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5.2. Les espaces résidentiels

5.2.2. Les lieux de séjour en 1980

Les 11 premiers facteurs issus de l‟ACM sont retenus, qui représentent 60% de la variabilité de l‟information. On conserve ainsi la majeure partie de l‟information, tout en éliminant le « bruit » statistique lié aux cas les plus atypiques ou aberrants. A la suite de la classification hiérarchique, on fait le choix d‟une partition en 4 classes34

(Tableau 49).

32 On ne retient pas l‟inertie externe et l‟inertie interne, car elles peuvent être déduites par combinaison linéaire de l‟inertie totale et de la centralité (voir les formules en Annexe D). Elles seraient donc redondantes. En outre, l‟inertie totale et la centralité sont plus aisément interprétables.

33 Les variables continues (nombre total de déplacements, durée et distance totales, inertie totale et centralité) sont discrétisées en 4 modalités selon les quartiles de la distribution.

34 Ce choix est orienté par le faible effectif de l‟échantillon et par l‟examen d‟indicateurs de la classification comme le saut d‟indice.

Tableau 49. Typologie des espaces des lieux du quotidien des ménages

Classe Effectif % Hétérogénéité

35 intra-classe espace étendu 68 35,2 0,25 espace intermédiaire 63 32,6 0,17 espace réduit 30 15,5 0,05 espace quasi-monolocal 32 16,6 0,06 Total 193 100,0 0,53

Source : enquête Spazio Utilizzato (2002) ; champ : ménages dont les coordonnées spatiales de l’ensemble des lieux fréquentés sont connues

La principale classe (35,2% des ménages) regroupe les ménages dont l‟espace du quotidien est le plus étendu, fréquemment des couples avec ou sans enfant36. Ils ont un nombre, une durée et une distance totales des déplacements élevés. Leur domicile est dans une position très centrale au sein des lieux fréquentés. De plus, les déplacements s‟effectuent le plus souvent en automobile. Enfin, cette classe est la plus hétérogène.

La seconde classe (32,6%) se compose principalement de ménages dont l‟espace du quotidien a une étendue intermédiaire. Les lieux visités sont modérément dispersés, le nombre de déplacements est limité, de même que la distance parcourue ou le temps passé en déplacement. L‟hétérogénéité de la classe est relativement importante.

Les deux dernières classes (respectivement 16,6% et 15,5%) concernent les ménages dont l‟espace du quotidien est le plus réduit, souvent des personnes seules. Toutefois, les ménages de la classe « espace quasi-monolocal » ont un espace du quotidien souvent limité à leur lieu de résidence, alors que ceux de la classe « espace réduit » effectuent plus fréquemment quelques déplacements, le plus souvent à pied et vers des lieux peu dispersés. Ces deux classes sont les plus homogènes.

Cette typologie peut être illustrée en exposant les déplacements quotidiens des ménages qui constituent les parangons de leur classe37.

35 La rigueur statistique imposerait ici de parler d‟inertie, qui concerne le nuage de points formé par l‟ensemble des observations soumises à l‟analyse factorielle. On a cependant préféré utiliser le terme d‟hétérogénéité pour ne pas prêter à confusion avec la notion d‟inertie appliquée à la dispersion des lieux.

36 L‟enquête fournit peu d‟informations socio-démographiques sur les individus, excepté le sexe, l‟année de naissance et le lien au chef de ménage. Les possibilités de caractérisation des classes sont donc limitées.

Classe « espace du quotidien étendu » :

Alberto, 36 ans, quitte son domicile à Tirrenia pour aller travailler en voiture à 6h30. Son lieu de travail est situé à Marina, à 3 kilomètres, et le trajet dure 5 minutes. Il rentre chez lui à 13h35. Sa femme Amelia, 43 ans, part au travail en voiture à 8h. Son lieu de travail est à Pisa, à 20 kilomètres du domicile et le déplacement dure 15 minutes. Elle est de retour au domicile à 13h15. A 16h, le couple part en voiture faire des achats à Pisa (20 kilomètres, 15 minutes) et y reste plus de 3 heures. Ils sont de retour chez eux à 19h45.

