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Politique de ciblage d’inflation : règle de conduite

2.3 Règle de conduite symétrique

2.3.4 Lissage du taux d’intérêt

Parmi les limites de la règle de Taylor traditionnelle, nous citons la réaction bru-tale et instantané du taux d’intérêt. Cependant, la pratique des différentes banques centrales révèle une caractéristique particulière du taux d’intérêt qui consiste dans son ajustement par rapport au niveau des périodes antérieures. Ce comportement est connu sous le nom de comportement de lissage. Rudebush (1995) a identifié ce comportement dans plusieurs banques centrales, en montrant un degré de corrélation sérielle élevée dans la série de taux d’intérêt de court terme.

Clarida, Gali et Gertler (1999) montrent que la règle de politique monétaire qui ne tient pas compte du comportement de lissage du taux d’intérêt est très restrictive pour trois raisons. Tout d’abord, la règle (2.7) suppose un ajustement instantané du taux d’intérêt à sa cible et ignore toutes les tendances des banques centrales à ajuster leurs taux d’intérêts. Ensuite, la règle (2.7) suppose que tous les changements du taux d’intérêt reflètent les réponses systématiques de la Banque aux conditions économiques. Enfin, cette règle suppose que la banque centrale ait un contrôle parfait sur le taux d’intérêt, i.e., elle permet de conserver le taux d’intérêt à des niveaux désirés.

En raison de ces limites, le comportement de lissage du taux d’intérêt a été in-troduit dans la fonction de réaction de la banque centrale pour trois motivations.

Premièrement, le fait d’inclure le comportement de lissage de taux d’intérêt dans la règle de conduite rend l’action de la politique monétaire plus efficace en matière de stabilisation d’inflation et d’output. En effet, dans le cas où la fonction de

ré-action de la banque centrale incorporerait un degré élevé d’ajustement de son taux d’intérêt, les participants du marché Forward-Looking peuvent s’attendre à un petit changement de la politique initiale suivie par des changements supplémentaires dans la même direction, ce qui augmente l’impact de la politique sur les valeurs courantes de l’inflation et de l’output sans avoir recours à une réaction agressive du taux d’in-térêt. La deuxième motivation concerne l’incertitude des données. En effet, dans la plupart des cas, les données sont révisées au cours du temps en fonction des données initiales. Cependant, les estimations de l’output potentiel ou du taux de chômage naturel sont révisées une année plus tard. Quelques travaux de recherches récents montrent que sous une règle du type (2.7) la banque centrale est amenée à modérer sa réponse au taux d’intérêt par rapport aux données initiales qui sont mesurées avec erreur. Ceci est dû au fait qu’une réponse agressive de la politique monétaire peut induire des fluctuations non nécessaires du taux d’intérêt résultant des mouvements involontaires de l’inflation et de l’output. La troisième motivation concerne l’incerti-tude des paramètres. Les décideurs politiques ne sont pas incertains uniquement de l’état de l’économie, mais aussi des variables clés qui peuvent affecter les mécanismes de transmission de la politique monétaire. Dans le cas d’une telle incertitude, un déplacement agressif de la politique qui a pour but de compenser les déviations de l’output et de l’inflation peut avoir des conséquences non anticipées sur l’inflation et l’output. Il est plus optimal d’avoir une réponse graduelle du taux d’intérêt qui peut engendrer des déplacements lents de l’inflation et de l’output afin d’assurer leur stabilité.

Vus les avantages fournis par la politique de lissage du taux d’intérêt, ce com-portement a été introduit dans la fonction de réaction de la banque centrale sous le régime de ciblage d’inflation. En effet, Clarida, Gali et Gertler (1999), ont introduit ce comportement dans la règle (2.7). Leur modélisation du comportement du lissage

du taux d’intérêt est la suivante :

rt=ρ rt−1+ (1−ρ)rt (2.8) ρ(L) =ρ1+ρ2 L+. . .+ρn Ln−1

ρρ(1)

L’équation (2.8) postule qu’à chaque période, la banque centrale ajuste son taux d’intérêt afin d’éliminer les fractions (1−ρ) qui représentent le gap entre le niveau courant de la cible du taux d’intérêt et quelques combinaisons linéaires de ses valeurs passées. La combinaison entre les deux équations (2.7) et (2.8) aboutit à la règle de type Taylor sous sa version Forward-Looking avec un comportement du lissage du taux d’intérêt. Elle est représentée comme suit :

rt= (1−ρ)[rr−(1−β)π+β πt,k+γ Xt,q] +ρ(L)rt−1+t (2.9) Avec,

t=−(1−ρ) β(πt,k−[Ett,k|Ωt)]) +γ (Xt,q−(Et[Xt,q|Ωt]))

2.3.5 Conclusion

Au sein de cette section, nous avons essayé de présenter l’évolution de la règle de conduite de la politique monétaire tout en conservant l’hypothèse de linéarité de celle-ci. Nous avons commencé par présenter les règles selon leur apparition chro-nologique dans la littérature. Nous avons évoqué, d’abord, les règles tournées vers le passé. Ces dernières se sont développées sur la base du canal standard de trans-mission de la politique monétaire. Elles proposent de tirer des enseignements des politiques antérieures afin de les employer au sein de la politique actuelle. Cepen-dant, ces modèles ont été critiqués par la suite sur différents points : critique de

Lucas, critique sur le fait qu’en tenant compte des valeurs passées de l’inflation et de l’output suppose implicitement que le taux d’intérêt réagit uniquement aux chocs originaires de ces deux variables.

Les économistes supposent que ces limites peuvent être résolues en adoptant une règle basée sur les prévisions des variables clés et non plus sur leurs valeurs passées.

Autrement dit, ils proposent des modèles tournés vers le futur : "Forward-Looking models". Nous avons présenté la solution de la littérature face à la limite adressée à la règle de Taylor traditionnelle consistant en l’ajustement brutal et brusque du taux d’intérêt. Cette solution consiste à inclure une politique de lissage du taux d’intérêt dans la règleForward-Looking (équation (2.9)) : Combinaison des équations (2.7) et (2.8). En revanche, la littérature portant sur les règles de conduite de la politique monétaire a évolué. Des recherches récentes ont remis en cause l’hypothèse d’une règle de conduite de la politique monétaire symétrique. Dans ce qui suit, nous allons évoquer un aperçu de cette littérature.