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45 Louise Du côté du professeur, il s'agit de prendre en compte l'individu, pas seulement en tant qu'élève,

mais en tant que personne, en tant qu'adolescent. Il faut être à l'écoute, ne pas se limiter à un enseignement factuel et essayer de tisser un lien un peu plus privilégié.

Q: Quel est l'objectif lorsque vous faites cela ? Qu'attendez-vous comme impact ?

R: Ça me permet de prendre en compte les différents aspects de l'élève et pas seulement ce que je peux voir lors des cours. Cela me permet aussi de créer un lien un petit peu différent, de créer un climat de confiance afin d'obtenir un cadre plus serein, plus personnel lors de la discussion, de sortir l'élève du groupe.

Elsa

R : Il s’agit de nous rappeler que nous n’avons pas en face des « apprenants » mais des êtres humains avec des histoires, des passés, des émotions, des incompréhensions.

Martin

Q : Cela peut donc aller au delà de la classe ?

R : Oui. Par exemple un élève qui a des problèmes d’intégration au collège, ou des problèmes familiaux. C’est hors classe mais je ne vais pas le menacer de prévenir ses parents de ceci ou cela si je sais qu’il est tyrannisé chez lui

R :… Je ne sais pas : pas d’agressivité avec les élèves, pas de violence, du respect, de la bienveillance, de l’humanité…

Roland

Il y a eu évolution : j’ai cru comprendre que maintenant on accorde un peu plus d’importance au cognitif, à l’affectif, à la manière dont on va transmettre et un peu moins à la matière proprement dite. Moi ce que j’essaie de faire c’est d’intervenir auprès de certains dans certaines séquences et je m’occupe d’autres personnes dans une autre séquence. J’explique que ceux qui n’ont pas pu me voir individuellement pourront le faire ultérieurement. Il y a ceux qui ne demandent mais que je vais voir et d’autres, en demande, à qui je promets de les voir plus tard. Il y a aussi ceux qui sont autonomes mais qui ont besoin d’affect eux aussi pour continuer de progresser

Q : Une sorte de compétence affective à mettre en place?

R : Oui, ou au moins une compétence en gestion de groupe qu’il aura acquise soit sur le tas, soit en modules spécifiques..

Vanessa

R: Ben pour moi, l’école n’a eu d’importance qu’à partir lycée. Donc, je comprends mieux le décalage, le manque de volonté, le rapport à l’école, le manque d’investissement personnel. Pour moi le rapport affectif c’est déjà ça, comment j’étais quand j’étais élève et maintenant quand je les regarde, je place involontairement la grille dessus, c’est un réflexe. Bien sûr les élèves ont des personnalités différentes, on va apprendre à les connaître mais avant c’est quand même ça. Q : C’est donc ne pas perdre de vue que ce sont enfants etc ?

R : C’est ça, on a nos exigences d’enseignants, ce qu’est l’élève type, ce qu’il est capable de faire mais il y a aussi le côté élève, qu’est ce que c’est que l’élève à cet âge là ? A force de voir la multitude, on finit par les voir comme une masse commune informe, on débite son discours et on oublie la particularité de chaque classe.

Q : Classes tu tes élèves en fonction de cette dimension ?

R : Parfois je suis beaucoup plus souple. Exemple ? Je leur avais donné un exercice, seules 4 élèves l’avaient fait. Je ne me suis pas énervée, j’ai dit OK, vous n’y êtes pas arrivés, on va le faire en classe. Certains ont recopié un document wikipedia qu’ils avaient déjà recopié à la maison, ils ont eu un point. Mais au moins ils ne peuvent pas dire que je n’ai pas été là. Une autre classe que j’ai et qui est très bonne, je les aurais sanctionnés, tout simplement, car ils sont très bons. Chaque classe est différente. Je ne fais pas de distinction dans la même classe, ils n’ont pas les mêmes attentes: leur demander à tous la même chose, être trop exigeante, ce serait les décourager pour la plupart, ça casserait l’expression. (la croyance) qu’ils peuvent s’améliorer.

Walid

-Cela donne un côté plus humain, pas que prof. Important de souligner qu’on n’est pas que des machines, montrer notre côté humain.

-Bon et puis d’autres, cet affect nous a permis d’avoir une bonne relation. C’est vrai qu’en Angleterre j’étais plutôt accompagnateur et cette posture était plus confortable , il n’y avait pas de transmission de savoirs.

-Les élèves se livrent, j’aime bien faire une pause pour parler avec eux, cela donne un petit côté humain.

Yvan

-C’est le même esprit : tu vas lui poser des questions et l’amener à trouver ses propres réponses, lesquelles correspondent à ce que le prof voulait qu’il trouve. Sur quelles valeurs, quelle morale ? Simplement arriver à l’heure, parler correctement. Tout ça par le dialogue, l’exemple, la

répétition des choses.

Q : Pourquoi les élèves d’aujourd’hui ont-ils plus besoin d’affectif ?