Classe « espace du quotidien intermédiaire » :

Bernardo, 36 ans, emmène en voiture ses deux enfants Benedetta et Benedetto, respectivement 6 et 8 ans, faire des courses à Cisanello à 8h. Le centre commercial est à quelques centaines de mètres et le trajet dure 5 minutes. Ils y restent 4 heures et rentrent à leur domicile via Gennaro Fiore à 12h05. Belinda, le femme de Bernardo, 34 ans, part travailler à l‟hôpital de Pisa à 7h. L‟hôpital est situé à moins d‟un kilomètre du domicile et le trajet en voiture dure 5 minutes. Elle rentre chez elle 7 heures plus tard, à 14h.

Classe « espace du quotidien réduit » :

Carlo, célibataire de 28 ans, travaille Via Piave, à 2 kilomètres de chez lui. A 9h, il rejoint son lieu de travail à pied en 10 minutes et rentre à 20h10 à son domicile Plazza Gambacorti. Le midi, il fait une pause entre 13 et 14h, qu‟il passe Plazza Dante, à 500 mètres de son travail et où il se rend à pied en 5 minutes.

Classe « espace du quotidien quasi-monolocal » :

Donatella, célibataire de 36 ans, effectue un seul déplacement dans sa journée. Elle se rend en voiture faire des achats à 2 kilomètres de chez elle. Le trajet dure 15 minutes. Elle quitte son domicile à La Fontina à 10h et est de retour à 11h15.

En théorie, la taille de l‟espace du quotidien, mesurée par le nombre de lieux, et la distance totale des déplacements ou la dispersion des lieux ne sont pas nécessairement corrélées. On peut fréquenter de nombreux lieux dans son quartier ou effectuer quotidiennement un

déplacement très éloigné du domicile. Cette distinction n‟apparaît pas dans la typologie proposée, peut-être en raison du petit nombre de classes. En effet, malgré la distinction théorique, la tendance dans notre échantillon serait plutôt à un lien relativement important entre le nombre de lieux composant l‟espace du quotidien et la dispersion de ces lieux ou la distance totale des déplacements. Un découpage en un nombre plus élevé de classes montrerait sans doute plus de nuances, comme le suggère le fait que les classes des ménages dont l‟espace du quotidien est le plus étendu sont aussi les plus hétérogènes. Mais on se heurte ici au problème de la taille de l‟échantillon, que nous utilisons ici à titre expérimental.

Par ailleurs, le fait de se placer au niveau du ménage correspond à une réalité des pratiques de mobilité quotidienne. Cela a toutefois une conséquence sur l‟analyse statistique. En effet, l‟intensité de la mobilité quotidienne dépend de la structure du type du ménage et de ses caractéristiques socio-économiques. Par exemple, un couple de salariés avec deux enfants a plus de chances d‟avoir une mobilité importante qu‟un retraité célibataire. Le fait aussi de posséder une automobile a des implications sur la nature et la distance des déplacements envisageables par les membres du ménage. Il faudrait donc pouvoir intégrer ces facteurs, non disponibles ici, en travaillant à partir d‟un échantillon important.

5.4. Conclusion

Malgré les limites empiriques liées à la taille de l‟échantillon, cette application montre que la mesure de l‟espace est également pertinente dans une dimension quotidienne, que cela soit par l‟intermédiaire de l‟espace résidentiel ou de l‟espace du quotidien. Nous avons montré que le concept peut et doit être opérationnalisé en pointant sur la nécessité d‟une observation précise et généralisée à des échantillons quantitatifs.

Dans ce cadre, l‟analyse conjointe de la mobilité résidentielle et de la mobilité quotidienne nécessiterait d‟observer la même richesse de lieux que celle utilisée ici, c‟est-à-dire les lieux de séjour ou les lieux fréquentés au cours d‟une journée, mais sur la profondeur d‟une trajectoire individuelle, ce qui se révèle impossible en pratique.

C

ONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE

Dans cette deuxième partie, nous avons mis à l‟épreuve des données le concept d‟espace de vie, en en suggérant différentes définitions et en les appliquant empiriquement.

