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Section 2 : Méthodologie du projet de maîtrise

7.3 Limites de l’étude

D’abord, il est important de préciser que le devis de recherche utilisé dans cette étude comporte des limites. Le devis de recherche du présent projet de mémoire est à la fois quantitatif et exploratoire (Yegidis et Weinbach, 2006 tel que cité dans Ouellet et Saint-Jacques, 2000).

Ce projet a un devis quantitatif, car il repose sur une analyse secondaire de données quantitatives. La présente étude repose sur les travaux et les résultats recueillis lors de l’étude initiale de Chagnon en 2014. Ainsi, les répondants n’étaient pas informés du but du présent projet de mémoire lorsqu’ils ont rempli questionnaire et ce questionnaire n’a pas non plus été bâti pour répondre intégralement aux objectifs spécifiques du présent projet de mémoire. Le but de l’étude

de Chagnon était, entre autres, de mesurer l’utilisation des connaissances auprès de tous les membres du personnel du Centre jeunesse de Québec alors que le but de la présente étude est de mesurer l’utilisation des données probantes, plus précisément chez les intervenants et les gestionnaires.

De plus, le présent projet de mémoire est exploratoire, premièrement, parce que le modèle théorique utilisé pour décrire la relation entre les différentes variables est relativement nouveau et que l’étude initiale, celle de Chagnon, analyse les données recueillies à partir d’un seul établissement de santé et de services sociaux. Deuxièmement, il est exploratoire dans la mesure où la comparaison entre les perspectives des gestionnaires et des intervenants sur différents éléments en lien avec l’UDP (culture organisationnelle, capacités organisationnelles, attitudes à l’égard de l’UDP) est une avenue qui, à la lumière de la littérature scientifique, a été peu exploitée. Donc, en examinant la relation entre la CO et l’UDP, ce projet représente donc une avancée dans le domaine de l’UDP dans les organisations de santé et de services sociaux.

En outre, le modèle utilisé pour mesurer la CO comporte également certaines limites. En fait, le nombre important de modèles et de dimensions qui composent la CO rend difficile son évaluation (Cameron et Quinn, 2006; Schein, 2004). La CO comprend un ensemble de facteurs complexes, inter-reliés, globaux et ambigus (Cameron et Quinn, 2006). Ainsi, l’évaluation de la CO a été faite à partir d’un modèle, mais le lecteur doit tenir compte qu’il existe d’autres modèles qui évaluent d’autres dimensions de la CO qui pourraient jeter un éclairage différent sur les résultats que nous avons rapportés.

Ensuite, le questionnaire utilisé pour mesurer l’UDP comporte aussi des limites pour notre étude. En fait, le questionnaire utilisé dans ce projet concerne l’utilisation des connaissances en général et non l’utilisation des données probantes précisément. Alors, les énoncés qui ont été sélectionnés dans le cadre de notre étude n’ont pas été élaborés de prime abord pour référer aux données probantes. Nous nous sommes tout de même assurés de sélectionner uniquement les énoncés qui rejoignaient clairement la définition de données probantes. De plus, une autre limite est que même si l’utilisation des connaissances regroupe par définition l’utilisation des données probantes, il est probable que l’UDP ait des déterminants spécifiques qui diffèrent de ceux de l’utilisation des connaissances en général. Ainsi, le modèle utilisé dans le cadre de cette étude est

peut-être trop général et pas suffisamment sensible aux déterminants de l’UDP. Enfin, une autre limite se trouve dans le fait que la participation au sondage se faisait sur une base volontaire. Ainsi, certains éléments expliquant pourquoi certains employés n’ont pas complété le sondage pourraient influencer les résultats de l’étude. Par exemple, un de ces éléments pourrait être le fait qu’un membre du personnel n’accorde pas d’importance à l’utilisation des connaissances dans l’organisation.

Enfin, l’échantillon des participants représente également une limite. Le groupe des gestionnaires est relativement petit (N=22) ce qui génère une faible puissance statistique.

Nous invitons donc le lecteur à la prudence quant aux généralisations qui peuvent être faites sur la base de cette étude. Comme nous l’avons vu précédemment, chaque organisation possède sa propre culture et il serait inapproprié de considérer que la culture du Centre jeunesse participant est représentative de tous les centres jeunesse, au même titre qu’il serait inapproprié de considérer que les organismes du réseau de la santé et des services sociaux partagent une culture organisationnelle similaire, avec les mêmes forces et les mêmes faiblesses.

Les résultats de cette étude permettent d’établir des constats concernant la situation du Centre jeunesse en ce qui a trait à la culture de l’organisation et son influence sur l’UDP. Cependant, elle ne permet pas de fournir les explications qui sous-tendent cette relation entre la CO et l’UDP. D’autres recherches quantitatives, qualitatives ou mixtes sont nécessaires pour avoir un portrait plus complet de l’influence de la CO sur l’UDP. Présentement, nous savons que la culture du Centre jeunesse participant influence l’UDP, mais nous ne savons pas pourquoi ni comment. D’autres études permettront de recueillir des exemples spécifiques de cette influence et d’évaluer le fonctionnement de l’organisation en profondeur avec ses particularités et les mécanismes sous-jacents à la culture hiérarchique.

Bref, au même titre que pour les autres déterminants de l’UDP, d’autres études empiriques mesurant la relation entre la CO et UDP sont nécessaires pour obtenir une compréhension détaillée des mécanismes qui sous-tendent cette relation (Bellamy et al., 2006; Gervais et Chagnon, 2010; Stetler et al., 2009).