R : Ils n’en n’ont pas forcément besoin, c’est ce qui faudrait leur fournir pour qu’ils évoluent.

Jean-Marc

Q : Ca passe par quels moyens ?

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compréhension et avoir le sens de l’observation, c’est important. Donc l’affect c’est prendre en compte toutes les réactions, non pas de l’élève mais de la personne.

Q : Quel est le message que tu veux faire passer ?

R : Je veux leur faire comprendre que le cours, ce n’est pas simplement du savoir mais c’est aussi une rencontre entre personnes, des gens qui expriment toute leur humanité, le bon côté de leur humanité, des gens qui vont s’exprimer dans leur façon de se regarder, de se parler…. Q : Tu emploies beaucoup le mot « humain » ? Qu’entends-tu par là ?

R : Oui parce que je n’oublie pas que c’est le ministère de l’éducation nationale pas le ministère de l’instruction nationale. Je pense qu’il y a cette part d’éducation qui peut prendre plusieurs aspects, plusieurs formes… Moi cela me tient à cœur de vraiment prendre les élèves comme des êtres humains. Donc, créer les conditions avant, pendant, et après pour le suivi aussi.

R : C’est quelque chose dont je me suis rendu compte. J’ai toujours été dans des associations de football où tu as toujours des jeunes et des plus petits et là, on comprend bien que dans la gestion du groupe il y a des choses à mettre en place et que …. Je mène toujours une réflexion sur ma pratique. A l’entraînement, il y a ceci qui n’est pas passé. Qu’est ce qui n’a pas marché ? Je fais toujours une analyse, et je n’oublie pas que dans tous les cas, je dois être, quelque part, le meneur d’hommes…

Q : Ton analyse passe-t-elle aussi par la dimension affective ?

R : Oui, bien entendu. Le plus visible ce sont les résultats –donc faire l’analyse pour réadapter les résultats- mais dans le résultat, le regard de l’élève sur son travail. Je cherche toujours à me renseigner

R : Il faut adapter son enseignement à l’individu dans le groupe-classe.

Frédérique

-Un bon prof c’est aussi quelqu’un en qui tu peux avoir confiance. Le métier de prof ne s’arrête pas à la sonnerie de fin de cours.

Et puis essayer toujours de voir les individus devant moi, avant la classe. Ils sont tous différents. Il y a la petite là-bas dans le coin qui ne va pas bien…Tu as le grand là-bas qui fait le con mais c’est parce qu’il a tel ou tel problème et qu’il faut travailler avec lui là-dessus

-Cela ça s’apprend : ne pas considérer la classe comme un tout mais bien différencier entre les élèves parce que tous n’ont pas les mêmes capacités ou dispositions.

Q : Dans le cours, comment fais tu pour accompagner certains et tenir le groupe-classe ?

R : Il n’y a pas de méthode. L’accompagnement personnalisé se fait surtout en fin de cours ou au moment des corrections, moment difficile pour certains. Alors je vais dire « bon c’est bien, ou pas bien, du tout ce que tu as fait là…

-Je leur dis toujours, je vous donne ce qu’il faut, le temps qu’il faut et avec toute ma disponibilité pour vous aider, après vous prenez ou pas. Je ne fais jamais de contrôle surprise parce que je trouve cela horrible, je leur laisse toujours du temps pour réviser, s’organiser, je leur dis comment faire.

Q : Plus généralement, le prof doit-il être disponible pour ce genre de difficultés ?

R : Oui, pas seulement le prof, tous les adultes de l’établissement. Les élèves passent tant de temps dans l’établissement, il faut qu’ils aient confiance en nous autres adultes. Qu’on n’est pas juste des flics ou des noteurs. Parfois ils n’ont déjà pas ça à la maison, alors s’ils ne l’ont pas à l’école…

-Des fois je leur demande quand même dans la fiche, juste le téléphone et l’adresse mail, je leur dis, « si vous voulez ajouter quelque chose de perso dans la fiche, faites le ça restera entre nous - Or tu n’es pas que prof, tu as une dimension humaine.

-Du savoir et des connaissances, on en a beaucoup, trop peut-être.

Anna

Q : C’est quoi l’affectif pour toi ?

R : Ça passe par l’expression des sentiments je pense. Faut les encourager, leur dire que c’est bien, ça donne plus de chances qu’ils vont participer. Si tu l’ignores, ou si tu le contredis, tu ne l’entendras plus.

Q : Fais tu des fiches sur tes élèves ?

R : Oui je leur demande ce que font leurs parents, ce que sont leurs goûts, ce qu’ils faisaient, où ils étaient avant, juste pour moi, pour savoir.

Q : L’image de l’élève à tes yeux va-t-elle influencer tes attentes par rapport à lui ? R : Si je sais que l’élève vit chez lui une situation difficile, je serais plus indulgente.

Je suis sensible à ce qui se passe en dehors de la classe. Mais je ne suis pas toujours au courant de ce qu’ils vivent chez eux. Certains viennent me parler, d’autres non. Parfois, certains que

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