Les espaces hérités que l‟on a testés concernent des lieux du passé, avec lesquels l‟individu n‟est plus nécessairement en rapport au moment où il est interrogé. Ils soulèvent donc des enjeux spécifiques liés à la mémoire qui en subsiste. Toutefois, l‟espace de l‟enfance et même l‟espace des ancêtres, qui regroupe des lieux ancrés dans un passé antérieur à la naissance de l‟individu, apparaissent relativement souvent fréquentés au cours de la trajectoire résidentielle. Le lien entre l‟implantation géographique et l‟histoire familiale est important. Même si le temps détache progressivement les individus de leurs espaces hérités, ceux-ci occupent une place privilégiée dans l‟éventail des possibles des stratégies de mobilité.

Observés à un moment donné, les espaces de vie se composent de lieux dont le nombre, la répartition spatiale ou la nature sont très variés. A partir de l‟étude de la dispersion spatiale des lieux, il est possible d‟embrasser les différentes dimensions des espaces, en particulier grâce à un outil empirique, le pôle, qui se définit comme une zone géographique où se concentre une part importante des lieux de l‟espace. Cet indicateur synthétique permet de décrire précisément les espaces de vie et d‟en proposer des typologies. On a ainsi montré que les individus isolés au sein de leur espace de vie sont relativement rares et qu‟au contraire, la situation dominante consiste en une concentration de lieux avec lesquels on est en rapport à proximité du domicile. L‟âge semble cependant accentuer l‟isolement au sein des espaces de vie.

On peut aussi souhaiter se rapprocher de la dimension quotidienne de l‟espace, de l‟espace perçu, vécu. On s‟intéresse alors aux lieux fréquentés sur une courte période : de plusieurs mois à une ou deux années pour les lieux de séjour successifs, qui forment l‟espace résidentiel, à un ou plusieurs jours pour l‟espace des lieux du quotidien. Si l‟application du concept d‟espace de vie à une mobilité observée sur courte période apparaît fructueuse, il semble difficile dans la pratique de pouvoir observer cette mobilité tout au long d‟une trajectoire, ce qui permettrait de mieux lier mobilité résidentielle et mobilité quotidienne.

On a étudié ces espaces comme des espaces statiques, des ensembles de lieux observés de manière transversale, en laissant la dimension temporelle dans une position secondaire. Le temps était tout de même présent dans l‟analyse de certains espaces. L‟espace de l‟enfance, composé des lieux de résidence successifs avant 15 ans, constitue une portion de trajectoire, et l‟on a pris en compte la durée de résidence dans les lieux pour déterminer l‟existence d‟une localisation principale. De même, les durées de séjour ou de visite font partie des éléments décrivant l‟espace résidentiel et l‟espace du quotidien. A un niveau d‟observation individuel, les lieux des espaces résidentiels et des espaces du quotidien sont nécessairement fréquentés. Cette fréquentation implique qu‟ils le sont dans un ordre précis. Ils ne forment donc pas simplement un ensemble de lieux, observé de manière instantanée, mais plutôt un enchaînement de lieux. Il en est de même pour l‟espace de l‟enfance. Chaque lieu est plus spécifiquement relié aux lieux visités immédiatement avant et immédiatement après. Les analyses exploratoires que nous avons effectuées n‟intègrent pas cette dimension dynamique. La mise en place d‟approches diachroniques s‟avère en effet beaucoup plus complexe. L‟enjeu de la partie qui suit est d‟approfondir la prise en compte du temps dans la description des espaces. L‟espace de vie est en effet mouvant, ses contours varient au cours du temps. Son évolution au fil de la trajectoire individuelle forme elle-même un espace diachronique, l‟espace d‟une vie.

TROISIEME PARTIE

L

IER L

ESPACE ET LE TEMPS

Comme nous l‟avons vu précédemment, l‟espace de vie est une notion complexe, à géométrie variable. De nombreuses définitions sont envisageables, selon les critères adoptés et les données disponibles. Cependant le temps est aussi partie prenante de la définition des espaces de vie, à travers deux dimensions : le moment (l‟époque) pendant lequel l‟espace est observé et décrit, et la temporalité des lieux retenus.

