : Oui ? pas adapté ou…

M : Non, mais le mot psy ….rires R : OK, c’est simplement le nom.

M : Tu commences à parler psy, ça ne leur plait pas trop donc, alors que dans le centre d’addicto je suis sûre qu’il y a un psy, mais centre d’addictologie, ça passe mieux et donc c’est vrai que souvent voilà je leur dis qu’il y a ce centre à l’hôpital. Je leur donne les coordonnées et je ne sais pas …..Ils ne doivent pas y aller …rires… mais bon…. (R : OK) Un jour peut -être il y en a un qui me dira : je veux arrêter, aidez-moi. Peut-être que celui-là, il ira. Mais les autres à qui tu le conseilles, pour l’instant, je n’ai pas eu de succès.

R : Question N°5

M : Hum….. bien …j’ai pas l’impression que notre avis soit très développé de ce côté-là du moins pour moi .

R : Oui, oui, bien sûr

M : Comment faire ? …. Je ne sais pas comment on pourrait faire ….. Je trouve qu’au niveau…, mais en fait, je ne sais pas si c’est notre rôle à nous, mais je sais qu’on peut, je pense, mettre des affiches, mettre ….A un moment donné, on avait reçu un petit livret avec toutes les drogues qui étaient ; moi, j’avais mis ça en salle d’attente et cætera …

R : Ah oui, c’est un livret fait par l’INPES je ne sais plus ; oui c’est ça

M : Oui, par l’INPES qui expliquait toutes les drogues et cætera … je l’avais laissé dans la salle d’attente, en me disant ça va peut être intéresser certains …. Ils vont peut-être aborder le sujet. J’avais mis des numéros, là les affiches qu’il y avait. J’essaye avec ça. Après je me dis, je pose la question, mais peut-être pas assez à mes patients à moi qui grandissent. Après il faudrait peut-être que j’y pense pour effectivement heu …. éviter … Moi après je faisais à un moment donné, je faisais la prévention du tabac et par la même je touchais deux mots sur le cannabis au CM2 dans les écoles de ma petite ville, mais volontairement, du bénévolat, j’étais allée effectivement. .. Mais alors là aussi, tu vas bénévolement, j’avais contacté toutes

les écoles de la ville en disant : si vous voulez je fais ça bénévolement aux CM2 avant qu’ils rentrent en 6ème puisque c’est là où ils vont y être confrontés, normalement c’est le début, au CM2 ils ne fument pas encore. Je vais leur faire et c’est là où ils sont encore abordables tu sais, la parole de l’adulte vaut encore quelque chose. Donc j’avais dit, je les prends en CM2 parce que en 6ème après …. !

R : Donc oui, c’est ça, la prévention plutôt avant le collège

M : Oui c’est ça juste avant de rentrer au printemps, avant de rentrer quand ils sont en CM2. J’arrive, je viens, je fais effectivement mon topo et je m’étais dit là ; je me dis si j’y vais et qu’ils sont au collège, ils sont dans la pleine puberté, et ça y est, on est bidon, les adultes, on est trop ringards …et cætera… Donc, j’avais pris les CM2. J’y suis allée pendant 3 ans. Donc, je leur faisais ça et à ce moment-là je leur faisais le tabac avec les méfaits du tabac et je faisais un petit aparté sur le cannabis en leur disant qu’il y avait les mêmes méfaits que le tabac et en plus qu’il y avait ce rôle au niveau central. Moi, je leur disais surtout ça et puis après, je faisais bien le côté pour les garçons, je faisais bien le côté érection et tout le reste, ce qui les faisait beaucoup rire. Et puis là-dessus je leur disais que le cannabis, ça vous bouffe les neurones quoi, j’essayais d’aller là-dessus et en plus de tout le reste car ça se mettait avec le tabac et qu’il y avait en plus les méfaits du tabac. Donc, je faisais un petit aparté la dessus et au bout de 3 ans, à chaque fois, c’est moi qui rappelais les écoles en leur disant et là il y a même l’année dernière, l’année dernière, c’est la première année où je ne l’ai pas fait ; j’avais prévenu les écoles… oui, oui, il y en a une à qui j’ai dit, j’y emmène ma fille : vous n’oubliez pas, mais je suis disponible. Moi je ne m’impose pas, mais moi je suis disponible. (elle) Ah oui, je vais voir les maitresses de CM2 et on vous rappellera. Ils ne m’ont jamais rappelée. L’autre école aussi ne m’a jamais rappelée. Même quand tu fais des choses bénévolement, sur ton temps de consultation, je veux dire même là, ils ne te rappellent pas quoi. Et puis après, je ne vais pas non plus les harceler, quoi, bon, ils ne veulent pas. Moi, je trouvais que c’était dans l’intérêt des enfants, que c’était …. Certains enfants que je croise, plus grands, ils me disent qu’ils se rappellent et voilà…. Tu vois ça, ….ça peut aider.

R : Donc en résumant un petit peu, donc plutôt au collège, avant le collège et en groupe plutôt qu’individuellement dans le cabinet ; c’est pas forcément adapté au cabinet.

M : Oui mais après dans le cabinet, on peut toucher du monde, mais c’est vrai que là, c’était vraiment voilà, c’était dans le cadre de l’école tu sais.

R : Ils sont plus libérés

M : On les a tous, ils sont tous ensemble. Ils te posent des questions. Moi, j’avais bien aimé ces échanges qu’on avait avec les petits. J’avais mis un corps humain et j’avais des petites cigarettes et ils venaient s’aimanter et j’avais vu faire ça et je leur demandais d’après vous, c’est où que ça va faire du mal et puis, hop ils venaient me coller les cigarettes. Ils étaient étonnés de voir qu’il y avait d’autres endroits, qu’il y ait autant de cigarettes collées. Et puis je te dis, à ce moment-là je profitais pour leur parler aussi du cannabis et ça n’a pas duré. Là, je trouvais que c’était un moyen plus actif, que c’est vrai dans le cabinet, ils sont avec leurs parents … et c’est peut-être un peu limité pour leur parler du cannabis et ils vont te dire non parce qu’il y a les parents à côté. Rien que pour la pilule, quand je leur dis : est-ce que vous fumez et qu’il y a les parents à côté, quand je termine, je leur dis, maintenant, au cas où tu fumes et que tu n’as pas voulu le dire parce qu’il y a maman et papa à côté, quand tu sors du cabinet hein, tu prends ton portable, tu me téléphones, je te le dis parce que c’est important

que je le sache. Donc à tous, je leur dis, je le leur sors ça .Je le dis à tous quand tu sors du cabinet, si il y a une personne à qui il ne faut pas mentir, c’est le docteur ; alors là je comprends, il y a ta mère à côté, tu n’as peut-être pas envie de …. Alors je dis : mais à ce moment-là, au moment où ta mère, elle n’est pas à côté de toi, tu m’appelles et tu me dis, je fume hein docteur, je dis : je ne lui dirai pas, voilà. C’est vrai, mais j’ai plus de facilités voilà avec les filles car ça rentre dans le cadre de la pilule. Donc, ça me vient de leur poser la question. C’est vrai que, après, et puis après voilà quand il y a les parents à côté, comment aborder le cannabis sans …. Il n’y en a aucun qui va te dire, oui je fume du cannabis, la mère, à côté, elle tombe … RIRES…Donc voilà, effectivement, quand ils sont seuls, je peux, mais le peu que je. .. J’ai, je te dis oui, quand il y en a qui disent oui je fume quelques joints, moi, quand tu commences