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La définition de la notion d‟espace de vie comme l‟ensemble des lieux avec lesquels un individu est en rapport, soit directement, soit par l‟intermédiaire de personnes s‟y trouvant (Courgeau, 1975), englobe les différentes dimensions constitutives de l‟inscription spatiale. Cette définition est toutefois trop vaste pour être directement applicable à des travaux empiriques quantitatifs. Il est donc nécessaire de se concentrer sur un petit nombre de lieux, formant des espaces de vie simplifiés, en utilisant des critères liés à la nature des lieux ou à la période d‟observation. Des critères retenus vont dépendre non seulement les contours des espaces mais aussi les données nécessaires, la disponibilité et la qualité de ces données influant en retour sur l‟unité d‟analyse. Le corpus de données quantitatives est riche et varié, ouvrant de nombreuses possibilités d‟études des espaces de vie individuels tout en soulevant des questions méthodologiques propres à chaque objet. Nous allons donc dans les chapitres suivants, nous concentrer sur différentes formes d‟espaces de vie individuels, en délimitant ces unités d‟analyse en lien étroit avec le choix de données adéquates, pour ensuite les décrire en construisant des indicateurs statistiques appropriés. Nous nous intéresserons dans un premier temps aux lieux de l‟histoire familiale, puis aux lieux attachés à un individu à un moment donné, avant d‟introduire progressivement une dimension dynamique en élargissant graduellement la période d‟observation.

C

ONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La nécessité de passer de l‟individu au groupe dans l‟analyse des phénomènes sociaux n‟est pas une préoccupation récente en sciences sociales. Elle trouve par exemple un écho particulier dans la démographie de la famille, avec les notions de proches ou d‟entourage. Le concept d‟espace de vie se place dans ce courant de recherche. Cette nouvelle catégorie intermédiaire permet en effet de resituer l‟individu dans son inscription spatiale et non de l‟associer à un lieu unique, son lieu de résidence. En démographie, cela permet d‟enrichir l‟étude des migrations, qui deviennent alors des changements de l‟espace de vie. Mais d‟autres disciplines s‟intéressent aussi aux espaces individuels. C‟est en particulier le cas de la géographie, qui met le plus souvent l‟accent sur les perceptions de l‟espace, avec par exemple la notion d‟espace perçu, souvent appréhendé de manière qualitative.

En démographie, lorsque l‟on souhaite adopter une approche quantitative, la définition de l‟espace de vie d‟un individu, constitué de « tous les lieux avec lesquels il est en rapport, soit directement, soit par l‟intermédiaire de personnes s‟y trouvant » (Courgeau, 1975), est vaste et il est nécessaire de la circonscrire pour pouvoir l‟appliquer empiriquement. L‟espace de vie étudié va dépendre des lieux retenus, qui se caractérisent par différentes dimensions, comme leur localisation, leur nature ou leur temporalité. Le choix des lieux induit un questionnement sur les données, le type de données disponibles influençant en retour les contours de l‟espace de vie étudié. De nombreuses enquêtes collectent des lieux au niveau individuel. La plupart s‟intéressent plus particulièrement à certaines catégories de lieux, par exemple les lieux avec lesquels on est en relation à un moment donné, les lieux effectivement fréquentés sur une courte période, les trajectoires géographiques et résidentielles ou les lieux des origines familiales.

Nous allons donc dans la suite de ce travail, nous concentrer sur différentes formes d‟espaces de vie individuels, en délimitant ces unités d‟analyse en lien étroit avec le choix de données adéquates, pour ensuite les décrire en construisant des indicateurs statistiques appropriés. Dans un premier temps, nous mettrons en œuvre des analyses sur des espaces de vie statique, avant d‟introduire le temps de manière plus complexe en prenant en compte la dimension dynamique des espaces.

DEUXIEME PARTIE

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A DESCRIPTION D

ESPACES STATIQUES

On souhaite maintenant mettre en œuvre empiriquement la description d‟espaces de vie individuels dans une approche quantitative. Cela nécessite au préalable de circonscrire la définition de ces espaces. Ceci peut se faire de façon très variée et dans cette optique, on peut appliquer différents critères, liés à la localisation des lieux, à leur nature ou à leur temporalité.

Dans cette partie, nous allons donc examiner successivement différents types d‟espaces de vie individuels. Nous aborderons tout d‟abord des espaces du passé, composés de lieux avec lesquels les individus ne sont pas nécessairement en relation (chapitre 3). Dans un premier temps, nous décrirons un espace profondément ancré dans l‟histoire familiale, car situé dans un passé antérieur à la naissance des individus. Il s‟agit de l‟espace des ancêtres, le territoire auquel sont attachés les ascendants. Puis nous nous intéresserons à un espace du passé plus récent, un espace vécu, celui de l‟enfance, qui regroupe les lieux fréquentés pendant les premières années de la vie, le plus souvent avec les parents : c‟est l‟espace privilégié de la socialisation résidentielle.

Dans les chapitres suivants, les espaces décrits ne sont plus attachés à une époque particulière de la vie des individus, mais à un moment donné de la vie, quel qu‟il soit. Le premier d‟entre eux est le plus inspiré de la définition de l‟espace de vie proposée par Daniel Courgeau, c‟est-à-dire « tous les lieux avec lesquels [on] est en rapport, soit directement, soit par l‟intermédiaire des personnes s‟y trouvant » (Courgeau, 1975). Il regroupe donc un vaste éventail de lieux de natures diverses (chapitre 4). Nous chercherons ensuite à approcher graduellement une dimension plus quotidienne de l‟espace de vie, proche des espaces vécus examinés par les géographes. On s‟intéressera d‟abord à l‟espace résidentiel, composé des lieux de séjour observés au cours d‟une période allant de plusieurs mois à plusieurs années, puis à l‟espace dans lequel s‟inscrit la mobilité quotidienne (chapitre 5).

Chapitre 3: LES ESPACES HERITES

Les trajectoires géographiques et résidentielles s‟ancrent dans des espaces « généalogiques » de l‟enquêté, constitués de lieux que celui-ci n‟a pas nécessairement pratiqués. Ce sont des territoires de la mémoire familiale, des ancêtres. La question se pose dans une collecte quantitative de choisir des lieux pour caractériser ces espaces du passé et être à même de les décrire empiriquement. C‟est ce que nous allons aborder dans ce chapitre.

3.1. De l’histoire familiale aux territoires du présent : les espaces hérités