L‟époque où les lieux de l‟espace sont décrits peut être située à n‟importe quel instant de la vie des enquêtés : au moment de l‟enquête, pendant l‟enfance ou à tout autre moment de la trajectoire. Mais elle peut aussi précéder la trajectoire des individus dont on explore l‟espace de vie. Cela concerne alors des lieux non nécessairement fréquentés, avec lesquels l‟individu est en rapport par l‟intermédiaire de ses ancêtres, des territoires familiaux, des lieux de mémoire. On peut aussi imaginer recueillir des lieux postérieurs au moment de la collecte, qui seront alors du registre des projets ou des intentions, comme les projets de déménagement (Lelièvre & Bonvalet, 2005) ou les lieux souhaités de sépulture (Attias-Donfut & Wolff, 2005). Le temps comme époque conditionne donc le type de lieux potentiellement mobilisés et observables, et par conséquent le type d‟espace que l‟on peut décrire. Par exemple, on a difficilement la mémoire de l‟ensemble des lieux fréquentés par ses parents.

La temporalité des lieux retenus, seconde dimension du temps qu‟il nous faut prendre en compte, est relative d‟une part à la pérennité des lieux, c‟est-à-dire le temps durant lequel l‟individu est en rapport avec ces localisations, et d‟autre part à la façon dont ces lieux sont fréquentés, autrement dit le rythme avec lequel l‟individu les fréquente et la durée des séjours qu‟il y effectue (que l‟on appelle aussi densité). Si l‟on n‟intègre pas de critère de fréquentation effective, les lieux peuvent être tous ceux avec lesquels un individu est en rapport, directement ou par l‟intermédiaire des personnes s‟y trouvant. Ceux-ci seront observés à un instant précis, qui peut être situé à n‟importe quel moment, et leur pérennité est indépendante du moment de l‟observation. Lorsque l‟on introduit cette fois un critère de fréquentation, les différentes temporalités forment une sorte de continuum. Si l‟on s‟intéresse à l‟ensemble des lieux fréquentés, incluant le domicile, mais aussi le lieu de travail ou d‟études, les commerces, les loisirs ou les domiciles d‟amis ou de membres de la famille, alors on fréquente le plus souvent plusieurs lieux chaque jour et les contraintes de collecte nécessitent de restreindre le recueil des lieux à un ou plusieurs jours. C‟est le cas

lorsque l‟on étudie les lieux du quotidien. Si l‟on s‟intéresse maintenant aux lieux de séjour, par exemple les lieux dans lesquels on passe au moins une nuit, l‟échelle de la collecte est le plus souvent comprise entre plusieurs mois et quelques années. Enfin, quand on se concentre sur le lieu de la résidence principale ou habituelle, c‟est-à-dire occupé la majeure partie du temps, le lieu est collecté pour une période plus longue, définie ou non. L‟observation de ces lieux pendant plusieurs années permet de recueillir la mobilité géographique et résidentielle. Le moment décrit correspond alors à une portion, voire à l‟intégralité de la trajectoire.

La temporalité des lieux amène à introduire un autre aspect du temps. En effet, quelque soit le type de lieux décrits, les lieux fréquentés le sont les uns après les autres, dans un ordre donné, et non de manière simultanée. La succession des lieux forme une séquence, que celle-ci corresponde à la mobilité quotidienne ou à la trajectoire géographique. L‟espace composé par une succession de lieux est donc orienté dans le temps.

Dans la partie précédente, une première approche des espaces de vie a consisté à en définir les contours à un moment donné : c‟est ainsi le cas des espaces décrits dans le chapitre 4, l‟espace des proches et l‟espace de vie actuel, qui regroupent des lieux avec lesquels les individus sont en rapport au moment de l‟enquête, donc décrits de manière instantanée. Par ailleurs, l‟espace des ancêtres occupe une place particulière dans la mesure où sa temporalité n‟est fixée que par le fait que les lieux concernent la lignée et l‟archéologie familiale. Il correspond à des lieux de l‟histoire familiale des individus, antérieure à leur naissance : l‟époque est imposée mais non la temporalité des lieux.

En revanche, nous avons abordé dans les chapitres 3 et 5 des espaces qui intègrent une dimension temporelle de manière explicite : l‟espace de l‟enfance, l‟espace résidentiel et l‟espace du quotidien. Ils correspondent à des territoires construits au fil du temps. Ils sont en effet observés pendant une période d‟une certaine durée. L‟espace de l‟enfance franchit ainsi une étape dans la prise en compte du temps. Tout d‟abord, les lieux qui le composent se situent dans le passé des individus et à un moment donné de la trajectoire individuelle. Mais surtout, ils s‟inscrivent dans une temporalité plus longue, puisqu‟il regroupe les lieux de résidence successifs pendant les quinze premières années de la vie des individus. Toutefois, les résultats montrent que les modifications de cet espace sont le plus souvent peu nombreuses pendant les années concernées. Mais surtout, l‟objectif consistait essentiellement à identifier le lieu principal de l‟espace de l‟enfance. On ne s‟attachait donc pas à reconstituer la séquence des lieux de résidence. Dès lors, l‟utilisation de statistiques descriptives simples est suffisante à la caractérisation des espaces de l‟enfance.

L‟espace résidentiel se compose quant à lui de lieux où l‟on a passé au moins une nuit au cours des six derniers mois, et l‟espace du quotidien des lieux fréquentés au cours d‟une journée. De vingt-quatre heures à plusieurs mois ou quelques années, la période d‟observation reste ici relativement courte à l‟échelle de la vie d‟un individu. Par ailleurs, dans ces deux cas les lieux sont fréquentés dans un ordre précis, la succession des lieux formant une séquence. Toutefois ici aussi l‟objectif était principalement d‟identifier la concentration en une localisation ou la dispersion en plusieurs, ainsi que l‟importance relative des différents lieux en termes de temps passé, mais à ce stade nous n‟avons pas considéré l‟espace composé de la succession de lieux comme orienté dans le temps.

Cependant, afin de généraliser l‟intégration du temps à l‟étude des espaces de vie, autrement dit de prendre en compte l‟évolution de l‟espace dans le temps long, une étape supplémentaire doit être franchie du point de vue théorique comme statistique. Ainsi, pour étudier la mobilité, on souhaite décrire tout ou partie de la trajectoire qui précède, de manière synthétique. Cela nécessite de reconstituer le lieu ou l‟espace dans lequel s‟inscrit l‟individu à chaque moment, mais aussi de prendre en compte la succession ordonnée de ces situations dans le temps, donc de considérer la trajectoire comme une séquence.

De plus, l‟inscription spatiale d‟un individu peut être envisagée par un lieu ou, de manière plus meso, par un ensemble de lieux, formant un espace. Cette inscription spatiale est synchronique ou diachronique, la diachronie intégrant la dimension séquentielle ou non. L‟ensemble des lieux ou des espaces dans lesquels s‟inscrit successivement un individu et qui forment une trajectoire, constitue ainsi un espace diachronique : la trajectoire spatiale individuelle peut donc être identifiée à l‟espace de toute une vie pour un individu donné. Par ailleurs, si la reconstitution de trajectoires individuelles nécessite des méthodes d‟observation et de collecte spécifiques, comme les enquêtes biographiques ou les panels (voir 2.2.3), ce type de données complexes impose aussi l‟utilisation de méthodes adaptées. Diverses approches ont été proposées au cours des dernières décennies dans le champ de l‟analyse des parcours de vie (life course analysis). Nous présenterons donc dans un premier temps le large éventail de méthodes disponibles, ainsi que les enjeux qu‟elles soulèvent (chapitre 6). Nous présenterons ensuite une démarche permettant de décrire des espaces formés des lieux successifs avec lesquels on est en rapport au cours de sa vie (chapitre 7). La première application étudie les trajectoires géographiques individuelles, c‟est-à-dire ici l‟espace formé par les lieux de résidence successifs après la décohabitation : l‟espace de toute une vie. On est donc en présence d‟une portion de trajectoire, comme

plus longue, durant laquelle les changements sont plus nombreux, on met en évidence